Childéric Ier, né vers436 et mort en481, est à partir de457 ou458 leroi d'un groupe deFrancs saliens installé autour de Tournai. Son nom, constitué des éléments franciqueshild- « combat » et-rīk « puissant », est attesté sous la forme latiniséeChildericus[6],[Note 2]. Il est le père deClovis Ier.
Childéric Ier est le premier roi de la dynastie desMérovingiens dont la filiation est clairement attestée[7]. Les sources littéraires et les recherches archéologiques le définissent à la fois comme un roi desFrancs et ungouverneur romain de laprovince deBelgique seconde. Il est l'exemple type d'une élite franque ayant opéré la fusion entre les cultures germano-romaines et païennes des tribus danubiennes.Païen, Childéric a cependant l'avantage d'être le seul des roisbarbares à ne pas êtrearien, ce qui lui procure l'attention des élites locales et de l'épiscopat. Son tombeau, découvert en1653, contenait des armes telles qu'unespatha (épée à lame large), unefrancisque ou encore unscramasaxe. On y a également retrouvé de nombreux bijoux en or, ainsi qu'unpaludamentum, le manteau porté par les généraux romains.
La première source importante qui informe sur Childéric est l'Histoire des Francs[8] rédigée par l'évêqueGrégoire de Tours. Cependant, l'auteur retranscrit et tente de comprendre lui-même les sources qu'il a à sa disposition, comme lesAnnales d'Angers[9] ou certainement laVie de saint Rémi[10] écrite avant lui et aujourd'hui disparue.
Trois sources fondamentales et antérieures à celle de Grégoire de Tours évoquent la situation politique du Nord de laGaule[11]. Il s'agit de laChronique d'Hydace, évêque de Chaves enGallæcia[12], d'une chronique gallo-romaine duVe siècle diteChronique de 511 et laChronique deMarius, évêque d'Avenches[13].
Deux autres sources complètent les informations : laVie desainte Geneviève[10], qui témoigne de l'expédition de Childéric surParis et une lettre écrite par l’évêqueRemi de Reims à Clovis qui donne des informations sur son père. Si ces sources sont limitées, la découverte de son tombeau en1653 et l'étude du mobilier associé constituent d'excellentes sources archéologiques complémentaires[14].
L'évolution géopolitique en Gaule du nord auVe siècle
À la mort d'Aetius et lors du règne de Childéric, un général nomméÆgidius commande l'armée romaine dans lebassin parisien dans les années 456-464. Un autre militaire, le comtePaul, semble actif aux abords de la Loire, du côté d'Angers. Pendant ce temps, à partir deThéodoric II (453 – 466), leroyaume wisigoth deToulouse devient la première puissance d'Europe occidentale. Sous le règne de son frèreEuric à compter de 466, il se transforme en véritable État souverain, lefœdus disparaît[18]. La conquête s'avère nécessaire et Euric poursuit une politique d'expansion. Ses forces arrivent dans leVal de Loire, et s'efforcent de contrôlerTours. Dans ce contexte, Childéric joue alors un rôle majeur dans les derniers succès emportés sur les Saxons, lesWisigoths et lesAlamans en soutenant les garnisons romaines qui résistent. Les Francs saliens parviennent ainsi à mettre un frein à l’expansionnismegoth dans la bataille en aidant Ægidius contre les Saxons et les Wisigoths sur laLoire en 463-464 et dans laBataille d'Orléans en 463[17]. Ils participent aussi aux combats contre les Wisigoths à Tours avec le comte Paul, qui serait mort ensuite en 469 au siège d'Angers en combattant cette fois lesSaxons[19]. Mais l'alliance avec Childéric est compromise. À la mort d'Ægidius en 464, son filsSyagrius, qui le remplace et s'installe àSoissons, avait commencé à se rapprocher des Wisigoths, ce qui avait provoqué le blocus de Paris par Childéric à partir de 465. Vers 469, le roi des BretonsRiothamus, menacé également par les Saxons et auquel l'empereurAnthémius fait appel, est battu par Euric à Bourges puis à labataille de Déols sans que Childéric ait pu le rejoindre. Tours tombe quelque temps entre les mains d'Euric en 470, tout commeLoches etAmboise[20] et l'armée de renfort romaine est battue par Euric àArles en 471. En 475Clermont-Ferrand est prise à son tour par les Wisigoths après un long siège, ce qui amène le nouvel empereurJulius Nepos à reconnaître l'indépendance de l'Aquitaine contre l'évacuation de la Provence et entraînera de la part d'Odoacre des revendications territoriales en Italie qui aboutiront à la déposition dudernier Empereur romain d'Occident l'année suivante[21]. Syagrius refuse alors de reconnaître Odoacre et se tourne vers Euric, quand Childéric fait au contraire alliance avec lui. À la mort de Childéric vers 481, son filsClovis le remplace et combat ouvertement Syagrius qu'il bat finalement à Soissons en 486[22].
