Forêt de Paimpont | ||||
La forêt de Paimpont, entre leVal sans Retour et le miroir auxfées. | ||||
Localisation | ||||
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Coordonnées | 48° 01′ 08″ nord, 2° 10′ 26″ ouest[1] | |||
Pays | ![]() | |||
Région | Bretagne | |||
Département | Ille-et-Vilaine,Morbihan | |||
Géographie | ||||
Superficie | 11 000 ha | |||
Altitude · Maximale · Minimale | 258 m 71 m | |||
Compléments | ||||
Protection | ZNIEFF,Réseau Natura 2000[4] | |||
Statut | Forêt privée | |||
Essences | Chênes,Hêtre européen,Pin sylvestre etPin maritime | |||
Géolocalisation sur la carte :France Géolocalisation sur la carte :Ille-et-Vilaine Géolocalisation sur la carte :Bretagne (région administrative) | ||||
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Laforêt de Paimpont (enbreton :Breselien ouKoed Pempont), appeléeforêt de Brécilien jusqu'auXVe siècle, souvent identifiée àBrocéliande,forêt mythique etenchantée de lalégende arthurienne, est située autour dePaimpont dans le département d'Ille-et-Vilaine enBretagne, à environ 30 km au sud-ouest deRennes. D'une surface de9 000 hectares, elle fait partie d'un massif forestier plus large qui couvre les départements voisins duMorbihan (avec lecamp de Coëtquidan) pour s'étendre sur une surface totale de13 500 ha environ[5].
La forêt occupe principalement le territoire de la commune dePaimpont, mais s'étend sur des communes limitrophes, principalementGuer etBeignon au sud,Saint-Péran au nord-est etConcoret au nord. Les 7 000 hectares de bois qui entourentPaimpont sont les restes d'unefutaie plus dense et beaucoup plus étendue.
Du point culminant à 258 m de la partie occidentale appeléehaute forêt. L'altitude diminue régulièrement en offrant des points de vue vers le département duMorbihan, points de vue dont on retrouve les équivalents au nord sur la commune deMauron. C'est la route des Forges àConcoret tout au nord passant par le bourg de Paimpont qui délimite la haute forêt et la basse forêt, d'étendues comparables.
[[File:Forêt de Paimpnt carteOpenStreetMap.png|thumb|center|650px|Carte de la forêt de Paimpont (Openstreetmap).]]
Une description datant de 1937 indique que « son sol est degrès armoricain et deschiste pourpré (schiste rouge). Elle domine un massif surplombant lebassin de Rennes. Les grès sont plus abondants aux sommets de la Haute-Forêt et des carrières de Paimpont. Les schistes se graduent vers le nord. À leur contact jaillissent Jouvence,Barenton, Beauvais et les puits utilisés par Mauron. On trouve à l'Ouest la Haute-Forêt, avec crêtes de 250 mètres, au nord-est la Basse-Forêt, de 100 mètres. Paimpont doit à ces hauteurs pittoresque et climat. La Haute-Forêt est fouettée des vents du nord-ouest. Beauvais était renommé pour sesmoulins à vent. Grâce à cette altitude, le vent nocturne du « Serein » est propice aux moulins de la Chapelle et du Marais. Le relief a son rôle à jouer dans l'hygrométrie. Au sud-est,Plélan, avec ses 134 mètres [d'altitude] reçoit ses 818 mm de pluie par an, contre 728 mm à Rennes. Le minimum de pluie se produisant en été cause les craintes des cultivateurs en mai-juin. Cependant on peut dire que la plus grande partie de l'année, le massif de Paimpont est humide, et cette humidité est favorable à la forêt »[6].
