Galoubet | |
![]() Galoubet | |
Classification | Instrument à vent |
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Famille | Bois |
Instruments voisins | Flûte à bec, |
Instrumentistes bien connus | Joseph Bœuf, Alexis Mouren,Maurice Maréchal, Maurice Guis,André Gabriel, Patrice Conte |
Facteurs bien connus | Fabre, Bain, Arnaud, Michel, Superbe |
Articles connexes | Tambourin (sur fût),Provence |
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Legaloubet fait partie de la famille desflûtes à bec à une main et à trois trous (accompagnées d'une percussion, comme letambourin), dont on trouve des représentants en Provence et là où les tambourinaires se sont installés . Le terme de « galoubet » est ancien : la première itération connue de ce mot est due à Sauveur-André Pellas, auteur d'un dictionnaire provençal-français en 1723.
DuMoyen Âge à laRenaissance, le galoubet est prédominant en pays d'Oc (cf. Virdung, T. Arbeau)[1]. Ses quatre notes fondamentales sont espacées d'un ton, un ton et un demi ton (1-1-1/2). Du fait de cet accord, la gamme chromatique est jouable, mais avec difficulté. Plusieurs instruments de ce type ont été retrouvés (dans l'épave de laMary Rose par exemple, qui a coulé auXVIe siècle). Les tambourinaires anglais (Morris pipers) ont conservé également cet accord, comme Poul Høxbro. En Provence, cet instrument est de nouveau popularisée parFrédéric Mistral, qui écrit la préface au livre de Jacinte MorelLou galoubet en 1862[2].
De Renaissance à la Révolution française, une autre flûte de tambourin est jouée, accordée différemment (1 ton - 1/2 ton -1 ton), qu'on nomme aujourd'hui « flûtet baroque » ou « flûtet en dièses » (en effet, contrairement au galoubet moderne, les pièces aisément jouables sur cet instrument sont écrites dans des tonalités comportant plusieurs dièses à la clef : ré ou la majeurs principalement). Cet accord, proche de celui dutxistu, ne permet pas non plus de jouer toutes les notes. Des compositeurs demusique baroque champêtre parisiens lui ont offert de belles pages : Marchand, Lemarchant, Lavallière, etc. Six exemplaires anciens sont connus, dont plusieurs d'origine parisienne. L'encyclopédie de Diderot et d'Alembert (édition de 1757) cite uneflûte de tambourin, puis unflûtet de tambourin dans l'édition de 1760[3]. Ce flûtet baroque a été reconstitué grâce aux travaux de Maurice Guis, Marius Fabre ou Gérard Superbe.
Depuis la révolution française, un autre accord s'est imposé pour donner naissance au galoubet moderne. Les quatre notes fondamentales sont toutes espacées d'un ton (mi bémol - fa - sol -la). Tous les chromatismes sont alors obtenus à l'aide de demi-trous. C'est sans doute cette possibilité nouvelle qui a fait que ce système s'est très rapidement répandu. Aujourd'hui c'est de très loin l'instrument le plus usité, les deux autres n'étant joués que par quelques (anciens) élèves des différents conservatoires du sud de la France qui proposent l'étude de ces instruments anciens.
Cet instrument est un pilier de la culture folklorique provençale actuelle. Outre le répertoire ancien dans lequel il trouve sa place, il est également utilisé dans plusieurs pièces contemporaines (Robayats,Ballata,Cintâmanide Jean-Baptiste Giai pour flûtet « Renaissance » et violoncelle), ainsi que dans de nombreuses compositions classiques.
Le galoubet est tourné dans des bois durs. Les principales essences utilisées sont le buis, l'olivier, le palissandre et l'ébène. L'instrument est le plus fréquemment tourné d'une seule pièce bien que des galoubets constitués d'un sifflet et d'une partie du corps et de pieds interchangeables existent (ce qui permet de n'avoir qu'un galoubet au lieu de 3). Certains instruments sont rehaussés d'incrustations de bois d'essences différentes du reste du corps, de métaux (étain, argent, etc.) ou d'ivoire pour les instruments plus anciens.
On peut distinguer principalement trois parties dans un galoubet. Le sifflet (qui comprend le bec, le canal, la languette, lebiseau et la fenêtre), le corps du galoubet percé de ses trois trous (deux sur le dessus pour l'index et le majeur, un sur le dessous pour le pouce) et du pavillon (séparé du reste du corps par une virole) qui aide au maintien de l'instrument.
