Ne doit pas être confondu avecErectum.
Eretum Ἠρητόν | |
![]() Principales localités sabines en jaune et romaines en rouge à l'époque de laroyauté romaine. | |
Localisation | |
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Pays | ![]() |
Coordonnées | 42° 08′ 07″ nord, 12° 44′ 18″ est |
Superficie | 18-21 ha |
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Eretum (en grec ancien :Ἠρητόν) est une cité antique desSabins, située dans la vallée duTibre, en rive gauche, à environ 30 km au nord-est deRome, sur lavia Salaria à sa jonction avec lavia Nomentana.
La cité se trouve sur la frontière entre les régions desSabins et desLatins.
Bien que la position d'Eretum au nord-est deRome dans la vallée duTibre ne soit pas discutée, on a hésité longtemps sur la localisation exacte du site. Les emplacements les plus souvent proposés se situaient sur la commune deMonterotondo ou au lieu-dit Grotta Marozza, dépendant de la commune deMentana, mais les fouilles récentes ont permis de proposer une identification très vraisemblable sur la commune deMontelibretti, au lieu-dit Casacotta. Le site se trouve sur une hauteur dominant la rive gauche du Tibre[B 1].
Strabon, historien et géographe grec duIer siècle av. J.-C., mentionne la cité comme étant proche duTibre, à la jonction entre lavia Nomentana et lavia Salaria[B 2]. Lavia Salaria arrive depuisRome, traverse alors la cité, puis continue en direction du Monte Maggiore[B 3]. Les historiens sont partagés sur la jonction des deux voies romaines, en justifiant que lavia Nomentana devait s'arrêter àNomentum, Strabon donc doit confondre la jonction avec l'une des routes reliant les deux voies romaines de manière latérale[B 4].
Latable de Peutinger localiseEretum à 14 miliarium deFidènes par lavia Salaria et l'itinéraire d'Antonin comme 2e station à 18 miliarium deRome[B 5].
Eretum est traversée par une route reliantPalombara Sabina,Tibur etPréneste àCapena, voie qui emprunte unbac àLucus Feroniae[B 6].
L'accès naturel au promontoire où se situe la localité à l'époque archaïque se fait par l'extrémité nord-est, où ce dernier est relié par une bande de terre étroite au plateau principal s'étendant vers l'est en direction du Fosso dei Cupicci[B 1]. La construction de lavia Salaria permet de gravir le promontoire par le sud et de traverser la cité, à l'image du système routier mis en place pour accéder à la cité deVéies[B 1].
Le sol est principalement constitué d'argile, avec la présence detravertin et decalcaire sur les pentes desMonts Sabins à l'est de la localité[B 7]. Dutuf est également constaté sur une partie des rives duTibre, principalement sur la rive ouest[B 7].
Eretum se trouve près de la frontière entre les territoiresromains etsabins à l'époque royale et au début de laRépublique[1],[B 7].Solin écrit que la cité est établie par lesGrecs en l'honneur d'Héra et que le nom de la cité dérive de celui de la divinité (il la nommeHeretum)[A 1]. De la mention de son nom parVirgile parmi les villes sabines qui se joignent à la guerre contreÉnée[A 2], elle peut donc être considérée comme une ville ancienne et d'une certaine importance dans les premiers temps.
Toutefois, Eretum ne joue jamais un rôle important même si du fait de sa position frontalière entre lesRomains et lesSabins, elle est le théâtre de conflits répétés entre les deux peuples[B 7]. Le contrôle de la localité par les Sabins leur permet de communiquer avecPréneste et le sud du Latium[B 7]. Le contrôle par Rome empêche les Sabins de s'infiltrer dans la plaine duLatium[B 7].
Le premier d'entre eux s'est produit sous le règne du troisième roi romainTullus Hostilius, pendant sa guerre contre les Sabins déclenchée à la suite d'une demande de réparation refusée par les Sabins pour des Romains ayant subi une maltraitance lors d'une fête sabine àLucus Feroniae[B 8]. En échange de la victoire romaine, Tullus Hostilius promet la constitution d'une fête religieuse en l'honneur deSaturne[A 3].
