Troisième des sept enfants d'Ida Elizabeth Eisenhower (née Stover) et de David Jacob Eisenhower, Dwight David Eisenhower est né le àDenison[2] (Texas) au sein d'une famille modeste, detradition mennonite d'origineallemande dont le nom est Eisenhauer[3],[4]. C'est en 1741 que Hans Nicolas Eisenhauer avait émigré de laSarre pour s'installer en Amérique, àLancaster dans lacolonie britannique de Pennsylvanie[4].
Il est baptisé David Dwight mais appelé couramment Dwight. L'ordre des deux prénoms est définitivement inversé lors de son incorporation àl'académie militaire de West Point[5].
La famille Eisenhower s'installe àAbilene auKansas en 1892. C’est lors de sa scolarité à Abilène que le jeune Dwight Eisenhower aurait reçu le surnom de « Ike » par son meilleur ami d'enfance[6]. Il est marqué par son éducation et sa foiprotestante. Alors que son père étaitmennonite[7], sa mère fut une adepte desTémoins de Jéhovah à partir de 1895, et la résidence des Eisenhower servit de lieu de réunion pendant plusieurs années[8],[9].
À19 ans, en1909, il obtient son diplôme de fin d'études secondaires du lycée d'Abilène et commence à travailler dans unelaiterie, car ses parents n’ont pas les ressources financières nécessaires pour l’envoyer à l’université.
Il tente l'examen d'entrée de l'académie navale, mais n'est pas admissible en raison de son âge.
Il entre finalement à l'université deKansas City pour préparer une carrière militaire et réussit brillamment ses examens, qui lui permettent d'entrer d'office à l'Académie militaire de West Point.
C'est là qu'il rencontreMamie Geneva Doud (1896-1979), qu'il épouse le, et avec qui il a deux fils, Doud Dwight Eisenhower (1917-1921), décédé des suites de lascarlatine et John Sheldon David Doud Eisenhower (1922-2013).
En 1917, il est promu capitaine et sert comme instructeur dans plusieurs camps d'entraînement, alors que le pays est engagé dans laPremière Guerre mondiale. Malgré ses demandes, il n'obtient pas d'affectation en Europe et, en 1918, prend le commandement duTank Training Center à Camp Colt enPennsylvanie.
Ensemble ils publient, commede Gaulle, des articles préconisant l’utilisation deschars, afin d’éviter une nouvelleguerre de tranchées. Ses idées novatrices ne sont pas appréciées par ses supérieurs, et il est même menacé de passer encour martiale.
Il est ensuite affecté dans laZone du canal de Panama, sous les ordres du généralFox Conner, qui reconnaît sa valeur et en 1925 l’inscrit à l’école de formation aux fonctions de commandement et d’état-major deFort Leavenworth, d’où il sort premier de sa promotion, ce qui lui vaut des affectations importantes, notamment auprès du généralJohn Pershing et du généralDouglas MacArthur.
Eisenhower donnant les dernières instructions aux soldats du débarquement en Normandie :Full victory-nothing else (« la victoire complète et rien d'autre »).
Fin 1939, c'est sur sa demande, alors que la guerre a été déclenchée en Europe, que Dwight Eisenhower revient auxÉtats-Unis et est affecté àFort Lewis, dans l'État deWashington.
Promu au grade decolonel, il devient chef d'état-major de la3e armée en, affecté àFort Houston au Texas. Chargé de l’entraînement des troupes, il se distingue particulièrement par sa stratégie, pendant les manœuvres qui ont lieu en enLouisiane, et auxquelles participent plus de 400 000 hommes.
Il en devient l'assistant en, et prend la tête de la division « Opérations » de l’état-major sous les ordres du général Patton.
Promugénéral deux étoiles, il est nommé en commandant en chef des forces américaines en Europe. Il supervise alors l'ensemble des opérations militaires, tant en Europe qu'enAfrique du Nord. Il commande le débarquement de enAfrique du Nord, l’opérationTorch, où, confronté aux divergences entre Britanniques et Américains, il fait preuve de tout son talent de conciliateur et de négociateur, pour rapprocher les vues plutôt que de les opposer. Cette opération est aussi, en dépit du manque de moyens matériels, un précieux enseignement pour les débarquements qui suivent. En, il est promugénéral4 étoiles, alors qu'il prépare lacampagne de Tunisie contre les forces de l'Afrikakorps.
