Le termecorail désigne un certain nombre d'animaux marins appartenant à l'embranchement descnidaires. Il est employé pour désigner letaxon desScleractinia, les coraux durs bâtisseurs de récifs, mais aussi de nombreuses espèces comme lecorail rouge, lecorail bleu, mais aussi lescoraux mous, les coraux cuir ou champignon, et d'autres taxons comme lesantipathaires, regroupant les coraux noirs et coraux fouet ou fil de fer, et lesMilleporidae, les coraux de feu.
Les coraux sont généralement des colonies de polypes qui vivent regroupées pour former dessuperorganismes partageant un squelette calcaire. Les coraux durs, « constructeurs de récifs », ont formé par accumulation de ces squelettes minéraux desrécifs coralliens dont certains sont devenus les plus grandes structures complexes connues créées par des organismes vivants (les grandes barrières de corail).
Depuis quelques décennies, les populations de coraux se dégradent, notamment en raison duchangement climatique, de lapollution marine et de lasurpêche qui pourraient avoir développé la susceptibilité des coraux aux maladies. Plus de vingt maladies des coraux différentes ont été récemment décrites, seule une poignée d'entre elles sont comprises et ont des agents pathogènes isolés et caractérisés.
Le terme français provient du latincoralium, dugrecκοράλλιον /korállion, désignant déjà ces animaux[1]. La première occurrence du mot « corail » dans la langue française est attestée auXVe siècle[2], et la racine gréco-latine s'est répandue dans toutes les langues européennes jusqu'au russe.
SelonPline l'ancien ce nom viendrait du mode de ramassage du corail, au ciseau (κουρά /kourá, « tonte »[3].
D'abord présenté comme unepierre arborescente, les pêcheurs et naturalistes savaient cependant que le corail a la faculté de grandir[4], et son origine vivante a rarement été remise en cause.
À la suite d'Aristote, l'intellectuel musulmanAl-Biruni (973-1048) les classe (ainsi que leséponges) parmi les animaux, au motif qu'ils répondent au toucher.
Cependant, en occident, auMoyen Âge, le corail continue à être assimilé à une plante pierreuse et est classé dans les lithophytes (littéralement les « plantes-roches »). Selon une idée fort répandue à cette époque, son squelette est constitué à l'origine par du bois, avant d'être progressivement remplacé par du calcaire. Au début duXVIIe siècle,Luigi Ferdinando Marsigli observe encore ce qu'il prend pour des sortes de fleurs, qui s'y épanouissent quand on le maintient dans de bonnes conditions en aquarium[4]. Le FrançaisJean-André Peyssonnel (1694-1759), jeune naturaliste disciple de Marsigli, médecin marseillais et botaniste du roi de France en Guadeloupe observant mieux ces « fleurs » en déduit ensuite qu'elles sont en fait des animaux[4].Cette affirmation écrite en 1726 dans une lettre adressée au président de l'Académie des sciences (Dissertation sur le corail) est d'abord très discutée et même vivement attaquée parRené-Antoine Ferchault de Réaumur etBernard de Jussieu, avant d'être admise par tous à la suite d'une enquête par Jussieu et Guettard[4], et au traité de Peyssonel adressé à laRoyal Society de Londres en 1750, résultat de 30 années d'observations.Georges-Louis Leclerc de Buffon tranche définitivement en déclarant :« Ainsi les plantes marines, que d’abord on avait mises au rang des minéraux, ont ensuite passé dans la classe des végétaux, et sont enfin demeurées pour toujours dans celle des animaux ». Cela n'empêche pasCarl von Linné, en bon botaniste, de placer encore les coraux dans l'ordre desZoophyta (littéralement les « plantes-animaux »).
William Herschel apporte la preuve scientifique irréfutable grâce à l'observation au microscope : les fines membranes cellulaires du corail sont caractéristiques deseumétazoaires.
Le zoologisteAddison Emery Verrill, en créant en1865 l'embranchement des Cnidaires, « confirme » la mythologie grecque selon laquelle le sang deMéduse (une des troisGorgones) se transforme en corail rouge au contact des algues[7].
Les coraux vivent en compétition avec de nombreuses autres espèces, dont les algues et bactéries, mais aussi avec leséponges. La compétition est spatiale, mais aussiallélopathique[8].
