Dorothée Dussy, née le, est uneanthropologuefrançaise, directrice de recherche auCNRS, et depuis 2023, directrice Centre Norbert Elias (UMR 8562 - CNRS/Université d'Aix-Marseille/Université d'Avignon).
Elle travaille sur les rapports dedomination dans différents contextes. Une partie de ses travaux porte sur la pratique de l’inceste dans les famillesoccidentales.
Dorothée Dussy a décrit comment la sexualité avec des enfants de la famille est finalement courante et quelquefois tolérée dans les familles en Occident, malgré l’interdit légal, social et moral. Cette recherche a contribué à penser anthropologiquement l’espace domestique et la famille, l’incorporation de la grammaire sociale, la violence comme rapport social, le consentement.
L'inceste est répandu dans les pays occidentaux. 5 à 10 % des enfants en seraient victimes[1], ce qui représente près de six millions de personnes en France, et donc quantité d’incesteurs :« pour incester des millions d’enfants, il faut du monde »[2]. Dorothée Dussy défend l'idée que le phénomène de l'inceste est structurel, et remet en cause l'existence d'untabou de l'inceste : ce n'est pas l'interdit de l'inceste qui structure la société, mais le silence sur ce sujet[3],[4]. Cet ordre social est lié à une forme de complaisance vis-à-vis de la domination masculine qui est à l'œuvre dans l'inceste (l’immense majorité des incesteurs étant des hommes)[5]. La famille s'accommode de l'inceste, protège l'incesteur en sacrifiant l'enfant, jusqu'au moment où le silence est brisé, comme l'illustre l’affaireOlivier Duhamel[2].
Dans l’ouvrageLe Berceau des dominations (2013)[6],[7], elle restitue l’enquête qu’elle a menée auprès d’hommes condamnés pour inceste, et auprès d’incestés et de leur entourage. En avril 2021, l'ouvrage est réédité en format poche aux éditions Pocket, avec une préface deCharlotte Pudlowsky, créatrice du podcast consacré à l'incesteOu peut-être une nuit[2].
Elle est une des fondatrices de l'AREVI : Association d’Action/Recherche et Échange entre les Victimes d’Inceste[8].
La démarcheécoféministe et pour lesdroits des enfants de Dorothée Dussy, qui articule la dénonciation dusexisme et de ladomination adulte, de laprédation de la nature et l'anticapitalisme, est le cadre d’analyse des recherches qu’elle a entamées sur l’apiculture. Elle a publié en 2019, en collaboration avec Elsa Faugère, un ouvrage sur la relation entre les humains et les abeilles[10], et figure dans un ouvrage collectif sur le même sujet[11].
Dorothée Dussy et Francine Fourmaux (dir),Aux Limites de soi les autres. Enquêtes en sciences sociales, Aix-en-Provence, Persée,, 199 p.(ISBN978-2-35216-859-1)
↑a etbRaphaëlle Leyris, « Dorothée Dussy, anthropologue : « Il y a toujours autant d’articles de loi qui profitent aux incesteurs » »,Le Monde.fr,(lire en ligne, consulté le)
↑Alice SophieSarcinelli, « Analyse croisée de deux ouvrages de Dorothée Dussy : L’inceste, bilan des savoirs et Le berceau des dominations. Anthropologie de l’inceste, Marseille, La Discussion, 2013 »,Genre, sexualité & société,(ISSN2104-3736,lire en ligne, consulté le)
↑Yeun L-Y, « Dorothée Dussy : Le berceau des dominations. Anthropologie de l'inceste, livre 1 »,Nouvelles Questions Féministes,(lire en ligne)
↑DorothéeDussy, « Noumea et les squats, de la construction urbaine coloniale aux occupations océaniennes spontanées »,thèse, Paris, EHESS,(lire en ligne, consulté le)
↑« « La Culture de l’inceste », sous la direction d’Iris Brey et Juliet Drouar : l’inceste, notre responsabilité collective »,Le Monde.fr,(lire en ligne, consulté le)