En 1943, Dwight Eisenhower est chargé de l’invasion de laSicile (opérationHusky etopérationLadbroke) et de l’Italie. Il est contraint, en outre, d'intervenir dans le règlement de la querelle qui oppose les générauxHenri Giraud etCharles de Gaulle, à propos de l'exercice du commandement français en Afrique du Nord.
Sa préférence va à Giraud qui, le dans l'enceinte du palais d'été d'Alger, l'a publiquement décoré des insignes de grand-croix de la Légion d'honneur, au grand dam de De Gaulle, qui se plaignit de ne pas avoir été consulté[10]. La relation humaine tissée entre Eisenhower et de Gaulle permettra un rapprochement des deux généraux[11].
Lors de laconférence interalliée de Téhéran de, il a été décidé qu’un second front allié serait ouvert à l’Ouest. L'entente entre Staline et Roosevelt, laissant Churchill opposé à l'ouverture d'un front ouest européen, le choix d'un chef américain est fait. Le président Roosevelt ne pouvant se passer de son conseiller militaire, le généralGeorge Marshall, c’est Eisenhower qui est choisi pour l'opérationOverlord.
Il quitte alors le théâtre des opérations méditerranéennes pourLondres.
Télégramme d'Eisenhower sur les premières opérations dudébarquement du.
À la tête duSHAEF (Supreme Headquarter Allied Expeditionary Force), Eisenhower planifie ledébarquement de Normandie organisés à partir de juin 1944 et l'installation de la tête de pont en France, l’opérationOverlord, et commande la plus importante force d’invasion de tous les temps.
Eisenhower est souvent remis en cause par les Britanniques, notamment par Alan Brooke et Montgomery qui doutent de ses talents stratégiques[12]. Mais il est soutenu par Marshall, et par son calme et sa finesse psychologique répond parfaitement aux caractères forts que sontMontgomery,Patton et legénéral de Gaulle.
Concernant lesbombardements atomiques d'Hiroshima et Nagasaki, sur le théâtre Asie-Pacifique, Eisenhower dira : « les Japonais avaient été prêts à se rendre et il n'aurait pas été nécessaire de les frapper avec ce truc horrible » (Newsweek, 11 novembre 1963)[13],[14].
Au lendemain de la guerre, Eisenhower succède à Marshall commechef d’état-major de l’US Army, poste qu’il quitte en 1948 pour devenir président de l’université Columbia[15]. Il garde toutefois le contact avec l’état-major, où il intervient en tant que conseiller.
En 1950, le présidentTruman le nomme commandant suprême de l’OTAN. Le, il inaugure sur la colline d'Hennemont, à Saint-Germain-en-Laye, le village duSHAPE et l'école internationale de l'OTAN : « un village, une chapelle, une école »[16]. Cette école deviendra lelycée international de Saint-Germain-en-Laye.
En 1948, le présidentHarry S. Truman propose à Dwight David Eisenhower d’être son colistier au titre de candidat à la vice-présidence pour l'élection présidentielle à venir, mais celui-ci refuse.
Ses discours cherchent à rassurer les Américains, et sa stratégie consiste à ne jamais mentionner le nom de son adversaire,Adlai Stevenson, mais à attaquer le bilan de son prédécesseurHarry Truman.
Sa plate-forme tourne autour de trois thèmes : mettre fin à la corruption qui règne à Washington, en terminer avec laguerre de Corée, et faire face à la subversion communiste, alors que le pays est en pleinmaccarthysme.
Sa campagne innovante est la première qui utilise lesspots télévisés, dont on estime les coûts entre un et deux millions de dollars[18]. Le plus célèbre est le court-animéI Like Ike, créé par lesStudios Disney et produit en 1952 parRoy Disney, dont ce fut la seule participation à une campagne politique[19],[20]. La chanson-jingle du clip a été écrite parGil George etPaul J. Smith[21], inspirés par "They Like Ike", qui figurait dans la comédie musicale de 1950 écrite par Irving BerlinCall Me Madam[22].
