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Lecompostage est un processusbiologique comprenant plusieurs phases de dégradation et de transformation dedéchets organiques, permettant d’obtenir un produit valorisable appelé compost.
Ce processus fonctionne sur le principe de l’humification qui se déroule enmilieu naturel, mais de manière accélérée et dans des conditions contrôlées. Il se déroule en présence de l’oxygène de l’air et d’humidité (eau), par l’action conjuguée desbactéries,champignons,micro-organismes etmacro-organismes. Il s’agit d’une réactionexothermique etaérobie, contrairement à laméthanisation qui est une réactionanaérobie.
Le compost partage avec l'humus beaucoup de propriétés, notamment sa capacité à retenir l’eau et sa richesse ennutrimentsminéraux et organiques. Il peut être utilisé en tant qu’amendement ouengrais pour enrichir lessols.
Le compostage peut être réalisé de différentes manières et à différentes échelles. À petite échelle, il consiste à mélanger des matières sèchescarbonées (broyat) avec d'autresbiodéchets riches en humidité et enazote (épluchures par exemple). À plus grande échelle, des entreprises utilisent des broyeurs mécaniques pour faciliter l’action bactérienne, accélérer le processus et hygiéniser le compost produit.
L’utilisation d’un composteur nécessite de veiller à une bonne aération pour favoriser l’action desdécomposeurs et l’apparition d'unebiodiversité souhaitée. L'utilisation du compost dans lescultures destinées à l’alimentation est soumis à des réglementations en matière desanté publique, qui définissent lesmatières organiques pouvant être compostées ou non.
L’oxygène permet auxmicro-organismesaérobies de former desmolécules d’eau avec lesubstrat[1].
Les micro-organismesanaérobies sont majoritaires et élaborent des composés tels que duméthane, dusulfure d'hydrogène. Ces composés s’accumulent, provoquent des odeurs nauséabondes et certains d’entre eux peuvent entraîner unephytotoxicité lors de l’épandage du compost commeamendement[1].
Tous les produits biologiques peuvent être utilisés pour créer du compost :restes de repas,de productions agricoles,algues[2], etc. Toutefois, certaines choses se décomposent plus difficilement ou demandent quelques précautions.
Lesfumiers decheval,lapin,chèvre, etc. sont déjà équilibrés (carbone/azote) et se compostent donc très bien.
Les coquilles d'œufs et lesos peuvent être mis au compost, mais comme ils se décomposent lentement, il est préférable de ne pas en mettre en trop grosse quantité et, si possible, de les écraser au préalable.
Contrairement à certaines croyances, lesrésineux ne rendent pas le compost acide. Cependant, ils contiennent desinhibiteurs de croissance qui ralentissent ou empêchent la croissance desplantes. Il est donc recommandé de ne pas dépasser une proportion de 10 à 15 % de résineux dans le compost.
Les restes alimentaires cuits doivent être ajoutés en petite quantité et bien enfouis au centre du compost, là où la chaleur est la plus intense. Lepain doit être bien humidifié avant d'être mis au compost.
Lesplantes malades ne doivent être incorporées qu'au centre du compost, là où la chaleur est la plus élevée, afin de détruire les pathogènes. Lescendres defeu de bois, riches enpotasse,phosphore,chaux etoligo-éléments, constituent un excellent engrais minéral. Toutefois, il est important de les incorporer en petite quantité, soit un maximum de3 kg/m3 environ.
Plusieurs phases se succèdent dans le processus de compostage.
Lorsque les quantités de matière mises en œuvre sont importantes, le changement detempérature du tas permet de suivre l’évolution du compostage, et le suivi de la température du compost permet de distinguer plusieurs phases[10].
Cette température relativement élevée est recherchée enélevage pour briser le cycle de reproduction desorganismes vivants au détriment de la santé du bétail[réf. souhaitée].
La première conduit les matières à l’état de compost frais ; c’est une dégradationaérobie intense. La seconde phase est une dégradation moins soutenue, elle va transformer le compost frais en un compost mûr, riche enhumus.
Si le tas est de petite taille, la chaleur produite par les micro-organismes impliqués dans le compostage est facilement évacuée et la température varie peu.
Lors du dépôt de matières organiques, il est important d’aérer et d’homogénéiser le compost, pour en favoriser la décomposition ou en empêcher le pourrissement (méthanisation) ; cette opération peut être réalisée au moyen d'une fourche ou de tiges aératrices destinées à cet usage, mais également de manière passive par l'ajout de matière sèche[11].