Le massif forestier forme une mosaïque paysagère avec boisements, landes, étangs (dont ceux de forêt du Perray et des Forges créés pour l'industrie métallurgique), terres agricoles et habitats. La forêt primitive est unechênaie-hêtraie qui a été considérablement dégradée : lesdéfrichements monastiques médiévaux, l'industrie des forges grande consommatrice de bois comme source de combustible à partir duXVIIe siècle, et les incendies durant laPremière Guerre mondiale, conduisent à la dégradation du massif boisé :podzolisation, installation deséries régressives de végétation (dégradation de la chênaie-hêtraie en pinèdes àpin sylvestre et surtout àpin maritime), accélérée par l'enrésinement (résineux introduits vers 1840). Toutefois, dans les endroits favorables, la chênaie-hêtraie a pu se reconstituer et c'est actuellement l'élément dominant de la forêt. Elle se présente rarement sous forme defutaies, mais plutôt sous forme de futaie de chêne et de hêtre sur taillis dehoux, peuplée d'essences diverses :Chêne pédonculé,Hêtre,Chêne sessile,Tremble, etc. Les peuplements de résineux sont soit en inclusion, après des coupes à blanc, soit en transition avec la lande, sur sa périphérie, comme vers l'ouest dans le secteur deTréhorenteuc et duVal sans Retour. Le tapis végétal dusous-bois est constitué principalement deMolinies (associé à la chênaie pédonculée, cette graminée forma aussi des prairies où se rencontre aussi lasuccise des prés et desjoncs) et deFougère aigle[7].
En fonction du degré d'hygrométrie du sol, on peut distinguer trois types de landes : les landes sèches succédant à la pelouse àfétuque, avec comme espèce dominante labruyère cendrée en association avec l'ajonc d'Europe, l'agrostis sétacé (en) et legenêt à balais, arbrisseaux accueillant des espèces d’oiseaux comme l'engoulevent, l'alouette lulu ou lafauvette pitchou, mais aussi lelézard vert, et des plantes telles que leCarex précoce (de), laLaîche à pilules, laPiloselle, leGaillet des rochers, leglaïeul d'Illyrie ou, sur les versants les mieux exposés, legenévrier ; à mi-pente des versants, les landesmésophiles àbruyère cilée (et dans une moindre proportion labruyère des marais) associées à la molinie, la fougère aigle et la callune (comme pour la lande sèche, la présence régulière de jeunes plants de bouleaux voire de chênes montre l’évolution de cette association vers un boisement soit une chênaie-hêtraie, soit une pinède)[8] ; dans les bas de versant, en bord d’étang et de tourbière ou au sein de petites dépressions présentes dans les landes mésophiles, les landes humides dominées par la bruyère des marais, associées à lacallune, l'ajonc nain, legenêt d'Angleterre, lesaule rampant, lapetite scutellaire et des arbustes (bouleau pubescent,bourdaine,pin maritime). Ces landes humides comportent une flore d'intérêt patrimonial (narthécie des marais,gentiane pneumonanthe)[9].
L'altitude moyenne de 150 m du massif forestier qui forme un plateau circulaire, et notamment celle de la haute-forêt (altitude moyenne de 225 m, avec comme point culminant — qui est aussi celui de l'Ille-et-Vilaine — la butte de Ponthus qui atteint 258 m) contribue à lui donner un climat proche decelui des côtes duFinistère[10]. En effet, l'effet orographique lié à ces reliefs, constitue un obstacle aux régime des vents dominants d'ouest et desud-ouest qui se traduit par des précipitations régulières favorisant la végétation et l'alimentation de nombreux ruisseaux qui occupent les fonds de vallons. De ce relief s'écoule ainsi unréseau hydrographique qui donne à la « montagne » de ce département un caractère dechâteau d'eau alimentant lessous-bassins versants de l'Oust (par l'intermédiaire de l'Yvel (rivière)), de l'Aff et celui duMeu, inscrits dans lebassin de la Vilaine[11].
La région de Paimpont est localisée dans ledomaine centre armoricain[12], dans la partie médiane duMassif armoricain qui est unsocle ouest-européen de faible altitude (maximum 400 m), caractérisé par des surfaces d'aplanissement et qui résulte d'une histoire complexe composée de troisorogenèses :icartienne (Paléoprotérozoïque,ca. 2,2-1,8Ga),cadomienne (Édiacarien 750-540Ma)[13] et surtoutvarisque (ou hercynienne, auDévonien-Carbonifère, 420-300 Ma)[14]. La structure du Massif armoricain résulte de la superposition de l'héritage[15] de ces deux derniers orogènes[16].
La forêt s’étend sur une seule entité géologique, lesynclinal de Paimpont-Guichen qui fait partie de la partie nord-ouest d’une grande unité sédimentaire qui a été déformée par des plissements auPaléozoïque, lesynclinorium deMartigné-Ferchaud[17],[18] (« synclinaux du sud de Rennes »)[19].
