Pour les articles homonymes, voirPeterson.
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Erik Peterson Grandjean (né le àHambourg et mort le àHambourg) est unthéologiencatholiqueallemand. Universitaire protestant, converti au catholicisme en1930, spécialiste depatristique. Il fut un opposant aunazisme et eut une grande influence sur de nombreux théologiens duXXe siècle.
Erik Peterson (né en1890), qui avait des ancêtres suédois et d’autres français, a grandi àHambourg. Après ses études dethéologie protestante àStrasbourg,Greifswald,Berlin,Bâle etGöttingen, et son doctorat, il enseigne à compter de1920 commePrivatdozent l’archéologie chrétienne et l’histoire de l'Église àGöttingen, puis de1924 à1929 comme professeur d'histoire de l'Église et deNouveau Testament àBonn.
À Noël1930, il se convertit et est reçu dans l’Église catholique àRome, ce qui sera un obstacle pour sa carrière. Il s'installe à Rome en1933, où il rencontre et épouse Matilda Bertini. Le couple aura cinq enfants et vivra des difficultés économiques, à peine atténuées à partir de1937, où Peterson enseigne à l'Institut pontifical d'archéologie chrétienne. Un retour durable enAllemagne n’est pas envisageable à l’époque dunazisme, vu ses prises de position et la situation politique (il s'est notamment élevé contre l'instauration d'une Église du Reich et s'est opposé aux conceptions deCarl Schmitt). Il obtient un nouveau poste à Rome en1947 puis une chaire depatristique en1956. Il est alors reconnu comme l’un des grands spécialistes de la patristique et de l'histoire duchristianisme primitif.
En1960, quelques semaines avant sa mort àHambourg, alors qu’il est déjà gravement malade, il est faitdocteurhonoris causa de la Faculté des lettres de l'université de Bonn et de la Faculté de théologie catholique de l'université de Munich. Il est enterré auCimitero del Verano, àRome.
Jusqu'au début desannées 1920, Peterson se libère d'une religiositépiétiste, ainsi que de la fascination qu’exerçait sur lui la méthode critique de l’école d’histoire des religions. Il se forme enpatristique,philologie etexégèse et se fait connaître àGöttingen par son interprétation philologique et théologique des textes.
Il acquiert une première réputation scientifique internationale en1926, avec la publication de sa thèse d'habilitation sur les anciennes acclamations« Heis Theos » (Un Dieu !). Ses recherches portent alors sur l’histoire des religions et sur l’histoire de l’Église, et il publie un grand nombre d'études sur l’Antiquité chrétienne. Il donne des impulsions importantes pour la compréhension de l'anciengnosticisme, de l’ascèse et de l’apocalyptique, ainsi que des relations entrejudaïsme etchristianisme. (Frühkirche, Judentum, Gnosis, 1959).
Il entre en confrontation et dialogue avec lathéologie libérale, par exemple celle d'Adolf von Harnack, mais aussi avec lathéologie dialectique deKarl Barth etRudolf Bultmann (il est en contact étroit avec Karl Barth entre 1921 et 1924 à Göttingen), par ses traitésWas ist Theologie? (1925) etDie Kirche (1928/1929). Il discute de la notion d'Église en1928 dans un échange de lettres avecAdolf von Harnack (publiées en 1932/33), où les convictions de Peterson sur la dogmatique et sur l'Église s'opposent à celles duprotestantisme libéral d'Harnack[1]. L'épilogue de ce débat sera sa conversion au catholicisme.
Par sa pensée et ses publications des années 1930, il s’oppose aunazisme et aux manœuvres des nazis pour contrôler les Églises chrétiennes d’Allemagne. Il s'élève notamment contre la tentative d'instauration d'une Église duReich et d’une théologie du Reich.
En1935, il fait paraître sa fameuse étudeDer Monotheismus als politisches Problem (Le Monothéisme comme problème politique), histoire politique des idées théologiques dans l'Église primitive, où il s’oppose avec vigueur àCarl Schmitt. Il y expose sa thèse de la « liquidation de toutethéologie politique » par la foi chrétienne. Pour lui, la théologie chrétienne de laTrinité interdit au christianisme de servir de caution à une quelconque entreprise politique de domination, à l’encontre d’un certain « arianisme » politique qui reconduit à ladivinisationpaïenne de l’État[2]. Il conclut : « Le concept de théologie politique a été introduit dans la littérature par les travaux de Carl Schmitt,Théologie politique, Munich, 1922… Nous avons tenté ici de démontrer à partir d’un exemple concret l’impossibilité d’une telle théologie politique. »
Au cours de la même année, il publie dans un petit livreVon den Engeln (Les Anges) des essais sur la vie liturgique, les dimensions politiques et la théologie mystique. En1937, il ravive la notion demartyre ("Zeuge der Wahrheit", 1937 ; tr. fr.Témoin de la vérité, 2007). Il met en évidence le lien qui unit le martyre et la vérité, dans cette sombre période où les régimes totalitaires dominent.
Peterson a également contribué à la redécouverte du rôle de l'eschatologie par ses travaux sur le Nouveau Testament et en patristique. Son traitéDie Kirche aus Juden und Heiden (1933) (tr. fr.Le Mystère des juifs et des gentils dans l’Église, en 1935) a influencé, entre autres,Jacques Maritain, qui s’y réfère dans son ouvrageLes juifs parmi les nations (Paris, 1938). Parmi d'autres, ces écrits contribueront au changement de regard de l'Église catholique sur le judaïsme et préparerontVatican II.
Peterson est demeuré toute sa vie, à l'instar de son ancien mentor spirituelSøren Kierkegaard, un théologien original, profond et un peu en marge, soucieux du radicalisme de l’Évangile.
Il a exercé une influence considérable sur des théologiens tels queKarl Barth,Ernst Käsemann,Heinrich Schlier,Jean Daniélou etYves Congar et, plus jeunes, tels queJürgen Moltmann,Hans Maier,Joseph Ratzinger.
Cf. aussiBibliographie détaillée en français