Réalisation | Werner Herzog |
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Scénario | Werner Herzog |
Acteurs principaux | |
Pays de production | ![]() ![]() |
Genre | Aventure,drame |
Durée | 158 min. |
Sortie | 1982 |
Pour plus de détails, voirFiche technique etDistribution.
Fitzcarraldo est unfilm allemand réalisé parWerner Herzog et sorti en1982. Les personnages principaux sont interprétés parClaudia Cardinale etKlaus Kinski.
Au début duXXe siècle, à l'époque de lafièvre du caoutchouc, Brian Sweeney Fitzgerald, qui se fait appeler « Fitzcarraldo », arrive àManaus en provenance d'Iquitos accompagné de son amie Molly, après quelque 2 000 km de navigation sur les rivièresamazoniennes, afin d'assister à une représentation d'Ernani où son idole leténorEnrico Caruso tient le rôle principal. Passionné d'art lyrique, il rêve de construire unopéra àIquitos en plein milieu de laforêt péruvienne, où se produiront Caruso etSarah Bernhardt, interprétantVerdi. Son activité de fabricant de pains de glace n'étant pas assez lucrative pour financer l'opération, il achète une concession sur lerío Ucayali, afin d'exploiter l'hévéa, l'arbre àcaoutchouc. Il se procure un bateau auprès d'un concurrent et recrute un équipage.
Le bateau, retapé et réarmé, commence un long voyage sur le fleuveAmazone avant de remonter lerío Pachitea. L'équipage déserte bientôt, par crainte des coupeurs de tête. Le contact se fait bientôt entre les quatre hommes restés à bord et lesShuars (improprement appelésJivaros), séduits par la voix duténor diffusée par unphonographe. La concession se trouvant sur le cours supérieur de l'Ucayali et étant inaccessible par voie fluviale vu la présence de rapides infranchissables, sachant que les deux cours d'eau ne sont séparés que par une colline, l'idée folle de Fitzcarraldo est de déboiser un passage à travers la colline et d'y hisser le bateau pour rejoindre l'Ucayali par l'autre versant. Les Indiens acceptent de l'aider dans son projet. La nuit suivant l'accomplissement de cet exploit, le chef indien brise les amarres car, si les Indiens ne croient pas que Fitzcarraldo soit le « dieu blanc » de leur mythe, ils pensent que le « char blanc » offert à la rivière peut apaiser les démons des rapides. Après une descente périlleuse marquée par le passage des rapides Pongo, Fitzcarraldo, leconquistador de l'inutile, se retrouve à son point de départ. Il envoie son capitaine à Manaus avec comme mission d'amener àIquitos les chanteurs d'opéra accompagnés d'un grand orchestre afin de donner une représentation d'un opéra à bord de son bateau qu'il revendra ensuite.
Le film est dérivé de l'histoire réelle duPéruvienCarlos Fitzcarrald, baron ducaoutchouc, et de lafièvre du caoutchouc. La scène du franchissement de la colline par le bateau est peut-être inspirée des plans inclinés ducanal d'Elbląg où les barges sont placées sur des rails.
Jason Robards devait jouer le rôle principal mais il tomba malade et fut donc remplacé parKlaus Kinski.
Mick Jagger, le chanteur desRolling Stones, avait été retenu pour interpréter le rôle de l'adjoint de Fitzcarraldo. Le tournage du film ayant été interrompu pendant six semaines du fait de la maladie de Jason Robards, Jagger ne put tenir son engagement pour cause de tournée mondiale. Herzog, ne pouvant se décider à le remplacer, supprima le personnage du scénario. Des scènes tournées par Jason Robards et Mick Jagger figurent en bonus de certaines éditions DVD ; on peut également en voir de brefs extraits dans le documentaireEnnemis intimes.Mario Adorf devait lui aussi faire partie du film.
Lesindigènes qui ont joué dans le film sont desCampa, desMachiguenga, et desAguarunas[2].
Le tournage fut d'autant plus difficile que le réalisateur exigea qu'un bateau soit réellement hissé sur une colline. La seule concession aux effets spéciaux concerne la scène des rapides.
Dans son film autobiographiqueWerner Herzog: Filmemacher, Herzog déclare que pour le film il s'est concentré sur l'effort physique du transport du navire, en partie inspiré par les prouesses techniques des anciennespierres levées. Le bateau à vapeur de 300 tonnes[3] a été hissé au faîte d'une colline sans utiliser d'effets spéciaux[4]. Herzog croyait que personne n'avait jamais réalisé un exploit similaire dans l'Histoire et ne le fera probablement plus jamais, se qualifiant de« Conquistador de l'inutile »[5]. Trois navires d'aspect similaire ont été achetés pour la production et utilisés dans différentes scènes et lieux, y compris les scènes tournées à bord du navire alors qu'il se fracassait dans les rapides. Les scènes les plus violentes des rapides ont cependant été tournées avec une maquette du navire[6]. Trois des six personnes impliquées dans le tournage ont été blessées lors de ce passage.
Le tournage fut émaillé de plusieurs accidents (dont deux crashs aériens et une morsure de serpent venimeux au pied d'un technicien qui choisira de l'amputer à l'aide d'une tronçonneuse pour survivre) et surtout des colères et exigences de Klaus Kinski, rendant l'entreprise encore plus éprouvante[4], au point que deux Indiens proposeront à Werner Herzog de liquider l'acteur gratuitement[7],[8].
Le film est vanté pour son gigantisme ainsi que pour samise en abyme du tournage difficile[9],[10]. Ce qui n'a pas plu au critiqueSerge Daney qui eut l'impression, en 1983 dansLibération, de voir « la bande-annonce de l'aventure du tournage »[11]. Il approfondit son propre avis en 1991 : « Un "grand" film aujourd'hui n'exhibe souvent que les restes vitrifiés ou mous d'un projet fou ou d'un tournage héroïque. Il en va ainsi de films aussi différents queFitzcarraldo (Herzog) ouL'Ours (Annaud). Le spectateur se dit que le tournage de ces films a dû être l'aventure véritable qu'ils ne sont pas en tant que films finis. La preuve en est que lefilm de Les Blank sur le tournage deFitzcarraldo est plus intéressant que celui-ci. Nous arrivons ici aux frontières entre l'art et le tourisme[12]. »
Lorsqu'il remonte le fleuve Pachitea, l'équipage entend le son de tambours et se prépare à devoir affronter le peuple Shuars dont il traverse le territoire. Ce son qui contribue à la tension dramatique du film est issu en réalité d'un album[13] de musique traditionnelle du Burundi avec des tamboursingoma. Il a également été samplé parManu Chao dans le titreMerry Blues[14].
Le film a donné son nom au groupe françaisThe Fitzcarraldo Sessions.