Ladanse orientale est unedanse d'origineégyptienne, développée auProche-Orient, qui comprend de nombreux styles. Le style majeur,Raqs Sharqi (enarabe : رقص شرقي), s'est imposé enOccident à partir desannées 1890 et connaît un succès grandissant. De façon abusive, on parle parfois de « danse du ventre » dans lelangage populaire.
À l'origine, la danse orientale est une danse spontanée et improvisée, mais elle est aujourd’hui enseignée de manière académique partout dans le monde.
La danse orientale est originaire d'Égypte et est surtout présente auProche-Orient ; elle est dansée majoritairement par des femmes et s'est développée dans le monde entier. À la fois admirée et détestée en Égypte de nos jours, elle s'est davantage répandue en Occident où elle compte désormais des millions d'adeptes.
La danse orientale est d'origine religieuse, liée à la terre et lafécondité, et a pour but la glorification de lamaternité et la préparation à unaccouchement facile[1].
Certains pensent que l'origine de cette danse remonte aux anciensrites defertilité, associés à la fois à lareligion et à l'ésotérisme[réf. nécessaire][2]. Très peu de sources valables d'informations sont accessibles sur le sujet, voilà pourquoi il existe autant demythes autour de l'origine et de l'évolution de cette danse. Elle se développe particulièrement en Égypte auXe siècle avec l'arrivée d'une population d'Inde[réf. nécessaire].
Enarabe, elle est appeléeRaqs sharqi (littéralement : danse orientale) et enturcOryantal dansı, qui a donné l'expression « danse orientale ». Elle est reconnue comme l'une des plus anciennes danses du monde, surtout enÉgypte et dans les pays duProche-Orient (Liban,Turquie,Syrie,Irak), ainsi qu'enGrèce[3]. Le terme « danse du ventre » est considéré comme réducteur : il a été donné à l'époque deNapoléon en Égypte[4].
La danseuse libano-syro-égyptienneBadia Masabni dansant le jour de son mariage (1924)
C’est en 1926 que furent ouverts auCaire les premiers lieux de spectacle par la danseuse et actrice syrienneBadia Masabni. Si de nos jours c’est la forme égyptienne qui domine dans les cours et spectacles, c’est en raison de la notoriété acquise par les danseuses égyptiennes lorsque Le Caire devint la capitale de ce type de spectacle dans lesannées 1930. Les danseuses orientales de l'époque (Samia Gamal...) sont formées entre autres par des professeurs deballet classique, ce qui permet de fusionner une gestuelle très orientale (mouvements du bassin et du tronc) avec des mouvements mieux adaptés à des spectacles de scène (déplacements, arabesques, tours...)[5],[6].
Il n’existe pas de documents précis concernant les pas, la codification ou lachorégraphie. Il s'agit davantage d'unetransmission orale[3].
La danse orientale est adulée, aimée, reniée, voire interdite dans certains pays dont ceux d'origine. Les danseuses égyptiennes sont considérées comme desprostituées tandis qu'en Occident, les jeunes générations présentent cet art dans les théâtres.
Elle soulève parfois le voile dutabou et du sacré.
Les Français ont découvert la danse orientale lorsque lessoldats de Bonaparte débarquèrent pendant lacampagne d'Égypte.Venant d'une société relativement pudibonde, la moindre nudité leur était alors perçue comme un puissantaphrodisiaque[réf. nécessaire][4]. En voyant ces femmes se déhancher langoureusement, ils assimilèrent la danse orientale à une invitation à laprostitution et il est vrai que certaines prostituées se sont improvisées danseuses causant de graves préjudices à l'art.
Plusieurs fois interdite, la danse du ventre devint dans lesannées 1930 le morceau de bravoure descomédies musicales égyptiennes.
Danseuse orientale dansSouvenirs du Caire parAmadeo Preziosi (1862)
La danse orientale est traditionnellement pratiquée par les femmes, qui expriment par cet art leurféminité, leur vitalité, mais aussi leurs sentiments, joies et peines.