Ce synclinal de Paimpont-Guichen est situé dans un vastebassin sédimentaire constitué de sédimentsdétritiques essentiellementsilto-gréseux issus de l'érosion de lachaîne cadomienne et accumulés sur plus de 15 000 m d'épaisseur, sur lesquels repose endiscordance desformationspaléozoïques sédimentaires[20].
La forêt de Paimpont s'étend essentiellement sur trois formations géologiques : lesschistesbriovériens[21], les dalles pourprées de Montfort[22] et legrès armoricain[23].
Des incendies se produisent périodiquement : au moins 5 incendies importants sont recensés entre 1906 et 1938 et 7 entre 1947 et 1974 selon l'Encyclopédie de Brocéliande[24]. Par exemple en 1906 « des soldats ont dũ préserver le bourg deSaint-Péran et le village de Croix-Jalu. Ils s'efforcent d'arrêter les flammes sur la route de Paimpont àSaint-Malon (..), le bourg de Telhouet est sérieusement menacé » écrit le journalLe Petit Républicain du Midi[25]. Des incendies importants se produisent pendant laPremière Guerre mondiale. Celui de 1929 parcourt plusieurs kilomètres dans les landes de Lambrun[24]. « 700 hectares brûlés en forêt de Brocéliande » titre le journalOuest-France le. Entre le 7 et le, plus de 700 hectares sont détruits par les flammes et 5 pompiers grièvement brûlés[26]. L'incendie qui se déclare le entre Campénéac et Tréhorenteuc parcourt 600 hectares et détruit totalement 400 hectares de landes et de bois[27].
À l'initiative deFrançois Pinault, plusieurs chefs d'entreprises ont aidé financièrement la réhabilitation de la forêt incendiée[28].
La forêt de Paimpont était désignée sous le nom deBrecélien auXVe siècle et on la désigne enbreton à partir du toponymeBreselien. Il y a eu rencontre (paronymie) avec le nom mythiqueBroc(h)Irlande dans le contexte dulégendaire arthurienbrittonique[à vérifier].
La forêt a été à plusieurs reprises exploitée pour les besoins de construction de la ville de Rennes, en particulier auXVe siècle. Ainsi, en1419, quatre-vingt arbres venduspar les paroissiens de Plélan et de Coganne sont abattus en 187 journées de travail et acheminés à Rennes par vingt-deux charretiers[29].
LesUsements de la forêt Brécilien, rédigés en 1467 par le comteGuy XIV de Laval, décrivent la gestion de la forêt de Brécilien (ancien nom de la forêt de Paimpont) auXVe siècle[30].
Henri Ier de La Trémoille (1598-1674), cousin et héritier deGuy XX de Laval (lequel est mort en 1605), cousu de dettes, est contraint de vendre en 1626 l'ensemble du comté de Montfort et en 1653 la forêt de Brécilien[31].
Par son importance avant laRévolution française, la forêt était le ressort d'une juridiction royale appelée "maîtrise des eaux et forêts", les juridictions seigneuriales traditionnelles ne s'occupant pas de la gestion forestière. Le bois étant exploité le plus complètement possible pour l'alimentation deshauts fourneaux encharbon de bois au moins auxXVIIe etXVIIIe siècles, l'affectation des arbres de premier choix à la marine a été un rôle marginal[32].
Les habitants et riverains de la forêt avaient l'habitude multiséculaire de disposer de droits forestiers d'usage qu'ils avaient tendance à confondre avec un droit de propriété, se heurtant notamment aux propriétaires des Forges de Paimpont, d'où de nombreux procès. De plus la misère et la disette s'aggravèrent, comme en témoignent les cahiers de doléances des paroisses avoisinantes, la mortalité s'aggravant dans des paroisses comme Sérent, Loyat, Guilliers, Concoret. En 1788 paraît le "catéchisme du citoyen", un brûlot vendu clandestinement qui préfigure les graves troubles qui se déroulèrent dès 1789, par exemple l'attaque duchâteau de Comper par les paysans[33].
Durant la période de la Révolution française, l'abolition des privilèges déclenche une reprise desdéfrichements de bois et forêts à la suite du partage des boisements communaux. Ainsi, en1804 le préfet du département, Mr Borie écrivait« La forêt de Painpoint est la plus étendue(du département) (...) Les pillages des usagers l'ont laissée dans un état de dégradation qui ne suffit plus aux forges ; les acquéreurs se sont empressés de détruire beaucoup de futaies et d'avenues dépendant des anciennes propriétés des émigrés »[34] Il ajoute que« Les landes de ce département sont de vastes plaines incultes et sauvages, couvertes de bruyères... Elles furent jadis des forêts. On en enlève la terre végétale, et on laisse à nu le roc ou une couche de glaise compacte et inculte à laquelle le laps d'un siècle ne rendra pas la végétabilité (../..). Les chèvres menacent les taillis et les clôtures d'une entière destruction »[34].
