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Dilbert est uncomic strip satiriqueaméricain qui met en scène le monde de l'entreprise au travers de son personnage principal, Dilbert, uningénieur informaticien.
Cette bande dessinée, créée parScott Adams, paraît ensyndication dans les journaux à partir du. En découlent également plusieurs livres, une série téléviséeDilbert et de nombreux produits dérivés. Puis les journaux cessent de la diffuser fin février 2023 à la suite de propos jugés racistes de l'auteur.
Le succès deDilbert tient à sa description aiguisée du monde de l'entreprise, dépeint par l'auteur comme un monde bureaucratiquekafkaïen. Le chef a le pouvoir mais pas les compétences, et les employés sont compétents mais n'ont aucun pouvoir. Ce monde illustre leprincipe de Dilbert, version aggravée duprincipe de Peter, qui s'énonce ainsi : « Les gens les plus incompétents sont systématiquement affectés aux postes où ils risquent de causer le moins de dégâts : ceux de managers. »
Les chefs (leBoss à tête de pioche, sans nom, ainsi queCatbert leDRH) sont despotiques, emploient en permanence un vocabulaire qu'ils ne maîtrisent pas (entre autres le mot« paradigme »), essaient naïvement de le cacher (Boss à tête de pioche) ou ne font cyniquement rien pour le cacher (Catbert). Les conseillers (Dogbert) sont machiavéliques et intéressés. Les collègues de travail sont paresseux (Richard), naïfs (Asok) ou peu coopératifs (Alice). Les stagiaires et vacataires sont exploités sous le regard amusé des employés réguliers. Les prestataires sont très loin et totalement incompétents (les Zalbanais).
Tout employé d'une grande société retrouve avec un amusement mêlé de consternation de nombreux aspects de sa vie de bureau dans la sérieDilbert.
L'environnement de Dilbert est l'étroit cadre d'un bureau paysagé à l'américaine, agrémenté de notes de services, de crânes d'œuf[1] stressés ayant perdu tout contact avec la réalité, de lubies de chefs, de projets dérapant totalement, voire pouvant aller jusqu'à menacer sérieusement l'intégrité physique des clients finaux.
L'observation et l'analyse sont si fines qu'on pourrait aller jusqu'à utiliser les dessins de Dilbert pour illustrer de véritables cours de management. C'est d'ailleurs sous cet angle de manuel managérial que se présentent la plupart des albums. De plus, ils sont présentés comme tirés de faits réels, issus d'une vaste correspondance spontanée, envoyés parcourriel par de nombreux fans dans le monde.
Le style de Scott Adams est un humour à froid, elliptique, caractérisé par une grande économie de moyens au niveau graphique et des mots.Litotes, sous-entendus etprivate joke, qui ne font rire que des initiés, sont à la base de cette forme d'humour très spéciale, qui peut être difficile et longue à expliquer à quiconque ne connaît pas bien l'univers du travail de bureau.
Un précurseur moins caustique et plus débonnaire l'avait précédé dans le genre : le dessinateur britanniqueFrank Dickens et son employé résignéBristow. Une variante française pittoresque est celle desCybériens deFrançois Cointe dansLe Monde informatique. Citons égalementLe Boss deBercovici, aussi incompétent qu'un boss dilbertien, même si la technologie y a un rôle plus restreint.
En 2006,Sébastien Gnaedig etPhilippe Thirault publient la bande dessinée francophoneUne épaisse couche de sentiments dont les héros sont, commeCatbert, de cyniques responsables des ressources humaines et matérielles.
D'aprèsPatrick Gaumer[2],Dilbert constitue« un véritable phénomène de société » qui« révolutionne en douceur le petit monde ducomic strip ». En 2009,Dilbert est diffusé dans 65 pays et 25 langues via 2 000 périodiques et les recueils parus s'élèvent à 10 millions d'exemplaires. En France, le journalLibération publieDilbert depuis le.
En 2023, après qu'Adams a publié une vidéo contenant des commentaires largement qualifiés de racistes, de nombreux journaux indépendants cessent de publier Dilbert et son distributeur, Andrews McMeel Syndication (qui possède GoComics) l'abandonne également[3],[4]. Le 13 mars 2023, Adams relance la bande dessinée commewebcomic sur Locals sous le nom deDaily Dilbert Reborn[5].
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