Au, Gevrey-Chambertin est catégorisée ceinture urbaine, selon la nouvelle grille communale de densité à7 niveaux définie par l'Insee en 2022[7].Elle appartient à l'unité urbaine de Gevrey-Chambertin, une agglomération intra-départementale dont elle estville-centre[8],[9]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Dijon, dont elle est une commune de la couronne[Note 1],[9]. Cette aire, qui regroupe 333 communes, est catégorisée dans les aires de 200 000 à moins de 700 000 habitants[10],[11].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de labase de donnéeseuropéenne d’occupationbiophysique des solsCorine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (47,4 % en 2018), en diminution par rapport à 1990 (50,5 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : forêts (39,1 %),terres arables (27,4 %), cultures permanentes (20 %), zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication (5,4 %), zones urbanisées (4,6 %), eaux continentales[Note 2] (2 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (1,4 %)[12]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : lacarte de Cassini (XVIIIe siècle), lacarte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
Carte des infrastructures et de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).
En 2005, des fouilles archéologiques au lieu-ditAu-dessus de Bergis ont permis de découvrir une occupation couvrant leNéolithique, la fin de l’âge du bronze et le début de l’âge du fer[14].
Lavia Agrippa, route romaine stratégique tant pour les légions que pour le commerce, relie à partir duIer siècle av. J.-C.Lyon àLangres en direction deCologne. Elle privilégie un tracé en plaine :ainsi ce premier axe majeur de communication proche passe à quelques kilomètres à l'emplacement de Gevrey.
L’empire deCharlemagne met un terme aux guerres mérovingiennes puis carolingiennes : à sa succession par letraité de Verdun de 843, laSaône sert de frontière entre laLotharingie, à l’est, et la France occidentale à la gauche, où se trouve Gevrey.
La vigne a été cultivée très tôt en Bourgogne. Mais c'est sur la commune que les recherches archéologiques ont permis de découvrir les premières vignesgallo-romaines, qui datent duIer siècle av. J.-C.[18].
En2008, lors de l'agrandissement d'une zone pavillonnaire, 316 fosses ont été mises au jour, alignées en rang sur 6 000 mètres carrés, dans lesquelles on a repéré la trace de 120 ceps et où l'on peut voir en coupe le vide laissé par le tronc et les racines du pied de vigne. Cette découverte accrédite les préconisations dePline l'Ancien et deColumelle. Comme aujourd'hui, les vignes étaient plantées en rang, mais le choix et l'exposition des terrains étaient différents, puisque les vignes gallo-romaines étaient situées dans les plaines, au lieu des coteaux de la majorité des Côtes de Nuits actuelles. De plus, les goûts devaient être différents, puisque, notamment pour assurer leur conservation, les gallo-romains y ajoutaient des épices[19].
En 1015 et 1019, un domaine construit sur une villa gallo-romaine, déjà entouré de vignes, prés et sources, est apporté en donation à l'abbaye de Cluny par les héritiers de la famille deVergy. Hugues de Chalon, comte de Châlons évêque d'Auxerre et sa sœur Maheldis de Vergy, épouse de Geoffroy deSemur en Brionnais, qui le tenaient tous deux de leur mère Adélaïde deVergy, le cédèrent donc à Odilon, cinquième abbé deCluny, lequel fixa les redevances liées à l'usage de la fontaine (place du château), redevances en nature que l'on doit conduire au "cellarium indominicatum" (le cellier seigneurial). En 1101, le domaine devient un prieuré organisé.
Le développement du vignoble se poursuit dans laCôte, et les différentes parcelles sont la propriété de congrégations religieuses, essentiellement l’abbaye de Bèze, l’abbaye Saint-Bénigne de Dijon, le chapitre de lacathédrale de Langres (qui est alors le diocèse dont dépend Gevrey),Cluny, et d’autres encore. Des transactions surviennent déjà, par exemple la cession du Clos de Bèze en 1219 au chapitre de la cathédrale de Langres[21].
Au gré de l’installation de ladynastie capétienne, les limites de la Côte fluctuent et leduché de Bourgogne se constitue progressivement. Ce dernier est en fin de compte intégré auroyaume de France à la suite de la succession de Bourgogne, la Saône continuant à marquer une frontière orientale avec laFranche-Comté, non rattachée à la couronne.
