Il existe plusieurs hypothèses sur l'origine du nom de l'Estrémadure :
Dérivé dulatinExtrema Dorii : « Extrémités duDouro », ou plutôt « à l'autre bout du Douro », en référence à sa position au sud de ce fleuve, qui servait à désigner les territoires situés au sud du bassin du Douro et de ses affluents[1].
Cependant, plusieurs médiévistes expliquent le nom espagnolExtremadura « Estrémadure » comme un dérivé deextremo « extrême » auquel aurait été ajouté le suffixe-dura. Ainsi, il signifierait simplement l'extrémité sud d'un royaume, la frontière des royaumes chrétiens du nord, en particulier les royaumes deLeón et deCastille avecal-Andalus. L'Estrémadure est également le nom donné aux territoires « extrêmes », plus éloignés et en première ligne pendant laReconquista, duroyaume de León, qui occupait initialement une grande partie de l'actuelleprovince de Cáceres, s'étendant vers le sud après la conquête du royaumetaïfa de Badajoz : c'était,sensu stricto, « l'Estrémadure de León »[1],[2].
Ce toponyme ne doit pas être confondu avec celui de l'ancienne province portugaise du même nom, l'Estrémadure.
Les populationsgitanes de la région appellent l'EstrémadureMarochende, « Terre du pain », qui vient des motsmanró, « pain », etchen, « terre », en langueCaló[3].
La province verra la naissance des principaux conquistadores duXVIe siècle :Hernán Cortés,Hernando Pizarro. La conquête des Amériques apportera ainsi une richesse éphémère à la province.
En1801, l'Espagne est parvenue à occuper le district d'Olivença situé au sud de Badajoz. Malgré l'accord commun de reconnaissance du territoire portugais, l'Espagne refuse de procéder à la cérémonie de rétrocession. Depuis, le Portugal continue de revendiquer le district d'Olivenza.
Durant laguerre civile espagnole, la région connait de grandes violences. Lors du déclenchement du coup d’État militaire le 17 juillet 1936, les rebelles s'emparent immédiatement de la partie nord de la province. Les autorités républicaines parviennent à garder le contrôle du sud autour de Badajoz.
Mais en août 1936,Franco organise la conquête des zones républicaines depuis Séville. Il lance des troupes issues de l'Armée d'Afrique afin de faire le lien entre la base marocaine du soulèvement et les territoires de l'ouest contrôlés par les nationalistes (voir l'article:Campagne d'Estremadure). Leslégionnaires, dirigés parJuan Yagüe, s'emparent facilement du sud de la province dont les autorités républicaines n'ont pu organiser la défense. Cette conquête s'accompagnent de massacres comme ceuxAlmendralejo et deBadajoz. Hors combats, l'historienPaul Preston a décompté 10 594 tués dans la répression menée par les nationalistes (contre 1 567 morts à la suite des violences des Républicains)[4].
La région est composée de deux provinces,Cáceres au nord (aussi appelée Haute Estrémadure ouAlta Extremadura) etBadajoz au sud (Basse Estrémadure ouBaja Extremadura). La superficie de l'Estrémadure est quasiment la même que celle des Pays-Bas.
La capitale de la communauté,Mérida, est située dans la province de Badajoz.
Les principaux fleuves qui la traverse sont leTage et leGuadiana.
L'Estrémadure compte 383 villes. Badajoz, avec 151 565 habitants, est la ville la plus peuplée, suivie par Cáceres avec 95 026 habitants, Mérida avec 57 797 habitants, l'agglomération deDon Benito (36 660 habitants) etVillanueva de la Serena (26 076 habitants) avec 62 736 habitants,Plasencia avec 41 392 habitants etAlmendralejo avec 34 319 habitants.
Du nord au sud, plusieurs paysages se succèdent : d'abord les pentes méridionales du Système central, la vallée duTage, lesSierras Centrales Extremeñas (étant en fait la continuation vers l'ouest desmonts de Tolède), la vallée duGuadiana ainsi que la Sierra Morena au sud[5].
Paysage de Las Hurdes (dans le nord de la région).
L'Estrémadure conserve des vestiges monumentaux et artistiques qui montrent la variété de gens et de cultures qui ont habité ces terres du centre-ouest de l'Espagne depuis des temps préhistoriques.
Mérida, l'antique Emerita Augusta, conserve plusieurs vestiges architecturaux de l’époque romaine, quand la cité était la capitale de la Lusitanie. Depuis1986, elle possède le Musée national d’Art romain, construit par l’architecte espagnolRafael Moneo. Parmi ces restes se distinguent le Théâtre et l'Amphithéâtre, ainsi que le pont sur leGuadiana et l'aqueduc des Miracles alimenté en eau par une construction toujours en état de conservation, lebarrage romain de Proserpine. Mérida est en outre la capitale de la Communauté autonome d'Estrémadure et tous les bâtiments du Gouvernement régional y sont situés.
La ville deCacerès a été déclarée en 1986patrimoine mondial de l'UNESCO, parce qu’elle réunit la conjonction urbaine du Moyen Âge et de la Renaissance la plus complète du monde. Lacathédrale Sainte-Marie, le palais deLas Veletas (Musée archéologique), du palais delos Golfines de Arriba et delos Golfines de Abajo, laCasa del Sol, également laTorre de Bujaco, édifice emblématique de la cité et de l'Arco de la Estrella, en sont les plus beaux et impressionnants monuments.De plus, elle se met en valeur en étant le siège d’un des trois campus que compte l’université d’Estrémadure (avecBadajoz et Cacerès) et par le dynamisme de sa vie culturelle au sein de la Communauté autonome.
En2006, le présidentsocialiste sortant de la Communauté autonome,Juan Carlos Rodríguez Ibarra, en poste depuis1983, annonce qu'il ne se représentera pas aux prochaines régionales. Après la victoire des socialistes aux régionales du, il est remplacé parGuillermo Fernández Vara. À la suite des élections du, la région bascule à droite etJosé Antonio Monago devient président de la Communauté le. Vara revient au pouvoir en 2015.
La région est l'une des plus pauvres d'Espagne. En 2018, l'Institut national des statistiques (INE) indique que 38,9 % de ses habitants vivent dans la pauvreté ou la précarité[6].