Issu d'une famille dans laquelle cinq générations de musiciens se sont succédé, il porte le même prénom que son arrière-arrière-grand-pèreJacopo Puccini, organiste et compositeur de musique sacrée duXVIIIe siècle, et est le fils deMichele Puccini (1813-1864), le petit-fils deDomenico Puccini (1772-1815) et l'arrière-petit-fils d'Antonio Puccini (1747-1832).
Giacomo Antonio Domenico Michele Secondo Maria Puccini est né via di Poggio, dans le centre de Lucques, en 1858[1], dans une famille aisée. Il est le premier garçon d’une famille de sept enfants : il a cinq sœurs aînées et un frère, de cinq ans son cadet, né trois mois après la mort de son père. Son pèreMichele Puccini[2] est un compositeur demusique sacrée,organiste et maître de chœur à lacathédrale Saint-Martin de Lucques. Sa mère Albina Magi[3] a épousé Michele en 1848 ou 1849[4].
Il poursuit à une ou deux exceptions près les mêmes études musicales que ses illustres aïeux, tous musiciens d'église. On compte trente-deux œuvres à leur actif[5].
Après la mort de son père en, alors qu'il a à peine plus de cinq ans, il est envoyé auprès de son oncle maternelFortunato Magi pour étudier ; celui-ci l'initie auclavier et au chant choral mais le considère comme un élève peu doué et indiscipliné. Fortunato a succédé à Michele Puccini au poste demaître de chapelle et organiste. Toutefois, la place ayant été occupée depuis plusieurs générations par les Puccini, il est précisé que Fortunato céderait sa place au jeune Giacomo lorsque celui-ci serait en âge d'assumer cette charge[6].
En1882, Puccini participe à un concours d'écriture lancé par la maison d'édition de musique Sonzogno en 1883, pour un opéra en un acte. Bien qu'il ne remporte pas le prix avecLe Villi, son premier opéra est représenté en1884 auTeatro Dal Verme deMilan, grâce àPonchielli etFerdinando Fontana, et cette représentation contribue à attirer l'attention deRicordi, l'éditeur de Verdi, qui lui commande un nouvel opéra,Edgar. C'est à cette époque que Puccini rencontre Elvira Gemignani (née Bonturi, 1860-1930) qui deviendra sa femme et lui donnera un fils, Antonio (1886-1946). Elle est mariée à un autre, ce qui n'empêche pas Puccini de tenter sa chance. Le mari, peu soupçonneux et souvent absent, ne se méfie pas du jeune homme qui accepte avec joie de donner des cours de piano à l'épouse quand elle le lui demande (Puccini, après le succès desVilli, commence à se faire une excellente réputation). Les deux « tourtereaux » dissimulent mal leur liaison, de sorte que toutLucques est au courant du scandale, sauf le mari trompé. Le climat devenant lourd cependant, Puccini achète une villa àTorre del Lago, où il résidera la plus grande partie de sa vie, accompagné d'Elvira. Aussi, la critique est-t-elle assez ironique lorsqueEdgar, son deuxième opéra, est représenté (avec succès), puisque l'intrigue présente beaucoup de points communs avec cette aventure vaudevillesque.
Son troisième opéra,Manon Lescaut, est non seulement un succès[8], mais également le point de départ d'une collaboration fructueuse avec les librettistesLuigi Illica etGiuseppe Giacosa, qui travaillent avec lui sur les trois opéras suivants.
En1900,Tosca représente pour Puccini la première approche duvérisme ; l'œuvre est marquée par la ferveur patriotique, mais elle relate un drame amoureux sans s’engager sur le terrain idéologique comme les opéras deVerdi. Le contraste entreLa Bohème etTosca est tel que Puccini essuie un cinglant revers. Heureusement, lorsque Toscanini reprend l'ouvrage, le succès est au rendez-vous.
L'activité du compositeur ralentit et, en1903, il est blessé à la suite d'un accident de voiture qui le rend boiteux[12].
