Pour les articles homonymes, voirFriedmann.
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Domaine | Étude des sociétés industrielles |
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Georges Friedmann, né le àParis et mort le dans la même ville[1], est unsociologue etphilosophefrançais.
Il fonde, après laSeconde Guerre mondiale, une sociologie du travailhumaniste. Après des études enchimie industrielle, il entre à l'École normale supérieure de la rue d'Ulm en1923. Il est pendant la guerre un intellectuelmarxiste, proche duParti communiste français. Il consacre la plus grande partie de ses travaux à l'étude des relations de l'homme avec lamachine dans lessociétés industrielles de la première moitié duXXe siècle.
Georges Friedmann est le dernier enfant d'Adolphe Friedmann (1857–1922), homme d'affaires berlinois, et d'Elisabeth Nathan (1871–1940). Il naît à Paris où ses parents se sont installés, après s'être mariés en 1882 àBerlin. Ce n'est qu'en 1903 que ceux-ci acquièrent lanationalité française. Il est le frère notamment deMarcelle Dujarric de la Rivière, figure de lahaute bourgeoisiefrançaise qui tintsalon depuis1930 et jusque dans les années1970 dans sonhôtel particulier àBoulogne-Billancourt.
Brillant élève, Georges Friedmann prépare l'ENS à lakhâgne dulycée Henri-IV. Une fois admis à l'École normale supérieure de la rue d'Ulm, Friedmann se passionne pour laphilosophie et édite la revuePhilosophies (plus tardL'Esprit), dont l'orientation principale est de rompre avec la philosophie d'Henri Bergson.
Après laPremière Guerre mondiale, il s'engage en faveur de la réconciliation européenne, en particulier franco-allemande. Il commence à écrire pour les revuesMonde,Clarté,Europe, et pour le quotidienL'Humanité. Il commence à s'intéresser aux aspects psycho-sociologiques dumonde du travail industrialisé. Il accomplit lui-même un apprentissage demécanicien et milite infatigablement dans les comitésantifascistes etpacifistes[2].
À la tête du Centre d’études sociologiques duCNRS, il devient un grand organisateur et initiateur de recherches. Il enseigne à l'Institut d'études politiques de Paris[3].
De nombreux voyages, notamment àBerlin etMoscou, lui font découvrir presque toute l'Europe. Il sympathise avec la jeuneUnion soviétique. Avec la montée dufascisme dans lesannées 1930, Friedmann, comme certains intellectuels de cette époque, s’interroge sur l’expérience soviétique. Il apprend le russe à l'Institut des langues orientales. Entre1932 et1936, il effectue trois séjours enURSS. Ils lui inspirent deux ouvrages, dans lesquels il exprime son soutien critique à l’égard du régime de Moscou, notammentLa Crise du progrès (1936), ouvrage dans lequel il tente de montrer que lemarxisme donne un sens plus humain et un nouveau départ auprogrès technique[2]. DansDe la Sainte Russie à l'U.R.S.S. (1938), il adopte cependant un point de vue beaucoup plus critique, fustigeant notamment leculte de la personnalité stalinien et lesprocès de Moscou, qu'il a suivis en direct en 1936, les interprétant cependant comme des reliques del'époque tsariste. À la suite de la publication de cet ouvrage, il est exclu de toutes les organisations pacifistes et communistes placées sous l'influence duParti communiste français[2].
La déclaration de guerre et la signature duPacte germano-soviétique l’amènent à s’engager dans laRésistance, aux côtés deJean Cassou etPierre Bertaux, dans un petit groupe de la région deToulouse. Il se révèle alors un homme d’action. D'après Friedmann dans son dernier ouvrage, il échappa à laGestapo en 1943 et fut caché par un jeune couple d'instituteurs dans leur école dans un village deDordogne[4]. Il traduit son expérience dans sonJournal de guerre, publié parGallimard en1987, dix ans après sa mort.
L’après Seconde Guerre mondiale le compte parmi les compagnons de route et sympathisants de l’URSS. Il contribue, avec d’autres compagnons, commeVercors,Jean Cassou,André Chamson, à la rédaction de l’ouvrageL’Heure du choix, écrit en1946 et publié en1947. Celui-ci peut être brièvement résumé par la phrase« L’URSS est un exemple mais pas un modèle. » En1950, de violentes attaques du Parti communiste contre son ami Jean Cassou l'amènent à rompre avec lecommunisme, sans cependant renoncer à l'espoir d'unsocialisme démocratique et à visage humain[5].
En 1953, il intègre le conseil culturel du cercle culturel deRoyaumont.
Ses travaux et ses ouvrages commeLe Travail en miettes (1956) l’ont souvent réduit à être présenté comme un sociologue du travail. Il est vrai que, dès1931, il abordait les problèmes posés par le travail et les techniques. En1946, sa thèse, « Problèmes dumachinisme industriel », introduit en France la nouvelle sociologie du travail. À cette époque, il est déjà reconnu par ses pairs américains, et lui-même fait connaître dans son pays les travaux des sociologues d’outre–Atlantique. Mais le parcours de Friedmann et ses travaux dépassent cette unique identité de sociologue du travail. Au début desannées 1960, il explore un autre champ de la culture technique : les communications et la culture de masse.
Georges Friedmann a toujours veillé à maintenir les liens entre la sociologie et la philosophie métaphysique occidentale. Grand lecteur deLeibniz et deSpinoza, il livre ses réflexions d’ordre moral et philosophique sur l’avenir de la civilisation technicienne dansLa Puissance et la Sagesse, publié en1970.