Les odeurs dégagées sont des indices sur la bonne aération du compost, si des odeurs désagréables d'ammoniac et deméthane surviennent, c’est dû à un manque d’entretien et d’aération[12],[13].
Le mélange et l’aération sont des paramètres essentiels de la dynamique du compostage. L’urine se révèle aussi un bon activateur des micro-organismes du compost pour sa teneur enazote, lorsqu’il fait défaut.[citation nécessaire]
Le processus de compostage peut même être ralenti ou même stoppé lorsqu’il manque d’aération ou si son équilibre est perturbé. Le compost est unécosystème vivant qui repose sur l’action des micro-organismes. Sans oxygène, ces bactéries et champignons responsables de la décomposition étouffent et le processus ralentit drastiquement. Le compost peut donc fermenter et dégager des odeurs désagréables lorsqu’il manque d’aération[14].
Un bon compost doit contenir environ deux parts de matières brunes pour une part de matières vertes. Ce ratio assure une décomposition rapide tout en évitant les mauvaises odeurs et les excès d’humidité[15],[16].
Tous les types de sous-produits et de déchets organiques peuvent être compostés (plus ou moins bien) : déchets decuisine, sous-produits dejardin, déchets demaison[10], mais aussi certains déchets et sous-produits de l’industrie agroalimentaire, lesboues d’épuration, desfumiers ou deseffluents d'élevage, desdigestats deméthanisation.
Les produit carnés nécessitent un compostage particulier avec une montée en température pour permettre leur transformation complète et limiter le développement degermes pathogènes[17],[18].
Pendant la phase de dégradation, la température augmente car il y a une forte activité biologique[19]. Les composés les plus dégradables tels lessucres, lesacides aminés libres et l’amidon sont d’abord consommés[20].
La décomposition de la matière organique fraîche se fait sous l'action debactéries et champignons, dont l’activité fait augmenter la température jusqu'à50 à 70 °C.
La température monte rapidement pour atteindre40 à 45 °C à la suite de la respiration de micro-organismesmésophiles aérobies.
Larespiration élève ensuite progressivement la température jusqu'à60 à 70 °C, ce qui conduit au remplacement des micro-organismesmésophiles par desthermophiles et des thermotolérants.
La phase de dégradation voit le volume du compost diminuer par minéralisation de la matière organique en CO2, et par des pertes d’eau importantes par évaporation.[citation nécessaire]
La dégradation est souvent appelée« fermentation » (par exemple dans la réglementation française[21]) ; mais cette appellation n’est pas scientifiquement correcte[réf. souhaitée], car lesfermentations au sens strict se déroulent en milieu anaérobie.
Le contrôle de la température du tas par un thermomètre de couche permet d’observer l’évolution de la température au cœur du compost. La température permet de confirmer l’activité qui y règne[22]. Si la température est trop élevée, il est utile d’aérer le compost. À l’inverse, si elle est trop basse, il est utile de rajouter de la matière organique fraîche (épluchures de légumes, herbe tondue…) et si nécessaire de l’activateur de compost afin de redynamiser l’activité des bactéries.
Il existe aussi l’astuce du bâton témoin. Pour vérifier si le compost est bien aéré et actif, on peut également utiliser un bâton en bois enfoncé au centre du tas en le retirant une fois par semaine :
Cette simple vérification permet d’ajuster rapidement les conditions du compost avant que les problèmes n’apparaissent[3].
La bonne humidité pour un compost peut aussi se mesurer simplement en prenant une poignée : si en serrant cette poignée, du liquide s’en échappe, c’est qu’il est trop humide et si en revanche la poignée est friable, très sèche avec peu de matière noire, c’est qu’il est trop sec[23]. Et si des perles d’eau commencent à apparaître, c’est que le taux d’humidité est bon. En fait, l’idéal est un compost où le taux d’humidité est comparable à une éponge humide bien essorée.
Pendant la phase de maturation, la température diminue[19]. Après la phase dégradative, la quantité de matière facilement utilisable par lamicroflore s'est déjà raréfiée. On assiste alors à la disparition des micro-organismesthermophiles au profit d’espèces plus communes et de nouvelles espècesmésophiles. Au fur et à mesure la température décroît, et ce pendant une longue période de mûrissement, pour se stabiliser au niveau de la température ambiante. Le compost entre dans une phase de maturation constructive, pendant laquelle apparaissent lentement des éléments précurseurs de l’humus[20].
Il est important que le compost soit mûr pour l’utiliser, car un compost immature ne peut être utilisé qu’au pied d'arbres adultes mais surtout pas sur lepotager, jeunes arbres ou arbustes, car il risquerait de« brûler » les jeunes plantes[24].