La campagne électorale ne se passe toutefois pas sans heurts. Le candidat républicain à la vice-présidence estRichard Nixon. Celui-ci est accusé dedétournement de fonds à son profit personnel, ce qu'il nie. De son côté, Eisenhower reçoit le soutien du sénateurJoseph McCarthy, qui affirme que de nombreux postes gouvernementaux sont infiltrés par les communistes.
En, Eisenhower est élu avec 55 % des suffrages, contre son rival démocrateAdlai Stevenson.
Il fut secondé durant ses mandats par des personnalités commeJohn Foster Dulles, son secrétaire d'État (équivalent de ministre des Affaires étrangères), etGeorge Humphrey, son secrétaire au Trésor.
Sur le plan extérieur, Dwight David Eisenhower mène une politique de fermeté, afin de faire reculer la zone d’influence soviétique. Eisenhower lance un programme de « dissuasion nucléaire » visant à augmenter l'arsenal des États-Unis. Dans le même temps, il lance le 8 décembre 1953 le programmeAtoms for Peace visant à développer, nationalement et internationalement, les usages pacifiques de l'énergie atomique. Atoms for Peace mène aussi à la création de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
Cette priorité donnée au nucléaire accompagne une nouvelle stratégie militaire basée sur la supériorité aérienne et atomique au détriment du terrestre, Eisenhower lance un plan pour une armée « new-look » : les effectifs terrestres fondent de 500 000 et ceux de la marine de 100 000 éléments, l'air au contraire recrute 30 000 hommes. Le budget de la Défense passe de 35 à31 milliards de dollars[23].
Dwight Eisenhower,Nikita Khrouchtchev et leurs épouses respectives en 1959 durant un diner officiel.
La mort deStaline le modifie les relations Est-Ouest et l’heure est à la détente.
Eisenhower et le gouvernement soviétique mettent fin à laguerre de Corée et le président américain, par manque de vision, refuse de s’engager militairement au côté de la France enIndochine.
En 1957, le lancement par l’URSS du satelliteSpoutnik surprend le monde occidental. Eisenhower accélère alors le développement des missiles intercontinentaux, définit ladoctrine Eisenhower et engage le pays dans un programme spatial très ambitieux.
L'année 1960 marque la rupture du dialogue avecNikita Khrouchtchev en raison de l’affaire d'un avion espionU-2 abattu sur le territoire soviétique ainsi que par la radicalisation de larévolution cubaine que le président essaye, sans succès, de juguler. Après avoir d'abord vu sans hostilité particulière la prise du pouvoir parFidel Castro en, il donne le son accord écrit à l'ouverture de camps d'entraînements anticastristes dont l'aboutissement est, en, quelques mois après son départ de la Maison-Blanche, ledébarquement de la baie des Cochons. Il impose les premières mesures de rétorsion économique contre Cuba à partir de juin 1960 qui sont rendues inefficaces par l'aide apportée par Khrouchtchev à Fidel Castro. La CIA organise et arme des groupes rebelles à l’intérieur de l'ile, tandis que de petits avions venus de Floride bombardent des villages, des industries et des champs[25].
Bien qu'anticolonialiste dans l'affaire du Katanga par crainte de l'expansion communiste en Afrique, il se range du côté de la Belgique. Il aurait demandé en termes ambigus en àAllen Dulles, directeur de la CIA, « la suppression » du chef d'État congolaisPatrice Lumumba, soutenu par l'URSS[26]. Allen Dulles câble en ce sens. Cependant la disparition de John Foster Dulles en avril 1959 permet tout de même de maintenir une relation apaisée entre Moscou et Washington.
Par ailleurs, en 1957, par népotisme, il nomme son frère, le professeurMilton Stover Eisenhower(en) (1899-1985), conseiller et ambassadeur spécial sur les affaires latino-américaines.
L’un des problèmes les plus irritants était causé par le SénateurJoseph McCarthy et sa lutte contre les supposées infiltrations communistes au sein du gouvernement. Bien qu’il n’ait jamais pu obtenir la moindre inculpation, il était aux yeux de certains Américains un rempart auto-proclamé contre l’avancée communiste. Eisenhower ne chercha jamais à l'affronter directement, mais il réussit à obtenir unemotion de censure à son encontre en 1954 en utilisant à son avantage un nouveau moyen d’expression : la télévision.