Après une trêve de six ans, sous le règne de son successeurTarquin l'Ancien, lesÉtrusques tentent de consolider des points d'appuis sur la rive gauche duTibre[B 9]. Le roi romain profite d'alliance entre les Sabins et les Étrusques pour avancer à travers leur territoire et remporter une victoire écrasante sur les Étrusques à Eretum[B 8].
Sous le règne du septième roi,Tarquin le Superbe, les Sabins dévastent la région de Rome avec deux armées[A 4]. Ils attaquentEretum qui est aux mains des Romains alors que Tarquin le Superbe est train de faire le siège deSuessa Pometia, les Romains dépêchent une armée de secours et remportent la bataille[B 8].
Sous la République romaine, Rome remporte deux victoires sur les Sabins dans les environs de la localité, l'une par les consulsPublius Postumius Tubertus etAgrippa Menenius Lanatus en 503 av. J.-C., l'autre parCaius Nautius Rutilus en 458 av. J.-C.[B 9]. Pendant ledeuxième collège décemviral, les Sabins établissent leur quartier général à Eretum, d'où ils vont ravager le territoire romain[A 5],[A 6],[B 7].
Eretum passe sous contrôle romain vers la fin duIVe siècle av. J.-C., probablement peu avant l'année 303 av. J.-C.[2]. Après la conquête romaine, la cité reçoit le statut depraefecturae, son rôle se réduisant à devenir une étape sur lavia Salaria[3],[B 1].Strabon mentionne ainsi le lieu comme simple bourgade[A 7] etValère Maxime la décrit en ces termesvicus Sabinae regionis[A 8],[B 1]. La localité devient alors un réseau de diverses villas et non plus un centre urbain[B 1].
AuIIIe siècle av. J.-C., lanécropole appartenant à Eretum est abandonnée et est désormais utilisée pour les travaux agricoles[4]. À cette époque, un rite de désacralisation est pratiqué en enterrant des animaux sacrifiés, des amphores de vin et des vases d'onguents[4].
La localité est de nouveau mentionnée pendant ladeuxième guerre punique comme le lieu oùHannibal Barca est tenté par une attaque de diversion sur le sanctuaire deFeronia enÉtrurie, pour son avance sur Rome ou sa retraite de celle-ci selon les sources par lavia Salaria[A 9]. Le lieu reste d'une importance très relative pour les Romains au cours des siècles suivants.
La localité n'est pas mentionnée dans leLiber Coloniarum et devait probablement dépendre deNomentum. Elle est mentionnée comme station sur lavia Salaria jusqu'auIVe siècle, dernière mention de la localité dans les sources. Peu de villas semblent avoir survécu au début duIVe siècle av. J.-C.[B 10].
Après lachute de l'Empire romain, l'arrivée desLombards en Italie, puis la création duroyaume lombard amèneEretum à se situer à la frontière de leur royaume avec Rome sous autorité papale[B 11]. Les Lombards incitent les habitants à se réinstaller et à mettre en valeur leur terre, tout en n'hésitant pas à s'emparer de territoire sous l'autorité du Pape comme l'évoque le futur papeZacharie en 705[B 11].
Après la chute du royaume lombard, les habitants se déplacent à nouveau pour se réfugier sur un site plus facilement défendable et vont se réinstaller à l'emplacement de l'époque archaïque[B 10]. Le réseau routier se réduit fortement en ne conservant que deux axes par rapport à l'époque romaine : lavia Salaria et lavia Nomentana[B 11].