La transition entre chacune des phases citées précédemment résulte d’une évolution continue. Il n’y a pas de frontière marquée entre les espèces mésophiles et thermophiles. Chaque espèce possède une gamme de températures vitales avec un optimum au milieu.
Le compost mûr ressemble à duterreau : il en a la couleur sombre, la texture légère ; on n’y reconnaît plus les déchets qui ont servi à le constituer. Son odeur est normalement agréable, relativement douce (odeur d’humus, desous-bois)[11].
Un compost immature est brun clair ou verdâtre. Son odeur est souvent celle duchou, de lapomme de terre ou de l’oignon, et peut parfois être très forte. Il contient encore des bouts defeuilles, de morceaux d'épluchures, car il n’a pas été entièrement dégradé. Si le compost immature semble stagner dans son état, il est utile de le remélanger afin d’en accélérer le processus de compostage, et si besoin de l’humidifier, tout en le mélangeant à la fourche légère. En effet, ce sont les macro-organismes (principalement lesvers de compost) qui terminent la maturation. Si leurmilieu de vie devient trop sec, ils l’abandonnent ou dépérissent[24].
Le « test ducresson » permet de savoir si le compost est suffisamment mûr. Il consiste à faire germer des graines de cresson dans du compost (plante qui germe très vite). Si les plantules dépérissent une fois germées, c’est que le compost est encore trop riche en azote et brûle les racines[11].
Le procédé de compostage varie dans sa durée selon plusieurs facteurs comme :
Le compostage est rendu fonctionnel grâce aux êtres vivants qui l’occupent et qui rendent ainsi unservice écosystémique à l’humain dans le traitement de ses déchets. La variété de rôles, tailles,taxons et abondances des êtres vivants fait du compost un écosystème propice à l’observation du vivant.
En lien avec cette possibilité d’observation, on distingue parmi les organismes composteurs, d'une part lesmicro-organismes, observables aumicroscope, et d'autre part lesmacro-organismes, observables à laloupe binoculaire ou à l'œil nu[25],[26].
Différents micro-organismes influent sur le processus.
Les champignons agissent sur les matières qui résistent aux bactéries. Mais ils ne survivent pas au-delà de50 °C. On les retrouve donc surtout en périphérie du compost où la température est plus fraîche. Ils sont les seuls à pouvoir travailler dans le compost plus sec. Certains champignons vont secréter desantibiotiques et notamment de lapénicilline qui peuvent limiter l’action des bactéries. C’est pour cela que certains composts limitent l’apport en agrumes qui sont principalement dégradés par les champignons.[réf. nécessaire]
Lesvers du compost agissent au début du processus sur des éléments peu décomposés, après la phasethermophile. Il s’agit surtout de l'espèceEisenia andrei (ouEisenia fetida), ver dufumier, espèceépigée et non delombrics (espèce anécique). Ces vers rouges intègrent un mélange dedébris organiques et leursexcréments constituent un milieu idéal pour les activités microbiologiques du compost qui conduisent à l’élaboration du compost mûr. Ils vivent idéalement entre15 et25 °C, ce qui correspond à un stockage du récipient de lombricompostage à l’intérieur des habitations.
D'autres espèces sont parfois utilisées :Eisenia hortensis,Eudrilus eugeniae,Lumbricus rubellus, mais elles se reproduisent moins vite que l’espèceEisenia andrei[29].
Des larves blanchesmélolonthoïdes peuvent être trouvées dans le compost. Ce sont souvent des larves decétoine dorée, uncoléoptère d’aspect vert métallisé. Elles recyclent les matières organiques, de la même façon que les vers rouges et participent à l’amélioration du compost[30]. Les larves ne s’attaquent pas aux racines de plantes, au contraire des larves duhanneton, et ne présentent donc pas de danger pour l’utilisation du compost au jardin.
Lesmyriapodes (scolopendres,polydesmes,géophiles…) ont plusieurs types de régimes alimentaires avec des décomposeurs comme les polydesmes et desprédateurs comme les géophiles[26].
Certainsdiptères pondent leurs larves dans le compost comme lesmouches soldats par exemple.
De nombreuses espèces d’araignée sont présentes sur le compost et chassent les autres habitants de cetécosystème comme de petites espèces deLinyphiidae[31].
Certaines espèces sont desbioindicateurs de laqualité des sols ou des composts.
Lescollemboles sont de petitsinsectes souvent blanchâtres sensibles à lapollution auxmétaux lourds, leur présence est signe de la bonne santé d’un compost[32],[33]. Ils se nourrissent notamment des champignons dégradant la matière organique[34],[35].