La forêt de Paimpont appartient auXIXe siècle à un propriétaire unique : Étienne Joseph de Formon entre 1841 et 1855, leduc d’Aumale entre 1855 et 1874, puis la famille Levesque jusqu'en 1929[35].
Les forges furent les plus importantes forges à bois de laBretagne dès leXVIIIe siècle. Elles fonctionneront jusqu'à la fin duXIXe siècle. Leur implantation est permise par la proximité d'un gisement deminerai de fer extrait à ciel ouvert, l'existence d'un réseau hydrographique important et l'approvisionnement aisé encharbon de bois produit sur place. La forêt fut surexploitée pour les besoins des forges.
Le minerai de fer utilisé aux Forges provenait de la Gelée, site à proximité du bourg de Paimpont. Les ouvriers venaient de villages éloignés « certains faisant plus de quinze kilomètres tous les jours » notamment du sud de la commune avec les villages voisins des Forges mais enPlélan-le-Grand, la Bourgoulière, et la Vieille-Ville, ou encore du Thélin aussi en Plélan, et aussi de villages deBeignon dans leMorbihan. Une fois leur « chiffre » individuel de wagonnets plein de minerai effectué, ils rentraient sans échanger beaucoup de paroles au long du chemin, tout le bas de leurs pantalons « complètement tapissés de terre argileuse jaune »[Gernigon 1].
Le directeur, ingénieur des Mines, habitait le bourg, comme tout l'encadrement « Plusieurs étaient Italiens, d'autres du Nord de la France »[36],[Gernigon 2].
Une autre minière à ciel ouvert, celle de l'Étang bleu, fut exploitée pour alimenter les usines du nord de la France. Sur une hauteur d'une quarantaine de mètres, des ouvriers détachaient à la pioche des blocs que d'autres chargeaient dans des wagonnets poussés sur leur rail au bas d'une des rampes où un système de treuil électrique (alimentée par une génératrice couplée à une machine à vapeur) prenait le relai pour les amener au niveau du sol. Là, le minerai était introduit dans des laveurs où de l'eau sous pression le débarrassait de sa terre[Gernigon 3]. Une voie ferrée traversant la forêt vers le nord permettait le transport du minerai jusqu'à la gare deMauron.
Dans un premier temps, l'eau boueuse fut déversée dans le proche étang de Paimpont par une canalisation, mais après quelques années, le mécontentement des riverains de l'Aff dans le Morbihan de voir l'eau devenue totalement impropre à leurs divers usages, contraignit après de nombreuses procédures, la direction à abandonner ce procédé. L'eau de l'Aff resta teintée de jaune plus de dix ans[Gernigon 1].
L'épuisement du gisement ferrugineux, associé aux difficultés de l'eau de lavage, aboutit à la décision de la société Monin-Pralon d'arrêter l'exploitation de la mine[Gernigon 1]. Les conséquences de cette décision sur le plan des emplois et de la prospérité s'ajoutèrent naturellement à celles consécutives au quasi-arrêt des forges : une page était tournée, la forêt n'aurait plus d'activité industrielle[Gernigon 2].
En 1875, la forêt est achetée aucomte de Paris par un armateur et industriel nantais,Louis Levesque, « pour le repos et l'agrément »[Gernigon 4]. Le nouveau propriétaire crée leDomaine de Paimpont et fait marquer en particulier la tenue (veste en velours de couleur verte) et les outils des gardes, mais également l'équipage devénerie, puisque des chasses à courre ausanglier sont organisées avec la meute renommée du comte de la Rochefoucauld, et au chevreuil avec la meute du comte du Pontavice. Entre les deux guerres mondiales, la forêt fait partie du terrain de chasse du Duc de Westminster, ainsi que plusieurs cartes postales en témoignent[37]. « JAMAIS JE N'OUBLIERAI PAIMPONT » est la devise du domaine gravée sur les boutons de l'équipage de vénerie autour d'une tête dechevreuil de profil[38].