Julius etEthel Rosenberg, accusés d’espionnage au profit de l’URSS et exécutés le, furent, indirectement, les victimes de la vigilance anticommuniste. Le nouveau président refusa de les gracier, malgré les doutes sérieux qui le tenaillaient sur leur culpabilité, et en dépit des pressions de l'ambassadeur à Paris[27].
C'est dans ce contexte de déségrégation qu'il était nécessaire que le Congrès vote une loi pour clarifier la portée de la déségrégation au niveau fédéral, de réviser l'effectivité des garanties apportées par les Quatorzième et Quinzième amendements qui avaient été largement contournés par lesLois Jim Crow et les diverses dispositions législatives mises en place depuis l'arrêtPlessy v.Ferguson autorisant la ségrégation au nom du principe "séparé mais égal". Certes, des arrêts mettaient fin à la ségrégation scolaire et dans les transports publics et avaient vidé de toute portée l'arrêtPlessy v.Ferguson mais il demeuraient d'autres formes de ségrégation pour entraver les droits constitutionnels des Afro-Américains comme les réglementations d'inscription sur leslistes électorales, de nombreux États exigeaient que les candidats passent un test de qualification des électeurs et les questions étaient conçues de telle manière à ce que les agents des services civils puissent éliminer la plupart des Afro-Américains qui tentaient de s'y inscrire.
Le le Procureur généralHerbert Brownell de l'administration du président Dwight D. Eisenhower écrit une lettre au Vice-PrésidentRichard Nixon et au président de laChambre des représentants une lettre officielle dans laquelle il signale que le Président Eisenhower déplore le fait que des citoyens afro-américains soient privés de leur droit de vote et subissent des pressions économiques et qu'il est impensable que le droit de vote qui est un des droits les plus précieux puisse être dénié. Aussi Herbert Brownell demande qu'une commission bi-partisane étudie le problème, que cette commission composée de six membres puissent faire les investigations et auditions nécessaires pour évaluer les problèmes d'entrave des droits et fassent des propositions d'actions qui puissent mettre fin à ce problème[37].
Le, Herbert Brownell fait une déclaration auprès de la commission des droits constitutionnels duSénat où il annonce qu'il va présenter un projet d'une nouvelle loi renforçant les droits civiques, qui instituera une commission d'enquête conformément à sa lettre du, unedivision des droits civiques audépartement de la Justice pour seconder le Procureur général et permettra au gouvernement fédéral d'intervenir dans des cas litigieux[38].
C'est dans cette dynamique queHerbert Brownell va élaborer un projet de loi qui comprend quatre parties et points principaux :
La création d'une commission des droits civiques au sein du pouvoir exécutif pour enquêter sur les violations des droits civiques.
La création du poste de Procureur général adjoint pour les droits civiques.
Création de nouveaux droits du pouvoir du Département de la Justice lui permettant de faire respecter les droits civiques par des poursuites civiles et pénales.
Autorisation du Procureur général à intenter des poursuites civiles et à obtenir des injonctions préventives (ordonnances du tribunal) pour la protection du droit de vote.
Le principal obstacle demeurait le Sénat où le groupe desDémocrates dirigé par le sénateurRichard Brevard Russell de laGéorgie, bloquait toutes les lois en faveur de l'amélioration des droits civiques pour les Afro-Américains. Durant les débats, le sénateur de la Caroline du SudStrom Thurmond va se faire connaitre par un discours d’obstruction systématique au projet qui va battre le record de durée d'un discours au Sénat, puisqu'il va durer plus de24 heures[39]. Le sénateur de la Californie,William Knowland(en)[40] président du groupe desRépublicains, et le sénateur de l’Illinois,Paul Douglas Démocrate libéral[41], vont défendre le projet de loi, ils vont obtenir un allié du parti Démocrate avec le sénateur du TexasLyndon B. Johnson[42]. Ce dernier va utiliser ses capacités diplomatiques et son réseau d'influences pour faire adopter le projet de loi par le Sénat le par60 voix contre 15.
