Cet article concerne la langue doungane. Pour le peuple doungane, voirDounganes.
Ledoungane (doungane :Хуэйзў йүян,Xuejzw jyjan ;xiao'erjing :حُوِظُ يُوْيًا ;russe :дунганский язык,dounganski iazyk ;chinois simplifié :东干语 ; chinois traditionnel :東干語 ; pinyin :Dōnggān yǔ) est une langue chinoise généralement considérée comme étant un dialecte dumandarin, parlée par lesDounganes (appelésHui en Chine) enAsie centrale. Il est généralement écrit avec unalphabet cyrillique, mais il était à l'origine écrit enalphabet arabe.
La langue doungane est parlée essentiellement auKirghizistan, et dans une moindre mesure auKazakhstan, enOuzbékistan, et enRussie. Le groupe ethnique des Dounganes est issu de descendants de réfugiés de Chine qui ont émigré vers1860 enAsie centrale[2]. La langue est pratiquée dans les systèmes scolaires. À l'époque de l'Union soviétique, il existait divers livres publiés permettant d'étudier la langue doungane, dont un dictionnaire russo-doungane (14 000 mots), un dictionnaire dougano-russe, des monographiesphilogiques relatives à la langue, et des livres en doungane. Le premier journal en doungane fut publié en 1932, et continue de paraître de nos jours sous édition hebdomadaire.
Selon les recensements soviétiques des années 1970 à 1989, les Dounganes parvinrent à maintenir la pratique de leur langue mieux que d'autres minorités ethniques en Asie centrale. La proportion de Dougane pratiquant cette langue en tant que première langue a cependant chuté depuis la fin de l'Union soviétique.
En sa structure de base et son vocabulaire, la langue doungane n'est pas très différente des autres dialectes dumandarin, et en particulier desdialectes mandarins parlés dans les provinces duShaanxi et deGansu, connus sous l'appellation demandarin Lan Yin. Comme les autreslangues chinoises, le doungane est unelangue tonale. Il existe deux dialectes principaux, l'un utilisant 4 tons et l'autre 3. Ce dernier est généralement considéré comme la variante standard.
Lesbasilectes du mandarin du Gansu et du Shaanxi et du doungane sont largement intercompréhensibles. Cependant, même au niveau du vocabulaire de base, le doungane comprend de nombreux mots qui ne sont pas présents dans les autres dialectesmandarin, dont certainsemprunts lexicaux d'originearabe ouperse, aussi bien que du vocabulaire archaïque de ladynastie Qing[4].
De plus, lesacrolectes du doungane et du mandarin du Gansu et du Shaanxi ont divergé de façon significative en raison de l'environnement spécifique qui influence ces langues. Au cours duXXe siècle, les traducteurs et les intellectuels ont introduit de nombreux néologismes etcalques dans la langue chinoise, notamment concernant des concepts techniques ou politiques. Cependant, en langue doungane, coupée des références habituelles des langues chinoises par des barrières orthographiques, les noms de ces concepts ont généralement été empruntés à lalangue russe avec laquelle les lettrés ont davantage été en contact. Les équivalents de ces termes en langage chinois sont dès lors peu compris par des locuteurs douganes[5].
La langue doungane est unique en ce sens qu'elle est la seule variété delangue chinoise s'écrivant par défaut (et non en tant quecyrillisation) enalphabet cyrillique, et non encaractères chinois. Les Dounganes à l'origine sont des descendants desmusulmansHui qui écrivaient leur langue avec un système basé sur l'alphabet arabe, connu sous le nom deXiao'erjing. À l'avènement de l'Union soviétique, toutes les écritures en alphabet arabe furent bannies du territoire à la fin desannées 1920, ce qui mena la langue doungane àêtre écrite enalphabet latin. Celui-ci fut lui-même délaissé dès les années 1940 avec la promulgation de l'alphabet cyrillique dans lesannées 1940. Le Xiao'erjing est maintenant considéré comme éteint chez les Dounganes, mais serait encore utilisé par certaines communautés Hui.
Le système d'écriture est basé sur la variante à 3 tons. Les marqueurs de ton ou les nombres associés n'apparaissent généralement pas en l'écriture elle-même, mais les tons sont indiqués dans les dictionnaires.
Il existe divers livre écrits en langue doungane, dont des romans, des collections de légendes traditionnelles ou traduites, de la poésie, des dictionnaires russo-doungane et dougano-russe, un dictionnaire étymologique, généralement publiés auKirghizistan. Les tirages sont généralement limités à quelques centaines d'exemplaires. Un journal est également publié de façon hebdomadaire.
Les œuvres du poète doungane Yasir Shiwaza (Iasyr Shivaza) ont été traduites enrusse,mandarin standard, et plusieurs autres langues, dont en certaines éditions étrangères à un nombre sensiblement plus important qu'en doungane. Certaines des traductions anglaises et chinoises, avec le texte original doungane, sont disponibles dans l'ouvrage de S. Rimsky-Korsakoff (1991).
- (en) Svetlana Rimsky-Korsakoff Dyer, « Soviet Dungan: The Chinese language of central Asia: alphabet, phonology, morphology. » Asian Studies Research Institute,Indiana University, 1967.
- (en) Svetlana Rimsky-Korsakoff Dyer, « Iasyr Shivaza: The Life and Works of a Soviet Dungan Poet », 1991(ISBN 3631439636). (Contains a detailed bibliography and ample samples of Shivaza works', some in the original Cyrillic Dungan, although most in a specialized transcription, with English and sometimes standard Chinese translations).