LeCycle de Fondation est une œuvre de science-fiction écrite parIsaac Asimov qui « consistait à rédiger un roman historique du futur[1] ». Dans cette optique, la série ne met en scène que des humains et, plus rarement, des robots, mais aucune espèce extraterrestre.
Cette série a reçu en1966 leprix Hugo spécial de la meilleure série de science-fiction/fantasy de tous les temps.
Chronologie globale de l'univers fictif d'Isaac Asimov (dates apr. J.-C.)
Chronologie du Cycle de Fondation (dates de l'Ère Galactique)
Les sept nouvelles originelles paraissent entre1942 et1950 dansAstounding Science Fiction. Au début desannées 1950, l'éditeur Gnome Press rassemble ces nouvelles et publie la trilogie fondamentale[1] :
Après une trentaine d'années, plusieurs romans s'y ajouteront, étoffant le cycle d'origine en aval et en amont de la période chronologique traitée dans ce dernier:
Toutefois, les deux premiers romans décrivent la genèse de la Fondation et peuvent être considérés à part des cinq suivants qui sont l'histoire de la Fondation à proprement parler.
Le Cycle de Fondation se déroule environ 22 000 ans dans le futur de l'Humanité, qui s'est répandue dans toute laGalaxie, occupant 25 millions de planètes avec untrillion[note 1](un milliard de milliards enéchelle longue) d'êtres humains. Tous ces mondes sont organisés en un Empire Galactique, celui-ci a pour capitaleTrantor, la planète habitable la plus proche du noyau galactique.
En l'an 12 065 de l’Ère Galactique (démarrée à la création de l'Empire),Hari Seldon, mathématicien âgé, fait beaucoup parler de lui. Se fondant sur lapsychohistoire, science mathématique qu'il a inventée et qui permet de prévoir l'évolution des sociétés humaines (voir plus bas), il estime que la chute de l'Empire est proche et inéluctable.Trente mille ans de barbarie s'ensuivront.
Pour pallier cela, Seldon a secrètement mis au point leplan Seldon, dont le but est la constitution, au bout de mille ans seulement, d'un Second Empire Galactique, plus vaste et plus solide que le premier. C'est pour le mener à bien qu'il crée deux Fondations, aux missions opposées mais d'égale importance.
LaPremière, publique et ignorant tout du Plan, part s'installer aux limites de la Périphérie Galactique, sur la planèteTerminus. L'autre, secrète, chargée grâce à la psychohistoire d'assurer la réalisation complète du Plan, est situé à Star's End« là où finissent les étoiles. ».
La série suit principalement l'évolution historique, sociale, économique et politique de la Première Fondation, qui se développe comme une entité politique normale, à la seule différence près que ses habitants font preuve de confiance en l'avenir : puisque Seldon a prédit qu'on s'en sortirait, quoi que l'on fasse, on est sûr de le réussir, Seldon l'a dit ! Et c'est précisément ce que Seldon voulait. Grâce à cette confiance, les habitants de la Fondation vont essaimer dans l'Empire galactique qui se délite, entreprenant sans le savoir la réunification.
Le Cycle entier s'étend sur 500 des mille ans du plan Seldon. Aussi, il y a entre deux nouvelles ou romans un « bond dans le temps » allant de 50 ans à deux siècles, et chaque histoire présente sa galerie de personnages, avec ses enjeux bien de son temps et de son époque, ce qui procure une grande variété d'intrigues.
Une des particularités du Cycle de Fondation est que l'on voit la Fondation évoluer sans même s'en rendre compte. Les personnages d'une nouvelle sont devenus des héros historiques dans la suivante, et ce qui était une quête entraînante d'un personnage devient finalement un conte, une légende, ou un acte fondateur presque sacré.
De façon générale, on remarque une nette évolution du style entre la trilogie originelle et les ajouts ultérieurs (voir plus haut). Tout d'abord,Fondation foudroyée etTerre et Fondation sont des romans, l'un étant la suite immédiate de l'autre, formant une odyssée galactique de forme longue, plus en adéquation avec le style actuel, qui contraste avec la trilogie composée de nouvelles fixées sur des moments extrêmement précis de l'histoire (d'ailleurs la longueur des nouvelles augmente au sein de la trilogie).
Une autre différence est la disparition totale des passages de l'Encyclopedia Galactica, qui rythmaient la trilogie originelle à chaque début de chapitre et contribuaient beaucoup, de par leur style, à l'« ambiance » du récit. Asimov les réintroduit dansPrélude à Fondation etL'Aube de Fondation, en les mêlant à la vie de Seldon, qui par ailleurs est décrite comme une odyssée dansPrélude à Fondation, ressemblant aux romans, et comme une suite d'instants importants mais très espacés dansL'Aube de Fondation, ressemblant à la trilogie originelle.
