Pour les articles homonymes, voirJacob (homonymie).
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Gilbert Jacob ditGilles Jacob, né le dans le17e arrondissement de Paris, est uncritique, essayiste,réalisateur et une personnalité française du monde ducinéma. D'abord délégué général duFestival de Cannes en1978, il en est président de2001 à2014.
Gilles Jacob est issu d'une famillejuivebourgeoise. Son père André Jacob dirige la maison de négoce en biens immobiliers « Auguste Jacob & Fils », sa mère est la fille de Lambert Levy, directeur général de la Compagnie « Est-Lumière », ancêtre de laCompagnie parisienne de distribution d'électricité[1].
Élève aulycée Carnot[2], Gilles Jacob et sa famille sont contraints, du fait de leur origine juive, de fuir Paris au début de laSeconde Guerre mondiale. Son père, capitaine d'artillerie, est fait prisonnier de guerre et est interné en Allemagne en 1939. D'abord réfugié avec sa mère et son frère Jean-Claude à Vichy puis à Nice-Cimiez jusqu'en 1942, où laGestapo manque de peu de l'arrêter, le jeune Gilles Jacob est emmené par une chaîne de résistants pour être caché pendant toute la guerre dans l'alumnat du Saint-Rosaire, tenu par les Assomptionnistes, àMiribel-les-Échelles enIsère. Il échappe à une arrestation par l'armée allemande en se cachant derrière l'harmonium de la chapelle, scène queLouis Malle mettra en image, quarante ans plus tard, dans son filmAu revoir les enfants[3].
À laLibération, il revient à Paris pour entrer enseconde aulycée Louis-le-Grand. Il compte parmi ses camaradesClaude Chabrol, fréquente assidûment les salles de cinéma, et notamment laCinémathèque française de la rue d'Ulm. Encore étudiant, il crée en 1949 une revue de cinéma,Raccords, et publie notamment un des premiers articles deFrançois Truffaut[3].
Après une hypokhâgne et une khâgne à Louis-le-Grand, et un stage à la banque Jordaan, à Paris, il entre, en 1950, dans l'entreprise familiale àCourbevoie : les établissements Elwor qui représentent en France la Toledo Scale Company, entreprise américaine d'instruments de pesage[3].
Il se marie le[4].
Il ne quitte pas pour autant le monde cinématographique et littéraire : publié en1964 après la rencontre de cinéastes (Stanley Kubrick méconnu et Joseph von Sternberg en maison de repos -émission à France-Inter ce jour-) lors d'un voyage auxÉtats-Unis vers 1957, son essaiLe Cinéma moderne, qui lui permet d'assister à son premierfestival de Cannes la même année[5] et d'écrire des critiques pourCinéma entre 1964 et 1968 etLes Nouvelles littéraires de 1968 à 1971[2], pour lequel il « couvre », notamment,Mai 68 au festival de Cannes.
En 1972, tout en poursuivant son travail à la Toledo Scale (il en est, à présent, le secrétaire général), il est engagé àL'Express comme critique cinématographique sur invitation dePierre Billard, rédacteur en chef et devient secrétaire général adjoint de l'Association française de la critique de cinéma et de télévision en1973[2]. Sévère enversLe Cinéma de papa deClaude Berri, pour son premier papier, élogieux pour les premiers films deWoody Allen, il est contraint de quitterL'Express quatre ans plus tard, en1975, après avoir sévèrement critiquéHistoire d'O, film soutenu parJean-Jacques Servan-Schreiber. De cet épisode, il tire avec son fils un scénario, mis à l'écran et joué en1984 parFrancis Perrin sous le titreÇa n'arrive qu'à moi[6].
En 1976, il quitte Elwor, repris par Toledo Scale. Il présente et coproduit ensuite l'émissionLe Masque et la Plume aux côtés deFrançois-Régis Bastide surFR3[2], en même temps qu'il est embauché parRobert Favre Le Bret, président du festival de Cannes, comme adjoint du délégué général du Festival,Maurice Bessy[3].
