Dauniens | |
![]() Guéridon de table (trapézophore) en marbre polychrome à deux griffons dévorant un cerf (issu d'une tombe daunienne du IVe siècle av. J.-C.). | |
Langue(s) | Messapien ? |
---|---|
Religion | Polythéisme |
Région d'origine | Apulie |
modifier ![]() |
LesDauniens (enlatin classique :Daunǐi,- ōrum) étaient un peuple antique d'Apulie (Apũlǐa,- ae), l'actuelle région desPouilles, enItalie.
Le nom des Dauniens est à mettre en rapport avec un des nomsindo-européens du loup (ou peut-être duchacal), en tout cas un carnassier, attesté à travers lephrygiendáos (« loup »), selonHésychius[1], ou le grec θώς (« chacal »). Le nom de leur éponymeDaunos (*dhaunos) paraît être l'équivalent de celui du dieu latinFaunus, un dieu-loup, appelé aussi Lupercus et fêté auxLupercalia[2].
Les sources antiques (Hérodote,Thucydide,Polybe,Varron,Pline l'Ancien,Nicandre etFestus[3]) témoignent du fait que lesIapyges,Illyriens venus de la rive orientale de l'Adriatique pour s'installer en Apulie, étaient divisés en trois groupes, les Dauniens, lesPeucètes et lesMessapes. Les Dauniens étaient installés le plus au nord, dans lapartie septentrionale desPouilles.
Les Dauniens avaient pour coutume d'enterrer leurs morts en position accroupie, couchés sur le côté, jusqu'à l'époque de laromanisation vers le début duIIIe siècle av. J.-C.
Les principaux centres des Dauniens étaient Canusium (Canosa di Puglia), Teanum Apulum (àSan Paolo di Civitate),Siponto, Ausculum (Ascoli Satriano), Ripalta (près deCerignola),Melfi,Venosa,Lavello, Salapia (en partie dans la campagne de Cerignola et Manfredonia), Aecae (près deTroia), Vibinum (Bovino), Castelluccio dei Sauri, Herdonia (Ordona) et Lucera.
Différents témoignages d'auteurs antiques font penser que les Dauniens se sont peut-être étendus hors des limites de la Daunie. Selon lePseudo-Scylax[4], ils auraient occupé à une époque non identifiée (mais antérieure à l'arrivée desSamnites dans cette zone) un territoire allant de lamer Tyrrhénienne à lamer Adriatique. D'autres textes[5] rapportent la présence de Dauniens enCampanie. Un passage deLycophron[6] va aussi dans ce sens en situant des Dauniens dans leLatium. Ces témoignages ont été en général rejetés par les historiens modernes, maisDominique Briquel montre qu'il faut sans doute les prendre au sérieux.
Dominique Briquel[7] essaie de montrer que les Dauniens, présents en Daunie mais plus largement jusqu'en Campanie et au Latium, appartenaient en fait à la deuxième vague de peuplementindo-européen de l'Italie, celle desOsco-ombriens, succédant dans cette région auxAusones qui faisaient partie de la première vague (Protolatins). Il s'appuie pour ce faire sur le culte deDiomède, très présent chez les Dauniens comme chez lesOmbriens[8], sur l'existence très probable chez eux duver sacrum[9], pratique bien attestée chez les peuplessabelliens, et sur des correspondances toponymiques. C'est dans une étape ultérieure que ces Dauniens sabelliens auraient été partiellement « recouverts par de nouvelles infiltrations en provenance de l'autre côté de l'Adriatique, qui se sont traduites par la formation de la langue ditemessapienne, parlée possiblement jusqu'en Daunie où on a trouvé quelques inscriptions de l'époque historique[10]. ». Il n'est toutefois pas certain que les Dauniens avaient comme langue maternelle le messapien, leur langue pourrait plutôt être apparentée au latin qu'ils auraient pu avoir importé jusqu'au Latium. L'Apulie étant par ailleurs distincte culturellement de la Messapie (aujourd'huiSalento) située au sud des Pouilles.