Il en existe plusieurs styles, dépendant du pays d'origine, et aussi de multiples fusions émergentes. De façon générale, cette danse se caractérise par la dissociation des parties du corps (isolations) qui peuvent bouger indépendamment l'une de l'autre. Cet art compose aussi bien avec lesrythmes saccadés que lents et fluides.
On retrouve différents styles : leBaladi etShaabi (danses populaires), leRaqs Sharqi (la plus répandue mêlant les influences modernes), lesfolklores (Saïdi, Fellahi, Bambouti...) et également les fusions (flamenco-oriental,tango-oriental,tribal...)[8].
La danse orientale est une expression qui regroupe plusieurs styles de danses. Les folklores font donc partie intégrante de la danse orientale et ont une culture riche. Nous trouvons leFellahi, l'Eskandarini ou laMeleya, leMambouti, leSaïdi , laTenoura, leKhaleegi, leDabke et encore bien d'autres.
LeFellahi est une danse paysanne qui a pour but de représenter les tâches quotidiennes. Il est dansé avec des robes longues et amples.
L'Eskandarini aussi appeléMeleya est une danse d'Alexandrie. Elle est très féminine, avec beaucoup d'expression, presque théâtrale. Elle se danse à l'aide d'un tissu rectangulaire assez lourd souvent décoré, ainsi que des robes courtes et pailletées.
LeMambouti, est la danse des pêcheurs par excellence. Elle se danse à Alexandrie. Les gestes utilisés sont les gestes des pêcheurs (ramasser le filet par exemple)
LeSaïdi, à la base est une danse de combat d'homme. Cette danse vient de la région du Saïd du Sud en Egypte. Les pas sont sautés.
LaTenoura, est une danse impressionnante. À l'origine, elle est dansée lors d'une cérémonie religieuse traditionnelle. Le danseur effectue des mouvements giratoires sur lui-même pendant un long moment (pendant toute la danse), il représente alors le soleil grâce à sa jupe.
LeKhaleegi est une danse du Moyen-Orient. Pour la danser, il est indispensable d'avoir des cheveux longs, car la danseuse s'en sert comme accessoire. Elle porte aussi une robe longue large avec des ornements (abaya). La danseuse joue alors avec ses cheveux et sa robe. Il existe plusieursKhaleegi : leSaudi (Arabie saoudite), leKoweiti (Koweït) et l'Iraki (Irak).Paire de sagattes en action
Et enfin, leDebkeh, la danse « tape du pied » qui vient de la « grande Syrie », c'est-à-dire laJordanie, laSyrie, leLiban et laPalestine. Elle est différente selon les régions. Ce sont les hommes qui dansent ledebkeh, avec des bottes et un foulard enroulé comme accessoire.
La danse peut utiliser comme accessoire un voile (ou deux : double voile voire plus), des ailes d'Isis (voile plissé),canne (Saidi : inspirée duraqs tahtib masculin avec des bâtons),melaya leff (grande étoffe séparée au milieu par une broderie et décorée avec des paillettes dorées ou argentées),sagattes (castagnettes en métal),shamadan (candélabre porté sur la tête) ...
La pratique de la danse orientale est apparue enEurope et enAmérique dans lescabarets au milieu desannées 1930 etannées 1940, d'où est issu l'étincelant costume deux pièces brodé de pierres et de paillettes. Depuis lesannées 1990, cette danse connaît un essor fulgurant partout dans le monde.
Le danseur étoilePatrick Dupond a récemment dansé « oriental » à l'IMA et déclaré : « Il est temps aussi que l’Orient et l’Occident se tiennent la main et que l’Orient puisse envahir les théâtres et montrer que la danse orientale n’est pas qu’une danse de cabaret mais plutôt une danse sacrée »[9].
