L'ExisTransInter (Existrans avant 2019) est unemanifestation annuelle,« la marche des personnestrans etintersexes et de celles et ceux qui les soutiennent », organisée à Paris depuis 1997. Les revendications concernent les droits trans et intersexes.
2002 : Organisée par le premier Collectif Existrans, composé des associationsAssociation du syndrome de Benjamin (ASB),Centre d'aide, de recherche et d'information sur la transsexualité et l'identité de genre (CARITIG) etPrévention action santé travail pour les transgenres (PASTT)[5], la« marche des transsexuels/les et de ceux qui les soutiennent » est rebaptisée pour sa sixième édition« marche des “trans” et de ceux qui les soutiennent » (les guillemets disparaîtront en 2004)[6]. La marche 2002 devait saluerJeanne d'Arc,« l'une des plus anciennes transsexuelles de l'histoire de France, brûlée parce qu'elle refusait de retirer ses vêtements masculins ». Elle est autorisée par préfecture de police de Paris mais interrompue de façon« musclée » et« injurieuse » par les CRS qui exigent la libération de la chaussée autour de la statue[7],[4]. Quelques mois auparavant, les trans étaient officiellement associés à laMarche des fiertés parisienne, rebaptisée cette année-là« Marche des fiertés lesbiennes, gaies, bi et trans »[8].
2003 et 2004 : Seules les associationsASB et PASTT organisent la marche[9],[10].
2005 : La neuvième marche, organisée par la Coordination Existrans[11], rassemble un millier de personnes et de grands médias tels queLibération[12] etFrance 3 relayent l'information.
2007 : La marche est organisée par le Collectif Existrans, composée deAct Up-Paris, Resistrans, leMAG, les Flamands roses, Les Putes et plusieurs individus[14]. Pour la onzième édition, une semaine de rencontres/débats est organisée et la marche française est couplée à une marche similaire en Espagne. La marche inclut pour la première fois les revendications des associationsintersexes, en particulier« L’arrêt des assignations hormono-chirurgicales des enfants intersexes ».
2008 : La marche est organisée par le Collectif Existrans, composé de Resistrans, de l'ASB, deAct Up-Paris, duMAG[15], et a encore une fois été couplée avec des marches dans différentes villes d'Europe, comme à Bruxelles, Madrid, Bilbao et Lisbonne.
2009 : Selon les sources (police et organisateurs) la marche a rassemblé entre 500 et 1 500 personnes[16].
2010 : La marche intervient alors que le ministère de la santé travaille sur un projet de Centre(s) de référence qui devrait changer profondément la manière dont se déroule les parcours français[17]. Une assemblée générale des associations Trans réunies en avril 2010 à l'initiative d'OUTrans a voté la résolution suivante:« Pour mettre en œuvre la dépsychiatrisation des transidentités, la prise en charge de la transition doit exclusivement se fonder sur une déclaration de consentement éclairé sans aucune forme d’évaluation ou de diagnostic »[18].
2011 : La marche, qui aurait réuni environ 2 000 personnes, est intervenue alors que le, leConseil de l'Europe a adopté une résolution afin de garantir le droit des personnes transgenres à obtenir« des documents officiels reflétant l'identité de genre choisie, sans obligation préalable de subir une stérilisation ou d'autres procédures médicales comme une opération de conversion sexuelle ou une thérapie hormonale »[19],[20]. (Le Conseil de l'Europe s'indigne une nouvelle fois des stérilisations forcées des personnes trans (entre autres groupes de personnes particulièrement ciblés) en 2013[21] et en 2015[22].)
2012 : les associations soulignent« le petit pas en avant opéré à l'occasion du débat sur la loi concernant le harcèlement sexuel, ayant introduit la transphobie dans le code pénal » mais réclament encore le droit de changer d'état civil sans obligation de stérilisationni suivi psychiatrique, ainsi que« le libre choix des médecins et le maintien des remboursements des parcours de transition en France et à l'étranger »[23].
2014 : le siteYagg met en ligne les discours des associations[27].
2015 : La marche a lieu quelques semaines après que le groupe PS a déposé un projet de loi sur le changement d'état civil[28]. Sophie Lichten, d'Existrans, la qualifie de« perfectible » et espère« du courage politique »[29].Karine Espineira estime que« ces [députés PS qui ont proposé la loi] sont bien intentionnés à l’égard des personnes trans. Le problème, c'est qu'ils ne travaillent pas directement avec les associations, au sein desquelles il y a, aujourd’hui, des gens qui ont une grande expertise »[30].Jean-Luc Romero-Michel dénonce la maltraitance des personnes trans par la société[31]. Plus tôt cette année-là, laCour européenne des droits de l'homme a condamné laTurquie pour avoir conditionné le changement de sexe d'une personne trans à sa stérilisation[32].
Banderole en 2016.