La Gaule juste avant la mort de Childéric Ier[23].
La première mention de Childéric se trouve en457, dans l’Histoire des Francs de Grégoire de Tours[24]. Cette année-là, Childéric, qui déshonorait les femmes de ses sujets, attira à lui la colère de son peuple qui le détrôna et le remplaça parÆgidius, maître de la milice de Gaule. Il ne put que se réfugier en Thuringe pendant huit ans, probablement à partir de451[25],[Note 3]. Une fois auprès du roiBasin, il séduisit la femme de son hôte,Basine. Puis il retourna dans sa province une fois le calme revenu. Les Francs le réclamaient à nouveau sur le trône. Le roi épousa Basine qui, entre-temps, avait quitté son époux pour rejoindre le roi franc. De ce mariage naquitClovis Ier[24].
Cette partie du récit de Grégoire de Tours semble s'apparenter cependant aux récits populaires et légendaires que celui-ci mêle à ses récits. L'interpréter de manière historique est délicat, cependant les noms de Basin et Basine sont courants dans la dynastie thuringienne et l'union de Childéric et de Basine est incontestable[26].
SelonGeorges Bordonove[27] le fond historique de cette légende serait plus simple : Childéric eut maille à partir avec Ægidius, nouveau maître de la milice. En tant que représentant de l'Empereur, il a dû limiter les velléités des peuples Wisigoths, Burgondes et Francs en leur imposant, de gré ou de force, la suzeraineté théorique de l'Empire. Lorsque Grégoire de Tours dit que les Francs se choisirent un nouveau roi, il est possible qu'ils se soient tout simplement soumis aux Romains.
L'administrateur de la province de Belgique seconde
Comme de nombreux autres chefs barbares, si Childéric est Franc, il œuvre surtout pour la défense de l'Empire romain[28]. La lettre deRemi de Reims à Clovis dit :
« Une grande rumeur parvient à l'instant de nous. Vous venez de prendre en main l'administration de la Belgique seconde. Ce n'est pas une nouveauté que vous commenciez à être ce que vos parents ont été[29]. »
Cette phrase démontre bien que Childéric occupe une place réellement importante dans la société romaine en tant que responsable militaire et civil d'au moins une province romaine, la Belgique seconde. Dans la lettre, rien n'est précisé sur la responsabilité potentielle sur d'autres provinces.Reims,Tournai etSoissons en font partie. Général romain, il est inhumé avec les insignes correspondant à sa fonction : lafibulecruciforme enor retrouvée dans sa tombe, distinction reçue certainement d'un Empereur, tout comme lepaludamentum, le manteau des généraux romains, qu'on observe sur l'image de sonanneau sigillaire[28].Michel Rouche émet l'hypothèse selon laquelle le poste de gouverneur de Belgique seconde de Childéric a été reconnu parÆgidius lui-même[30].
Childéric et Ægidius, accompagné par les Francs Saliens, secourentMajorien vers458, ce qui contribue à renforcer les relations franco-romaines du nord de la Gaule[25]. Childéric et ses Francs réussissent également à expulser lesBurgondes de la ville deLyon pour rejoindre Ægidius àArles après queMajorien est reconnu empereur[31].
La chronique d'Hydace, laChronique de 511 et celle deMarius d'Avenches évoquent toutes les trois une bataille en 463. Marius d'Avenches affirme[13] que la bataille a dû se dérouler près d'Orléans entre Ægidius et les Wisigoths : Frédéric, le frère du roi wisigoth Euric, fut tué. Selon la chronique de 511, les Wisigoths furent vaincus par des Francs. Un siècle plus tard, Grégoire de Tours indique que « Childéric livra des combats » à Orléans. À la lecture de ses sources, Grégoire de Tours a déduit que si des Francs étaient présents à cet endroit, Childéric devait forcément y être aussi, en tant que chef des Francs saliens[11].
À la mort d'Ægidius vers464, Childéric continue de défendre le nord de la Gaule à la tête des Francs Saliens au nom de Rome[26].Syagrius, fils d'Ægidius, hérite d'une partie des attributions de son père autour de Soissons,Senlis etBeauvais, et incarne la dernière autorité pleinement romaine[32].