Le président Dwight D. Eisenhower promulgue leCivil Rights Act le (Public Law 85-315). Cette loi établit une Commission des droits civiques, une division des droits civiques au département de la Justice et autorise le Procureur général des États-Unis à saisir un tribunal fédéral pour faire respecter et protéger le droit de vote des Afro-Américains, elle interdit les actions de toute personne ayant autorité, y compris des particuliers, visant à intimider, menacer, contraindre les Afro-Américains pour qu'ils ne s'inscrivent pas sur les listes électorales ou de les empêcher de voter comme ils l'entendent. Si les trois premiers points du projet d'Herbert Brownhell sont avalisés, en revanche le quatrième point est limité dans sa portée, la loi limite le pouvoir des tribunaux d'appliquer la partie IV de la loi par un outrage civil ou un outrage criminel imposant une amende de 1 000 $ au plus et / ou une peine d'emprisonnement de six mois au plus, faisant ainsi disparaître l'atteinte au droit à la protection garantie par le Quatorzième amendement.
Bien qu’incomplète soit-elle, cette loi est un premier pas pour la prohibition de la ségrégation, elle permet de faire un inventaire de l'ensemble des dispositifs réglementaires ou de contraintes physiques par des personnes ou des groupes visant à entraver les droits civiques des Afro-Américains et surtout autorise l'État fédéral à mener des actions par voie de justice et donc par la force si nécessaire pour faire observer la déségrégation. Elle sera complétée par leCivil Rights Act du et leVoting Rights Act du qui mettront fin à toutes les lois et réglementations ségrégatives sur l'ensemble des États-Unis[43],[44],[45],[46],[47].
La présidence d’Eisenhower marque un certain accroissement du pouvoir fédéral qui, par exemple, assoit son autorité sur les eaux territoriales. La création d’unministère de l’Éducation, de la Santé et des Services sociaux permet de financer des projets fédéraux mais n’enlève que peu d’autorité auxÉtats comme on peut le voir dans les difficultés du gouvernement à imposer ladéségrégation dans les écoles.
Après l'arrêtBrown v. Board of Education, certains États du Sud vont se rebeller et faire des manœuvres dilatoires pour en empêcher l'effectivité, parmi ces États figure l'Arkansas[48]. Une crise commence le, avec le refus de laLittle Rock Central High School d'accepter neuf étudiants afro-américains :Minnijean Brown-Trickey,Elizabeth Eckford,Gloria Ray Karlmark,Melba Pattillo Beals,Thelma Mothershed-Wair,Ernest Gideon Green(en),Jefferson Thomas,Terrence Roberts(en) etCarlotta Walls LaNier(en)[49]. Afin que ces étudiants ne puissent accéder à l'établissement d'enseignement secondaire, le gouverneurOrval Faubus, mobilise laGarde nationale de l'Arkansas. Cette crise, qui va durer trois semaines, entre dans l'histoire sous le nom desLittle Rock Nine / lesNeuf de Little Rock[50],[51]. Le, le juge fédéral ordonne l'ouverture de laCentral High School aux Neuf, en vain, la Garde nationale et une foule hostile empêchent de nouveau l'entrée des adolescents[52]. Le,Martin Luther King alors président de laMontgomery Improvement Association(en), écrit auprésident Dwight D.Eisenhower pour qu'il puisse trouver une solution rapide au conflit[53], il est suivi parWoodrow Wilson Mann(en), le maire de Little Rock, favorable à la déségrégation qui lui aussi alerte la Maison-Blanche. Face à cette crise, le président Eisenhower négocie avec le gouverneurOrval Faubus et Woodrow Mann pour trouver une solution à l’amiable[54], mais les pourparlers aboutissent à une impasse. Le, Woodrow Mann envoie un télégramme au président Dwight Eisenhower pour qu'il fasse intervenir des troupes fédérales afin de faire appliquer la loi et d'user du recours à la force comme le prévoit le récentCivil Rights Act de[55],[56], télégramme dans laquelle il dénonce les agitateurs menés par un stipendié d'Orval Faubus, Jimmy Karam[57]
Le, le conflit connait un premier dénouement lorsque le président Dwight Eisenhower dessaisit le Gouverneur Faubus de toute autorité sur la Garde nationale. Il renvoie celle-ci à ses cantonnements et envoie la101e division aéroportée pour escorter et protéger les Neuf dans l'enceinte de laLittle Rock Central High School, dénouant ainsi le conflit. Cette décision majeure du président Eisenhower montre la volonté du pouvoir fédéral à en finir avec la ségrégation.
