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1912–1928
![]() Drapeau à cinq couleurs : rouge (Hans), jaune (Mandchous), bleu (Mongols), blanc (Hui), noir (Tibétains) | ![]() Armoiries |
Capitale | Pékin |
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Langue(s) | Mandarin |
Monnaie | Yuan(d) etyuan |
La dénomination « gouvernement de Beiyang » (chinois simplifié : 北洋政府 ;pinyin :běiyáng zhèngfǔ ; le motBeiyang (北洋) signifiant« océan du Nord » et renvoyant aux régions côtières du Nord de la Chine) désigne de façon familière l'autorité centrale de larépublique de Chine entre1913 et1928. Elle vient du nom de l'armée de Beiyang, fondée au temps de l'Empire mandchou des Qing et dont sont issus la plupart des chefs militaires qui dominent alternativement le pouvoir, de manière officielle ou officieuse.
Yuan Shikai, président en 1912, établit dès l'année suivante un régime dictatorial. Après sa mort en1916, la république de Chine, n'ayant plus de pouvoir central fort, est dirigéede facto par divers potentats locaux, surnommés « seigneurs de la guerre », principalement actifs dans le Nord du pays, qui établissent chacun leur pouvoir par les armes et se disputent la légitimité, chacun des dirigeants successifs du gouvernement de façade dePékin représentant la Chine au niveau international. Après la chute deDuan Qirui au début desannées 1920, la confusion politique s'amplifie. De 1916 à 1928, la république de Chine connaît25 équipes gouvernementales,34 chefs de gouvernement et5 parlements différents.
Ce semblant de pouvoir central, qui utilise ledrapeau à cinq couleurs de la République, est parcouru de tensions dues aux rivalités de ses différentes factions militaires, couramment désignées sous le nom de « cliques », tandis queSun Yat-sen, à la tête duKuomintang, revendique la légitimité républicaine dans le Sud de la Chine. L'essentiel du Sud du pays échappe aux différentes factions composant le gouvernement de Beiyang, qui se partagent le Nord et le Centre du pays.
En 1926, un an après la mort de Sun Yat-sen, le gouvernement du Kuomintang lance l'expédition du Nord pour soumettre les seigneurs de la guerre et unifier larépublique de Chine sous sa bannière. Durant l'expédition,Tchang Kaï-chek, chef de l'Armée nationale révolutionnaire, prend dans les faits le contrôle du Kuomintang, puis du régime en 1928, déplaçant àNankin le pouvoir central chinois, nomméGouvernement nationaliste.
Durant larévolution Xinhai, le gouvernement provisoire établi àNankin par les rebelles, avecSun Yat-sen comme président etLi Yuanhong comme vice-président doit négocier avecYuan Shikai pour obtenir l'abdication de l'empereur. En échange de son ralliement, Yuan devient le président de larépublique de Chine, établissant le gouvernement àPékin, où sont situés son fief et l'administration impériale. Les élections législatives donnent la majorité auKuomintang de Sun Yat-sen ; maisSong Jiaoren, pressenti comme futur chef du gouvernement, est assassiné. Yuan Shikai, soupçonné du meurtre, établit dès 1913 une dictature personnelle, considérée comme le véritable début du« gouvernement de Beiyang » ; le soulèvement mené par le Kuomintang est un échec, et une réforme constitutionnelle donne en1914 des pouvoirs étendus au président. En, l'empire du Japon présente au gouvernement chinois sesvingt et une demandes, qui impliquent un renforcement considérable de l'emprise politique et économique du Japon sur la Chine. Après un premier refus, les Japonais présentent une liste réduite à treize demandes, assorties d'un ultimatum : Yuan Shikai cède plutôt que d'aller à l'épreuve de force avec le Japon, qui doit cependant freiner temporairement sesvisées expansionnistes du fait de l'opposition des Occidentaux.
En1915, Yuan Shikai tente derestaurer l'empire à son profit, favorisant la naissance d'un mouvement monarchiste qui vient ensuite lui demander de monter sur le trône. Mais sa tentative échoue du fait du soulèvement d'une partie des militaires. Yuan Shikai doit renoncer au trône et meurt peu après d'une maladie de foie, laissant la Chine sans autorité centrale forte.
Le,Li Yuanhong prend la présidence de la République,Feng Guozhang devenant vice-président etDuan Qirui demeurant chef du gouvernement. Le parlement de 1913 est à nouveau réuni, et la constitution restaurée. La vie parlementaire est dominée par les factions deSun Yat-sen,Liang Qichao etTang Hualong. Le gouvernement a pour objectif d'établir en Chine une armée nationale unifiée, mais rien de concret n'est fait en ce sens, et les différentes armées demeurent parcourues de luttes d'influences contradictoires.