2016 : Pendant la vingtième marche des trans et des intersexes, les manifestantes et manifestants clament« Vingt ans que nous marchons ! Vingt ans que nous marchons, pour notre santé, pour nos droits, que la France (nous) piétine ! ». La loi« Justice du XXIe siècle » qui vient d'être adoptée ne satisfait pas les associations qui regrettent que le changement d'état civil soit encore soumis à la décision d'un juge[33] et exigent« une procédure d’accès rapide, libre et gratuite, en mairie »[34],[35],[36]. La présidente de l'Association nationale transgenre évoque« la pire loi votée dans un pays d’Europe »[37]. Les associations dénoncent aussi les mutilations subies par les enfantsintersexes, comme le Comité contre la torture de l’ONU qui recommande cette année-là à la France« de prendre des mesures législatives, administratives ou autres nécessaires pour garantir le respect de l’intégrité physique des personnes intersexuées »[38]. Le lendemain de la marche, le dimanche 16 octobre,La Manif pour tous défile dans Paris[39].
2017 : Dans un communiqué émis le, le Collectif Existrans annonce qu'il refuse la participation deFLAG (association de gendarmes et policiers LGBT) à la marche de l'Existrans, au motif que FLAG refuse, selon le Collectif,« de condamner explicitement les violences policières subies par les personnes trans, intersexes, et/ou travailleuses du sexe, et/ou racisées et/ou sans-papier »[40]. Cette prise de position ne fait pas l'unanimité parmi les associations LGBTI ; l'Association nationale transgenre, laFédération LGBT et l'association Acthé, notamment, annoncent ne pas participer à la marche, en réaction à cette exclusion du FLAG[41],[42]. La marche, qui s'est déroulée dans le calme, a rassemblé environ 2 500 participants[43]. Cette année-là,Emmanuel Macron a estimé que« la loi Justice du XXIe siècle a répondu [aux] préoccupations [des trans et intersexes] en allégeant la procédure » du changement d’état civil[44], mais les associations objectent que la loi« demande encore de justifier de [son] transidentité selon des stéréotypes femme/homme binaires et caricaturaux »[45]. Le collectif dénonce les« pratiques abusives » de laSoFECT, l’association soi-disant« spécialisée dans la prise en charge et la chirurgie du transsexualisme (sic) en France »[43],[46],[47]. La Fédération trans et intersexes a été créée au début de l’année et veut devenir l’interlocutrice du gouvernement sur ces questions[43].
Prise de parole au début de la marche Existrans à Paris en 2018.
2018 : Quelques centaines de personnes marchent de la place de Stalingrad au parvis de l’Hôtel de Ville[48]. Selon le porte parole de la marche du samedi 13 octobre, le mot d'ordre évoque« une situation d’urgence » :« le meurtre deVanesa Campos[49] ou la découverte d’une ‘brigade anti-trav à Paris [sont] le fruit d’inactions des politiques publiques et de la précarisation institutionnelle des trans’ »[50]. Le collectif dénonce la loi pénalisant les clients qui précarise davantage les prostituées[51], mais aussi laloi asile et immigration[52] et revendique la fin de la« psychiatrisation » des parcours trans[52], et la possibilité de changer d'état civil sur simple déclaration[53]. Undie-in a lieu devant l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière pour dénoncer les méthodes de laSoFECT[50],[54], après que l'association OUTrans a révélé que des questions sur l'orientation sexuelle, la religion et l'« appartenance ethnique » sont présentes sur le questionnaire d'admission du docteur Sébastien Machefaux, psychiatre aucentre hospitalier Sainte-Anne[55]. LeCollectif intersexes et allié.e.s et les militants et militantesintersexes participent à la marche[56],[57], continuant à exiger l’arrêt des interventions chirurgicales sur les enfants intersexes[58],[59],[60].
2019 : la marche, prévue le 19 octobre, est renommée« ExisTransInter »[61] pour visibiliser les revendications des personnesintersexes[62]. Le trajet va de la place de la République à Pigalle[61],[63]. Une première marche hors de Paris est organisée àRennes le par le Collectif ExisTransInter Ouest[64].
2022 : la marche 2021 est décalée au 14 mai 2022 et se déroule quelques jours après qu'un élève transgenre s’est donné la mort en se jetant du troisième étage de son lycée au Mans (Sarthe)[67]. Le changement de date a pour but de rendre la marche plus visible dans la communauté LGBT en la rapprochant de la journéeIDAHOT et de s’inscrire dans le calendrier électoral entre laprésidentielle et leslégislatives. Plusieurs centaines de personnes participent[68]. Le quinquennat qui s'achève a vu le vote d’uneloi bioéthique qui ne garantit pas l’accès des personnes trans à la PMA et la conservation des gamètes, ni n’interdit les mutilations des enfants intersexes. Le mot d'ordre« on veut l’autonomie, pas la survie » insiste sur la dimension vitale des revendications qui sont portées[69].Giovanna Rincon interpelleÉlisabeth Moreno :« Madame la ministre, où êtes-vous dans cette marche pour l’Égalité ? Les institutions ne sont pas avec nous »[68]. Une marche est organisée le àLille par le Collectif 106, le Réseau intersectionnel de soutien transféministe (RESIST) et le Centre LGBTQIF J'en suis j'y reste ; elle rassemble environ 200 manifestants[70].