AuXe siècle, les habitants se regroupent près du réseau routier ou
L'une des découvertes les plus importantes réalisées entre 1970 et 1974 est celle de la tombe XI de lanécropole de Colle del Forno[5]. Il s'agit, selon Paola Santoro, directrice des fouilles, de la plus grande tombe avec chambre funéraire d'Italie et doit appartenir à un princesabin de la seconde moitié duVIe siècle av. J.-C.d'Eretum[6]. Dans cette tombe dotée dedromoi et de niches intérieures pour le dépôt des effets du défunt, les vestiges d'un char et d'unquadrige sont identifiés. L'aurige conduit le quadrige et derrière lui se trouve le passager, c'est-à-dire le prince. La décoration en bronze du char est d'un intérêt particulier. La coutume de déposer le char parmi les éléments funéraires, est documentée chez les populations de l'Italie antique —Étrusques,Latins,Sabins etPicentes à l'époque orientalisante — et dénote l'influencechypriote. Le cas de la tombe XI n'est pas un événement isolé, mais il surprend par l'extraordinaire richesse du décor du char et de l'armure des chevaux, égalant la qualité des tombes princières étrusques[7]. Une trône datant duVIe siècle av. J.-C. est également découvert.
Des fours sont découverts dans le secteur, principalement en raison d'une présence abondante d'argile dans les environs de la localité[B 7].
En 1910, des fouilles archéologiques ont permis de révéler à quelques centaines de mètres au nord-est d'Osteria Pedochi la 18eborne milliaire de l'anciennevia Salaria qui part vers l'est[B 8]. Cette borne date de 97[B 8]. Elle est aujourd'hui conservée dans les jardins du Monte Maggiore[B 8].
À l'est de la localité romaine et un peu au nord de lavia Salaria, deux tombes romaines sont mis au jour[B 12]. Les deux tombes ont ouvertes et pillées[B 12]. À l'est des deux tombes, les vestiges d'un édifice de l'époque impériale sont découverts, ainsi que deux mausolées[B 12].
Les fouilles archéologiques n'ont révélé qu'une faible quantité decéramique sigillée tardive, contrairement à la région voisine du sud de l'Étrurie romaine[B 1].
Pour la période médiévale, l'archéologie a mis au jour des poteries à l'emplacement du village médiéval, en contrebas du promontoire et le long de lavia Salaria[B 11].
Le site est occupé depuis l'âge du fer. À partir duVIIe siècle av. J.-C., la localité s'urbanise et lanécropole commence à être organisée[6]. Eretum forme un rectangle qui occupe aujourd'hui la « colline 51 » et n'est pas pourvu de fortifications[B 1]. Des huttes sont aussi construites sur le promontoire mais à l'écart du noyau urbain[B 1]. Le même constat peut être fait au nord du promontoire, près de la future localité romaine[B 13]. Sa superficie est estimée entre18 ha et21 ha.
Le reste du territoire dénomméAger Eretamus semble peu habité à cette époque en raison de l'absence de lieux aisément défendables[B 3].
Au niveau économique, la cité se situe sur la route du sel entre l'embouchure du Tibre et l'intérieur des terres[B 3]. Ses ressources principales à cette époque semble être l'exploitation des pâturages et des céréales[B 1].
Entre leVIIIe et leVIe siècle av. J.-C., l'aristocratie sabine naissante, pour démontrer son niveau de statut favorise la diffusion et l'imitation d'objets ornementaux d'inspiration orientale. Un nombre important d'objets et de matériaux sont retrouvés dans lanécropole de Colle del Forno qui permettent de révéler cette « orientalisation ».
Après la conquête romaine, la localité se déplace sur un terrain plus plat dès l'époque républicaine, au nord-est du site archaïque[B 14]. Les deux raisons principales desRomains sont qu'ils n'ont pas la nécessite d'un site naturellement fortifié et ils évitent également les débris des bâtiments de l'époque sabine[B 14]. La localité romaine occupe alors une forme plus arrondie d'un diamètre estimé à 150 m, même si les limites sont floues[B 14].
Le site perd de son importance dès le début de l'époque impériale[B 14].
Au Moyen Âge, les habitants se réinstallent à l'emplacement du site archaïque[B 11]. La localité reprend alors une forme rectangulaire de 164 m de longueur pour 75 m de largeur[B 11].
L'ager Eretanus est peu peuplé au Moyen Âge[B 11]. La majorité desvillas romaines ont disparu dès le début duIVe siècle[B 11].
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