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Nom de naissance | Dennis Emmanuel Brown |
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Naissance | Kingston, ![]() |
Décès | (à 42 ans) Kingston, Jamaïque |
Activité principale | Auteur-compositeur-interprète,musicien,producteur de musique |
Genre musical | Reggae |
Instruments | Chant,guitare |
Années actives | 1969–1999 |
Labels | Studio One, Move and Groove, Crystal,Trojan Records,EMI,Atlantic,WEA,A&M, Blue Moon,Greensleeves,Taxi, VP Records, Heartbeat Records |
Dennis Emmanuel Brown est unauteur-compositeur-interprète jamaïcain de reggae, né le1er février1957 àKingston (Jamaïque) et décédé le1er juillet1999 dans la même ville.
Dennis Emmanuel Brown naît le au Jubilee Hospital deKingston. Il grandit sur Orange Street[1], au cœur de l’activité musicale jamaïcaine. Son père, Arthur Brown, est scénariste et acteur de théâtre et de la télévision. Son frère, Basil Brown, joue le personnage deMan Man dans la très populaire série radiophoniqueLife in the Hopeful Village[2].
Dennis commence à chanter dès l'âge de cinq ans[2] et fréquente l'Alpha Boys' School de Kingston[3]. En 1966, alors qu'il n'a que neuf ans, il donne son premier concert, à l’école pour filles de Woolmers High[4]. À onze ans, il rejoint le groupe The Fabulous Falcons, dans lequel figurent Cynthia Richards, Scotty et Noel Brown[1].Byron Lee le remarque lors duWest Kingston Charity Ball au National Arena de Kingston et l'emmène en tournée à travers l'île avec ses Dragonaires[5]. Le jeune Dennis apparaît également en première partie deMiriam Makeba et Adam Wade[5]. Grâce à Byron Lee, il rencontreDerrick Harriott pour qui il enregistre une de ses compositions,Lips of Wine. Le producteur ne sort pas tout de suite le single, Dennis s'impatiente et décroche une audition auStudio One deClement « Sir Coxsone » Dodd en1969[4].
Studio One est alors le lieu le plus important de la production musicale jamaïcaine. En deux jours[6], Dennis y enregistre une trentaine de titres. Son premier single, une reprise des Van Dykes intituléeNo Man Is An Island sort en fin d'année et suscite peu d'intérêt pendant plusieurs mois, mais devient peu à peu un grand succès. Dans la foulée de ce tube, Coxsone produit en 1970 plusieurs singles issus de la même session, tels queNever Fall in Love,Love Grows etYour Love is Amazing, puis compile les morceaux que Dennis a enregistré pour lui sur deuxLP :No Man Is An Island etIf I Follow My Heart.
En1971, Dennis Brown quitte Studio One et rencontre à nouveau le succès avec le titreBaby Don't Do It, produit par Lloyd the Matador. À quatorze ans, on le surnomme alors « Wonder Boy »[5]. Pendant deux années, il collabore avec les meilleurs producteurs de l'île, tels queAlvin Ranglin,Joe Gibbs, Lloyd Daley,Vincent « Randy » Chin et son filsClive,Dennis Alcapone,Bunny Lee,Herman Chin-Loy et Munchie Jackson. En parallèle de sa carrière solo, il continue de chanter au sein des Fabulous Falcons, mais également avec le groupeThe Soul Syndicate.
En1972 sort le singleIf I Had the World, produit parPrince Buster. La même année, il reprend leBlack Magic Woman deFleetwood Mac pourPhil Pratt, qui produit également les titresLet Love In etWhat About The Half. En juin, il se produit au National Arena de Kingston avec Junior Walker and the All Stars etNina Simone[2]. En septembre, il place cinq singles dans les charts jamaïcains, dont deux dans le top 10 (l'un est en première place)[2]. Cette année-là, il rafle trois prix du chanteur le plus prometteur de l'île[2]. À la fin de l'année, il retourne travailler avecDerrick Harriott, qui produit son albumSuper Reggae and Soul Hits, où se côtoient titres originaux et reprises. L'album est un gros succès dans l'île[4]. En1973, il coproduit avec Sydney Crooks un album intituléSuperstar et adhère à la communauté rasta desDouze tribus d'Israël[6].