Lestraités d’Arras en 1482 puis deSenlis en 1493 soldent le conflit (guerre de succession de Bourgogne) entreLouis XI,Charles le Téméraire et son héritièreMarie de Bourgogne, entérinant ainsi la cession du duché de Bourgogne. Gevrey appartient dès lors au domaine royal de France, tout l’ancien duché devenant une province, à la fois gouvernement militaire et ressort des États de Bourgogne et du Parlement de Dijon.
Une première halle est construite en 1502, à la suite de l'octroi par lettres patentes deLouis XII d'un marché hebdomadaire[17]. Elle est détruite puis reconstruite en 1830, accueillant ensuite pendant quelques années la mairie et une caserne de pompiers.
Entre la2ème et la 3ème guerres[22], une armée protestante allemande commandée par leduc de Deux-Pont cherche à venir en aide aux protestants français emmenés par l’amiral de Coligny. Cette armée estimée à 7 500reîtres et 6 000lansquenets traverse donc la Bourgogne entre mars et mai 1569. Elle prend notammentDijon puis l’abbaye de Cîteaux où elle s’installe quelques jours, réquisitionnant et pillant les environs deNuits-Saint-Georges et deBeaune, et donc probablement de Gevrey-Chambertin. Elle affronte ensuite les armées royales àChagny, puis victorieusement à Arnay-le-Duc en 1570.
Le pillage de 1636 lors de la guerre de Trente Ans
Gevrey subit entre septembre et novembre 1636 les conséquences de laguerre de Trente Ans. Il s’agit d’une série de conflits armés qui ont déchiré l’Europe de 1618 à 1648, opposant principalement les États allemands protestants, ayant les Provinces-Unis et des pays scandinaves comme alliés, et la maison catholique des Habsbourg et du Saint-Empire, et qui se solda par letraité de Westphalie.
Les armées sont souvent constituées de mercenaires, Les combats se déroulèrent dans plusieurs territoires d’Europe.
La France mène une intense activité diplomatique, se tenant longtemps à l’écart avant que lecardinal de Richelieu ne décide d’intervenir militairement.
Dans la chronologie des différents théâtres d’opérations, une opération est conduite enFranche-Comté, sorte de zone « tampon » entre la France et leSaint-Empire. À la suite d'un premier échec des troupes françaises à Dole en 1636,Gallas, généra l de l’armée impériale, envahit la Bourgogne avec son armée de Croates, tentant de prendre Dijon et avant d'échouer au siège deSaint-Jean-de-Losne et de devoir repasser leRhin à l'arrivée de renforts.
En vertu d’un décret de la Constituante du 15 janvier 1790, la province de Bourgogne est supprimée et son territoire réparti entre quatredépartements dont laCôte-d'Or auquel Gevrey appartient toujours.
Gevrey fait partie des communes qui adressent leurs félicitations[24] à laConvention le 30 fructidor an II (16 septembre 1794), exprimant « leur indignation contre le traîtreRobespierre et ses infâmes complices, qui vouloient (voulaient) attenter à la souveraineté du peuple et à la représentation nationale, applaudissent au supplice de ces monstres, félicitent leurs frères de Paris d’avoir si bien secondé l’énergie des représentants du peuple la nuit du 9 au 10 thermidor, et invitent la Convention à rester inébranlable à son poste jusqu’à l’affermissement du gouvernement démocratique ».
Vendu comme bien national en 1791, le château est acquis, après un court intermède communal, par des particuliers[20].
L’expansion des vins de Bourgogne se poursuit, et le roiLouis-Philippe publie en 1847 une ordonnance autorisant Gevrey à adjoindre à son nom celui de Chambertin, pour devenirGevrey-Chambertin.
la ligne de chemin de fer de Dijon Chalon-sur-Saône est ouverte le 1er septembre 1849, contribuant à développer leréseau PLM (Paris Lyon Marseille) ;
un record du monde de vitesse est établi à 242,8 km/h sur cette ligne en 1953 avec une locomotive CC à traction électrique, le record suivant sera celui du TGV à 300 km/h en 1981 ;
un tram relie Dijon, Gevrey-Chambertin, Nuits-Saint-Georges, des villages de la Côte et des hautes-Côtes, dont le dernier tronçon est arrêté en 1953 ;
le sentier qui relie Gevrey-Chambertin etChambœuf devient progressivement une route, avec le creusement d'un tunnel en 1887.
En 1902, un hôpital cantonal est créé rue de la Gare et reconnu d’utilité publique, avec 8 lits et une infirmière. Il cesse de fonctionner en 1914, et est fermé en 1919. Il en subsiste un rare vestige.