La lutte contre les Saxons : la bataille d'Angers (469)
Avec l'appui romain et franc, lecomte romain Paul déclare la guerre aux Wisigoths. En469[11],[28],Odovacrius (Eadwacer ou Adovacrius) menaceAngers avec ses Saxons. Childéric arrive le jour suivant et le défait. Lecomte Paul est tué pendant la bataille et Childéric prend possession de la ville. Certains commentateurs en ont déduit que Childéric combattait aux côtés du comte Paul et que Childéric était allié des Romains. Pourtant laChronique de Frédégaire relate que le comte Paul avait été tué par Childéric. Les historiens modernes réfutent cette hypothèse[28], mais dans cette bataille plusieurs groupes de Romains se combattent, aussi cette alliance n'est-elle pas certaine[11]. Puis les batailles entre Romains et alliés d'une part et Saxons d'autre part continuent. Childéric s'empare des îles de labasse-Loire« qui furent prises et saccagées avec une nombreuse population qu'ils firent périr ». Rignomer, parent de Childéric et frère du roi de CambraiRagnacaire[30], a peut-être été installé pour défendre la Loire et son estuaire à partir duMans[32]. En469, lesBretons du roiRiothame (Ambrosius Aurelianus selonLéon Fleuriot[33]) débarquent sur labasse-Loire avec une troupe estimée à douze mille hommes, pour secourir l'empereurAnthémius. Mais Euric, qui les vainc à labataille de Déols au bout de deux jours de combat, les empêche de rejoindre l'armée impériale. Les survivants bretons se réfugient dans lesroyaumes burgondes et Euric s'empare de la ville deTours[30].
Le siège de Paris (476-486) ; ses relations avec Geneviève
En476, Childéric Ier assiège Paris. Cet épisode de la vie du roi franc est particulièrement difficile à comprendre si nous n'abordons pas la personnalité deGeneviève de Paris. Cette dernière, magistrate municipale de Paris, profondémentcatholique, vient de créer le culte desaint Denis, et prône une politique antiarienne. Or Syagrius, qui domine une partie de la Gaule du Nord, commence à se rapprocher des Wisigoths ariens. ÀParis menace la guerre civile entre partisans de Syagrius, authentiques représentants de Rome et partisans des Francs. Geneviève, elle-même d'origine franque, rencontre probablement Childéric àLaon pour lui demander d'intervenir pour « préserver la paix publique »[34]. Ce dernier décide alors « d'asphyxier Syagrius sans se lancer dans une guerre ouverte contre Paris »[34]. Childéric assiège donc la ville mais ne peut en venir à bout car Geneviève parvient à ravitailler plusieurs fois les assiégés[35]. Ce n'est qu'en 486, quand Clovis, le fils de Childéric, bat Syagrius à labataille de Soissons que le siège est définitivement levé[34].
En476, lors de la chute de l'Empire Romain et la prise du pouvoir parOdoacre, la domination « romano-franque » est particulièrement limitée et divisée entre la zone d'influence de Childéric et celle de Syagrius, fils d'Ægidius. Contrairement à Syagrius qui se rapproche toujours des Wisigoths, la puissance du moment, Childéric décide de reporter lefœdus sur Odoacre reconnu par l'Empereur romain d'OrientZénon[32]. Après cette alliance – fœdus – scellée, Odoacre est reconnu roi par Zénon. Childéric mène alors une expédition pour soumettre les Alamans qui ont envahi l'Italie du Nord, en passant par leSplügen etBellinzone. Par ce geste, il montre qu'il reste fidèle à l'Empire quoi qu'il arrive[32].
Après476, il n'apparaît plus dans les différentes annales. L'étude des différentes pièces de monnaie trouvées dans sa tombe permettent de dater sa mort entre477 et484.Sa mort est classiquement datée de481 ou de482[Note 4],[36]. Aucun document ne permet de donner une date plus précise.
Sous le nom deTornacum, Tournai était une ville importante du nord de la Gaule à la fin de l'époque romaine ; on ne peut prouver que Tournai fut sa capitale mais on peut penser qu'elle était sa résidence au moment de sa mort. Les fouilles de Raymond Brulet ont pu établir que la sépulture n'était pas isolée car elle fait partie d'une nécropole mérovingienne dont elle fut peut-être le noyau primitif. Si elle ne fut pas pillée, ce fut sans doute qu'elle bénéficia, outre de l'oubli de son emplacement, de sa situation privilégiée auprès de l'église Saint-Brice[37].