En1974, il enregistre pourJoe Gibbs etWinston « Niney The Observer » Holness, puis part pour l'Angleterre afin de participer au prestigieux Jamaican Showcase National Tour avec lesMaytals,Dennis Alcapone, Cynthia Richards et Skin, Flesh and Bones. L'accueil du public est tellement bon qu'il décide d'enchaîner sur une tournée anglaise de trois mois accompagné par le groupe londonienThe Cimarons[7], alors qu'en Jamaïque sortent les albumsJust Dennis (dans lequel il affirme sa toute nouvelle foi rasta), produit par Niney, etThe Best of Dennis Brown, produit par Gibbs. De retour en Jamaïque, à l'été1975, il reprend sa collaboration avec Niney, qui produit l'année suivante l'albumDeep Down et sa versiondub,Sledgehammer Dub in the Streets of Jamaica, alors que le singleHave No Fear est un énorme succès populaire.
En1977 paraissent deux albums, qui deviendront les disques les plus célèbres de Dennis Brown. Le premier,Visions of Dennis Brown, sort en février sur le label de Joe Gibbs. Au Royaume-Uni, bien qu'il soit uniquement disponible en import pendant plus d'un an, donc plus cher que le prix standard, l'album reste vingt mois dans les charts reggae.Wolf and Leopards, qui inaugure en le propre label de Dennis Brown, DEB (ses initiales), qu'il vient de créer, réitère presque l'exploit de son prédécesseur en restant presque un an dans les charts britanniques de reggae. Les Jamaïcains, déçus par l'exil londonien deBob Marley et par ses albums au son trop« rock » pour eux, donnent au jeune Dennis Brown (vingt ans seulement et déjà neuf albums) le titre de« Prince couronné du reggae » (Crown Prince of Reggae). Il devient la coqueluche de l'île. Même le roi du reggae le cite comme son chanteur favori. Désormais producteur grâce à son label DEB, Dennis Brown fait profiter de sa renommée ses amis tels queAl Campbell,Gregory Isaacs etJunior Delgado.
En 1978, il enregistre pour Joe Gibbs une nouvelle version de son titre de 1972Money In My Pocket, qui sort en Angleterre pour leCarnaval de Notting Hill et obtient un immense et immédiat succès, grimpant jusqu'à atteindre la quatorzième place des charts anglais en mars 1979[8]. Pour le chanteur, ce tube est la percée qu'il attendait pour rattraper Bob Marley au niveau international. Pour profiter de ce succès, il emménage à Londres[9], sort sa première compilation (Westbound Train) et réédite dès l'année suivanteDeep Down sous le nom deSo Long Rastafari. Il enregistre également les albumsWords of Wisdom (Joe Gibbs) etJoseph's Coat of Many Colours (DEB), qui ne rencontrent pas le succès escompté. De même, l'année suivante,Spellbound ne se vend pas assez. En fait,Money in My Pocket aura plutôt été l'apogée de sa carrière et le point de départ d'un long déclin.
Dennis Brown signe avecA&M Records, emménage à Londres et fonde un nouveau label,Yvonne's Special (du nom de sa femme). De son contrat avec A&M résultent trois albums internationaux qui flirtent avec la pop et inquiètent son public (Foul Play,Love Has Found Its Way etThe Prophet Rides Again). La musique jamaïcaine a changé et il semble que le chanteur ait du mal à trouver sa place. Pourtant ses albums auto-produits (More et son discomixStagecoach Showcase,Yesterday, Today and Tomorrow,Satisfaction Feeling,Wake Up et surtoutRevolution), qui ne sortent qu'en Jamaïque, se maintiennent à un niveau honorable, grâce aux rythmiques numériques que lui composentSly and Robbie.
