La famille paternelle de Donald Rumsfeld est originaire deWeyhe enAllemagne et c'est son arrière-grand-père Johann Heinrich Rumsfeld qui décide d'émigrer enAmérique du Nord en1876.
Surnommé à l'époque « leJFK républicain »[1], il est constamment réélu jusqu'à son entrée dans l'administration deRichard Nixon en1969 à la présidence d'un organisme chargé de la lutte contre la pauvreté.
En1977, Donald Rumsfeld rejoint le secteur privé comme dirigeant du groupe pharmaceutiqueG.D. Searle, basé à Skokie (Illinois). C'est à l'époque où il était chef de cabinet de la Maison-Blanche que Searle avait reçu l'agrément de laFood and Drug Administration pour l'exploitation commerciale de l'aspartame. La commercialisation de ce produit sous le nom deNutraSweet permit à la société Searle d'engranger, sous la direction de Donald Rumsfeld, de substantiels bénéfices. La vente de Searle à la compagnieMonsanto lui aurait rapporté la somme de 12 millions de dollars[2].
En raison de ce possible conflit d'intérêts, leUS Government accountability office (US GAO), qui est l'organe d'inspection et de contrôle du Congrès américain, a diligenté une enquête en 1987 sur les conditions dans lesquelles l'aspartame avait reçu son autorisation de mise sur le marché. Le rapport, rendu public, a conclu que l'examen du dossier de l'aspartame par la Food and Drug administration ne présentait pas d'irrégularité et que les suspicions à l'encontre de Donald Rumsfeld n'étaient pas fondées[3].
Donald Rumsfeld avec Saddam Hussein en 1983.
En1981, en dépit du retour des républicains au pouvoir, l'hostilité du vice-président Bush l'empêche de retrouver des fonctions gouvernementales.
En1988, il renonce à participer aux primaires républicaines pour la succession de Ronald Reagan et laisse le champ libre àGeorge H. W. Bush.
Sa traversée du désert commence alors et continue sousBill Clinton, qui lui confie pourtant, en1998, la présidence d'une commission chargée d'étudier les projets dedéfense antimissile.
Il dirige également une commission du Congrès sur les « États voyous » qui conclut que la CIA était incapable d'obtenir des informations sur ces nouvelles menaces.
Il est président et directeur général de laGeneral Instrument Corporation de 1990 à 1993. Il est également de 1997 à 2001 président du laboratoire pharmaceutiqueGilead Sciences[5] En 2005, il détient encore dans cette entreprise des actions d'une valeur estimée entre 5 et 25 millions de dollars[5].
SelonNicole Bacharan etDominique Simonnet, cette nomination de Donald Rumsfeld au poste de secrétaire à la Défense par George Bush fils pourrait d'ailleurs passer pour une révolte de ce dernier contre son père[6].
Il arrive avec un projet de modernisation des forces armées en misant sur lestechniques de pointe, mais, en peu de temps, il déclenche l'hostilité d'une bonne partie des états-majors et de leurs alliés au Congrès.
Il dirige les campagnes américaines contre les gouvernements de gauche parvenus au pouvoir en Amérique latine[7].
Il devient l'homme de laguerre en Afghanistan, chargé d'organiser l'offensive générale contre le terrorisme.
Son nouveau rôle, sa forte popularité et l'augmentation impressionnante des crédits militaires lui permettent de procéder à la modernisation de l'outil de défense.
C'est également dans le cadre de l'après-11 septembre mais également de la guerre interne menée par le vice-président,Dick Cheney, contre laCIA, l'Agence centrale de renseignement, que Donald Rumsfeld procède à la création du Bureau des projets spéciaux (Office of Special Plans), placé sous l'autorité directe dePaul Wolfowitz, son secrétaire adjoint et géré par le sous-secrétaire à la Défense,Douglas Feith(en). C'est à ce bureau qu’est par la suite reproché d'avoir inventé la menace des « armes de destruction massive » irakiennes et d'avoir sciemment fourni de fausses informations. Il est fermé depuis.
George W. Bush et Donald Rumsfeld le, jour de l'annonce de sa démission.
SelonJeremy Scahill,« le mandat de Donald Rumsfeld comme secrétaire à la Défense connaîtra une fin peu glorieuse. Depuis quelques mois, huit généraux à la retraite (...) mènent avec des parlementaires (...) une campagne pour obtenir sa démission ». Certains lui reprochent la détérioration de la situation en Irak, d'autres, les mauvais traitements aux détenus d'Abou Ghraib[10].
