George Bernard Shaw naît àDublin le dans une familleprotestante dedescendance anglaise issue de la petite bourgeoisie. Il est le plus jeune et l’unique garçon des quatre enfants que compte la famille. Il acquiert une culture littéraire et musicale étendue. À l'âge de vingt ans, il rejoint àLondres sa mère, séparée de son pèrealcoolique. Il s'intéresse à l'économie politique et ausocialisme ; la lecture deKarl Marx est pour lui une révélation. À côté de son activité de militant politique, il devientcritique d'art et demusique, puiscritique dramatique et écrit de nombreuxessais.
Après avoir tenté en vain de publier cinq romans, George Bernard Shaw s'intéresse à partir de1892 authéâtre pour lequel il écrit plus de cinquante pièces. Il développe alors un style où sa verve humoristique, mieux mise en valeur, fait de lui un maître incontesté du théâtre anglophone. Dans ses premières pièces, très engagées mais peu jouées, George Bernard Shaw s'attaque aux abus sociaux. La pièceLe Héros et le Soldat, produite en1894 auxÉtats-Unis, marque le début de sa notoriété internationale.
George Bernard Shaw fréquente le cercleFabian Society, où il rencontre Charlotte Payne Townshend qu'il épouse en1898. Atteint de maladie et de surmenage, il réduit son activité politique. Ses succès et son mariage, la même année, mettent fin à sa vie de bohème. Sans jamais cesser de s'intéresser à la politique et aux questions sociales, il se consacre désormais entièrement à ses œuvres, pièces à thèse, où il tourne en ridicule leconformisme social. Son talent et sa renommée sont récompensés par leprix Nobel de littérature en1925. Il remporte en 1939 unOscar pour le scénario adapté de sa piècePygmalion au cinéma, mais il n'aurait jamais beaucoup estimé cet honneur : on raconte que, chez lui, il se servait de la statuette pour bloquer les portes[1]. Resté très actif tout au long de sa vie, il meurt des suites d'une chute à l'âge de 94 ans, et est crématisé auGolders Green Crematorium.
Le comique de ses pièces va de pair avec la rigueur logique des idées qu'il développe. Ses préfaces parfois volumineuses sont de véritables essais où il développe ses thèmes favoris (art,pacifisme, idées politiques, conceptions philosophiques et religieuses) et propose des solutions pour remédier aux maux qu'il dénonce dans ses pièces. Son œuvre est celle d'un révolutionnaire et d'un réformateur visant à détruire lecapitalisme pour lui substituer unsocialisme éclairé et plus élevé.Pygmalion (1912) etSainte Jeanne (1923), œuvres de sa maturité, sont souvent considérées comme ses chefs-d'œuvre. Ayant voyagé enUnion soviétique, il en nie les travers et se fait un ardent promoteur durégime stalinien[réf. nécessaire].
Il s'éloigne progressivement dumarxisme à partir de la fin des années 1880 après avoir étudié la théorie de l’« utilité marginale » développée en Angleterre par les économistesWilliam Jevons etPhilip Wicksteed et après avoir acquis la conviction que le changement social ne serait pas impulsé par la classe ouvrière mais par une élite éclairée. Il est en effet profondément déçu par le « Bloody Sunday » de 1887 au cours duquel les cortèges ouvriers, brutalement réprimés par la police, se laissèrent disperser plutôt que de conduire une insurrection. Il défend ainsi un « socialisme municipal », établi sans rupture, à partir des structures capitalistes existantes, à travers la redistribution des revenus de la terre et de l’industrie par le biais d’impôts croissants[2]. Il est en mai 1891, à l’occasion de laFête des travailleurs, présent à la tribune aux côtés deWilliam Morris etFriedrich Engels[2].
Il est également intéressé par le programmeeugénique deFrancis Galton de 1883. En 1884, lors de l'exposition de Santé internationale de Londres, il visite le stand du Laboratoire anthropométrique de Galton. Il adhère à la Société eugénique dès 1890. Son eugénisme est de type positif mais rejette les idées hégémoniques de Francis Galton et des autres conservateurs.« Le socialisme eugénique de Shaw peut en fait se résumer à deux mesures jugées par lui essentielles : la suppression de lapropriété privée et la disjonction radicale du mariage et de la reproduction[3] ». Au début desannées 1930, l'historienGaetano Salvemini, réfugié en Angleterre, mena contre lui une dure polémique en raison de ses positions eugénistes. Néanmoins, Shaw considérait qu'il était très important que l'humanité se bâtisse désormais, d'après sa propre théorieeugéniste, selon un encouragement général aumétissage et aumariage entre différentes classes sociales.