À l'origine, leCycle de Fondation constituait un tout, entièrement différent de celui duCycle des robots. Ce dernier comprenait des nouvelles placées dans un futur proche par rapport à notre temps, plus les deux romans « policiers de science-fiction » représentés parLes Cavernes d'acier (1953) etFace aux feux du soleil (1956), lesquels se déroulent aux alentours de l'an 5000apr. J.-C.[note 2]. L'ensemble fut écrit dans les années 1950, postérieurement àFondation.Fondation appartenait en revanche au même univers de science-fiction que les autres romans duCycle de l'Empire (ouCycle de Trantor) qui racontent la genèse de l'Empire Galactique (Les Courants de l'espace (1952),Poussière d'étoiles (1951),Cailloux dans le ciel (1950)). Ce n'est que très tardivement, à l'époque où la science-fiction commençait à toucher vraiment le grand public, c'est-à-dire au début des années 1980 (Asimov avait alors plus de 60 ans), que commença à s'insinuer en lui l'idée de relier les deux cycles. Les deux romansLes Robots de l'aube etLes Robots et l'Empire forment une transition voulue. Le premier reprend une histoire d'enquête policière avec les personnages d'Elijah Baley, le « flic » humain etR. Daneel Olivaw, son collaborateur (et ami) robot « humaniforme », mais introduit des idées qui visent à poser un début de cohérence possible entre les deux cycles, par exemple quand il est dit que Fastolfe, le créateur de Daneel, cherche en réalité à construire une théorie et une pratique de l'histoire humaine, la « psycho-histoire » (le mot est écrit en toutes lettres), le but réel (voire unique) de la création des robots humanoïdes étant d'étudier le fonctionnement du cerveau humain afin de déterminer les règles et les paramètres qui le régissent. Mais Fastolfe admet que cette science n'est pas « de son temps » et ne sera encore très longtemps que tout à fait embryonnaire. De fait, il faudra 20 000 ans pour la mettre au point (la naissance d'Hari Seldon se situerait environ vers 25000 ou 26000 de l'ère chrétienne - 12000 de l'ère de Trantor - et la vie d'Elijah Baley vers 5000 ou 5500 de notre ère)[3]. Le second se déroule plusieurs siècles après la mort de Baley et décrit un monde dans lequel la Terre s'est remise à coloniser la galaxie. Il introduit la « Loi zéro » de la robotique qui prime sur la première loi en plaçant comme priorité absolue le bien de l'Humanité. La mise en cohérence est explicitement affirmée. À plusieurs reprises, le robot « télépathe », Giskard Reventlov, rêve à l'établissement d'une « psycho-histoire » permettant de prévoir le futur de l'humanité tout en avouant que ce but est formidablement lointain. Daneel, survivant à Giskard, « mort » à la fin du roman, sera chargé de veiller à son émergence… dans un futur inimaginable.
À partir de là, les derniers romans du maître (Fondation foudroyée,Terre et Fondation,Prélude à Fondation,L'Aube de Fondation) mettront le tout en cohérence. La « psychohistoire » d'Hari Seldon, base originelle de la Fondation, n'est en réalité qu'un seul des éléments ayant permis une évolution rationnelle et favorable de l'humanité, cette évolution étant en fait contrôlée depuis au moins 20 000 ans par des robots humanoïdes (et/ou télépathes) très peu nombreux, au premier rang desquels R. Daneel Olivaw, le héros desCavernes d'acier. Daneel apparaît finalement dans l'œuvre d'Isaac Asimov comme une sorte de transposition laïque et matérialiste de la Providence, un « Dieu » tutélaire et bienveillant, guidant efficacement, sans leur ôter leur liberté, non pas ses créatures, mais, magnifique paradoxe, ses créateurs.
Il est précisé à plusieurs reprises que dans la société galactique, vers 25 000 ans A.D., il n'y a plus de robots parce qu'ils ont été volontairement éliminés pour des raisons éthiques, économiques et surtout sociologiques. Cela est indiqué clairement dansLes Robots et l'Empire. À cette époque les robots sont associés auxSpatiens, habitants des tout premiers mondes colonisés, qui méprisent la Terre, et ils sont facteurs de décadence des civilisations. Les robots sont donc condamnés par les Terriens et les nouveaux mondes qu'ils coloniseront seront bâtis sans robots.
Les deux cycles ayant été conçus au départ indépendamment l'un de l'autre et sur une longue période, la cohérence est loin d'être complète. DansCailloux dans le ciel (chap.16), il est dit que la Terre est devenue radioactive vraisemblablement à cause d'uneguerre nucléaire, idée qu'Asimov jugera ensuite scientifiquement improbable[4], et une autre explication sera donnée dansLes Robots et l'Empire.