Le plus répandu est le galoubet en si (appelé « ton de Saint-Barnabé ». Cette tonalité particulière est liée au facteur d'instrument Marius Fabre (1909-1999) qui, en 1924, se mit à fabriquer des galoubets en se basant sur un modèle de Ferdinand Bain. Celui-ci était un facteur peu consciencieux qui faisait tourner ses galoubets par des tourneurs qui ne respectèrent pas forcément le diapason courant. Cette tonalité étrange a perduré et est restée quasiment la seule jusqu'aux années 1970[4]. ; il existe également en si bémol (peu répandu aujourd'hui, mais apprécié des tambourinaires de la fin duXIXe siècle entreMarseille etToulon - parfois appelé ton d'Aubagne), en la, ut (pas transpositeur celui-ci), sol, etc.
A part l'instrument en ut, le galoubet est uninstrument transpositeur. Dans les musiques folklorique et traditionnelle, il interprète le plus souvent des partitions en si bémol majeur, mi bémol majeur, fa majeur ou do majeur. Le nom d'usage du galoubet est donné en fonction de la correspondance entre un "do" joué au galoubet en question et la note que l'on entend réellement (celle que l'on entendra au piano). Par exemple, un galoubet dit "en La" est un galoubet qui, lorsque l'on joue un « do » au galoubet on entendra un « La » au piano. Les tonalités usitées dans l'ordre des hauteurs décroissant sont ainsi :
- le galoubet enRé aigu
- le galoubet enUt (non transpositeur)
- le galoubet enSi "naturel" (correspondant au au diapason la 440hz, très utilisé par des ensembles accompagnés au piano ou à l'orchestre)
- le galoubet enSi "Saint Barnabé" ou "Ton de Fabre" (tonalité la plus courante dans la musique traditionnelle). Ce galoubet est accordé à un diapason plus bas que la 440 hz, correspondant à peu près à un diapason baroque (la 415 Hz).
- le galoubet enSi bémol
- le galoubet enLa (également très courant lorsqu'il s'agît de jouer dans les tonalités de sol majeur ou ré majeur)
- le galoubet enSol
- le galoubet enFa (très rare)
- le galoubet enRé grave
- le galoubet enLa grave (expérimental)
Les galoubets les plus utilisés sont ceux en ré, ut, si naturel, si Saint Barnabé et la.
Le galoubet est uneflûte à bec en bois d'une trentaine de centimètres, jouée de la main gauche, et toujours accompagnée dutambourin, un tambour très allongé dont le timbre est situé sur la peau de frappe, et qui est « touché » à l'aide d'une massette tenue dans la main droite.
Le galoubet est tenu entre l'annulaire et l'auriculaire, qui restent fixes. Les trois autres doigts de la main gauche (pouce, index et majeur) venant boucher ou non les trois trous de l'instrument pour composer les différentes notes.
Une des difficultés du jeu, outre l'importance et le contrôle du souffle, est d'acquérir une indépendance suffisante des deux mains pour jouer la mélodie de la main gauche, tout en assurant l'accompagnement rythmique de la main droite, qui peut être très élaboré.
Latessiture du galoubet se situe deuxoctaves au-dessus de la clef de sol, ce qui produit un timbre très perçant. Sonambitus couvre facilement une douzième (une octave plus une quinte) grâce au principe des notes harmoniques : avec un même doigté, le musicien peut obtenir plusieurs notes en soufflant plus ou moins fort.
Par exemple, en bouchant tous les trous à l'aide du pouce (trou du dessous), de l'index et du majeur (pour les trous du dessus) on peut obtenir, en soufflant très doucement, la note la plus grave possible, le Fa (c'est le nom de la note lue non celle entendue, le galoubet étant untranspositeur). Les quatre notes fondamentales obtenues en ouvrant les trois trous de l'instrument (Fa, Sol, La, Si graves) sont très peu sonores et ne sont pas employées en dehors de quelques rares pièces contemporaines (Patrice Conte, Jean-Baptiste Giai, Pierre Guis par exemple).
Le jeu normal du galoubet ne se fait pas sur ces notes fondamentales, mais principalement sur les trois harmoniques supérieures, voire au-delà. À partir d'un doigté donné (par exemple celui du « Fa » grave, tous trous bouchés), le tambourinaire peut sélectionner les différentes harmoniques en soufflant plus ou moins fort : le Fa à l'octave de la fondamentale (harmonique 2), puis le Do (harmonique 3), le Fa de l'octave supérieure (harmonique 4), et le cas échéant le La (harmonique 5) et de nouveau, le Do(harmonique 6). Ces harmoniques successives sont celles des sonneries d'un clairon.