Le pouvoir est également partagé au sujet de l'opportunité de participer à laPremière Guerre mondiale. Si Duan Qirui et Liang Qichao y sont favorables et souhaitent rejoindre le camp desAlliés, le Président Li Yuanhong et Sun Yat-sen s'y opposent. Duan Qirui finit par obtenir du parlement la rupture de la république de Chine avec l'Empire allemand, mais il est bientôt renvoyé par Li Yuanhong quand ses accords avec l'empire du Japon sont découverts. Duan entre alors en rébellion, dénonçant son renvoi comme illégal, et obtenant le soutien de la plupart des généraux de l'armée de Beiyang. Le généralZhang Xun offre alors sa médiation et investit Pékin avec son armée en juin1917, forçant Li Yuanhong à dissoudre le parlement. Le1er juillet, soutenu parKang Youwei, Zhang proclame le rétablissement de l'empire, remettant sur le trônePuyi, qui vit toujours dans lacité interdite. Réfugié dans la légation japonaise, Li Yuanhong renomme Duan Qirui chef du gouvernement et le charge de combattre la rébellion monarchiste : les troupes de Duan mettent bientôt en déroute celles de Zhang et Li Yuanhong doit abandonner le pouvoir, laissant la place à Feng Guozhang. Redevenu l'homme fort du gouvernement,Duan Qirui refuse de restaurer le parlement et instaure un sénat provisoire au nombre de sièges réduit de moitié.Sun Yat-sen, dénonçant la dictature de Duan, se réfugie àCanton, mettant sur pied unGouvernement militaire pour la défense de la constitution dont il est élugénéralissime, soutenu par une partie des parlementaires et certaines factions militaires duGuangxi et duYunnan ; il n'est cependant pas reconnu au niveau international. Un conflit débute entre les deux gouvernements, qui débouche sur une guerre civile désignée sous le nom de « Guerre entre le sud et le nord ». Les hostilités débutent en et se poursuivent jusqu'à la fin de 1918, se terminant par un échec du camp de Sun.
En, le gouvernement de Duan Qirui déclare la guerre auxempires centraux : anticipant la défaite allemande, Duan espère obtenir ainsi à la fin de la guerre la restitution des concessions allemandes de Chine, notamment celle duShandong. Des unités non combattantes – 190 000 coolies – sont engagées et transportées enFrance[1] et auRoyaume-Uni pour suppléer au manque de bras ; l'armée chinoise envoie également un contingent participer à l'intervention enSibérie contre laRussie bolchévique.
En échange de cette participation, les puissances étrangères font des concessions, acceptant de différer de cinq ans le paiement l'indemnité prévue par leProtocole de paix Boxer, et d'augmenter de 5 % les droits de douane des produits étrangers qui entrent sur le sol chinois. La participation chinoise à la première guerre se traduit cependant par un contrôle accru des puissances étrangères. En, le Japon et les États-Unis signent l'accord Lansing–Ishii, qui reconnaissent ladoctrine de la porte ouverte[2], et, en contradiction avec ce principe, reconnaissent l'intérêt particulier du Japon pour la Chine, notamment, en raison de sa proximité géographique, sur les zones limitrophes.
Les concessions allemandes en Chine sont occupées par les Alliés ; leShandong étant occupé par le Japon. Duan Qirui bénéficie de prêts du Japon, qui lui permettent de financer une armée. Son gouvernement est marqué par le népotisme et la corruption, sa faction politique recevant bientôt le nom deClique de l'Anhui, du nom de la province dont lui-même et nombre de ses affidés sont issus. Ses adversaires, soutenant le président Feng Guozhang, sont eux-mêmes désignés du nom deClique du Zhili. Duang souhaite réduire par la force les rebelles du sud, tandis que la faction du Zhili préfère négocier.
En1918, la faction de Duan Qirui remporte les trois-quarts des sièges. Feng Guozhang – terminant son mandat – est remplacé parXu Shichang, candidat de Duan. Ce dernier tente de persuader un membre de la faction du sud d'accepter la vice-présidence, mais se heurte à un refus : le poste de vice-président demeure donc vacant, au grand dam du généralCao Kun, allié de Feng Guozhang qui briguait cette fonction.
À laconférence de paix de Paris, les concessions allemandes dans leShandong sont attribuées... au Japon : la nouvelle provoque alors en Chine un vaste mouvement d'indignation, lemouvement du 4 mai. Le gouvernement, toujours dominé par la faction de Duan Qirui, refuse de signer letraité de Versailles[3] et sort nettement affaibli de la crise. Et Duan Qirui est accusé d'avoir été acheté par les prêts japonais.
En octobre1919, les troupes de Duan Qirui envahissent laMongolie autonome, provoquant le mécontentement deZhang Zuolin, seigneur de la guerre deMandchourie et chef de laClique du Fengtian. À la mort de Feng Guozhang en décembre,Cao Kun etWu Peifu deviennent les principaux leaders de laClique du Zhili. En, la faction du Zhili (aidée par celle du Fengtian) affronte militairement celle de l'Anhui : Duan Qirui est battu, et le30 août, le parlement est déclaré dissous. En février1921, les troupes chinoises sont battues et chassées d'Ourga par lestroupes blanches deRoman von Ungern-Sternberg, puis évincées deKiakhta par lescommunistes mongols deDamdin Sükhbaatar.