Engagé pour ledroit de vote des femmes, il devient un sympathisant actif de laWomen's Tax Resistance League, s'opposant à l'administration fiscale britannique qui refuse de considérer les femmes mariées comme fiscalement indépendantes[4].
Provocateur et anticonformiste, George Bernard Shaw dénonce lepuritanisme étroit, la hiérarchie religieuse et l'hypocrisie des conventions de lareligion (Disciple du diable, 1896 etLe Vrai Blanco Posnet, 1909). DansAndroclès et le lion (1912), il étudie les motivations religieuses et spirituelles de l'homme. S'inspirant des enseignements deCharles Darwin, il fonde sa philosophie sur l'évolution, force encore mystérieuse, qu'il appelle « Force de la vie », puissance imparfaite qui cherche à atteindre la perfection (préface deEn remontant à Mathusalem, 1920). Il s'oppose avec vigueur à la personnification de toute divinité. Il critique également lemilitarisme et lechauvinisme, notamment dansL’Homme et les Armes[2].
Shaw devintvégétarien à vingt-cinq ans, après avoir entendu une conférence donnée par H. F. Lester[5]. En 1901, se souvenant de ses expériences, il déclara : « j'étais uncannibale pendant vingt-cinq ans. Pour le reste j'ai été végétarien »[6]. En tant que fervent végétarien, il était fermement anti-vivisectionniste et il s'opposa aux sports cruels jusqu'à la fin de ses jours. Considérer qu'il était immoral de manger des animaux était une des causes qu'il tenait à évoquer dans ses pièces et dans ses préfaces. Sa position était : « Un homme de mon intensité spirituelle ne mange point de cadavres » ; ou : « Les animaux sont mes amis, je ne mange pas mes amis »[7].
Sa correspondance inspira une pièce de théâtre que l'on nommaCher menteur (Dear Liar).
Macbeth parodié (1916) – Dans cette courte pièce, deux comédiens répètent une scène entre Macbeth et Lady Macbeth; le comique naissant de l'incompréhension du comédien face au langage « poétique » shakespearien, toutes les images et les métaphores étant prises au pied de la lettre.
The Intelligent Woman's Guide to Socialism and Capitalism (Guide de la femme intelligente en présence du socialisme et du capitalisme), illustrations d'Eric Ravilious, Londres, Constable, 1927, rév. en 1937.
Réflexions sur le darwinisme (1920, dans la préface d'En remontant à Mathusalem)
The Adventures of the Black Girl in Her Search for God traduit en français parLes aventures d'une jeune négresse à la recherche de Dieu, illustré parJohn Farleigh et écrit pendant une visite enAfrique du Sud en 1932. La jeune fille éponyme, intelligente, curieuse et convertie au christianisme par un enseignement missionnaire peu substantiel, part à la recherche de Dieu, sur un chemin qui, après de nombreuses aventures et rencontres, la conduit à une conclusion séculière. L'histoire, publiée, offense certains chrétiens et est interdite en Irlande par le Bureau de Censure[8].
Asile d'aliénés politiques en Amérique et plus près de chez nous (The political madhouse in America and nearer home, discours à l'Académie des Sciences Politiques, publié en 1933 à Londres)
NB :The Genuine Islam ouL'Islam originel (1936) lui est parfois attribué. Shaw n'en est pas l'auteur ; il s'agit d'une citation qui lui est attribuée sans preuve qu'il l'ait prononcée.
Man and Superman (1982) etPygmalion (1983) avecPeter O'Toole
L'œuvre de Bernard Shaw a aussi fait l'objet d'adaptations enEspagne, Hongrie, Allemagne de l'Est et de l'Ouest, Bosnie, Autriche, Finlande,Suède, Hollande, Russie ou Union Soviétique, Yougoslavie, Belgique, Grèce, auPortugal, au Danemark, auBrésil.
↑Myriam Boussahba-Bravard, « Résistance passive et citoyenneté : la rébellion de la contribuable anglaise »,Revue d’histoire moderne et contemporaine, Belin,vol. 56,no 2,,p. 104-134(lire en ligne, consulté le)
↑ArchibaldHenderson,George Bernard Shaw : Man of the Century, New York, Appleton-Century-Crofts Inc.,, 969 p.(ISBN0-306-71491-4).
↑George BernardShaw,Who I am, and What I think : Sixteen Self Sketches, Constable,.
↑HeskethPearson,Bernard Shaw : His Life and Personality, Atheneum Press,(ISBN0-689-70149-7).
(en)Autobiographie sur le site de lafondation Nobel (le bandeau sur la page comprend plusieurs liens relatifs à la remise du prix, dont un document rédigé par la personne lauréate — leNobel Lecture — qui détaille ses apports)