Lescloportes sont des crustacés qui sont des bioindicateurs de la bonne humidité d’un composteur[36].
Il arrive de trouver dans les composteurs deslimaces etescargots, qui sont principalementherbivores et pour certainsdétritivores. La bave de ces animaux est investie par des micro-organismes[26].
Le compost peut être utilisé comme habitat et source d'alimentation par desrongeurs (souris,campagnols,mulots, etc.) ou desmusaraignes. Leur présence n’est pas néfaste, mais ils sont généralement peu désirés par les utilisateurs du compost.
Il est possible de restreindre leur présence avec une grille de fond dans le composteur, et en prenant soin de maintenir le compost fermé[37].
D’autres animaux plus gros comme deshérissons ou desorvets peuvent bénéficier de la forte concentration debiodiversité du compost[38].
La composition finale d’un compost dépend de plusieurs paramètres, dont les déchets qui ont servi à le fabriquer, la conduite du processus de compostage, la maturité du compost. En 2006, l’audit de cent plateformes de compostage en France métropolitaine a été réalisé sur commande de l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME)[39]. Les résultats d’analyses montrent les compositions moyennes suivantes pour les paramètres agronomiques :
Paramètre | Compost de déchets verts[40] | Compost de boues d'épuration et déchets verts[41] |
---|---|---|
MS (% MB - matière brute) | 59 | 65 |
MO (% MS) | 46 | 52 |
Azote total (N) (% MS) | 1,5 | 2,3 |
Phosphore (exprimé en P2O5) (%MS) | 0,6 | 3,4 |
Potasse (K2O) (%MS) | 1,4 | 0,9 |
Magnésie (MgO) (%MS) | 0,7 | 0,7 |
Chaux (CaO) (%MS) | 7,8 | 8,8 |
pH | 8,4 | 7,6 |
Pour les traces métalliques, les compositions moyennes suivantes ont été mesurées :
Élément | Compost de déchets verts[40] | Compost de boues d'épuration et déchets verts[41] |
---|---|---|
Arsenic (mg/kg MS) | 5,6 | 2,1 |
Cadmium (mg/kg MS) | 0,5 | 0,9 |
Chrome (mg/kg MS) | 18 | 29,5 |
Cuivre (mg/kg MS) | 50 | 197 |
Mercure (mg/kg MS) | 0,2 | 0,7 |
Plomb (mg/kg MS) | 60 | 87 |
Nickel (mg/kg MS) | 12 | 20 |
Sélénium (mg/kg MS) | < seuil de détection | 0,62 |
Zinc (mg/kg MS) | 145 | 385 |
Plus ces facteurs font l’objet de contrôles rigoureux, plus le procédé est rapide. La durée du procédé varie selon le niveau de décomposition désiré pour le produit fini[42].
Un produit immature n’exige qu'un mois de préparation tandis qu'un compost mature peut exiger de six mois à un an de séchage. Toutefois, une méthode existe et qui permet d’obtenir un compost prêt à la culture de courges ou de tomates, mais d’aspect grossier, en moins d’un mois : le compostBerkeley[43].
À l’inverse, si la composition n’est pas optimale, ou si le compostage est mal suivi, les tas de détritus organiques dégagent une odeur nauséabonde et mettent au mieux deux ou trois ans pour donner une matière utilisable[44].
Trois kilogrammes dedéchets compostables produisent environ un kilogramme de compost[19]. La réduction de volume du tas suit les mêmes proportions, puisqu’au final il aura perdu les deux tiers du volume initial[22]. Cette perte de volume commence dès les premiers jours suivant la mise en tas. Elle est à attribuer au compactage sous le propre poids du compost et à la perte de structure de la matière. La transformation de la matière carbonée sous forme de dioxyde de carbone (CO2) volatil et l’évaporation de l’eau constituent les autres causes de perte de volume[45].
La réussite du compost nécessite la présence de deux types dedéchets fermentescibles :
Il est important de mélanger les déchets pour un compost de qualité. En principe, il faudra introduire 20 à 30 fois plus decarbone que d'azote[19]. Attention, cette proportion correspond auxéléments chimiques, pas à la quantité de déchets ! En pratique, il faut mélanger une à deux parts de matières azotées pour une part de matière carbonée[46].
Les chaînes carbonées sont utilisées par les organismes comme source d'énergie et produire du CO2 et de la chaleur. Pour leur croissance, ils utilisent les composants azotés du compost pour lasynthèse protéique[47].
De nombreux facteurs permettent de catégoriser des composteurs de différentes manières.