La découverte du trésor de Childéric et son histoire
Le, un ouvrier qui travaille à la démolition d'une maison longeant le cimetière de l'église Saint-Brice deTournai met au jour le trésor de Childéric. Cet ouvrier, sourd-muet de naissance, s'appelle Adrien Quinquin[38]. Le caveau mis au jour contient de nombreux objets précieux : une épée d'apparat, un bracelet, des bijoux d'or et d'émailcloisonné avec desgrenats, des pièces d'or, une tête de taureau en or et un anneau portant l'inscriptionCHILDIRICI REGIS (« du roi Childéric »), qui permet d'identifier la tombe[39]. On découvre également 300 abeilles d'or. Certains y ont vu des mouches ou descigales. SelonMichel Rouche, il s'agit bien d'abeilles : Childéric qui a séjourné en Thuringe (ou la reine Basine originaire de Thuringe) aurait importé de cette région une symbolique chère aux Thuringiens soumis aux Huns[40].
Le trésor partit de Tournai vers Bruxelles, alors capitale desPays-Bas espagnols. C'est là que le médecin de cour,Jean-Jacques Chifflet, historien par passion, s'y intéresse et publie un traité appeléAnastasis Childerici I Francorum regis. Dans ce traité, Chifflet nous donne le contexte de la découverte du trésor ; il nous fournit en gravures et descriptions de chaque pièce ; il soutient que l'abeille aurait été le plus ancien symbole de la monarchie française, la fleur de lys provenant du dessin raté d'une abeille[41].
En 1656, le gouverneur desPays-Bas espagnols, l’archiduc Léopold-Guillaume, quitte Bruxelles pour rentrer chez lui, à Vienne. Il embarque le trésor avec lui. Il confie les objets à son neveu,Léopold Ier de Habsbourg, empereur du Saint-Empire. Pour remercierLouis XIV de son aide dans labataille de Saint-Gothard livrée contre les Ottomans,Léopold Ier lui offre le trésor en 1665. Le roi de France le dépose dans sonCabinet des médailles et antiques alors situé au Louvre[42]. Le trésor y est cependant à peine catalogué que le lundi 15 novembre 1666, l'abbéBénigne Breunot (ou Bruno), responsable du Cabinet, se fait assassiner dans des circonstances obscures[43]. Dans les jours qui suivent ce drame,Colbert persuade le roi de faire transférer le Cabinet rue Vivienne, au sein de laBibliothèque du roi, réalisant ainsi un regroupement desmédailles et antiques et des livres, que certains préconisaient depuis longtemps[44],[45]. C'est là que le tsarPierre le Grand viendra admirer le trésor lors de son séjour à Paris en 1717[46].
À la veille de son couronnement impérial,Bonaparte, à la recherche de symboles pour l'Empire, s'intéresse au trésor de Childéric. Il utilise l'abeille comme symbole héraldique remplaçant lafleur de lys[47].
Outre ces quelques pièces, il ne subsiste aujourd'hui du trésor que les belles gravures de Jean-Jacques Chifflet et quelques fac-similés que les Habsbourg avaient fait fabriquer[49].
L'inventaire de la tombe permet de distinguer trois sous-ensembles : l'armement et les accessoires vestimentaires de Childéric lui-même, des pièces de harnachement de cheval. La troisième partie est peut-être une tombe féminine adjacente, que certains attribuent à sa femme Basine[50].
Parmi les accessoires vestimentaires, des restes d'une boucle de ceinture en or, d'une paire de bouclettes de chaussure, unefibule cruciforme en or qui fermait lepaludamentum de Childéric sur l'épaule, sonanneau sigillaire, un autre anneau en or, un bracelet en or massif et un fermoir d'aumônière ont été retrouvés. Les armes du roi ont aussi été identifiées : une lance, unefrancisque, une épée longue et unscramasaxe. Des découvertes récentes de deux sépultures collectives de chevaux[51],[52] situées aux environs immédiats de la tombe de Childéric laisseraient supposer que le cheval personnel de Childéric a été enterré avec lui ou dans une tombe voisine. Le crâne de l'animal et son harnais ont été découverts dans la tombe royale. Une trentaine des célèbres abeilles (et non 300) ont pu orner ce harnais, car elles étaient adaptées à un ornement sur cuir, mais il est parfois noté qu'elles ornaient le vêtement d'apparat du défunt[53].
Enfin la découverte, près du squelette du roi, d'une calotte crânienne de petite taille et de quelques parures féminines pourrait donner à penser qu'il y avait à côté de la tombe de Childéric une tombe féminine (celle de son épouse Basine ?). Toutefois le faible nombre d'objets féminins retrouvés justifie les doutes suscités par cette hypothèse, même si le site n'a pas été à l'abri de pillages antérieurs ou s'il a fait l'objet d'une fouille insuffisante[50].
