Cet article concerne l'ensemble de la lignée comprenant des espèces éteintes non placentaires. Pour l'utilisation courante de ce taxon pour désigner les mammifères placentaires, voirPlacentalia.
LesEuthériens (Eutheria) (du grecεὖ /eũ, « bien[1] », etθηρίον /thēríon, « bête sauvage ») constituent la branche demammifèresthériens regroupant lesPlacentaires et toutes les espèces plus proches de ces derniers que desMarsupiaux, qui sont eux inclus dans le taxon frère desMétathériens. D'originelaurasiatique, les espèces basales étaient de petits insectivores arboricoles[2]. Le plus vieil euthérien connu, †Juramaia, est daté d'il y a -160 Ma d'après les registres fossiles[3],[4].
À l'exception de l'Opossum de Virginie qui est un marsupial, tous les mammifères actuels indigènes d'Europe, d'Afrique, d'Asie, d'Amérique du Nord et au nord du Mexique sont euthériens.
Concernant les fossiles de mammifères primitifs, un consensus s'est fait autour de la formule dentaire : les Euthériens fossiles, en formule complète, avaient au maximum trois paires de molaires par mâchoire ; quand les Métathériens en avaient quatre en formule complète[6].
Par rapport auxMétathériens, il existe des différencesévolutives dans le développement des canaux de Wolff et Müller[7],[8],[9], résultant en un pénis non bifide chez les mâles et les trompes de Fallope débouchant dans une cavité utérine commune (elle-même débouchant sur un vagin unique) chez les femelles.
Bien qu'il soit difficile de reconstituer les parties molles, la confrontation des données morphologiques (en particulier un bassin osseux encore très étroit chez les euthériens primitifs) avec les dernières découvertes phylogénétiques incite à considérer qu'au niveau basal de ce clade et bien que la naissance s'effectuait probablement à un état encore larvaire, le placenta ancestral des premiers euthériens était déjàhémochorial[10].
En ce sens, la gestation prolongée chez lesPlacentaires vrais a une relation d'exaptation vis-à-vis du placentahémochorial, à l'image de laplume qui a précédé levol chez les oiseaux.
La nécessité chez lesmarsupiaux de conserver des membres antérieurs adaptés à la reptation de la larve marsupiale vers les mamelles, ainsi que la très longue et très précoce période d'allaitement au cours du développement, seraient deux facteurs desurvie etdéveloppement de l'organisme assezcontraignants, qui pourraient contribuer à limiter la diversification morphologique des épaules et des crânes au sein des Métathériens[12], résultant notamment en une moindre occurrence d'espèces adaptées aux vols ou à la vie aquatique au sein de ce clade.
Des recherches récentes mettent en évidence certaines divergences en cours d'investigation au niveau des gènes soumis à empreinte parentale[14]. L'une des divergences de ce type parmi les plus connues reste l'inactivation du chromosome X, aléatoire chez les femelles euthériennes mais soumise à empreinte paternelle chez les métathériennes[15].
La plus ancienne espèce d'Euthériens connue estJuramaia sinensis, placé parmi les Euthériens car étant plus proche d'Eomaia que deSinodelphys par exemple, mais au rang le plus basal. Il serait le groupe-frère de tous les autresEuthériens connus. Daté plus de 160 millions d’années, repoussant de 35 millions d’années la date putative de divergence des Métathériens et des Euthériens, qui avait été déduite à 130 millions d’années de l’âge deSinodelphys (le plus ancienmétathérien alors connu) et deEomaia (le précédent plus ancieneuthérien connu), tous deux âgés de 125 millions d’années et également retrouvés en Chine. Les données moléculaires récentes suggèrent un âge de 143 à 178 millions d’années pour la divergence entre ces deux branches.
Zhe-Xi Luo, Chong-Xi Yuan, Qing-Jin Meng et Qiang Ji, A Jurassic eutherian mammal and divergence of marsupials and placentals Nature 476,p. 442–445, 2011