Les colonies de coraux ont la propriété de contribuer à fortement construire leur environnement et leur habitat. Ils constituent eux-mêmes un habitat pour de très nombreuses autres espèces, et représentent donc desespèces fondatrices de premier plan.
On trouve donc des récifs de coraux dans une grande variété d'habitats, des régions tropicales à la Mer du Nord, dans les mers chaudes d’Asie ou froides comme la Grande-Bretagne, de 0 à 4 000 mètres de profondeur, mais seuls les coraux tropicaux forment de grandes barrières et récifs à faible profondeur. Quelques espèces arrivent également à former des structures récifales de plus faibles dimensions en milieu subtropical voire tempéré, commeCladocora caespitosa dans les parties les plus chaudes de lamer Méditerranée, à quelques mètres de profondeur.
Le motcorail est très ambigu, car il désigne des organismes marins appartenant tous à l'embranchement desCnidaires, mais à des familles très différentes et dont les exigences écologiques sont, de ce fait, très dissemblables.
Si les scientifiques réservent généralement l'appellation de « corail » aux espèces de l'ordre desScleractinia on désigne vulgairement sous ce terme générique une grande diversité de taxons appartenant à deux classes (ou super-classes) distinctes :
LesScléractinaires (anciennement Madréporaires), encore appelés « coraux durs » car ce sont généralement des animaux coloniaux ayant un squelette minéralisé rigide. De formes et de tailles variées, ils sont très largement répandus dans les eaux côtières tropicales où ils forment des trottoirs (cas de lamer Rouge), des récifs frangeants (cas deLa Réunion) des atolls (cas des îlespolynésiennes) ou desbarrières (cas de l'Australie). Ces colonies sont le plus souvent inféodées à des eaux très éclairées (la lumière étant nécessaire auxalgues symbiotiques dont ils tirent une grande partie de leurs nutriments). Ces animaux aiment les eaux chaudes mais supportent mal une trop forte température ou des variations trop importantes du milieu et, surtout, une forte pollution qui entraînent leur mort rapide, précédée par un phénomène deblanchissement (le squelette calcaire devenant apparent). Ce sont les corauxstricto sensu.
Beaucoup d'Alcyonaires (notamment desAlcyoniidae etNephtheidae), possédant des formes fixes érigées mais un squelette pas ou peu minéralisé, sont désignés par le terme générique de « coraux mous ».
Les espèces du genreMillepora sont communément appeléescoraux de feu (par exemple lecorail de feu branchuMillepora alcicornis), en raison de leur fort pouvoir urticant. Cependant, malgré leur structure similaire les millepores ne sont des « coraux » que dans un sens très large, ce terme devant être réservé à des Anthozoaires : ce sont juste des hydrozoaires coloniaux développant un squelette calcaire (on peut parler deconvergence évolutive).
Certaines autres espèces d'hydrozoaires coloniaux à exosquelette calcaire du groupe desFilifera sont parfois aussi appelés coraux, comme les « coraux nobles » de la famille desStylasteridae.
Encore plus abusivement, ce terme est parfois employé pour désigner certaines algues de l'ordre desCorallinales, qui peuvent elles aussi constituer un squelette calcaire érigé (voire des récifs dans certains cas) : cependant ce ne sont pas des cnidaires (et même pas des animaux), et l'usage de l'appellation « corail » est trompeuse s'agissant de végétaux (on parlera plus justement d'algues calcaires ou encroûtantes, « Crustose Coralline Algae » (CCA) en anglais).
Dans lesMétamorphoses,Ovide profite de l'histoire dePersée et d'Andromède pour donner une signification à l’origine de la nature du corail, tout comme il était de coutume dans l'Antiquité d'expliquer par lamythologie grecque les différents phénomènes scientifiquement incompris à cette époque. Au moment de la décapitation, le sang qui coule de la tête deMéduse est pétrifié et changé en corail[14]. Après avoir vaincu le monstre marin et sauvé la princesse Andromède, le héros Persée est acclamé par tout lepeuple d’Éthiopie. Il prend alors bien soin de poser la tête de Méduse sur un lit devarech, face contre sol afin que son pouvoir ne soit dangereux pour personne dans la foule. Mais le regard de la Gorgone est éternel même après sa mort et il ne s’arrête pas à un lit d'algue. Il agit sur les végétaux alentour, les changeant en pierre. Ainsi Ovide explique la propriété du corail, considéré comme un végétal à l'époque, de se durcir à l’air, d’une façon poétique et naïve[15]. Le corail se dit en grec anciengorgoneia (γοργονεία)[16] car Méduse est l'une des troisGorgones.