En1904,Madame Butterfly (sur une pièce de théâtre deDavid Belasco) est accueillie par un fiasco cinglant lors de la première àla Scala de Milan, bien qu'il soit remarquablement orchestré et dirigé parCleofonte Campanini(en) et mis en scène parAdolfo Hohenstein. En particulier, lors de la scène où l'on entend des chants d'oiseaux, le public s'esclaffe et fait entendre des cris de basse-cour de toutes sortes. Cela ne l'empêche pas de devenir, trois mois après, un autre de ses grands succès, après une révision drastique.
En1909, éclate un scandale : sa domestique se suicide par empoisonnement après avoir été accusée par Elvira Gemignani d'avoir eu une relation avec lui. Il semblerait que ce soit la sœur de la domestique qui avait une relation avec Giacomo Puccini. La domestique servait de médiatrice, elle se suicida afin de ne pas trahir le secret. Similaire à l'acte III deTurandot où Liù se suicide afin de ne pas dévoiler le secret.
En1910, il composeLa fanciulla del West, premier opéra créé auMetropolitan Opera de New York. L'œuvre, considérée comme le premierwestern spaghetti[13], est dirigée parToscanini ; elle présente une richesse orchestrale et harmonique sans égale dans l'œuvre de Puccini. Le succès immédiat auprès du public (et également des critiques) ne se confirme pas : le thème duFar West, l'audace de son écriture et, étrangement, son « happy end », déroutent le public et les critiques. Il faut toute la volonté d'artistes commeDimitri Mitropoulos,Plácido Domingo, et de musicologues désireux de dépasser les clichés, pour faire sortir cette œuvre remarquable de l'oubli.
Son dernier opéraTurandot, écrit en 1924, reste inachevé ; les deux dernières scènes en seront complétées parFranco Alfano. Ce final est très contesté de nos jours car Puccini avait rêvé pour le duo final de quelque chose d'inédit et fantastique, comparable à une grande scène wagnérienne (on mesure, quand on entendNessun dorma ou le dernier air de LiùTanto amore, segreto, l'étendue de la perte qu'a causée la maladie du compositeur). Alfano, bon compositeur pourtant, n'a pas le génie de son maître. Si, la plupart du temps, on ne dirige aujourd'hui qu'une version écourtée du final d'Alfano, la version complète a été remise au goût du jour récemment parAntonio Pappano, avec un concert et la réalisation d'une intégrale publiée en 2023 chezWarner Classics[14].
En 2001, un nouveau final est écrit parLuciano Berio.
Puccini meurt àBruxelles le, des suites cardiaques dues à son cancer de la gorge. Après des obsèques à l'église royale Sainte-Marie deSchaerbeek, son corps est transporté àMilan où, le, ses funérailles sont célébrées dans lacathédrale par l'archevêqueEugenio Tosi. À l'issue de celles-ci, sa dépouille est inhumée provisoirement aucimetière monumental de Milan, dans le caveau de famille d'Arturo Toscanini[15]. Le, à l'occasion du deuxième anniversaire de sa mort, Giacomo Puccini est réinhumé dans la chapelle de savilla de Torre del Lago[16].
Sa villa est aujourd'hui un musée dédié à sa mémoire.
Manon Lescaut, , Tosca, Madame Butterfly etTurandot sont tous de grands succès. Ils illustrent une maîtrise de l’orchestration exceptionnelle, aux multiples innovations harmoniques, et un langage théâtral profondément original. Ce langage qui contribua au succès de Puccini se rattachait au courant littéraire duvérisme italien, représenté par des compositeurs de la fin duXIXe siècle, commeMascagni,Leoncavallo ouFranchetti. Puccini échappe pourtant auréalisme tragique duvérisme, grâce à sa passion pour les romantiques commeAlfred de Musset ouHeinrich Heine, mais aussi en raison de sa modernité théâtrale et musicale, illustrée par les chromatismes deTosca ou les accords impressionnistes dela Houppelande (Il Tabarro) influencés par les audaces deDebussy et deRavel, et la marque profonde laissée dans son œuvre parWagner.