Partant de la seconde harmonique et du Fa, le joueur peut donc monter la gamme majeure en libérant successivement les trous de la flûte : Mi bémol, Fa (en libérant l'index), Sol (libérant le majeur) et la (libérant le pouce) ; puis en passant à la troisième harmonique les mêmes doigtés produisent les notes à la quinte des précédentes :Si bémol (tout fermé), Do (sans l'index), Ré(libérant le majeur) et Mi naturel(libérant le pouce). Le Mi bémol supérieur peut également être produit sur la quatrième harmonique (en fermant tous les trous), et sur cette harmonique les doigtés produisent ensuite les notes à l'octave de celles de la seconde harmonique.
De plus, comme dans le jeu d'une flûte classique, toutes les notes peuvent s'obtenir en employant éventuellement des demi-trous : tous leschromatismes sont accessibles.
Le galoubet-tambourin est aujourd'hui très utilisé dans les groupes traditionnelsprovençaux, ou ensembles folkloriques ; il est associé à des spectacles ou des festivités populaires.
Il recourt alors principalement à un répertoire codifié par l'aixois François Vidal vers 1864, qui visait à se rapprocher du courant de "renaissance Mistralienne". Cette pratique populaire et traditionnelle s'étend à des ensembles uniquement musicaux de tambourinaires, dont l'histoire remonte pour certains au début du XXe s., comme "Li Cigaloun Arlaten", "Li Tambourinaire Sestian", etc.
Par ailleurs des modes d'expressions variés divergent de cette pratique folklorique.
Dans lesannées 1950, le compositeurHenri Tomasi écrit uneSinfonietta Provençale, comportant un air pour galoubet-tambourin seul, leTombeau de Mireille. Cette œuvre est créée à Paris en 1959[5].
Au début desannées 1970, deux ensembles ouvrent la voie, d'une part aux musiques anciennes, d'autre part aux musiques actuelles d'inspiration traditionnelle :Les Musiciens de Provence, fondés par Maurice Guis,Maurice Maréchal, René Nazet,André Gabriel, Marie-José Morbelly[6]..., et l'ensembleMont-Joia, autour de Patrice Conte, J.-M.Carlotti, J.-N.Mabelly, F.Dupont, Michel Bianco[7].
L'introduction du galoubet-tambourin dans les Conservatoires de musique régionaux, comme l'Institut d’Enseignement Supérieur de la Musique – Europe et Méditerranée (IESM) d'Aix-en-Provence (professeur Maurice Guis), le Conservatoire Pierre Barbizet de Marseille ou l'ENM d'Avignon (professeurAndré Gabriel), a permis d'aborder des répertoires classiques et de redécouvrir les partitions traditionnelles antérieures à1850 (Arnaud, Chateauminois, Imbert, Gardon, etc.). Le développement des stages de musiques par les fédérations folkloriques (Fédération folklorique méditerranéenne, Rode de Basse-Provence, etc.) a également permis de mettre en avant ces répertoires. Conservatoires et associations régionales permettent ainsi de former une nouvelle génération d'interprètes de l'instrument.
L'Académie du Tambourin propose quant à elle depuis1989 une perspective historique du répertoire traditionnel du galoubet-tambourin jusqu'à nos jours, à travers une esthétique concertante (créations avec l'orchestre de Cannes-PACA, direction Philippe Bender, en 1993 par exemple)[8].
De nouvelles voies sont explorées dans un mouvement abordant un large éventail de styles parMiquèu Montanaro, dans ses différents ensembles, et par ses élèves ou anciens élèves, ou par Jean-Baptiste Giai et son ensembleArchemia (compositions contemporaines, musique de chambre), ou par bien d'autres encore : Alain Bravay et sa classe du Conservatoire d'Orange, musiques anciennes notamment), Serge Icardi (conservatoire de Toulon Côte d'Azur), Gaël Ascaso et Guilhem Robin(ensemble Tamb-rock), Sébastien Bourrelly (ensemble Lei Gabian...), Florian Mesureux, Benjamin Mélia (Bélouga Quartet), Henri Maquet (Delta Sònic), Olivier Lyan, Jean-François Gérold (et l'ensemble Le Condor), Bernard Rini, Michel Georges... Thibaut Plantevin, auteur d'un abondant répertoire de chansons, utilise le galoubet-tambourin au sein de la formation de son pèreJean-Bernard Plantevin.
Le galoubet est également employé dans plusieurs œuvres baroques. Le tambourinaireAndré Gabriel est, par exemple, invité à jouerLes Fêtes d'Hébé,Les Indes Galantes etLes Paladins deRameau avec l'ensemble d'instruments anciensArts Florissants deWilliam Christie[9].
De nombreuses variantes du galoubet existent de par le monde et portent des noms locaux variés :
Leflageolet et lepipeau n'appartiennent pas à la même catégorie que le galoubet, du fait d'un nombre de trous et d'une manière de jouer différents.
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