« Suivant le glissement fréquent du mythe antique aumystère chrétien, lecorail rouge devient dans l’iconographie catholique symbole dusang du Christ et de laRédemption. De là lui sont attribuées des propriétés magiques »[14]. Utilisé entalisman, on lui prête une fonctionapotropaïque. AuMoyen Âge, on a pour habitude de cacher dans sa bourse ou dans sa poche un morceau de corail qui devient alors un talisman contre lasorcellerie[17]. On lui reconnaît le pouvoir de résoudre les problèmes de saignement (en le réduisant en « cendre » de corail, suivant les critères de lamédecine homéopathique pour fabriquer une pommade à usagehémostatique)[18], « de fertilité et même à laRenaissance, le don de détecter le poison dans la nourriture »[14].
Une coutume de protection des enfants consiste à leur mettre autour du cou ou placer sur leur robe, une branche de corail montée sur un métal tel que l'or, en vertu du préjugé apotropaïque qui a duré jusqu'auXXe siècle[18].
Le corail est également considéré comme ayant une fonction funéraire, comme unviatique pour les morts dans l'au-delà[18].
D'une manière générale, selon la « symbolique des pierres », le corail protège son possesseur, calme les émotions et rétablit la paix intérieure. Il est le garant de récoltes fertiles et sert à éloigner la foudre des bateaux.
EnChine antique, les coraux étaient symbole de richesse et d’un statut social élevé[17].
LesIndiens d’Amérique considèrent le corail comme une pierre sacrée ; il symbolise « l’énergie de la force vitale » et protège dumauvais œil[17].
Les joailliers perpétuent lamythologie grecque associée aux coraux, en les répartissant en catégories plus ou moins cotées : coraux écume de sang, fleur de sang, premier, second, troisième sang, etc[7].
Matériau très prisé, on utilise ce corail rouge aussi bien dans sa forme naturelle que sculptée pour créer desobjets d’art complexes depuis l'époque antique[14].Pline (Ier siècle), dans sonNaturalis Historia, se réfère à la coutume pratiquée par lesGaulois de parer leurs armes et armures de coraux capturés dans les mers deSicile et deSardaigne[18]. « La production d’œuvres d’art en corail est documentée à la Renaissance dans plusieurs centres européens dontLandshut enBavière, l'Espagne et laSicile. Du fait de sa rareté, de ses vertus et de l’intérêt grandissant pour lessciences naturelles en Europe, le corail devient un des matériaux les plus appréciés pour la création d’objets d’art destinés auxcabinets de curiosités princiers.
Le plus fameux des centres de production d’œuvres en corail, par sa qualité et sa finesse d'exécution estTrapani en Sicile[18]. Elle doit son essor à la Cour duVice-roi qui commande aux artisans toutes sortes de fantaisies. La production de Trapani se caractérise par l’emploi de petits éléments de corail sculptés de différentes formes, montés ensuite sur des supports decuivre doré et parfois associé à des émaux afin d'obtenir des effets variés. Par sa position géographique et ses riches ressources naturelles incluant de grandsrécifs coralliens, Trapani devient l’un des principaux ports commerciaux de lamer Méditerranée. La croissance d’une classe prospère de marchands, alliée à un richeclergé, contribue au développement à grande échelle de l'orfèvrerie et du travail du corail dès leXVIe siècle. L’installation en1628 dans la ville de laguilde des artisans du corail, leArte dei corallari, témoigne de la forte demande pour ces objets. Les objets en corail, majoritairement religieux, tels que les crucifix, lescapezalle, lesmonstrances, les objets et vêtements liturgiques, les bénitiers et les autels, étaient surtout acquis par les trésors des églises, tandis que les objets profanes, tels que les cadres de miroir, lestazze ou les vases, les objets usuels ou le mobilier miniature étaient acquis par les cours et les membres de lanoblesse. Le corail, considéré comme précieux et rare auXVIe siècle, était offert en tant que cadeau diplomatique à travers les cours européennes »[14].
