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Genre artistique | Essais, dialogues |
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Dominique Bouhours, né le àParis où il est mort le, est unprêtrejésuite,grammairien,biographe et apologistefrançais.
Se voulant continuateur deVaugelas, il a exercé une influence non négligeable sur des auteurs tels queBoileau,La Bruyère etRacine, qui lui envoyait ses pièces à corriger. D'autres lui ont reproché son espritpuriste.
Il entre à l'âge de16 ans chez les jésuites. Il fera ses humanités à Paris puis sa rhétorique à Tours. Sa formation terminée il est envoyé pour enseigner les humanités aucollège de Clermont à Paris et devient pour un temps le précepteur des fils du duc de Longueville et dumarquis de Seignelay, fils deColbert[1].
Sa carrière littéraire commence en 1668. Et sa vie comme ses ouvrages seront désormais partagés entre l'Église et le monde : d'un côté les œuvres pieuses et les polémiques contre lesjansénistes, de l'autre les recueils de vers et les dissertations savantes sur le beau style. Il fréquenta beaucoup lessalons littéraires de son époque[2], dont celui deGaspard de Fieubet.
Les Pensées chrétiennes pour tous les jours de la semaine (1669) sera son véritable best-seller. L'ouvrage sera traduit en diverses langues y compris le turc en 1827 et le chinois en 1917[1].
Plusieurs de ses ouvrages sont consacrés à la défense desRemarques sur la langue française de Vaugelas et à l'éloge du français. Dans la deuxième partie de sesEntretiens d'Ariste et d'Eugène, livre violemment attaqué parJean Barbier d'Aucour dans sesSentiments de Cléante sur les Entretiens d'Ariste et d'Eugène mais qui connaîtra un vif succès dans toute l'Europe jusqu'à laRévolution, il écrit par exemple : « De toutes les prononciations, la nôtre est la plus naturelle et la plus unie. LesChinois et presque tous les peuples de l’Asie chantent ; lesAllemands râlent ; lesEspagnols déclament ; lesItaliens soupirent ; lesAnglais sifflent. Il n’y a proprement que les Français qui parlent. » Et encore : « Il n’y a guère de pays dans l’Europe où l’on n’entende le françois et il ne s’en faut rien que je ne vous avoue maintenant que la connaissance des langues étrangères n’est pas beaucoup nécessaire à un François qui voyage. Où ne va-t-on point avec notre langue ? » Aussi, dans saManière de bien penser, il revient longuement sur l'universalité de la langue française et la supériorité de l'esprit français, thèmes qui feront un siècle plus tard le bonheur deRivarol et de ses émules.
Son ouvrageDoutes sur la langue française (1674) a été sévèrement critiqué par le grammairienMénage. Cela n'a pas empêché sa renommée de s'étendre, bien au contraire. Bouhours se présentait comme « le maître à penser et à écrire de sa génération » et « était lié avecBoileau,La Fontaine etRacine, dont il corrigeait les pièces[4] ». Près de deux siècles plus tard, dans sesContemplations,Victor Hugo critiquera violemment Bouhours pour avoir contribué à imposer à la langue le carcan du bon usage :
Les écrits de Bouhours sont toutefois précieux pour l'éclairage qu'ils fournissent sur les idées du temps et la sagacité avec laquelle celui-ci identifie les mots pourvus d'une nouvelle acception ainsi que les mots à la mode[5].
Une anecdote veut qu'au moment de sa mort, il ait déclaré : « Je m'en vais, je m'en vas, l'un ou l'autre se dit, l'un ou l'autre se disent[6]. » Mais ces dernières paroles sont également attribuées àVaugelas, et Georges Doncieux y voit« une sottise, bonne pour orner les almanachs »[7].