En raison d'abus, lesdroits ancestraux dont bénéficiait la population de Paimpont dans la forêt sont remis en cause par le nouveau propriétaire ; « les populations qui l'entourent, et qui comptent 3,450 habitants pour Paimpont et 370 pour Saint-Péran, avaient, presque sans obstacles, poussé jusqu'à l'abus le plus excessif, lesdroits d'usage dont cette forêt est grevée à leur profit »[39]. À la suite de plusieurs procès, un nouveau règlement, moins favorable, entre en vigueur[Gernigon 5]. À titre d'exemple, la coupe de litière (fougères, bruyères, ajoncs, genêts) demeure possible, mais après accord préalable et sous la surveillance d'un garde.
Les maisons de garde de la Croix-Jallu et de Roche-Plate sont édifiées, s'ajoutant aux neuf existantes : La Fenderie , les Forges, Haute-Forêt, Métairie-Neuve, Hergant, la Gelée, le Pas-du-Houx, le Buisson et Bon-avis. Dans la plupart des maisons logeaient deux gardes et leurs familles. Les gardes ordinaires étaient encadrés par cinq brigadiers, eux-mêmes dirigés par le Garde général (maison près de l'ancienne chapelle des Forges)[Gernigon 6]. Par la suite, les postes de brigadier furent supprimés, et un seul garde fut affecté à chaque poste de garde. Chaque mois, une réunion des gardes aux Forges servait à faire le bilan des procès-verbaux rédigés dans les coupes sous leur surveillance[Gernigon 7].
Sous l'impulsion deDonatien Levesque, l'un des deux fils du propriétaire, des lignes sont ouvertes dans la forêt, des fossés sont creusés, et les principaux carrefours sont dotés de panneaux indicateurs. Une scierie est installée à la Fenderie[Gernigon 8]. Au décès de Louis Levesque, le domaine est partagé entre ses deux fils : Basse-Forêt àLouis, Haute-Forêt à Donatien, celui-ci conservant la gestion de l'ensemble du domaine pendant plus d'un quart de siècle[Gernigon 9]. À la mort de Donatien Levesque, la direction du domaine est assurée pendant plus de vingt ans par son neveu par alliance,Adolphe Jollan de Clerville (1852-1931), maire deSaint-Viaud, président duconseil général de la Loire-Atlantique[Gernigon 10]
Pendant laPremière Guerre mondiale, la forêt, privée de l'essentiel de ses gardes, est affectée par d'importants incendies d'origine inconnue[Gernigon 11]. Ceci aurait incité les propriétaires à vendre 3500 hectares de forêt, à de nouveaux acquéreurs qui fondent laSociété forestière de Bretagne, société qui fournira du bois de mine pour les mines du nord de la France détruites pendant la guerre[Gernigon 12].
Les derniersloups signalés en forêt de Paimpont le sont pendant laPremière Guerre mondiale ; ils ont fait l'objet de nombreuses chasses visant à leur éradication tout au long duXIXe siècle[40].
Pendant laSeconde Guerre mondiale, trois parachutistes duSpecial Air Service de laFrance libre, le Vendéen Henry Corta, le Landais Francis Folin et le Parisien André Bernard, furent parachutés à la limite sud de la forêt avec mission d'effectuer des sabotages en vue de retarder l'envoi de renforts allemands vers ledébarquement de Normandie le 6 juin1944, leur objectif fut de neutraliser la ligne de chemin de ferPloërmel-Mauron à Trégadoret enLoyat près de la rivièreYvel. La nuit suivante, les trois Français libres s'égarèrent au val-sans-retour. Le lendemain, ils rencontrèrent un fermier, Auguste Fournel, 68 ans, occupé à couper de la lande, heureux de rencontrer des libérateurs qui les ravitailla puis les guida dans la nuit vers leur objectif[41],[42].
En septembre 1990, un incendie ravagea la forêt de Paimpont pendant cinq jours et détruisit 600 hectares.
Dans lesannées 1990, un projet de barrage sur l'Aff pour l'approvisionnement en eau de la région rennaise a suscité l'émotion[43] avant d'être abandonné. Exploitant une des deux vallées du massif, celle où passait déjà lesentier de grande randonnée 37, la retenue devait s'étendre sur 45 à 75 hectares.