Discours de fin de mandat et dénonciation du complexe militaro-industriel
Dans son fameux discours de fin de mandat le 17 janvier 1961, quelques jours avant le terme de son deuxième et dernier mandat, le président sortant, âgé de soixante-dix ans, met notamment en garde son pays contre la montée en puissance d'un « complexe militaro-industriel », expression que le discours contribue à populariser[58].
Il n'abandonne pas complètement la politique. Son successeur, le démocrateJohn Fitzgerald Kennedy, reste en contact avec lui pendant lacrise des missiles. Par la voie téléphonique, il soutient l'acceptation de la concession réclamée par Khrouchtchev : le retrait des missiles nucléaires de Cuba en échange de la promesse de ne pas envahir l'île[59]. En, son ancien vice-président,Richard Nixon, estélu à la présidence après avoir échoué huit ans plus tôt à lui succéder,battu de justesse par Kennedy ; alors qu'il avait pris ses distances avec lui durant la campagne de 1960, Eisenhower en appelle à une nouvelle candidature de son ancien vice-président dès 1966 face à la fronde morale de la jeunesse envers les « valeurs » des États-Unis[60]. Il assiste deux mois plus tard au mariage entre son petit-filsDavid etJulie Nixon, fille du nouveauprésident élu.
Dwight D. Eisenhower passe la majeure partie de la dernière année de sa vie auWalter Reed Army Hospital deWashington, D.C. pour traiter ses problèmes cardiaques. Il y meurt le.
Il reçoit des funérailles militaires et des funérailles d'État à Washington, en présence de dignitaires de78 pays et de milliers d’anonymes, puis est enterré dans unechapelle funéraire auCentre Eisenhower aux côtés de son fils Doud Dwight.
Dwight David Eisenhower en 1952.Dwight David Eisenhower en 1956.Dwight David Eisenhower aux côtés du secrétaire d'ÉtatJohn Foster Dulles, le 14 août 1956.
: installation de Dwight D. Eisenhower en tant que trente-quatrième président des États-Unis.
: création du ministère de la Santé, de l’Éducation et de l’Assistance sociale.
16 avril : discoursChance for Peace adressé à l'Union soviétique
: Eisenhower signe la loi « sur les terres submergées » qui donne au gouvernement fédéral l’autorité sur les ressources économiques des eaux territoriales. C’est cette loi qui permet au gouvernement fédéral, et non aux différents États, d’attribuer des concessions d’exploitation de plates-formes pétrolières.
: Eisenhower annonce la conclusion d’uncessez-le-feu en Corée et la partition du pays en deux zones séparées par le38e parallèle.
: Eisenhower propose l’élargissement de la loi sur l’assurance maladie.
: Eisenhower signe une loi permettant d’admettre 241 000 réfugiés en plus du quota normal d’immigration.
: renversement, avec l'aide du Royaume-Uni, du gouvernement démocratiquement élu du premier ministre iranienMohammad Mossadegh (opérationAjax (officiellement TP-AJAX) exécutée par laCIA).
- : le sénateurJoseph McCarthy préside la commission destinée à éliminer les sympathisants communistes des forces armées.
avril- : les États-Unis refusent d’intervenir dans le conflitindochinois. La France se rend àDien-Bien-Phu le et la conférence de Genève entérine la partition du pays en deux zones.
: Eisenhower déclare que les États-Unis sont prêts à utiliser l’arme atomique en cas de conflit avec laChine communiste.
: Eisenhower participe à la première conférence des grandes puissances, États-Unis, France,Royaume-Uni et URSS à Genève. Il propose un droit de survol des installations militaires afin de promouvoir une confiance réciproque.
: Eisenhower annonce sa candidature à un second mandat présidentiel. Il tente en vain de convaincre Richard Nixon, son vice-président, de renoncer à être candidat.
: Eisenhower approuve le survol du territoire de l’URSS par des avions-espionU-2.
: Eisenhower signe leFederal Aid Highway Act of 1956(en) permettant au gouvernement fédéral de créer un réseau d’autoroutes entre les États. En principe ce réseau est destiné à faciliter les trajets entre bases militaires et l'évacuation des civils en cas de menaces nucléaires.
