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Fratrie | Şêx Sahr(d) ![]() |
Adi ibn Musafir (également connu sous le titreCheickh Adi) est uncheikhsoufi né aux environs deBaalbek en 1073 et mort en 1159 àLalesh. Il est formé à lathéologiesunnite àBagdad, puis, attiré par le soufisme et lemysticisme, se rend auKurdistan dans le nord de l'Irak actuel. Retiré dans un ancienmonastèrechrétien, il y fonde leyézidisme, unsyncrétisme basé sur des croyances mystiques persanes et l'introduction d'élémentsislamiques.
Adi ibn Musafir est né à Beyt Far (province deBaalbek) en 1073[Note 1],[2],[3].
Parti àBagdad dans sa jeunesse, il y fréquente les milieux intellectuels et religieux[1]. Il peut ainsi rencontrer plusieurs grands penseurs de l'époque commeAl-Ghazali et son frère cadetAhmad Ghazali,Abd al Qadir al-Jilani ouNajib Sohrawardi.
Adi ibn Musafir voyage àla Mecque en 1115[Note 2] pour réaliser lehajj aux côtés de Abd al Qadir al-Jilani[1].
Après avoir suivi les enseignements du maître bagdadi Hammad al-Dabbas, Adi quitte Bagdad pour le nord de l'Irak[4]. Il poursuit son apprentissage et obtient sakhirqa auprès d'Oqeyl al Manbidji.
Bénéficiant rapidement d'une bonne réputation, Adi est rejoint par quelques disciples[5].
Désireux de s'isoler pour une retraite mais aussi de porter les enseignements coraniques dans des régions kurdes favorables aux omeyyades, Adi ibn Musafir se retire enermitage dans un ancienmonastèrechrétien situé àLalesh, dans ledjebel Hakkâri[6].
Durant ces années de retraite à Lalesh, Adi ibn Musafir acquiert une importante renommée régionale, que ce soit en Irak ou enSyrie[7]. Il est notamment réputé pour sesascèses ainsi que ses pratiques dejeûnes et demortifications[8]. Plusieursmiracles lui sont également attribués par ses biographes contemporains.
Plusieurs disciples, principalement issus de la population kurde, se regroupent à Lalesh autour du Cheikh pour suivre ses enseignements et ses pratiques[7]. Ce groupe se constitue alors enconfrérie : la 'Adawiyya. Celle-ci a perduré dans le yézidisme moderne et correspond à la caste des Feqîran.
Adi ibn Musafir est mort en 1162[Note 3],[Note 4],[2],[3].
Les biographes d'Adi ibn Musafir ont parfois intégré des éléments légendaires dans la vie du Cheikh. Il lui est par exemple attribuée une ligné parentale prestigieuse en la personne ducalifeomeyyadeMarwān Ier[1].
Adi ibn Musafir est l'auteur de quatre textes principaux : leItiqad ahl es sunna wa l djamaa (abrégé enItiqad), leKitab fihi dikr adab en nafs (abrégé enKitab), leWasaya s seikh Adi b. Musafir ila khalifa (traduit enAdmonitions au Calife[9]) et leWasaya li muridihi Qa'id wa li sa'ir el muridin (traduit enConseils à Qa'id[9])[10]. Les deux premiers sont centrés sur la présentation de la foi musulmane et les pratiques qui en découlent[11]. Les troisième et quatrième texte présentent en revanche moins d'importance théologique et apparaissent davantage comme des recueils de préceptes et conseils, notamment moraux[12]. Tous ces ouvrages sont écrits enprose[8].
LeItiqad, est un traîtédoctrinal professant lafoi musulmane selon l'orthodoxiesunnite[13]. Le texte ne présente aucune innovation théologique et s'appuie sur des éléments issus duCoran et desHadîths, faisant également intervenir lasunna dans ses raisonnements. Le second texte (Kitab) s'inscrit dans la continuité du premier. Il s'agit d'une présentation des conséquences pratiques de la doctrine[9].
LesConseils à Qa'id sont un recueil de préceptes moraux[12].
Adi ibn Musafir a également écrit quatrepoèmes[8]. Roger Lescot estime que ces poèmes sont typiques des poèmes soufis. Selon lui, ils présentent un intérêt esthétique mais n'apportent pas d'éclairages théologiques particuliers sur les idées développés par le Cheikh.
La pensée d'Adi ibn Musafir ne semble pas s'être réellement distinguée de l'orthodoxie sunnite de l'époque[8]. Elle ne présente pas d'évolutions doctrinales notables et il est difficile de comprendre la genèse du yézidisme sur la seule base des ouvrages. Un spécialiste comme Roger Lescot émet ainsi l'hypothèse que ce sont surtout les comportements ascétiques et l'austérité qu'il professait qui ont attiré l'attention autour du Cheikh et permis le développement d'une confrérie[14].
Malgré son orthodoxisme sunnite, Adi ibn Musafir rejette la pratique dudikr et montre peu de considération pour celle de laprière[Note 5],[Note 6],[9].
Dans le yézidisme, le Cheikh Adi ibn Musafir est la première incarnation humaine deTawusi Melek, l'ange du paon, ange dominant les sept anges des croyances yézidis[15]. Cette position centrale dans la théologie yézidi explique l'importance du culte dévolu au Cheikh Adi : de nombreux hymnes sont centrés sur sa personne, plusieurs miracles lui sont également attribués et sa tombe est le principal lieu de pèlerinage pour les yézidis.
La tombe du Cheikh Adi ibn Musafir se trouve àLalesh, ville yézidie duKurdistan[16].