Sur proposition deMichel d'Ornano, ministre de la Culture, il est élu le, délégué général du Festival, chargé de voir des milliers de films et de choisir les candidats à la palme d'or[3]. Sans se soucier des risques diplomatiques, au nom de la liberté d'expression, il diffuse en1978 comme « film surprise »L'Homme de marbre[7], film du PolonaisAndrzej Wajda, censuré dans son pays, car critique vis-à-vis du régime en place[5]. Puis, pour sa deuxième sélection, il présente en1979Apocalypse Now,Le Tambour,Hair,Prova d'orchestra etLe Grand Embouteillage. Durant un quart de siècle, avec Robert Favre le Bret puisPierre Viot comme présidents, il ouvre Cannes aux cinématographies du monde entier, et choisit de mettre en avant les réalisateurs et les acteurs plutôt que les producteurs et les décideurs politiques[3]. Désirant faire de Cannes une vitrine pour une nouvelle génération de cinéastes, il crée en1978 le prix de laCaméra d'or, qui récompense un premier film, et la sectionUn certain regard, qui présente une sélection alternative. Il fonde, en 1991, les Leçons de cinéma et, en 1998, laCinéfondation, pour des films d'étudiants que sélectionne son fils Laurent[6].
Il transforme le festival de Cannes, en mettant en scène une manifestation médiatique et internationale, qui devient le plus gros événement artistique mondial. Il fait bâtir un nouveau palais des festivals critiqué, surnommé « le bunker », favorise la présence des médias et négocie la diffusion des cérémonies parCanal+ en1986. Derrière la fête médiatique, il en fait aussi un rendez-vous économique incontournable du secteur avec le développement dumarché du film. Il dote l'institution d'un budget de 20 millions d'euros, financé pour moitié par un club de partenaires du secteur privé (Canal+,L'Oréal,Renault,Chopard,Air France…), et qui permet d'accéder à une indépendance vis-à-vis du pouvoir politique. Une indépendance que Gilles Jacob prend soin également de cultiver à l'égard des pressions des professionnels du cinéma[6]. À partir du début desannées 2000, il organise aussi des hommages et rétrospectives[5] ainsi que des leçons de cinéma.
En2001, il est élu à la présidence du festival de Cannes. Laissant la charge de la sélection, à partir de 2004, àThierry Frémaux, qui lui succède comme délégué artistique, il garde un rôle primordial dans la direction du festival, fixant la ligne éditoriale et s'occupant des relations avec les partenaires privés et les institutions publiques[8].
Personnalité respectée du cinéma français, Gilles Jacob préside leprix Louis-Delluc depuis 1993, et siège aux conseils d'administration de laSept Cinéma, depuis 1992, et de laBifi, depuis 1996. Il a également été administrateur deFilms A2, entre 1980 et 1992, et a dirigé la collection La Bibliothèque du cinéma chezHatier, entre 1979 et 1992[2]. En 2002, il est nommé vice-président du conseil de surveillance de Canal +, mais doit renoncer à ce poste face à la polémique créée par le risque de conflit entre le monde du cinéma français et la chaîne, premier diffuseur et producteur télévisuel de films[6].
Au cinéma, il joue son propre rôle dans les filmsGrosse Fatigue deMichel Blanc, en 1994, etFemme fatale deBrian De Palma, en2002. Documentariste, il a réalisé ou produit un grand nombre de films de montage soit sur l'histoire du festival de Cannes, soit sur de grandes actrices qu'il affectionne. Il est l'interprète du film deSerge Le PeronGilles Jacob, l'arpenteur de la Croisette, coproduit en 2010 par l'INA, Canal + et Arte.
En, il n'est pas réélu au conseil d'administration du festival mais reste membre de son assemblée générale[9].
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