Un autre exemple, plus flagrant, est celui-ci : les hommes de l'Empire galactique et de la Fondation sont « vieux » à soixante-dix ans (cela est clairement indiqué dansL'Aube de Fondation, pour Seldon et pour d'autres) alors que l'on se situe 22 000 ans dans le futur. Donc, voilà une société, celle de l'Empire galactique, qui dispose de techniques permettant de traverser la Galaxie comme on prend le métro mais qui n'a rigoureusement fait aucun progrès en médecine et en biologie depuis au moins 20 000 ans, au contraire (dans Les Robots de l'Aube, Baley indique que, de son temps, certains Terriens peuvent vivre jusqu'à cent ans). C'est invraisemblable. L'explication est simple : quand il commence à rédigerFondation dans les années 1940, Asimov n'imagine pas un progrès si rapide de la médecine et de l'espérance de vie et il donne à ses héros les caractères, y compris biologiques, des hommes de 1942. Dans leCycle des robots, écrit plus tard, il peint une société très différente et l'allongement de la vie humaine à environ 300 ans, voire 400, chez les Spatiens, est bien plus logique. Mais il était impossible de maintenir ce paramètre si l'on voulait combiner les deux cycles. On meurt donc à 70 ou 80 ans en l'an 20 000 comme en 1950. Cetteaporie reçoit une explication dansLes Robots et l'Empire, roman majeur mais tardif : elle est un caractère de l'évolution humaine voulu en toute connaissance de cause par les hommes de la Seconde colonisation (post-spatienne) pour permettre un renouvellement rapide des générations, donc un maintien de la variabilité des sociétés, du goût de risquer et d'entreprendre, de l'évolution et du progrès. On peut également penser que Daneel Olivaw a veillé à ce qu'il en soit toujours ainsi. D'ailleurs, les auteurs duSecond cycle de Fondation ont théorisé ce paramètre, en posant le principe que toutes les sociétés qui ont tenté d'augmenter la durée moyenne de la vie humaine en 20 000 ans se sont effondrées. Affirmation qui peut laisser perplexe mais qui met en cohérence les éléments fictifs de la saga.
Après la mort d'Asimov, certains de ses disciples ont écrit cinq autres livres sur la Fondation. Selon l'ordre chronologique du cycle, ils se situent entreL'Aube de Fondation etFondation :
Fondation en péril,Gregory Benford (Foundation's Fear,1997) ; l'action se situe dans les quelques semaines préalables à la difficile nomination de Seldon comme Premier ministre de l'empereur Cléon Ier.
Le Triomphe de Fondation,David Brin (Foundation's Triumph,1999). Ces deux derniers ouvrages couvrent la période cruciale du procès de Seldon, voulu par lui-même, et de son issue nécessaire : exil de la Fondation sur Terminus, maintien de l'embryon de Seconde Fondation sur Trantor.
Ces trois livres ont été publiés sous le titre de :Le Second Cycle de Fondation, aux éditionsPocket,2010 (collectionScience-fiction) ; la volonté de mettre un maximum de cohérence dans le cycle était sans doute louable, mais elle se fait de manière un peu pesante, au détriment de la magie du conte originel d'Asimov. Il faut ajouter encore :
En1989, un recueil de nouvelles est paru sous le titreFoundation's Friends. Il regroupe des nouvelles écrites par dix-huit auteurs de science-fiction dans le style et/ou dans un lieu et/ou une époque déjà décrit(e) par Isaac Asimov. Parmi ces auteurs :Orson Scott Card cité plus haut,Hal Clement,Harry Harrison,Frederik Pohl,Pamela Sargent,Robert Sheckley,Robert Silverberg etConnie Willis. La traduction française est parue sous le titreLes Fils de Fondation aux éditions Pocket (collection SF/Fantasy) et sous le titreLes Enfants de la Fondation chez France Loisirs.
Hari Seldon, un personnage de la série de romansFondation d’Isaac Asimov.
LeCycle de Fondation a, de près ou de loin, occupé son auteur quarante années durant. Ce qui est frappant à lire dansLa Petite Histoire de la Fondation qu'Asimov rédigea en1986 à la clôture du tome final de son cycle le plus célèbre, c'est de constater combien, finalement, le succès de celui-ci fut le fait, non pas tant de son auteur, mais des sollicitations constantes de ses éditeurs et de ses fans[1].
À l'origine, en1941, Isaac Asimov envisage la rédaction d'une nouvelle décrivant la chute de l'Empire galactique. MaisJohn W. Campbell, rédacteur en chef dumagazineAstounding Science Fiction, s'enthousiasme pour le projet et le pousse à produire un récit minutieux et détaillé qui décrive intégralement le processus millénaire d'effondrement impérial et les préparatifs psychohistoriques qui permettront sa renaissance. C'est d'ailleurs avec John Campbell que sont « dégrossies […]les grandes lignes » de lapsychohistoire[1]. C'est ainsi qu'entre et paraissent dansAstounding Science Fiction les huit nouvelles originelles, qui, le temps passant, gagnent en longueur mais connaissent toutes un succès immédiat.