Zhang Zuolin, bien qu'ayant tenu un rôle secondaire dans la guerre contre Duan Qirui, partage à Pékin le pouvoir avec la faction du Zhili.Jin Yunpeng, lié aux deux factions, prend la tête du gouvernement. Préoccupé par la puissance militaire grandissante deWu Peifu et par l'hostilité de ce dernier aux Japonais, Zhang Zuolin s'allie finalement à Duan Qirui et Sun Yat-sen : en avril1922, un conflit armé éclate entre les factionsdu Zhili etdu Fengtian. La guerre tourne au désavantage de Zhang, qui doit se réfugier dans son fief de Mandchourie. Li Yuanhong est remis à la présidence par la« clique du Zhili » de Wu Peifu, mais une rivalité éclate bientôt entre ce dernier et son alliéCao Kun, qui souhaite devenir président lui-même. Cao parvient en juin1923 à obtenir la destitution de Li par le parlement, puis se fait élire lui-même en octobre, en payant les parlementaires. En septembre1924, Qi Xieyuan, gouverneur duJiangsu, tente de prendre le contrôle deShanghai, provoquant un conflit entre sa province et le Zhejiang, encore contrôlé par lafaction de l'Anhui.Zhang Zuolin intervient alors pour aider le Zhejiang, provoquant laseconde guerre Zhili-Fengtian. Le23 octobre, le généralFeng Yuxiang se retourne contre le Zhili et organise uncoup d'État à Pékin, mettantCao Kun aux arrêts.Wu Peifu, dont les troupes sont battues par celles de Zhang Zuolin, doit battre en retraite.
Le2 novembre,Huang Fu est mis à la présidence de la république de Chine par Feng Yuxiang. Jusqu'en 1928, une série de chefs de l'État par intérim se succèdent à un rythme rapide. Duan Qirui redevient chef du gouvernement, mais n'a plus aucun pouvoir, étant militairement à la merci de Feng Yuxiang et Zhang Zuolin; Feng ordonne également l'expulsion dePuyi de la cité interdite. La constitution de 1923 est invalidée, une assemblée provisoire étant mise en place. La constitution promise n'est pas achevée, sa promulgation étant rendue impossible par les troubles politiques : de à, une nouvelle guerre éclate entre leGuominjun deFeng Yuxiang d'une part, et le Zhili et le Fengtian alliés contre lui, d'autre part. Duan Qirui, après avoir tenté un retournement d'alliances, est contraint à la fuite par les soldats du Guominjun.Zhang Zuolin reprend finalement Pékin mais ne remet pas Duan au pouvoir, exerçant une autorité de fait.
Zhang Zuolin et Wu Peifu ne trouvent pas de point d'entente quant au nouveau président : l'apparence du pouvoir est exercée par une série de gouvernements intérimaires, tandis que l'administration du pays sombre dans un désordre complet. De1926 à1927,Wellington Koo assure l'intérim à la fois comme chef de l'État et comme chef du gouvernement, sans parvenir à rétablir la situation. Les fonctionnaires ne sont plus payés et les ministres démissionnent les uns après les autres.
En 1926,Tchang Kaï-chek lance l'expédition du nord pour soumettre les seigneurs de la guerre, ce qu'il obtient progressivement par la force ou le ralliement.
En juin1927,Zhang Zuolin prend ouvertement le pouvoir en se proclamantGrand maréchal du gouvernement militaire de la république de Chine : le gouvernement de Beiyang, qui était dans les faits un gouvernement militaire, le devient cette fois explicitement.Feng Yuxiang etYan Xishan, gouverneur duShanxi, se rallient au Kuomintang. En, les troupes de Zhang Zuolin sont battues par celles du Kuomintang et des autres seigneurs de la guerre ralliés au gouvernement de Nankin. Le, sur le conseil de ses alliés japonais, il quitte Pékin. Le lendemain, alors qu'il prend la fuite, il est tué dans l'explosion du train qui le ramène vers son fief deMandchourie, un attentat organisé par l'armée japonaise. L'Armée nationale révolutionnaire pénètre dans Pékin le 8.
Ledrapeau à cinq couleurs est remplacé comme drapeau national de la Chine par unenouvelle bannière, ornée de l'emblème du Kuomintang. Le1er octobre, lesÉtats-Unis sont le premier pays étranger à reconnaître le nouveau gouvernement chinois.
Le29 décembre,Zhang Xueliang, fils de Zhang Zuolin, annonce le ralliement de sa faction militaire au gouvernement du Kuomintang et abandonne le drapeau à cinq couleurs pour le drapeau officiel du gouvernement de Nankin. Cet évènement est désigné, notamment àTaïwan, sous le nom deréunification chinoise[4].