Acropora formosa.Une colonie de corail fracassée, par une ancre ou par un baigneur maladroit, àMayotte. Si elle survit, elle mettra plusieurs longues années à se reconstituer.
Les récifs coralliens (et lesservices écosystémiques qu'ils assurent[19]) sont en situation de crise écologique[20] ou de stress partout dans le monde[21]. Environ 50 % des récifs coralliens du monde sont morts au cours des40 dernières années[22],[23], et environ 60 % de ceux qui subsistent sont en danger à cause de l'homme, surtout en Asie du Sud. Au rythme des années 2000, plus de 50 % des récifs coralliens de la planète risquent d'être détruits d'ici à 2030. L'ONU, l'Europe et de nombreux États appellent à les protéger et/ou ont voté des textes ou lois en faveur de leur protection[24].
La vitesse de croissance très lente des coraux, leurs besoins écologiques très particuliers et leur mode de vie sédentaire les rendent d'autant plus fragiles, et empêchent les populations de se reconstituer rapidement après une catastrophe.
Plusieurs causes semblent conjuguer leurs effets négatifs pour les coraux :
Des coraux comme le corail rouge sont très menacés (là où ils n'ont pas déjà disparu) par leur exploitation pour labijouterie. En effet, la vitesse de croissance extrêmement lente ducorail rouge ne permet pas d'exploitation durable, et dès l'AntiquitéPline l'ancien déplorait« Maintenant l'exportation rend cette matière si rare, qu'on ne la voit plus guère dans les pays qui la produisent »[3]. L'invention de laplongée sous-marine auXXe siècle a permis une exploitation extrêmement intense en Méditerranée, jusqu'à des profondeurs importantes, mettant toute l'espèce en péril.
Les coraux ont ensuite été victimes à la fin duXXe siècle duchalutage dans les zones froides, tempérées et plus chaudes et duplateau continental ; lasurpêche et lapêche à l'explosif endommagent aussi respectivement le fonctionnement écologique (collapsus écologiques locaux[26]) et les équilibres des récifs, et les coraux eux-mêmes. Des déséquilibres entre poissons organismes carnivores et herbivores peuvent aussi, surtout en contexteeutrophe favoriser la croissance debiofilms de microalgues et de tapis algues susceptibles d'étouffer les récifs (en apportant desmicrobes avec lesquels les coraux ne sont normalement pas en contact[27], et/ou par simple compétition avec les coraux[28]) les récifs coralliens,algues brunes notamment[29],[30], en modifiant les équilibres et complémentarités des espèces du récif[31]. Les algues ont des effets contrastés sur certains coraux massifs, par exemple les porites (coraux massifs) semblent assez peu affectés par les tapis plurispécifiques[32] d'algues, mais ils sont tués par les tapis d'algues rougesAnotrichium[33],[34].Plus rarement, et parfoisa priori à la suite de déséquilibres induits par l'homme, certainesmacroalgues entrent en compétition avec les coraux, avec lesscléractiniaires (coraux durs) notamment[35]. Parfois, les macroalgues semblent être "neutres" à l'égard du récif[36], voire développer des effets positifs à son égard[37],[38]. Morse et al. en1988 ont montré[39] que certaines espèces d'algues encroutantes sont nécessaires au récif car les molécules qu'elles émettent déclenchent la métamorphose de la larve de corail, et lui indiquent où se fixer afin de trouver un environnement permettant sa survie, or ces algues sont vulnérables aucuivre et autributylétain[40] (notamment relâché dans l'eau par lesantifoolings) et à d'autres polluants (désherbants par exemple). Inversement, dans certains cas d'autres espèces d'algues pourraient interagir négativement avec les zooxantelles de manièreallélopathique.
Localement, la création deports, le creusement de canaux et l'accès aux îles et baies sont des sources de dégradation des écosystèmes coralliens. Le corail et le sable corallien sont en outre de plus en plus utilisés comme source de calcaire et pour la construction dans de nombreux pays.
