Au Japon, unchinjusha(鎮守社•鎮社?,« sanctuaire tutélaire ») est unsanctuaire shinto qui vénère unkami tutélaire(鎮守神,chinjugami?), c'est-à-dire un esprit protecteur qui garde une zone donnée, un village, un bâtiment ou un temple bouddhiste[1]. Le palais impérial possède son sanctuaire tutélaire propre dédié aux vingt et un dieux gardiens d'Ise-jingū.
Les sanctuaires tutélaires sont généralement très petits, mais il existe un éventail de tailles et le grandHiyoshi-taisha par exemple est le sanctuaire tutélaire d'Enryaku-ji. Le sanctuaire tutélaire d'un temple ou le complexe que forment deux bâtiments sont parfois appelés « temple-sanctuaire »(寺社,jisha?)[2],[3]. Si un sanctuaire tutélaire est appeléchinju-dō, c'est le sanctuaire tutélaire d'un temple bouddhiste. Cependant même dans ce cas, le sanctuaire conserve sonarchitecture distincte.
Unchinjugami est lekami tutélaire d'une zone donnée ou d'un bâtiment, comme un village ou un temple bouddhiste. Le terme aujourd'hui est synonyme deujigami (ancêtre tutélaire du clan) et deubusuna(産土神?,lit. « kami de ville natale »), les trois mots avaient cependant à l'origine un sens différent[4]. Alors que le premier se réfère à l'ancêtre d'un clan et le second au kami tutélaire de son lieu de naissance, lechinjugami est le kami tutélaire très respecté et vénéré d'un lieu donné[4]. Les concepts étaient toutefois suffisamment proches pour se fondre au fil du temps[4].
La présence fréquente, même aujourd'hui, d'unsanctuaire shinto à proximité ou au sein d'un temple bouddhiste a pour origine les efforts déployés par les Japonais pour concilier le culte des kamis avec lebouddhisme au Japon (pour plus de détails, voir l'articleShinbutsu shūgō). Un des premiers efforts en ce sens date de l'époque de Nara (710-794) avec la fondation de ce qu'on appelle les « sanctuaires-temples » (jingū-ji), complexes constitués d'un sanctuaire dédié à un certain kami et d'un temple bouddhiste[5]. Cette solution syncrétique est présumée avoir ses racines dans leqié-lán-shen chinois (garanjin(伽藍神?,lit. « kami dugaran ») en japonais), dieux tutélaires des temples chinois.
La raison pour laquelle les temples bouddhistes et les sanctuaires shinto sont construits ensemble vient de l'idée que les kamis sont des êtres perdus qui ont besoin de la libération par la puissance dubouddha. Les kamis sont alors supposés être soumis aukarma et à la réincarnation comme le sont les êtres humains, et les anciennes légendes bouddhiques racontent comment la tâche d'aider les kamis qui souffrent relève de l'action des moines errants[6]. Au cours de ses pérégrinations, quelque kami local apparaît en rêve au moine et lui parle de ses problèmes[6]. Afin d'améliorer le karma du kami au moyen de rites et de lectures de sūtras, le moine construit un temple à côté du sanctuaire déjà existant du kami[6]. De tels groupements existent déjà auVIIe siècle, par exemple àUsa dans l'île de Kyūshū[6] où le kamiHachiman est vénéré en compagnie de Miroku Bosatsu (Maitreya) àUsa Hachiman-gū. En conséquence de la création des temples-sanctuaires, de nombreux sanctuaires qui jusqu'alors étaient des sites en plein air conformément à la tradition, deviennent des regroupements de bâtiments à la façon bouddhiste[7].
À la fin du même siècle, Hachiman a été déclaré être le kami tutélaire deDharma et, un peu plus tard, unbodhisattva[5]. Des sanctuaires commencent à lui être construits dans les temples (ce qu'on appelle les « temples-sanctuaires », oujisha), ce qui marque une étape importante dans le processus de fusion de l'adoration des kamis et des cultes bouddhistes[5]. Lorsqu'est construit le grand Bouddha deTōdai-ji àNara est également érigé dans les jardins du temple un sanctuaire pour Hachiman, en raison, selon la légende, d'un souhait exprimé par le kami lui-même[6]. Après cet épisode, des temples dans tout le pays adoptent deskamis tutélaires comme Hachiman et lui construisent des temples[5].
Cette tendance à considérer les kamis comme des divinités tutélaires a été renforcée au cours de l'époque d'Edo (1603-1868) par lesystèmedanka. Parce que tous les sanctuaires étaient par la loi détenus et gérés par un temple bouddhiste, un grand nombre de leurs kamis en sont venus à être considérés comme les kamis tutélaires des temples.
En conséquence, jusqu'à l'ère Meiji (1868-1912), la grande majorité de tous les sanctuaires était de petite taille, n'avait pas de prêtre permanent et appartenait à un temple bouddhiste[8]. À de très rares exceptions commeIse-jingū etIzumo-taisha, ils faisaient simplement partie d'un complexe de « temple-sanctuaire » contrôlé par le clergé bouddhiste[8]. Parce qu'ils sont dédiés à un kami local mineur, ils sont appelés par le nom du kami suivi par des termes tels quegongen (avatar),ubusuna oumyōjin(明神?,« grand kami »). Le termejinja(神社?), à présent le plus commun, était alors rare[8].Tokusō Daigongen(?) etKanda-myōjin sont des exemples de cet usage antérieur à l'ère Meiji.
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