Parmi les accidents climatiques remarquables, un orage d’une extrême violence s’abat le 28 juillet 1900 sur Gevrey-Chambertin et une partie de la Côte, entraînant depuis lacombe de Lavaux un déferlement d’eau et de boue dans tout le village (écroulement du mur du Clos Saint-Jacques, environ 50 cm de hauteur d’eau dans les rues du vieux centre, inondation des caves, …).
Les années 1900 voient le développement du négoce, notamment la maison Thomas-Bassot, aujourd’hui disparue.
Le monument aux morts recense nombre d'hommes de Gevrey-Chambertin morts lors du1er conflit mondial (1914-1918). Spécificité patrimoniale locale, il ne représente pas un combattant, comme beaucoup d’autres monuments du même style, mais une sorte d’obélisque sur laquelle est représentée une vigneronne en tenue traditionnelle, attendant père, mari ou fils.
En 1947, Gevrey-Chambertin accueille, pour la première fois, laSaint-Vincent tournante, neuf ans après son instauration. Cette manifestation y revient quatre fois par la suite : en 1960, 1980, 2000 et 2020.
Gevrey obtient de s'appelerGevrey-Chambertin en 1847. Afin de faire profiter la commune de la renommée du cru cultivé sur son territoire, le conseil municipal a demandé et obtenu l'adjonction de ce cru réputé.
Gevrey : nom de personne gallo-romainGabrius (du gaulois gabros, « chèvre ») + suffixe -acum.
Chambertin : le champ deBertuyn (nom propre germanique).
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers lesrecensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations de référence des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[29]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2007[30].
En 2022, la commune comptait 2 983 habitants[Note 3], en évolution de −3,34 % par rapport à 2016 (Côte-d'Or : +0,82 %,France horsMayotte : +2,11 %).
Les vins de Gevrey-Chambertin sont desvins de longue garde (10 à 20 ans et plus pour les exceptions). Pour des bourgognes, ils sont très colorés, puissants, aux arômes et saveurs intenses évoquant entre autres lecassis,cerise,musc,réglisse.
Jacques Théodore Saconney: général de division (armée de l'air), scientifique (photographie aérienne), aérostier, et cousin de Gaston Roupnel,XXe siècle
↑Les eaux continentales désignent toutes les eaux de surface, en général des eaux douces issues d'eau de pluie, qui se trouvent à l'intérieur des terres.
↑Population municipale de référence en vigueur au 1er janvier 2025, millésimée 2022, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2024, date de référence statistique : 1er janvier 2022.
↑a etbDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale »,Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography,no 501,(DOI10.4000/cybergeo.23155,lire en ligne, consulté le)
↑Claude et Michel Mangin, L’occupation du sol à Gevrey-Chambertin et dans ses environs à l’époque romaine et au Haut-Moyen Age, découvertes récentes
↑Henri Cannard,Balades en Bourgogne, Guide des vignobles de la Côte d'or, à compte d'auteur,
↑a etbHenri Vienne,Gevrey-Chambertin - Notice historique, topographique et statistique, Le livre d'histoire - Lorisse, 1850, réédition en 2012(ISBN978-2-7586-0611-6)
↑Jean-Pierre Garcia, Sébastien Chevrier avec la collaboration d’Alexa Dufraisse, Marion Foucher, Ronan Steinmann, « LE VIGNOBLE GALLO-ROMAIN DE GEVREY-CHAMBERTIN«AU-DESSUS DE BERGIS », CÔTE-D’OR (Ier-IIe s. ap. J.-C.) : modes de plantation et de conduite de vignes antiques en Bourgogne »,OpenEdition,(lire en ligne)
↑Camille Rodier,Claude Jobert de Chambertin, Mémoires des années 1931 et 1932, Société d’archéologie de Beaune (Côte d’Or)
↑« Liste de félicitations adressées à la Convention par les administrateurs de districts, tribunaux, comités de surveillance et sociétés populaires, en annexe de la séance du 30 fructidor an II (16 septembre 1794) »,Archives Parlementaires de la Révolution française, année 1993,p. 227-229(lire en ligne)
↑Gaudelette,Histoire de la guerre de 1870-1871 dans la Côte-d'Or, Dijon,(lire en ligne)
↑a etbJean-François Bazin,Mémoire en images, le canton de Gevrey-Chambertin, Al Sutton,(ISBN2-84910-248-2)