Le compostage peut être réalisé dans des composteurs à l’échelle d'un foyer, de quelques foyers ; à une plus grande échelle il est possible de le pratiquer sur des parcelles deterres agricoles pour convertir lesfumiers, ou encore dans des plates-formes pour convertir lesdéchets ménagers et les chutes debiomasse.
Le compostage en vrac consiste à simplement rassembler les déchets organiques en tas dans des composteurs. Il permet de transformer la plupart des déchets biodégradables des ménages, soit environ 30 % des déchets domestiques[48] :déchets alimentaires (coquilles d’œufs ou de fruits à coque broyés), épluchures, déchets de jardinage (tontes de pelouse, feuilles, branches fines, paille), papier, carton et bois (non traités).
Les proportions des différentes matières incorporées doivent permettre de maintenir un milieu aérobie pour le compostage. Ainsi, un équilibre est à trouver entre matières sèches et structurantes (bois, feuilles) et matières humides ayant tendance à se tasser (épluchures).
Afin d’assurer un processus de compostage de qualité, il peut ne pas être nécessaire de brasser son tas de compost si les micro-organismes accèdent déjà à l’oxygène (par exemple si le tas n'est pas sous le niveau du sol)[49],[50].
Un composteur électromécanique est un appareil de fermentation aérobie équipé d’un système de brassage électromécanique, destiné à accélérer le cycle de compostage[51]. Ces appareils sont apparus en France au milieu des années 2000, dans le cadre d’expérimentations en cantines scolaires. Il se développent significativement dans l'hexagone depuis 2018, stimulés par la réglementation. Les machines peuvent être équipées d’un système de chauffage piloté à distance, pour garantir l'hygiénisation. Elles nécessitent l'apport d’un structurant végétal et une phase de maturation d’environ deux mois. Le cycle complet serait de deux mois et demi, d’après l’un des fabricants d’électro composteurs présents sur ce nouveau marché[52]. Dans son étude publiée en 2020, l'Ademe estime que « ce matériel peut être opportun dans des zones d’habitat dense »[51].
Chaque foyer peut être équipé de moyens de composteurs individuels.
Des équipements de compostage collectifs peuvent être mis en place à l'échelle d’une résidence ou d’un quartier, notamment dans les endroits où les habitants ne peuvent pas avoir de composteurs chez eux[53],[54].
Ces initiatives nécessitent l’adhésion des ménages concernés, et permettent de réduire les déchets à traiter par la collectivité, de créer du lien social et de produire du compost qui sera utilisable par les particuliers ou pour les plantations communautaires.[réf. nécessaire] De telles actions peuvent être mises en place aussi bien en milieu urbain (exemple de la communauté d’agglomération Chambéry métropole) qu’en milieu rural (communauté de communes du canton de Monestier-de-Clermont)[10].
Le compostage progresse en milieu urbain. À Paris, les apports des participants au compostage collectif de proximité (1 % des foyers parisiens en 2019) sont estimés à 30 kg/hab/an[55],[56].
Le 9 avril 2018, un arrêté ministériel réglemente la situation juridique des composteurs de proximité[57]. SelonZéro Waste France, ce nouveau texte permet que ces sites soient exemptés d’agrément sanitaire, une personne responsable doit être par ailleurs désignée pour contrôler la bonne gestion du composteur[58].
Le compostage organisé ou industriel désigne les méthodes de compostage dans lesquelles la production de compost et son acheminement à l'utilisateur final sont organisés par une organisation indépendante, typiquement une municipalité[59].
Au lendemain de laSeconde Guerre mondiale, la France recourt fortement au compostage de sesdéchets et à l'utilisation du compost par lesagriculteurs environnants, à l'instar des gadoues tirées deseaux usées[60]. Lesengrais chimiques sont en effet encore rares et chers[59]. Ce n'est que dans les années 1970 que l'incinération des déchets s'impose au détriment du compostage, le renchérissement des prix de l'énergie subséquent auxchocs pétroliers renforçant incitant à laproduction d'électricité enusines d'incinération[59].
En région parisienne plus spécifiquement, le compost et lesgadoues produites par les habitants ont même été massivement évacuées jusque dans les vignes de Champagne jusqu'au début des années 1980, avant que la dégradation progressive de la qualité du compost (pollution plastique notamment) et l'augmentation des prix du fret ferroviaire SNCF condamne cette pratique[59]. La municipalité de Paris a mis en place un plan d’action sur la valorisation des déchets organiques dans le cadre de la stratégie « Zéro déchet » pour la période 2016-2020[61]. Le plan prévoit une stratégie de développement de compostage individuel et organisé. Les objectifs sont de500 sites de compostage domestique dans l'habitat collectif d’ici 2020, et de400 sites de compostage domestique dans les équipements publics d'ici 2020.