La marche 2023 a lieu le 13 mai[71]. Elle centre son action contre laloi Darmanin sur l'immigration[72] ; le Collectif ExisTransInter est signataire des appels de la Campagne Antiracisme et Solidarité et du collectif Uni-es contre l'immigration jetable[73]. Un cortège intersyndical est présent durant la marche.
↑ab etcCy Lecerf-Maulpoix, « Radical ? Le mouvement trans et intersexe veut juste qu'on l'écoute »,Têtu,(lire en ligne).
↑« Entretien exclusif : Emmanuel Macron et son programme (tiède) pour les LGBT »,Têtu,(lire en ligne).
↑« Existrans 2017 : "Le changement d'état civil est encore soumis à l'arbitraire des juges" »,Têtu,(lire en ligne).
↑« « Quand on arrive devant les psys de la Sofect, il faut avoir envie de mourir » : enquête sur les équipes « officielles » du parcours trans »,KOMITID,(lire en ligne).
↑Bruno Lus, « Transphobie à l’hôpital : « un médecin a refusé de me toucher » »,Vice,(lire en ligne).
↑« Reportage : L'Existrans 2018 en photos »,KOMITID,(lire en ligne, consulté le).
« « Pour la société, une "pute" trans qui se fait tuer, ce n'est rien, c'est personne » »,KOMITID,(lire en ligne, consulté le).
« «On peut parler d’un crime motivé, possiblement, par trois caractéristiques de la victime : meurtre transphobe, putophobe et raciste.» »,Libération.fr,(lire en ligne).
« Prostituée trans tuée au bois de Boulogne : les associations dénoncent une "responsabilité" politique »,L'Obs,(lire en ligne).
« "Nous sommes toutes Vanesa" : les travailleurs du sexe ont rendu hommage à une prostituée trans assassinée au Bois de Boulogne »,LCI,(lire en ligne).
« Meurtre d’une prostituée trans à Paris : les limites de la pénalisation des clients »,Le Monde,(lire en ligne).
ErosSana, « En hommage à Vanesa Campos, femme transsexuelle assassinée | Portfolios »,Mediapart,(lire en ligne)
↑a etb« Existrans 2018, pour les droits des personnes trans' et intersexes : "On est dans une situation d'urgence" »,TÊTU,(lire en ligne).
↑« "C’est catastrophique, tout le monde se fait agresser" : des travailleuses du sexe témoignent d'une "situation totalement inédite" »,TÊTU,(lire en ligne, consulté le).
↑a etbLouiseFessard, « Marche Existrans à Paris: «Lutter contre la transphobie, c’est une démarche qui peut bénéficier à toute la société» »,Mediapart,(lire en ligne, consulté le).
↑« Changement d’état civil pour les trans : « On doit encore passer devant un juge, c’est humiliant » »,Le Monde,(lire en ligne, consulté le).
↑« Marche Existrans : "Sous les paillettes, la rage" »,RadioParleur,(lire en ligne, consulté le).
↑À propos du questionnaire d'admission du docteur Sébastien Machefaux :
« Prise en charge psy à Sainte-Anne : une association trans dénonce un questionnaire «intrusif» »,Libération,(lire en ligne)
« L'association OUTrans dépose une plainte contre la SoFECT auprès de la CNIL »,KOMITID,(lire en ligne, consulté le).
« Une association trans' dénonce le questionnaire « instrusif » d'un médecin parisien »,TÊTU,(lire en ligne).
↑« «Dans l’esprit des gens, les intersexes n’existent pas» »,Libération,(lire en ligne, consulté le).
↑« « Je me disais que j’étais malade, difforme. Aujourd’hui je suis fier » : Mischa, jeune homme intersexe témoigne »,TÊTU,(lire en ligne).
↑« Intersexes, le cri du corps »,Libération,(lire en ligne).
↑« «Les interventions sur les enfants intersexes sont des atteintes frontales aux principes d’autodétermination» »,Libération,(lire en ligne).
↑A propos de la campagne 2018 pour l'arrêt des mutilations des personnes intersexes:
« Pour l’arrêt des mutilations des enfants intersexes »,Libération,(lire en ligne)
« Enfants intersexes : une campagne unitaire pour l'arrêt des mutilations »,TÊTU,(lire en ligne, consulté le)
« 3 questions à Lil, activiste intersexe sur les réseaux sociaux »,KOMITID,(lire en ligne, consulté le).