Il est observé à échelle planétaire, et ditblanchiment des coraux car le corail perd sa couleur à la suite de l'expulsion des zooxanthelles avec lesquelles il vit normalement en symbiose[41]. Les causes encore mal comprises du blanchiment peuvent résulter de la conjonction de l'eutrophisation, lapollution, uneagriculture intensive (basée sur l'usage depesticides et d'engrais en partie perdus en mer via le ruissellement et l'évaporation), ou du réchauffement, voire d'un début de montée trop rapide des océans, ou localement de la présence de polluants issus demunitions immergées, chacun de ces facteurs prenant une part plus ou moins importante selon la situation géographique. Certaines espèces peuvent survivre quelques mois après avoir expulsé leurszooxanthelles (3-4 mois àMayotte ; 7 mois enFloride). On a localement et parfois constaté une recolonisation par les zooxanthelles de coraux blanchis. La mortalité est considérée comme certaine quand une colonie blanchie a secondairement été recouverte par un feutrage d’algues filamenteuses, après quelques semaines ou mois. LesAcropores semblent les plus sensibles au blanchissement (30 % sont morts en 1991 dans l’Archipel de la Société). Les effets de l'acidification des océans sont encore à venir et mal compris ; on a trouvé quelques coraux résistants à des sources sous-marines naturellement acides le long de la côte de lapéninsule du Yucatán (Mexique), mais ils ne forment que de petites colonies éparses et inégalement réparties, sans former de récifs complexes tels que ceux qui composent les barrières coralliennes et le système méso-américaine proche des barrières de Corail[42].
L'impact des dépôts desédiments apportés par une eauturbide est discutée. En effet, quand ces sédiments en suspension ne sont pas anormalement pollués, et au moins pour certaines espèces de corail, le corail récifal peut aussi parfois se nourrir de ces particules. Si les récifs coralliens comptent parmi les écosystèmes marins les plus productifs au monde, alors qu'on les trouve souvent dans des eaux plutôtoligotrophes, c'est certes en raison de leur aptitude (notamment grâce à leurendosymbiose avec leszooxanthelles) à utiliser des ressources alimentaires variées (zooplancton, phytoplancton, matières organiques dissoutes), c'est peut-être aussi grâce à l'aptitude de certains coraux à les extraire de l'eau et les consommer.
La sédimentation est cependant un facteur de stress reconnu pour la plupart des coraux, en inhibant la plupart de leurs modes d'alimentation, de diverses manières dont en empêchant les algues symbiotes d'accéder à la lumière nécessaire à la photosynthèse. Des travaux récents montrent que des dépôts accrus de sédiments sur certains coraux (induits par leur morphologie) sont aussi utilisé par ces coraux pour se nourrir[43]. Un suivi de la cinétique de la matière organique de sédiments en suspension (par des marqueurs fluorescence) montre qu'ils sont ingérés par les cellules du corailFungia horrida Dana 1846[43] (C'est la première preuve concrète de la capacité de certains coraux à ingérer et digérer la fraction organique du sédiment en suspension dans l'eau[43]. Quand il est propre, le sédiment pourrait avoir un rôle positif pour ces coraux[43], mais quand il est pollué, ils pourraient être encore plus vulnérables à certains polluants, souvent piégés sur ou dans le sédiment.
Plusieurs animaux sont capables de se nourrir de corail, comme lespoissons-papillons ou surtout lespoissons-perroquets[44], mais aussi des mollusques comme les gastéropodes du genreDrupella. Généralement, leur activité est en équilibre avec la croissance du corail, et permet un bon renouvellement des populations et assure la biodiversité du récif en consommant en priorité le corail à croissance rapide, au profit des coraux à croissance lente.
Cependant, depuis les années 1970 desinvasions spectaculaires d'étoiles de mer dévoreuses de corail,Acanthaster planci, provoquent des mortalités massives et brutales de grandes quantités de corail, ravageant parfois des côtes entières notamment enAustralie, auJapon et enIndonésie. Ces invasions semblent être de plus en plus fréquentes et brutales, et inquiètent d'autant plus les scientifiques que les causes en sont encore mal connues.
Plusieurs autresétoiles de mer consomment du corail en quantités plus modestes, comme celles du genreCulcita ou de nombreuses espèces abyssales comme celles du genreEvoplosoma[45].
Le « squelette » et les organismes de certains coraux se montrent plus chargés enmétaux lourds que d'autres. C'est le cas par exemple deLobophyllia corymbosa (ci-dessus). Les espèces de coraux formant des colonies aux formes plus complexes semblent absorber de plus grandes quantités de ces métaux.