C'est à Lyon que le compostage industriel est le plus développé en France dans les années 2020 avec la mise en place expérimentale d'un réseau de collecte des déchets organiques sous la forme de bennes à compost installées sur la voie publique dans plusieurs arrondissements dès 2021[62]. Letri à la source des déchets biologiques est devenu obligatoire en 2024 dans l'Union européenne, et cette solution de collecte a donc été généralisée à l'ensemble du territoire du Grand Lyon grâce à l'installation de 1400 bornes[63].
À Nantes, un autre projet de collecte desdéchets organiques en vue d'un compostage est organisé par l’association la Tricyclerie[64], la collecte se faisant en tricycle à remorque.
Chaque année, il y a un évènement annuel « Tous au compost ! » organisé par le Réseau Compost Citoyen qui valorise la pratique du compostage de proximité des déchets organiques. C’est une association où chacun peut proposer des solutions pour sensibiliser le public au tri des biodéchets et au compostage en expliquant les conséquences des déchets sur l’environnement et les bienfaits du compost pour laterre et les plantes[65].
Il existe des sites de compostages industriels[66].
Il est possible de composter deseffluents d'élevage agricole (fumier,fientes,crottin), seuls ou en mélange avec des matières végétales broyées. Le compost obtenu peut être commercialisé s'il répond aux contraintes de la norme NF U44-051[67]. Sur les plateformes de compostage qui traitent des quantités importantes de déchets, les principalesmatières organiques utilisées sont : des déchets verts broyés provenant de la taille des végétaux, desboues d'épuration urbaines ou industrielles (boues de papeteries, d'industries agroalimentaires par exemple), et la fraction fermentescible desordures ménagères,triée à la source ou séparée des ordures ménagères« brutes » par tri mécano biologique.
D'autres déchets biodégradables d'origines diverses peuvent entrer en compostage :digestats deméthanisation, rafles de raisin, poussières végétales, etc. Tous ces déchets ne sont pas forcément intégrés dans la fabrication du compost ; la« recette » utilisée dépend des possibilités d'approvisionnement locales, des choix de l'exploitant du site, ou des contraintes réglementaires. Par exemple, en France la norme NF U44-095[68] précise une liste fermée d'effluents industriels pouvant servir à la fabrication de compost normalisé, et la norme NF U44-051 n'autorise, pour chaque type d'amendement organique produit, qu'une liste fermée de matières premières.
Sur une plateforme de compostage, les différentes étapes mises en œuvre sont :
Le compostage permet devaloriser lessous-produits de l'élevage, labiomasse ou lesdéchets organiques d'origine ménagère en unproduit naturel, stabilisé, semblable à unterreau, riche en composéshumiques etminéraux[69],[70],[22].
Le compostage permet de traiter une partie desbiodéchets produits, notamment dans lespays en développement[71].
Cela permet de limiter les apports à ladéchèterie de grands volumes dedéchets végétaux, et d’éviter aussi de jeter lesdéchets organiques à lapoubelle desordures ménagères. Ainsi, valoriser les déchets organiques en compost permet de préserver l'environnement en réintégrant lescycles de la matière dans la gestion de nos déchets. La commune de Woluwe-Saint-Pierre espère économiser 50 000 € par an sur la facture de prélèvement des déchets[72].
Certaines entreprises se développent grâce au traitement des déchets par compostage[73].
Le compost peut être utilisé enagriculture, notamment engrandes cultures,maraîchage et surprairies[74]. Son atout est que leséléments nutritifs absorbés par lesplantes retournent dans lesol, ce qui permet d’éviter leur appauvrissement (amendement du sol en éléments fertilisants tels que l’azote, lephosphore, lepotassium…) et donc de maintenir une durabilité desrécoltes. L'utilisation de compost en agriculture permet de favoriser labiodiversité tout en rendant lessols plus fertiles.
Une partie importante de l'azote contenu dans le compost est incorporé à de larges molécules complexes, sous une forme organique. La dégradation progressive de ces molécules permettra la mise à disposition de cette azote pour lesplantes. L'utilisation de compost augmente également labiodiversité de lamicrofaune[75]. Aujardin, il peut être utilisé commeterreau ouamendement pour fertiliser les plates-bandes, lesarbres fruitiers et lepotager.
Le compost est considéré comme unamendement dans la mesure ou il nourrit les sols qui vont par la suite nourrir les plantes et non comme unengrais qui nourrit exclusivement les plantes[11].