Dans les villages égyptiens, on appelle une danseuse professionnelle uneraqasa (deraqs al sharqi) oughaziya (« envahisseuse des cœurs » et au pluriel,ghawazi). À l'origine, lesghawazi (ghawa'zee ougha'zee'yehs) appartenaient à la branche orientale desTziganes, ouDoms. C'est maintenant un terme générique qui désigne les danseuses en général, et non plus une tribu particulière ou des tribus comme autrefois.
Le rôle important qu'ont joué les Tziganes dans l'évolution des danses profanes se retrouve dans lalangue turque où le vieux terme de danseuse (cengi) vient decingene (tzigane)[10].
« La vie est comme une Ghaziya, elle ne danse qu'un instant pour chacun. » (proverbe égyptien)
Enarabe égyptien,ghawazi signifie « envahisseur » ou « étranger », et il est vrai que les Tziganes ont toujours vécu à la périphérie des villes et en marge de la société[10].
Leur origine suscite la polémique, mais il semble que ces danseuses venaient d'Inde, de la tribu des Nawar (« gitan » enarabe)[11].
Contrairement à ce que l'on peut penser, la danse orientale ne se limite pas à des mouvements du bassin. En effet, elle sollicite souplesse et tonicité du buste, des épaules, des bras, des mains, du bassin et du ventre. Elle permet de tonifier les cuisses, d'assouplir les articulations, de bien développer les abdominaux et d'entretenir le dos. Certains mouvements amples demandent une souplesse extrême du dos mais l'essentiel réside dans lacontraction musculaire, si bien qu'on peut pratiquer cette danse à tout âge en fonction des limites de chaque danseuse ou danseur. En plus d'être gracieuse, sensuelle et élégante, la danse orientale permet également de muscler son corps[12].
Elle améliore la posture et tonifie les muscles, elle prévient l'ostéoporose et renforce les os, elle prépare à l'accouchement, elle réduit lestress, elle permet d'assumer son corps et se sentir plus féminine[13].
Elle permet aussi de muscler son périnée[12]. Ainsi, unpérinée tonique permet de faciliter l'accouchement, éviter uneépisiotomie ou le risque de déchirure. À la suite de l'accouchement, lorsque le périnée a été très étiré et est relâché, faire ces mouvements de déhanchements et d'ondulations du bassin permet derééduquer le périnée[12]. C'est donc un sport « conservateur » pour cette partie intime et méconnue du corps. Outre l’intérêt de ce sport pour les femmes enceintes, ce sport est accessible à toutes[14].
Lebaladi est un style populaire duCaire. La danseusebaladi porte sa tenue du quotidien si elle danse chez elle, ou utilisera unegalabeya si elle danse sur scène, une robe traditionnelle large, décorée ou non, avec un foulard simple sur les hanches. Les mouvements sont terriens, car les appuis se font à plat au sol et le bassin est particulièrement enraciné, lourd et puissant. Les bras sont en mouvement permanent mais toujours près du corps.
Lesharqi est basé sur le stylebaladi mais fut développé parSamia Gamal,Tahia Carioca,Neima Akef et d'autres danseurs dont la célébrité s'établit pendant l'âge d'or de l'industrie du film égyptienne. Ce style vint à être considéré comme le style classique de la danse égyptienne. Ces danseuses furent célèbres non seulement pour leurs rôles dans les films égyptiens, mais aussi pour leurs performances à l'« Opera Casino » ouvert en parBadia Masabni[15]. Il s'agissait d'un endroit apprécié par les musiciens et chorégraphes d'influence d'Europe et des États-Unis qui s'engagèrent dans les performances et carrières des danseuses ; beaucoup des développements de l'âge d'or qui y furent conçus peuvent être considérés comme de nouveaux développements de la danse.