Desmétaux lourds sont présents en mer. Ils sont issus des remontées volcaniques, d'apports terrigènes naturels et surtout anthropiques depuis quelques décennies, de dépôts aériens ou encore de la dissolution naturelle des roches immergées. Ces métaux sont plus ou moins sélectivement absorbés et concentrés par les coraux qui détoxiquent le milieu, mais éventuellement en s'empoisonnant. Selon une étude faite dans l'archipel deLakshadweep (océan Indien), la morphologie des différentes familles, genre et espèce influe sur cette capacité. Les coraux massifs (exPorites andrewsi) absorbent moins les métaux que les coraux rameux ou ramifiés (ex :Lobophyllia corymbosa,Acropora formosaetPsammocora contigua) ou foliacées (Montipora digitata). Dans les squelettes coralliens de cette région, les taux de métaux les plus élevées - pour tous les métaux traces saufZn - ont été rapportées chez les coraux en rameaux. Dans les tissus vivants, tous les métaux (indispensables,non essentiels, ouécotoxiques) étaient plus concentrés chez les coraux en formes de branches. Indépendamment de leurs caractéristiques de croissance et forme, toutes les espèces étudiées, saufP. contigua présentaient des taux dePb,Ni,Mn etCd plus élevés dans leur squelette que dans leurs tissus, ce qui laisse penser que le squelette est utilisé pour détoxiquer les organismes de métaux hautement toxiques tels que Cd et Pb[46]. De manière générale, les métaux se montrent plus mobiles et toxiques dans les contextes acides.
Elle est planétaire, résultant des effets combinés du réchauffement des eaux de surface, de lamontée de la mer et de l'acidification des océans, le tout associé à une hausse continue des émissions de gaz à effet de serre[47]. Le dérèglement climatique est une source de stress pour les coraux[48]. En 1998, 16 % des récifs coralliens du monde seraient morts à cause de température d'eau trop élevées[49] qui semblent déjà mettre à mal la capacité derésilience écologique des coraux[50].
Fin 2006, au moins 40 % des coraux deMartinique sont morts du blanchiment observé en 2005. Certaines études, probablement à confirmer, indiquent que les produits de protection solaire utilisés par les baigneurs seraient également responsables de la destruction des coraux, pour une part non négligeable[51]. Les déchets plastiques[52] augmentent aussi les risques de maladie des récifs coralliens[53]. De 1955 à 2007 dans les Caraïbes, 32 à 72 % des poissons des récifs auraient disparu[54], avec une réduction du stock de 2,5 à 6 % par an depuis 1995.
Lacoraliculture est la culture du corail ; si elle fait la joie desaquariophiles, elle présente d'abord un intérêt pour les scientifiques. En effet, dans le but de contribuer aux préservation, restauration et conservation des organismes coralliens, des scientifiques de diverses spécialités étudient les stratégies impliquant la coraliculture[55]. Près de90 espèces sont ainsi élevées à travers le monde[56],[57]. Des projets de transplantation de corail à grande échelle dans des zones dégradées se développent dans certains pays, parfois avec succès[58]. Des associations telles que laCoral Reef Alliance[59],Reef Check[60] ouCoral Guardian[61] organisent également un suivi de l'état des récifs à des fins de conservation et de prévention des menaces. En France, il existe en particulier l'IFRECOR (Initiative française pour les récifs coralliens, qui dépend duMinistère de l’Écologie.
Un programme decryoconservation des coraux (spermatozoïdes, ovules, larves et microfragments) a par ailleurs été créé en 2004 à laSmithsonian Institution deWashington. Début 2018, il n'est encore opérationnel que pour les spermatozoïdes[56].
Une technique simple et efficace de réhabilitation par bouturage naturel a été mise au point par Anuar Abdullah, fondateur de l'association Ocean Quest[62].
ÀCuba, la réserve naturelle des Jardins de la reine, qui comprend près de 150 kilomètres d’îles, de récifs et demangroves, accueille unrécif corallien parmi les mieux préservés au monde[63].
Soutenus par la princesseCaroline de Hanovre, la maisonChanel et le Centre scientifique de Monaco se sont associés pour la préservation des coraux rouges de méditerranée depuis 2019. Une Unité de recherche sur la biologie des coraux précieux (Corail rouge de Méditerranée, ouCorallium rubrum) propose dessolutions innovantes[Lesquelles ?] pour aider à sa conservation[64].
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