Le, le président des États-UnisGeorge W. Bush accepte et annonce la démission de Donald Rumsfeld au lendemain de la victoire desdémocrates lors des élections de mi-mandat. Le président a proposé au Sénat l'ancien directeur de laCIA,Robert Gates, pour lui succéder.
Après une tournée d'adieu auprès des soldats américains en Irak, la passation de pouvoir avec son successeur a lieu le.
De janvier 1997 jusqu'à ce qu'il devienne secrétaire à la Défense en janvier 2001, Donald Rumsfeld était président duconseil d'administration deGilead Sciences qui a développé leTamiflu, utilisé dans le traitement de lagrippe aviaire. D'après le numéro du du magazineFortune, Donald Rumsfeld aurait possédé à cette époque entre 5 et 25 millions de dollars d'actions dans la société[14]. À la suite de cette révélation, le journalLibération rapporte qu'il « a indiqué avoir déjà pensé vendre ses actions en début d'année, lorsque la question d'une pandémie possible commençait à se poser. Puis, après avoir consulté le Comité d'éthique du Sénat, les services juridiques de la Maison-Blanche et le département de la Justice, il avait décidé de ne pas vendre et de s'abstenir de toute participation aux décisions concernant la grippe aviaire[réf. souhaitée].
Les lourdes difficultés de l'occupation militaire qui s'ensuivirent sont beaucoup reprochées à Donald Rumsfeld, notamment le fait de ne pas avoir engagé suffisamment de moyens en termes de soldats et de matériel militaire. Et ceci en dépit des estimations des besoins effectuées par les militaires comme le généralEric Shinseki, chef d'état-major de l'armée de terre[réf. nécessaire].
Le scandale de la torture à laprison d'Abou Ghraib le met sur la sellette. Plusieurs élusrépublicains oudémocrates exigent sa démission, mais le président Bush lui maintient sa confiance et il conserve son poste après la réélection de George W. Bush en novembre2004.
Dans ce cadre, cinqplaintes pour mauvais traitements ettortures ont été déposées contre lui. Deux l'ont été enAllemagne et n'ont pas abouti, ni celles déposées enArgentine et enSuède. Une autre, déposée aux États-Unis par un groupe de prisonniers ou d'anciens prisonniers des centres de détention d'Abou Ghraib et deGuantanamo n'a pas abouti au motif que les plaignants n'étaient pas de nationalité américaine.
Le, la dernière plainte a été déposée contre lui auprès du parquet de Paris par quatre associations de défense desdroits de l'homme (laFédération internationale des ligues des droits de l'homme, la Ligue française pour les droits de l'homme et du citoyen, le Center for constitutional rights, le European center for constitutional and human rights) alors qu'il était àParis, invité d'honneur de la revueForeign Policy, aucercle de l'Union interalliée. Les plaintes invoquent lacompétence universelle de la justice française (prévue par l'article 5.2 de la Convention contre la torture, que la France a ratifiée et l'article 689-1 duCode de procédure pénale) pour le crime de torture, dès lors que l'auteur présumé des faits se trouve sur le territoire de la République. L’article 221-1 du Code pénal prévoit que de tels actes sont punissables de 15 années de réclusion criminelle[15]. Le parquet de Paris a alors confirmé que « la plainte était en cours d'examen » et devait vérifier si elle était recevable[16].
Plus largement, il apparaît que Donald Rumsfeld a en fait modifié plusieurs règlements afin de légaliser la torture par des agents américains, quand elle est pratiquée sur des suspects de terrorisme[17], sans pour autant que cette notion soit définie légalement.
Donald Rumsfeld est assurément l'un des principaux architectes de la bureaucratie de la torture mise en place dans la foulée du 11 septembre, mais son départ n'aura pas grand effet sur les pratiques et les programmes qu'il a contribué à définir[10] et qui continueront à fonctionner en l'état sous l'administrationObama.
Andrew Cockburn,Caligula au Pentagone : Rumsfeld, les néoconservateurs et le désastre irakien (traduit de l'anglais par Fred Hissim), Xenia éditions, Vevey, 2007, 288 p.(ISBN978-2-88892-046-5) – Titre anglais :Rumsfeld: His Rise, Fall, and Catastrophic Legacy, paru en 2007 chez Scribner.