Les danseuses suivantes qui basèrent leurs styles en partie sur la danse de ces artistes sontSohair Zaki,Fifi Abdou,Nagwa Fouad. Elles devinrent célèbres entre 1960 et 1980 et sont toujours populaires aujourd'hui. Quelques-unes de ces danseuses furent les premières à chorégraphier et pratiquer des danses avec un « orchestre » complet et unemise en scène, ce qui a eu une grande influence sur ce qui est considéré comme le style « classique ».
Bien que les mouvements à la base duRaqs Sharqi n'aient pas changé, la forme de la danse continue à évoluer.Nelly Mazloum etMahmoud Reda ont incorporé des éléments duballet dans leurs danses et leur influence s'est fait sentir chez les danseuses égyptiennes modernes.
La Danse duharem deGiulio Rosati (avant 1917). Les peinturesorientalistes ont contribué à la mauvaise image de la danse orientale dite "danse du ventre" assimilée à la prostitution.La danseuse Little Egypt par Benjamin Falk (années 1890)
Les danseuses occidentales voient l'Égypte comme le berceau de la danse orientale mais les danseuses en Égypte ne sont pas bien vues par la société[16]. LesÉgyptiens ne considèrent pas la danse orientale comme une profession respectable et la plupart des danseuses donnant des performances pour les touristes en Égypte aujourd'hui sont des étrangères. Les danseuses n'ont pas le droit de pratiquer certains mouvements ou de travailler au sol et les danseuses doivent désormais cacher leur nombril. La télévision d'État égyptienne ne transmet plus de danse orientale. Un projet pour établir un institut d'État afin d'entraîner les danseuses en Égypte fut lourdement attaqué car, d'après le membre du parlement Farid Esmail, il« compromet sérieusement les traditions de la société égyptienne et viole clairement la constitution »[17].
Les danseuses Ghawahzee ont aussi été connues pour être au cœur du conflit en Égypte sur labienséance des danses exécutées en public. Les sœurs Mazin sont généralement réputées pour être les dernières pratiquantes authentiques de la danse Ghawahzee. Khayreyya Mazin est en la dernière de ces danseuses à continuer l'enseignement et la pratique du Ghawahzee[18].
Les actuelles stars de la danse en Égypte (on peut les voir dans les films ou clips de chanteurs) sont Dina, Randa Kamel, Aziza, Sahar Samara, Soraia, Camelia, ...
La première apparition dans unfilm d'une danseuse orientale date de1894, avecFatima, danse du ventre (Fatima Muscle dance), d'une durée de 1 minute.
Fatima Muscle dance, version originale.
Fatima Muscle dance, version censurée.
Sur leplateau du premierstudio de cinéma queThomas Edison avait fait construire en1893,« la danseuse Fatima, que l’on avait placée devant un décor exotique pour qu’elle exécute une “danse du muscle”, autrement dit une danse du ventre, avait effrayé les censeurs puritains qui avaient exigé qu’elle soit en partie dissimulée par la surimpression de caches photographiques noirs (blancs dans le copies positives), positionnés l’un au niveau du bas-ventre, le second au niveau des seins, deux parties de sa personne que Fatima savait si bien remuer. Heureusement, l’original non censuré a été conservé »[19] auMoMa (Musée d’Art moderne deNew York) qui a reçu en donation tous les films conservés de l’Edison Manufacturing Company.
À cause de l'action des religieux et de certaines danseuses égyptiennes, qui se prostituent et offrent des spectacles lascifs, parfois même vulgaires, les danseuses orientales se font rejeter par leur société d'origine. La vision occidentale a changé la donne grâce notamment aux spectacles dansés dans les théâtres et au cinéma. Kaouther Ben Amor, danseuse et chorégraphe, crée dans les filmsHors-la-loi deRachid Bouchareb etTunis By Night du réalisateur tunisienElyes Baccar, des tableaux de danse orientale rendant hommage aux films musicaux des années cinquante et aux cours enseignés dans les écoles de danse.
Popularisation internationale de la danse orientale