L'analyse du trésor révèle des influences multiples[14]. Childéric était Franc, et comme tout chef franc, sa tombe contenait un nombre important d'armes dont lescramasaxe et laspatha. La fibule qui fermait lepaludamentum et son anneau sigillaire rappellent les usages des hauts dignitaires de l'administration romaine, même si, sur l'anneau de Childéric, figurent des détails d'inspiration franque tels que les cheveux longs. Plus de cent monnaies d'or ont été retrouvées, frappées en grande partie au nom de l'empereur byzantinZénon. Cette somme venant de l'autorité impériale devait financer les Francs au titre dufoedus et pour l'administration de la province de Belgique seconde[54]. Certains éléments de décoration de ses armes sont d'inspirationbyzantine. Les influences germaniques sont présentes dans la pompe funéraire et l'association du tombeau avec des fosses à chevaux situées à proximité, et la présence de nombreux bracelets en or. Enfin l'influence danubienne se manifeste dans le mobilier de la tombe. Elle est notable dans le grand nombre d'objets d'orfèvrerie cloisonnés degrenats, les parures à décor polychrome des plaques-boucles et les armes à décor cloisonné. Un usage similaire en a été fait dans les cours royales danubiennes, où se mêlent des traits culturelshuniques,goths,alains etsarmates[50].
Le contenu de la tombe révèle un roi qui a réussi la fusion« entre une culture païenne et germano-romaine. Childéric Ier avait cependant l'avantage d'être le seul des rois barbares à ne pas être dereligion arienne, mais païen, ce qui lui procura l'attention des élites locales et de l'épiscopat qui pouvaient espérer l'attirer vers le catholicisme plus facilement que les autres peuples barbares[2] ».
↑L'anneau original a disparu lors du vol de 1831. Description du sceau : buste du roi, vu de face, les cheveux longs jusqu'aux épaules, partagés par une raie médiane. Il est cuirassé, lepaludamentum sur l'épaule gauche, et tient une lance de la main droite. Inscription : « Childerici Regis ».
↑Cet ancien nom de personne germanique, très répandu, est également attesté plus tardivement sous les variantesHeldricus,Hilderichus,Hildericus,Hildrich,Hildricus,Hiltirich,Hiltrih, etc.
↑Les Thuringiens étaient ses plus proches voisins voire ses parents si l'on songe à l'origine possible de Clodion.In Périn Patrick et Duchet-Suchaux Gaston, Clovis et les Mérovingiens, p.28, Tallandier (22 octobre 2002), Coll La France au fil de ses rois,(ISBN2235023215 et978-2235023214).
↑Cette hypothèse s'appuie sur le témoignage duLiber historiæ Francorum qui attribue un durée de vingt quatre ans pour le règne de Childéric et en considèrent un début de règne en 457 ou 458.
↑Grégoire de Tours,Histoire des Francs,livreII, 31.
↑Marie-Thérèse Morlet,Les noms de personnes sur le territoire de l’ancienne Gaule duVIe au XIIe siècle, Paris, CNRS,t. I (les noms issus du germanique continental et les créations gallo-germaniques), 1968,p. 131a.
↑B.Dumézil, « Le bon temps des Rois mérovingiens »,L’Histoire,no 358,,p. 44.
↑Annales Sancti Albini Andegavensis, Chroniques des églises d'Anjou [Texte imprimé], Paris, Vve de J. Renouard, (écrites à l'abbaye Saint-Aubin d'Angers).
↑abc etdKarl Ferdinand Werner, « De Childéric à Clovis : antécédents et conséquences de la bataille de Soissons en 486 »,Revue archéologique de Picardie,vol. 3,no 1,,p. 4.
↑Geneviève Bührer-Thierry, Charles Mériaux,La France avant la France (481-888), éd. Belin, 2010,p. 68.
↑Jean-Jacques Chifflet,Diverses gravures sur des objets du tombeau de Childéric(lire en ligne).
↑ab etcUn point sur l'historiographie concernant les recherches sur la tombe et le détail de l'inventaire enrichi de planches de Jean-Jacques Chiflet sont contenus dansMichelKazanski et PatrickPérin, « Le mobilier de la tombe de Childéric Ier ; état de la question et perspectives »,Revue archéologiques de Picardie,nos 3-4,,p. 13-38(lire en ligne).
↑R. Brulet, « Archéologie du quartier Saint-Brice à Tournai »,catalogue de l'exposition, Tournai,.
Nathalie Stalmans,D'or et de grenat, Samsa éd., 2022. Ce roman a reçu le prix Pasquier du roman historique en 2023. Il suit les tribulations du trésor de Childéric.
La version du 11 mars 2012 de cet article a été reconnue comme « bon article », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de qualité concernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.