L'usage que l'on fait du compost dépend de son état de maturité et recèle des propriétés différentes.
Le compost peut également être utilisé sous forme liquide en agriculture. Le thé de compost, également connu sous le nom dejus de compost, est un liquide riche en nutriments obtenu par le trempage ou l'infusion du compost dans l'eau[78].
Cette méthode a été popularisée parElaine Ingham. Ce processus permet d'extraire les éléments nutritifs et de les dissoudre dans l'eau mais également de diffuser les micro-organismes du compost, créant ainsi un engrais liquide naturel. Le thé de compost est utilisé enagriculture biologique et en jardinage pour nourrir les plantes, améliorer lastructure du sol et stimuler lacroissance des végétaux. En raison de sa concentration en nutriments, le thé de compost est généralement dilué avant d'être appliqué sur les cultures, offrant ainsi un moyen écologique et économique de fertiliser les plantes[78].
L'utilisation de compost sous forme liquide est aussi pratiqué enbiodynamie[79]
Le compost était autrefois utilisé pour produire du nitrate de potassium (salpêtre) en y ajoutant ducalcaire et de lacendre de bois[80].
Le compost peut être utilisé comme chauffage sans production debiogaz et directement via l'utilisation de la monté en température bactérienne (70 °C). On peut utiliser ce procédé pour chauffer uneserre, par exemple, en réalisant un flux d'air entre le centre du compost et l'extérieur[81].
Les biodéchets peuvent également être utilisé pour produire duméthane (biogaz), ce processus peut également tenir place à l'intérieur du compost lorsque les conditions à l'intérieur sont sans oxygène (anaérobie). Le méthane est le produit d'un processus defermentation bactérienne de la matière organique, appeléméthanisation[82].
Il s'agit là d'une autre méthode de valorisation des biodéchets que le compostage puisque la finalité n'est plus la même et les installations également.
Il est recommandé d'utiliser undigesteur, c'est-à-dire un méthaniseur qui permet de récupérer le gaz[citation nécessaire]. Sinon, il est préférable de traiter les déchets verts dans un centre de tri équipé d'un système de récupération du méthane. Cette technique permet de réutiliser le méthane comme source d'énergie[83].
En moyenne, avec une tonne de déchets organiques, il est possible de produire entre 100 et 300 m3 de biogaz[citation nécessaire]. Ce biogaz peut ensuite être utilisé comme source d'énergie pour le chauffage.
Le méthane est ungaz à effet de serre plus puissant que le CO2. Dans un processus de compostage il s'agit donc de prendre garde à la production de méthane en veillant au bon apport d'oxygène.
Lorsque les conditions sontanaérobies, les végétaux en décomposition dégagent duméthane, qui est ungaz à effet de serre[84],[85].
Le méthane peut être utilisé comme carburant, c'est le cas par exemple dans lamétropole européenne de Lille[86],[87],[88]. Lorsque le compost est réalisé dans une installation sans système de méthanisation, le méthane est gaspillé car perdu dans la nature.
Les pathogènes et l'antibiorésistance sonta priori plutôt présents dans le compost « industriel », mais peuvent apparaître sur le compost individuel[89], ce qui pourrait avoir un impact sanitaire dans les années à venir.
Dans l'écoquartier de Cronenbourg, àStrasbourg, les jardins partagés ont été désertés et les composteurs mis à disposition sont restés vides, faute de suivi pour inciter les habitants à s'en servir[90].
Selon l'Ademe, les sites ne peuvent être implantés que si :
Les sites de compostage sont parfois la cibles d'incendies volontaires[92].
Le compost ayant pour but de fertiliser les surfaces agricoles, il doit répondre à des normes sanitaires.
La norme européenne EN 13432 est relative aux déchets compostables[93].
Un écolabel européen existe pour les composts, sous la catégoriesoils improvers and growing media[94] (amendements etsupports de culture). Pour l'associationFrance nature environnement, la norme NF U44-051 en vigueur pour le compost français n'offre pas de garanties d'innocuité et protège mal les sols et l'environnement, car trop laxiste et en raison de l'absence detri des biodéchets à la source[réf. nécessaire]. Les déchets mal triés et compostés peuvent contenir desmétaux, desmédicaments, desrésidus de pesticides, descendres riches enmétaux lourds,PCB,dioxines, etc. Par exemple, en France, lecadmium (puissant toxique rénal) est autorisé jusqu'à 3 mg/kg, alors que la plupart des autres pays le limitent à 0,7 à 1,5 mg/kg de matière sèche, et alors qu'enEurope, on en trouve 0,5 mg/kg en moyenne dans le compost. Une étude de laCommission européenne publiée en 2010 alerte sur le fait qu'utiliser un tel compost durant25 ans conduirait à polluer au-delà des seuils tolérables les sols en50 ans. Pour le cuivre et le mercure, cette période ne serait que de25 ans. De même, la France autorise-t-elle 2 % deverre etmétaux, 1,1 % deplastiques, soit jusqu'à 5 kg de verre/métaux et2,7 kg/m3 de plastiques. Ces produits peuvent notamment affecter lesvers de terre et contaminer lesplantes cultivées.