Un projet d'agrandissement d'un centre de traitement des déchets présent sur la commune deGaël existe depuis 2003. Malgré l'interdiction dupermis de construire en 2010 et la forte opposition de la population[44], le Syndicat Mixte de Collecte et de Traitement des Ordures Ménagères (SMICTOM) en a obtenu un nouveau en novembre 2011[45]. Une nouvelle pétition créée surAvaaz a obtenu plus de 17 000 signatures pour s'opposer à ce projet[46].
Le, dans l'après-midi un incendie se déclenche dans la forêt ravageant environ 300 hectares de végétation[47].
La forêt appartient principalement à quelques propriétaires qui l'entretiennent et l'exploitent pour le bois et pour la chasse, seule une petite partie au nord-est (10 %) est domaniale et gérée par l’Office national des forêts (ONF).
Cette situation empêche une libre circulation dans la forêt même aux abords du bourg et de son étang. Les propriétaires ont cependant signé une convention autorisant du1er avril à la fin du mois de septembre la fréquentation de sentiers de randonnée empruntant certaines lignes ou sentiers de la forêt.
Du point de vue de la protection du massif forestier contre les incendies, les interventions dans la forêt ont été réparties en fonction de la distance aux lieux en cause entre les centres de secours de Paimpont, de Plélan, deCampénéac et deMauron[48]
À Vaubossard, lalandemésophile est l'objet d'une fauche manuelle traditionnelle[49].
À la fin duXIXe siècle, toutes les grumes exploitées dans la forêt arrivaient à la scierie de la Fenderie, au sud de la forêt, certains jours amenées par de nombreuses charrettes et des paysans que les travaux des champs n'occupaient pas. Ils croisaient ou rencontraient alors tous les clients notamment des communes au sud de Paimpont[Gernigon 13].
Le baron Aymé-Rodolphe-Marie du Taya (1783-1850), auteur deBrocéliande, ses chevaliers et quelques légendes, livre paru en 1839, fut un fervent défenseur d’une localisation de laforêt légendaire de Brocéliande dans l'actuelle Forêt de Paimpont. Il fit construire le manoir du Taya enNéant, puis acheta celui de Rue Neuve àTréhorenteuc en 1825 et en demeura le propriétaire jusqu’en 1847[50].
D'un point de vue touristique, la forêt de Paimpont bénéficie de son assimilation, apparue au milieu duXIXe siècle, à la forêt imaginaire deBrocéliande dans laquelle la légende situe maints épisodes desromans de la Table Ronde et de lalégende arthurienne. L'idée de l'existence d'une grande forêt centrale au cœur de l'Armorique a germé dans l'esprit du « Lavisse breton »[51],Arthur de La Borderie, dès 1861[52] et pour qui la forêt« s’étendait en longueur depuis le lieu de l’actuelle ville deMontfort jusqu’à celui deRostrenen ou environ[53] ».
La forêt possède ainsi un pouvoir d'attraction pour les adeptes dunéopaganisme qui s'y réunissent périodiquement. Les adeptes de ces cultes sont très généralement non natifs du secteur. Si la tolérance prévaut, les rapports sont plus délicats avec les propriétaires de la forêt, notamment à propos de certains arbres remarquables. D'une manière plus générale, les intérêts du public qui cherche à profiter de toutes les richesses du site se heurtent parfois à ceux de ses exploitants[54].
Cette assimilation s'est institutionnalisée avec la création de lacommunauté de communes de Brocéliande, elle-même regroupée au sein d'une structure supra-intercommunale nommée lePays de Brocéliande. La valorisation touristique du site de Paimpont est ainsi mise en œuvre par des panneaux de signalisation, dessentiers pédestres destinés à faire découvrir aux visiteurs un lieu cité dans lecycle arthurien et des panneaux explicatifs reliant chaque lieu à un récit légendaire.
La station biologique de Paimpont, relevant de l'université de Rennes I, a été construite en 1966-1967. La forêt et ses milieux variés constituent un cadre propice à de nombreux stages auxquels participent les étudiants rennais enbiologie ainsi que de nombreux étudiants et chercheurs étrangers, les bâtiments permettant d'accueillir environ soixante-dix personnes. Si les premiers chercheurs ont longuement étudié l'écologie des landes armoricaines, les sols et l'hydrologie, d'autres travaux concernent des sujets très éloignés du biotope local tels que le comportement des primates, représentés par descercopithèques[réf. nécessaire].