En1985, il cesse de s'auto-produire et fait appel aux producteursPrince Jammy (History etSlow Down), Sly and Robbie (Brown Sugar) puis Delroy Wright (Hold Tight). Peu convaincu, le public raconte qu'il aurait sombré dans la drogue[3]. Quelques années plus tard, c'est même sa foi rasta qui sera remise en question (lorsqu'il commencera à porter des boucles d'oreilles[10]).
Durant l'été 1989, il revient sur le devant de la scène grâce au duo avecGregory IsaacsBig All Around, produit parGussie Clarke[9]. En1991, il crée la surprise avec un album qui sort du lot :Victory is Mine, produit par Leggo Beast. Durant lesannées 1990, il continue d'enregistrer un à deux albums par an, sans plus jamais retrouver le niveau et le succès des années 1970. Il se produit régulièrement sur la scène du FestivalReggae Sunsplash, àMontego Bay[11].
En mai 1999, au cours d'une tournée avecGregory Isaacs,Max Romeo et Lloyd Parks[11], il est arrêté au Brésil pour possession de drogues[12]. À son retour, il tombe malade et souffre de troubles respiratoires. Le 30 juin, il est hospitalisé en urgence au University Hospital de Kingston pour un arrêt cardiaque. Il meurt le lendemain d'un affaissement du poumon[11].
Bien que Dennis Brown n'ait jamais véritablement atteint la reconnaissance internationale, il a toujours bénéficié du soutien des Jamaïcains, qui lui excusèrent beaucoup, de ses albums à tendance pop (chezA&M) à son penchant pour la cocaïne. Le chanteur a néanmoins toujours démenti toucher aux drogues dures[4].
Le prince couronné du reggae laisse derrière lui 78 albums sur 37 labels différents[6], sans compter les nombreuses compilations, ainsi que treize enfants. Connu pour sa gentillesse et son ouverture sur les autres, il a influencé le reggae comme seulBob Marley a réussi à le faire. De nombreux artistes le citent aujourd'hui comme une référence, deBarrington Levy à Richie Stephens, en passant parJunior Reid,Frankie Paul etLuciano[10], mais aussiMaxi Priest etDrummie Zeb[6]. Son label DEB Records a établi le stylelover’s rock au Royaume-Uni et lancé la carrière d'un certain nombre d'artistes, telles que la chanteuse deSoul II Soul, Caron Wheeler[6].
Le premier anniversaire de sa mort est célébré parJohnny Osbourne,Half Pint, Mickey Jarrett et Delano Tucker, à l'occasion d'un grand concert organisé à Brooklyn[13].
En2000, le chanteur de ragga françaisNuttea reprend deux de ses titres et les traduit en français (Get to Love In Time etStay at Home (aka Ghetto Girl) devenus respectivementTrop peu de temps etElle vit sa vie) sur son albumUn signe du temps. En2001 a été créée la Dennis Emanuel Brown Trust. Cette fondation a pour objectif d'entretenir la mémoire du prince du reggae et de procurer des instruments de musique à de jeunes Jamaïcains. La fondation attribue chaque année une bourse à des étudiants de 10 à 12 ans[14].
Le groupe américainThe Mountain Goats s'est inspiré de la mort de Dennis Brown en2005 pour sa chansonSong for Dennis Brown, extraite de l'albumThe Sunset Tree. La même année, le chanteur jamaïcain George Nooks, qui avait travaillé avec Brown en tant que DJ sous le nom de Prince Mohamed, a enregistré un album de reprises intituléGeorge Nooks Sings Dennis Brown: The Voice Lives On.
Au journaliste Stan E. Smith, qui lui demandait sa plus grande influence dans son style de chant, Dennis Brown citaDelroy Wilson[15].Pour son frère et manager Leroy Clarke, Brown était inspiré par les pionniers durhythm and blues américain et plus particulièrement parNat King Cole[16].Il citait également souventAlton Ellis, pour lequel il a été choriste dans sa jeunesse (surSunday Coming etYour Heart Will Pay)[1] et dont il a repris plusieurs titres (If I Follow My Heart,When I'm Down,Ain't That Loving You,Girl I've Got A Date etHow Can I Leave You).