EnFrance, deux normes concernant le compost existent : la NF U44-095 pour les composts contenant desboues d'épuration[68], et la NF U44-051 pour les autres composts[95]. Elles sont rendues d'application obligatoire depuis 2004[96],[67], et sont donc consultables gratuitement. L'une et l'autre précisent notamment une liste fermée de matières autorisées dans la fabrication du compost, les analyses qui doivent être réalisées sur le compost, et les limites maximales de composants comme les éléments traces métalliques, les composés traces organiques, les inertes et les micro-organismes.
Selon la législation française, les installations de compostage dedéchets non dangereux ou de matière végétale, ayant, le cas échéant, subi une étape deméthanisation sont desinstallations classées pour la protection de l'environnement (ICPE). En effet, ce type d'installation est concerné par la rubriqueno 2780 de la nomenclature des installations classées, qui est divisée en trois sous-catégories[97] :
Les autorisations ou les enregistrements sont délivrés sous la forme d'arrêtés préfectoraux afin d'imposer aux exploitants le respect d'un certain nombre de prescriptions techniques afin de limiter leurimpacts environnementaux, notamment celles d'un arrêté ministériel daté du[98] ou celles d'un arrêté ministériel daté du[99].
Afin de limiter leurimpacts environnementaux, les exploitants des installations soumises à déclaration doivent quant à eux respecter les prescriptions techniques d'un arrêté ministériel daté du[100].
L'instruction des demandes d'autorisation et d'enregistrement ainsi que le contrôle du respect des prescriptions techniques par les exploitants sont réalisés par l'inspection des installations classées[101].
La mesure des températures se fait, pour chaque lot, conformément aux bonnes pratiques en vigueur (par exemple par sondes disposées tous les 5 à 10 mètres à des profondeurs situées entre 0,7 et 1,5 mètre) et à une fréquence d'au moins trois mesures par semaine pendant le début de la phase de fermentation aérobie[102].
Depuis le 2012, les personnes qui produisent ou détiennent une quantité importante de biodéchets ont l’obligation de trier ces biodéchets et de les faire valoriser dans des filières adaptées (telles que le compostage ou la méthanisation). Cela concerne les entreprises « gros producteurs » de biodéchets.
Les seuils ont progressivement été abaissés : en 2012, l’obligation concernait les professionnels qui produisent plus de 120 tonnes par an de biodéchets ou plus de1 500 litres par an d’huiles alimentaires usagées.
Depuis le 2016, ce sont les professionnels produisant plus de 10 tonnes par an de biodéchets, et de 60 litres par an pour leshuiles, qui sont concernés.
Depuis le 2023, ce seuil est encore abaissé et ce sont désormais les professionnels produisant plus de 5 tonnes par an de biodéchets qui ont l’obligation de les trier.
Conformément à la loi du 10 février 2020 relative à lalutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire, diteloi anti gaspillage, la généralisation de ce tri à la source est prévue d’ici le 2024 pour tous les producteurs de déchets en France[103].
Le 2024, le compostage des déchets organiques devient obligatoire[104] et les collectivités devront proposer des solutions de tris à leurs administrés[105],[106]. Dans l'agglomération deLimoges, les habitants (horsLimoges Métropole) auront l’obligation de composter leurs déchets ménagers chez eux[107]. Certaines villes distribuent des composteurs en l'échange de participer à des stages de sensibilisation[107],[108],[109],[110]. D'autres villes proposent des seaux permettant de trier et d’apporter les déchets alimentaires sur une aire de compostage collective[111],[112],[113],[114],[115],[116] ou dans des bornes de collectes[117].
Malgré le fait que le compost séduit de plus en plus de monde, ce n’est pas encore un réflexe pour tous les foyers français[118]. Alors que les collectivités doivent proposer une solution pour que tous les ménages puissent trier leurs déchets biodégradables en les séparant des autres déchets, la loi n’impose pas le compostage à tous les français[119].
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