Située au bord du lac de Paimpont, sonabbaye fut construite auXIIIe siècle sur l’emplacement d’unprieuré fondé en 645 parJudicaël, roi deDomnonée. C'était à l'origine unmonastèrebénédictin, mais elle fut dès leXIIIe siècle habitée par deschanoines jusqu’à laRévolution.
De stylegothique médiéval (les murs, les ouvertures, le baptistère et la chapelle du St-Sacrement, la voûte), l'abbatiale présente un décor intérieur (chaire, statues, autels-retables) de stylebaroque duXVIIe siècle. Lasacristie contient le trésor de l'abbatiale composé d’un Christ en ivoire (XVIIe siècle), d’un reliquaire (XVe siècle) offert par la duchesse Marguerite de Bretagne, mère deAnne de Bretagne, qui contiendrait un radius de St Judicaël[réf. nécessaire].
Le site fait l’objet d’une inscription au titre desmonuments historiques depuis le[55] et a bénéficié d'une réhabilitation avant son ouverture au public.
Le château de Comper se situe au nord de la forêt de Paimpont, à deux kilomètres à l'est du bourg deConcoret. Dès leXIIIe siècle, Comper est considéré comme l'une des plus fortes positions de Haute Bretagne. Il a été le théâtre de nombreux combats et est passé aux mains de plusieurs familles. Il abrite désormais les expositions duCentre de l'Imaginaire Arthurien.
Situé en dehors de la commune et de la forêt, immédiatement dans son prolongement au Sud-Ouest, le château de Trécesson fut reconstruit, dans son état actuel, auXVe siècle. Une légende tenace dans la région se rattache au château de Trécesson, celle de « la Dame blanche de Trécesson ».
Le site fait l’objet d’une inscription à l'inventaire général desmonuments historiques[56].Le château a été construit à dans le quatrième quart duXIXe siècle[57].
Le site fait l’objet d’une inscription à l'inventaire général desmonuments historiques[58].Construit sans doute entre la fin duXIXe siècle et le début duXXe siècle, la propriété des maîtres des forges supervise le domaine industriel depuis l'ouest. On peut y voir l'horloge qui rythme la vie ouvrière[59].
Le site fait l’objet d’une inscription à l'inventaire général desmonuments historiques[60].Le château est construit en 1910, par l'architecte Frédéric Jobbé-Duval, pour la famille qui construit également vers la même époque le château de Brocéliande[61].
Le site fait l’objet d’une inscription à l'inventaire général desmonuments historiques[62].Le château est construit vers 1910, pour la famille qui construit également vers la même époque le Pas du Houx[63].
Le site fait l’objet d’une inscription à l'inventaire général desmonuments historiques[64].Le manoir date duXVIIe siècle. L'aile nord a été reconstruite en 1893[65].
La forêt de Paimpont abrite plusieurs sites mégalithiques dont certains ont été associés à la légende arthurienne.
Au nord de la forêt se trouve letombeau de Merlin[66], ancienneallée couverte du Néolithique qui a été détruite en1894, à la suite de fouilles et dont il ne reste aujourd'hui plus que deux dalles deschiste rouge perpendiculaires. De nos jours, de nombreuses personnes vouent un culte à ce monument en y déposant un mot adressé à Merlin (en général un souhait qu'on désire qu'il exauce) ou un objet.
Selon la légende, après l'avoir séduitViviane emprisonna Merlin dans une prison invisible, puis l'enferma dans un tombeau : Merlin s'étant allongé dans une fosse, la fée fit rabattre sur lui deux énormes pierres.
Appelé aussiTombeau des Druides[67], c'est un coffre funéraire datant d'environ 2500 av. J.-C.
De nombreuses fouilles y ont été faites et ont permis la trouvaille de nombreux objets anciens comme une hache polie endolérite, des tessons de poteries, des éléments ensilex, des pointes et des bijoux rudimentaires et un coffre funéraire, situé près du Val sans Retour.
Letumulus dit « Tombeau du Géant », appelé aussi « Roche à la Vieille », est constitué de trois ou quatre menhirs dressés il y a 5000 ans. Trois menhirs furent réemployés à l'âge de bronze (il y a environ 3500 ans) comme coffre funéraire ; le quatrième est au sol à une dizaine de mètres. Autrefois recouvert d'un tumulus de terre, le site est par ses dimensions impressionnantes surnommé « Tombeau des Géants ».
