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Georges Suarez (Paris15e, -Fort de Montrouge àArcueil,[1]) est unécrivain,essayiste etjournalistefrançais.Pacifiste puiscollaborationniste, il a été l'éditeur du journal sous contrôle allemandAujourd'hui, succédant au rédacteurHenri Jeanson. Il a également été biographe dePétain et de plusieurs figures de laTroisième République. Il fut le premier journaliste condamné à mort lors de l'épuration et fut fusillé aufort de Montrouge le.
Suarez étaitjuriste de formation. Il combattit durant laPremière Guerre mondiale et devint ensuite correspondant de l'agence Havas àVienne. À la même époque, il collabora à plusieurs journaux commeLe Temps etL'Écho de Paris.
Durant les années 1920, Suarez commence par écrire quelques ouvrages en collaboration avecJoseph Kessel, qui lui restera fidèle jusqu'à sa mort. Il réalise avec ce dernier un entretien avecCharles Maurras, qui condamnera l'attitude pro-allemande de Suarez en 1943[2].
Toujours avecJoseph Kessel, mais également avecHorace de Carbuccia, il fonde en 1928, à Paris, un hebdomadaire politique et littéraire,Gringoire.Romain Gary y publie même deux nouvelles,L'Orage (le), puisUne petite femme (le), sous son véritable nom, Romain Kacew. Lorsque le journal afficha des idées fascistes et antisémites, Gary renonça à envoyer ses écrits[3].
Jusqu'aux années 1930, Suarez manifeste un vif intérêt pour lapolitique de laTroisième République . Il s'intéresse en particulier àGeorges Clemenceau et àAristide Briand, auxquels il consacre de longues monographies anecdotiques.
Comme plusieurs de ses contemporains, Suarez adopte des positions politiques ambiguës au fil des événements. Oscillant entregauche (il s'intéresse auCartel des gauches), etdroite (il suit de près l'affaire Stavisky et l'émeute devant le Palais Bourbon en 1934), Suarez défend une positioncentriste,pacifiste et germanophile.
Suarez fréquente des journalistes proches du quotidienNotre temps deJean Luchaire, qui défend la politique de paix avec l'Allemagne d'Aristide Briand. Il est également proche deBertrand de Jouvenel et du « Cercle du grand pavois » et deFernand de Brinon duComité France-Allemagne. Son activité journalistique devient de plus en plus hostile à la Troisième République, qu'il accuse de la dérive socio-économique que connaît la France durant les années 1930.
En 1935, avecDrieu la Rochelle,Paul Marion etPierre Pucheu, il critique sévèrement le gouvernement républicain en lui reprochant publiquement son incapacité à gérer lacrise économique. Ils en appellent à une nouvelletechnocratie, une « synarchie », capable d'en finir, selon eux, avec les problèmes posés par lecapitalisme. Comme plusieurs de ses confrères, Suarez se rapproche alors duParti populaire français (PPF) deJacques Doriot et, après la défaite française de 1940, des milieuxcollaborationnistes.
Il publie alors des articles en faveur dusynarchisme et du technocratisme tels que théorisés parGeorges Lefranc,Georges Albertini etBertrand de Jouvenel et il dénonce les « corruptions » et les « complots » de laTroisième République dans des journaux de l'Occupation commeLibération etAujourd'hui. Les positions radicales de Suarez le conduisent à encourager leprocès de Riom par lerégime de Vichy, censé juger les responsables politiques de la Troisième République pour leurs responsabilités dans la défaite de 1940.
Dès 1940, Suarez devient l'un des premiers biographes dumaréchal Pétain ; il lui consacre aussi un ouvrage au titre évocateur :Pétain ou la démocratie? Il faut choisir (1941).
Le, le journaliste juifJacques Biélinky écrit dans son journal : « Georges Suarez est devenu directeur d'Aujourd'hui. Juif et fasciste à la fois. »[4]. Le il écrit : « DansAujourd'hui, le juif Georges Suarez attaque la juiverie internationale »[5].
En fait, selon ses propres dires, Georges Suarez n'est pas juif : le témoignage qu'il livre en 1927 en faveur deSamuel Schwartzbard, assassin deSimon Petlioura, lors du « Procès des pogromes » débute par« Avant de témoigner, je désire faire une déclaration d'ordre personnel : je ne suis pas juif, comme l'a écrit avec son habituelle légèretéM.Urbain Gohier, et je ne suis pas antisémite, comme ont pu le faire supposer mes sympathies pour certains hommes de l'Action Française.»[6]
En 1944 – malgré son engagement collaborationniste – Suarez écrivit à l'Hauptsturmführer Heinrich Illers, responsable à Paris du bureau allemand chargé des internés[7], pour obtenir la libération de son ami lerésistantRobert Desnos ducamp de Compiègne. Mais ce fut sans succès, Desnos mourra du typhus aucamp de concentration de Theresienstadt, en, quelques semaines après sa libération.
Suarez est condamné à mort enoctobre 1944, au terme d'un procès où le financement de son journal par l'ambassade d'Allemagne est exposé par l'accusation, livres de comptes à l'appui[8] ; il est fusillé le à l'aube aufort de Montrouge[9], en banlieue parisienne.