: Eisenhower est réélu président des États-Unis. Il bat le candidat démocrate Adlai Stevenson avec plus de9 millions de voix d’avance mais les démocrates restent majoritaires au sein du Congrès.
: Eisenhower définit sa politique à l'égard duMoyen-Orient : cette « doctrine Eisenhower » accorde un soutien économique aux États opposés à l’expansion des régimes communistes.
: début officiel du second mandat de David D. Eisenhower.
Eisenhower félicite le nouveau président, John Kennedy (décembre 1960).
: un avion-espionLockheed U-2 est abattu alors qu’il survole l’URSS, entraînant l’annulation de la réunion des grandes puissances prévue à Paris deux semaines plus tard.
:John F. Kennedy, candidat du Parti démocrate, gagne les élections présidentielles contre le vice-président Richard Nixon.
Ses discours politiques et divers messages pendant qu'il était président des États-Unis sont consultables sur le site de la bibliothèque de l'université du Michigan consacré aux discours présidentiels[68].
Dwight D. Eisenhower était joueur de golf[76]. Il est entré auAugusta National Golf Club en 1948. Pendant sa présidence, il a fait installer un coin de golf à Camp David. Le président du club d'Augusta,Clifford Roberts, est devenu son conseiller personnel en gestion de fortune et en fiscalité des revenus[77],[78],[79],[80].
Lapeinture l'a occupé à partir de son séjour à l'Université de Columbia. En20 ans, il a réalisé 260peintures à l'huile, principalement despaysages, mais aussi desportraits tels que ceux de Mamie Doud, de ses petits-enfants, de George Washington ou d'Abraham Lincoln[81],[82],[83].
Doté d'une excellente mémoire, il était très bon dans les jeux de cartes. À West Point, il battait systématiquement ses camarades au poker[84], mais il a cessé de jouer après son diplôme à cause des conflits avec les camarades qui avaient des dettes vis-à-vis de lui[85].
Il a appris lebridge à West Point, où il lui est arrivé de jouer presque toutes les nuits pendant4 mois. Il a continué à jouer au bridge toute sa vie. Aux Philippines, il jouait souvent au bridge avec le présidentManuel Quezón[86]. Pendant la2e guerre mondiale, il privilégiait le recrutement de bridgeurs dans son état-major. Son partenaire favori a été le généralAlfred Gruenther, réputé être le meilleur bridgeur de l'armée, dont il avait fait son adjoint au commandement de l'OTAN[87]. Pendant sa présidence, le samedi soir était consacré au bridge. Le champion de bridgeOswald Jacoby[88],[89], qui était régulièrement invité à la Maison Blanche, disait qu'il était un excellent joueur, meilleur au bridge qu'au golf[90]. Au bridge, Eisenhower était un partenaire sérieux et très exigeant, ce qui explique que Mamie et leur fils John, pourtant bridgeurs, ne voulaient pas jouer avec lui[91].
Entre 1942 et 1945, Dwight D. Eisenhower avait comme secrétaire personnelle et commechauffeur la capitainebritanniqueKay Summersby[92], avec laquelle on lui a prêté une possibleliaison amoureuse, sans que cela ait pu être pendant longtemps établi. Mais Kay Summersby, alors qu'elle est atteinte d'un cancer, écritPast Forgetting: My Love Affair With Dwight D. Eisenhower, qui est publié à titre posthume en 1976 et dans lequel elle reconnaît qu'il y avait eu entre eux une relation amoureuse, sans en donner la nature exacte[93],[94],[95].
DansCall of Juarez : Gunslinger, une des deux fins révèle que Dwight, un des personnages écoutant les histoires de Silas Greaves est Eisenhower avant qu'il ne quitte Abilene pour poursuivre ses études.
↑Owen, David (1999).The Making of the Masters: Clifford Roberts, Augusta National, and Golf's Most Prestigious Tournament, Simon and Schuster,(ISBN0684857294).
François Boulet,De Gaulle et Eisenhower. Anthologie, Rambouillet, SHARY, 2022, 258 p. [Société Historique et Archéologique de Rambouillet et de l'Yveline, Mémoires et Documents, Hors Série]