Situé àNéant-sur-Yvel, il est aussi appelé "Jardin aux tombes". Il s'agit d'un tumulusmégalithique daté de 3000 à 2500 avant notre ère. C'est un des nombreux tertres tumulaires présents dans cette région. Il a été fouillé en 1983 sous la direction deJacques Briard, démontrant une activité d'un petit groupe de chasseurs il y a 7000 à 8000 ans.
La forêt dePaimpont renferme plusieurs arbres remarquables. Le plus célèbre d'entre eux est un vieux chêne âgé d'environ 1 000 ans et faisant plus de 9 mètres de circonférence : lechêne de Guillotin. Il est situé entreConcoret etTréhorenteuc. Selon la légende, un prêtre réfractaire nommé Pierre-Paul Guillotin s’y réfugia pendant laRévolution française. Il continua à administrer sacrements et bénédictions dans la région, et rédigea un précieux journal des événements révolutionnaires.
Parmi les autres arbres remarquables, on peut aussi citer le chêne des Hindrés, qui mesure environ 5 mètres de circonférence, lehêtre de Ponthus, lehêtre du voyageur et lehêtre de Roche Plate.
La fontaine de Barenton (une autre forme écrite, par déformation, est Bellanton) est située à l'ouest de la forêt, près du hameau de la "Folle-Pensée", elle est assez difficile d'accès. Citée dans la littérature médiévale, cette fontaine a conservé une caractéristique déjà évoquée alors : elle "bout à froid", c'est-à-dire que de temps en temps on voit des chapelets de bulles monter à sa surface.
Les légendes associées à ce lieu sont nombreuses. Selon une légende tardive, c'est là que Merlin rencontra Viviane et l'eau de cette fontaine aurait le pouvoir de guérir les maladies mentales. C'est aussi ici queYvain,le Chevalier au Lion, décrit parChrétien de Troyes défia le Chevalier Noir, gardien de la fontaine. La coutume veut aussi que les jeunes gens et jeunes filles visitent la fontaine en quête de mariage. Les filles y jettent des épingles pour la faire sourire et les garçons y cherchent le reflet de leur fiancée.
La fontaine de Jouvence ou plutôt lafontaine dite de Jouvence[68] est un modeste trou d'eau situé près dutombeau de Merlin. Autrefois, lorsque les croyances populaires étaient fortement liées aux rythmes des saisons et à la nature, le recensement des enfants nés pendant l'année se faisait proche des fontaines. À la date dusolstice d'été (21 juin), ces enfants étaient présentés aux grands prêtres afin qu'ils puissent être lavés et inscrits sur le "marith" (registre). Les enfants qui n'avaient pu être présentés au recensement de l'année étaient ramenés l'année suivante et inscrits comme nouveau-nés de la nouvelle année, de sorte qu'ils se retrouvaient rajeunis d'un an. Ceci est peut-être à l'origine de l'appellation "fontaine de jouvence".
Le Val sans Retour est situé près deTréhorenteuc, à l'ouest dePaimpont. C'est le lieu touristique le plus réputé de la forêt. Le Val sans Retour est une vallée encaissée, creusée profondément dans le schiste rouge, couleur résultant de l'oxydation du minerai de fer qu'il contient.
Selon la légende,Morgane la fée, demi-sœur duroi Arthur, trahie par son amant, décida de retenir prisonniers dans ce val tous les chevaliers infidèles. Seul le chevalierLancelot, fidèle à lareine Guenièvre, put rompre l’enchantement, échapper au sortilège et délivrer les chevaliers. Le site abrite l'Arbre d'Or, œuvre de l'artisteFrançois Davin qui symbolise la forêt brûlée (c'est un mémorial à la forêt meurtrie par l’incendie de 1990) ainsi que toutes les forêts détruites par la négligence ou le profit.
L'église Sainte-Onenne ou chapelle du Graal, située dans le bourg deTréhorenteuc, restaurée et aménagée par l'abbé Gillard pendant laSeconde Guerre mondiale mêle la foi catholique et le légendaire arthurien duGraal.
Avec ses 86 hectares, c'est le plus grand étang de la forêt de Paimpont, riche en faunes et flores aquatiques.
Armand Gernigon,Mémoires & souvenirs d'Armand Gernigon, garde en forêt de Paimpont., Saint-Léry, Les Amis de la Bibliothèque de Paimpont,, 95 p.(ISBN 2-9525306-0-2)
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