Au tournant des années 1950, Isaac Asimov est las deFondation et veut se consacrer à d'autres projets. Divers éditeurs ont entre-temps commencé à rassembler et publier ses nouvelles en volumes reliés. Parmi eux, Gnome Press, « petite maison d'édition semi-professionnelle »[1] édite la fameuse trilogie.
Selon l'auteur, l'initiative ne lui fut d'aucun profit financier (pas de droits d'auteur perçus), ni professionnel (aucun écho dans la presse) car, de par sa petite stature, Gnome Press n'a pas les moyens d'assurer une promotion efficace. Il faut attendre une longue décennie et la fougue de Thimothy Seldes, directeur littéraire chezDoubleday, pour qu'en1961 les droits soient rachetés à Gnome Press, face à un auteur blasé : « Ça ne m'intéresse pas, Tim. Je n'ai jamais rien touché sur ces bouquins »[1]. Rassemblant les trois tomes en un seul volume notamment distribué par le Club du livre de Science-Fiction, Seldes se fait ainsi le véritable promoteur de la trilogie, qui connaît dès lors un succès croissant et se revalorise (dans tous les sens du terme) aux yeux de son auteur.
C'est à la suite de ce nouveau succès fulgurant que Doubleday demanda plus tard à Asimov, alors âgé, d'écrire la suite de Fondation, et c'est ainsi que sont nés les deux derniers romans de la série.
Bien qu'Isaac Asimov ait été un critique féroce de la religion et de la penséeNew Age, la secte japonaiseAum Shinrikyo a été fortement influencée par sa série[5].
En 1966, le Comité d'Organisation de laWorld Science Fiction Convention décida d'attribuer unprix Hugo exceptionnel récompensant la meilleure série de science-fiction/fantasy de tous les temps. Il paraissait à l'époque évident pour un grand nombre de critiques et pour Asimov lui-même que ce prix avait été créé spécialement pour être décerné auSeigneur des anneaux deJ. R. R. Tolkien, mais, à l'immense surprise de l'auteur, c'est la trilogie originelle de Fondation qui fut choisie. Ce titre n'a pas été re-décerné depuis.
Le, laWarner a acheté les droits deFondation. Les fondateurs deNew Line Cinema devaient être les producteurs du film etRoland Emmerich devait se charger de la réalisation. En cas de succès une adaptation simultanée dePrélude à Fondation et deL'Aube de Fondation aurait été lancée[6]. Le projet ne s'est pas matérialisé.
↑La version originale utilise le terme quintillion (en échelle courte, Asimov étant américain), qui a été laissé par erreur dans la traduction française.« Les planètes Trantor la planète-capitale »(consulté le)
↑Auchapitre 2 desCavernes, il est dit :« Or elle [New York] n'avait pas trois cents ans d'âge. […] Il y avait eu autrefois; sur ce même territoire […] une agglomération urbaine que l'on appelait New York City. Ce rassemblement primitif de population avait existe pendant trois mille ans. Mais en ce temps-là, on ne pouvait appeler cela une VILLE. »
↑abcde etfASIMOV (Isaac),Petite histoire de la Fondation, préface àTerre et Fondation, Paris, 1987, éd. Gallimard, coll. Folio SF,p. 9-11 -(ISBN978-2-07-041752-0)
↑Asimov écrit dans son autobiographie : « Moi-même j'ai largement puisé dans l’Histoire du déclin et de la chute de l'Empire romain pour la structure d'ensemble deFondation, et il me semble qu'à leur tour, les différents épisodes filmés de laGuerre des étoiles empruntent sans hésiter à ma série », inMoi, Asimov, Éditions Folio, collection Folio SF, 2003,p. 259.
↑Anthony VALLAT,Utopie et raison dans le cycle de Fondation d’Isaac Asimov, ActuSF,, 60 p.(ISBN978-2-36629-251-0,lire en ligne), "Trente six ans après la rédaction de cette nouvelle, Asimov donnera plus d'éléments sur ses origines [celles de la psychohistoire] dans Les RObots et l'Empire. Un robot nommé R. Giskard Reventlov est à l'origine de la psychohistoire - quelque vingt-mille ans avant Les Psychohistoriens -, et un autre robot, R. Daneel Olivaw, a depuis lors cherché l'humain capable de la développer."
↑C'est ce qu'il explique lui-même dans la postface de l'éditionDel Rey Books deCailloux dans le Ciel.
↑(en)Robert Jay Lifton,Destroying the World to Save It : Aum Shinrikyo, Apocalyptic Violence, and the New Global Terrorism,,p. 258