Charles le Gros est le dernier souverain carolingien à avoir réuni sous son sceptre après884 l'ensemble de la Francie. Incapable de restaurer ordre, paix et justice de manière pacifique, l'empereur tourmenté par l'absence d'héritier légitime et une santé mentale défaillante est destitué en887 de toutes ses fonctions royales, à l'exception de la dignité impériale d'obédience pontificale, par une diète des grands dignitaires. Il est inhumé selon ses vœux de jeunesse aumonastère de Reichenau situé sur une île dulac de Constance.
Destin impérial d'un prince carolingien et déchéance
Lors du partage deFrancfort de865, Charles reçoit l'Alémanie, c'est-à-dire laSouabe et laRhétie[4]. À la mort de son père Louis II le Germanique en876, Charles, roi d'Alémanie, hérite de l'Alsace, de laSouabe, de laRhétie et de quelques contrées limitrophes englobées dans l'Alémanie. Il possède la dignité de roi deFrancie, mais les domaines qu'il contrôle directement restent modestes ; il est "roi de Francie" mais n'est pas le maître de la Francie orientale.
En882, le décès inopiné de son frèreLouis III le Jeune incite Charles, unique fils légitime survivant deLouis le Germanique, à récupérer le patrimoine régalien de la famille, mais il se révèle impuissant à le défendre et le protéger. L'annonce de la mort du roi guerrier, Louis le Jeune, attire des bandes normandes par laMeuse, leRhin et laMoselle.Trèves est prise à la stupéfaction générale. L'archevêque de Trêves,Bertulphe(en), soucieux de racheter sa fuite, rejointWala, bouillantévêque de Metz, et le comteAdalard, mais ils sont vaincus près deRemich, et Wala périt au cours du combat. Les envahisseursvikings peuvent maintenant ravager laLotharingie. Charles fait front avec une puissante armée, mais il tergiverse et négocie leur éloignement en achetant la paix au lieu de les combattre. Partout désormais, les hommes de guerre rappellent le traité honteux signé avecGodefrid. Accablé par ces rumeurs et devant l'incapacité du pouvoir à saisir le proscrit Hugues de Lotharingie, Charles rumine une vengeance de longue main : il attire le respectable Godefrid à une entrevue en885 et le fait tuer. Il piège de même Hugues àGondreville, le faisant arrêter et enfermer dans un monastère après lui avoir fait crever les yeux. Charles restaure son fragile pouvoir en tenant deux grandes assemblées en Lotharingie, àToul en 885 et à Metz en886.
Le,Carloman II, roi deFrancie occidentale, meurt sans héritier capable de lui succéder. Des descendants de Charles le Chauve, ne survit que le dernier fils posthume deLouis II le Bègue,Charles, encore enfant. Jugé trop jeune, il est écarté, l'assemblée des aristocrates francs emmenée parHugues l'Abbé renonçant à le proclamer roi. Cette même assemblée invite alors l'empereur Charles le Gros à assurer et la tutelle et la direction du royaume. Il n'est pas compté (au sens de numéroté) parmi lesrois de France, lenuméroIII qu'il porte désignant son titre d'empereur d'Occident. Il a toutefois bien étéroi de Francie, ses diplômes et ceux de ses successeurs en attestent[5], mais plutôt au sens demajor rex, compte tenu de ses titres et de son ascendance prestigieuse. Il est d'ailleurs possible que Charles ait été couronnérex in Gallia par l'évêque Gilon de Langres, àGrand (Vosges) le, jour de la fête de l'Ascension[6]. Mais il n'est pas fait mention dans les annales et les cartulaires d'un couronnement en présence des grands, laïcs et religieux, deFrancie occidentale, tels ceux des rois précédents Louis II le Bègue, Louis III et Carloman II. Le fait que Charles le Gros n’ait pas été numéroté parmi les rois de France (on trouve avant lui Charles II le Chauve et après lui viendraCharles IIIle Simple) est lié à la manière dont les numéros des rois ont été posés, plusieurs siècles après son règne[7]. Par un artifice, certains auteurs considèrent toutefois que pour la Francie occidentale, Charles n'aurait été querégent pendant la minorité de Charles III le Simple[8] et que c'est en tant qu'empereur et non directement comme roi de Francie occidentale qu'il aurait gouverné[9]. De ce fait, l'on conçoit qu'en Empereur germanique, celui-ci ce soit nommé conformément à l'usage, du fait qu'il ait quasiement reconstitué l'empire de Charlemagne, que celui-ci ait été nommé Karl der Großer/karl der grosser où en bon français Charles le Grand. (et non le gros)
D' à, les Normands envahissent laNeustrie etassiègent Paris. Arrivant deGermanie avec une puissante armée de secours, Charles le Gros reste indécis sur l'action. Il préfère traiter avec les Normands en leur permettant de passer pour mettre à sac laBourgogne qui est en révolte contre son pouvoir central et en leur payant une rançon de700livres d'argent l'année suivante. Ces décisions et son incapacité à alléger les souffrances des résistants parisiens assiégés par une prompte intervention altèrent profondément son prestige royal[11].Les partisans d'Arnulf, fils illégitime de Carloman de Bavière et neveu de l'empereur, partagent désormais l'avis deRobert le Fort sur l'inconstance et l'incompétence de Charles le Gros. Celle-ci s'altère en folie et les grands l'abandonnent, suivant les Annales de Metz.[réf. nécessaire]
La déposition de Charles par les nobles de Francie orientale en novembre 887 n'a pas de conséquence en Francie occidentale[16] (les nobles de Lotharingie ne reconnaissent pas son successeurArnulf de Carinthie et choisissentRodolphe Ier de Bourgogne au printemps 888[17]) et c'est sa mort le qui provoque l'élection d'un successeur[18]. Le, les seigneurs deFrancie occidentale élisent comme roi le héros dusiège de Paris, le comteEudes, auquel Charles a conféré deshonores[19].
Au moment de perdre le pouvoir, Charles est obèse, fou etépileptique après avoir subi en février 887 unetrépanation pour soulager ses souffrances[20],[21]. Il meurt sans héritier légitime[22] le, au cloître deNeudingen situé en bordure duDanube. Son corps est inhumé aumonastère de Reichenau avec tous les honneurs dus à son rang.
AvecRicharde de Souabe, fille d'un certain comte du palaisErchanger, il n'a pas d'enfant. Toutefois, il est le père deBernard de Germanie (†891)[23], qu'il a eu avec une concubine de basse extraction et qu'il a tenté de faire légitimer, sans succès devant l'opposition des évêques. À la mort deBoson de Provence en887, il adopte son fils,Louis, mais Arnulf marche surTribur à la tête d'une troupe composée deBavarois et deSlaves ; Charles se retire àFrancfort, tandis que les grands l'abandonnent et reconnaissent Arnulf[24].
↑Christian Bonnet et Christine Descatoire,op. cit.,p. 94.
↑B. Schneidmüller,Karolingische Tradition und frühes französisches Königtum. Untersuchungen zur Herrschaftslegitimation der westfränkisch-französischen Monarchie im 10. Jahrhundert, Francfort, 1979,p. 106.
↑Paul Amargier,Une église du renouveau - Réformes et réformateurs, de Charlemagne à Jean Hus, 1998,p. 33.
ÉdouardFavre,Annales de l'histoire de France à l'époque carolingienne : Eudes, comte de Paris et roi de France (882-898), Paris, Émile Bouillon éditeur,,XXV-284 p.(lire en ligne).
Otton Ier (951-973) Désormais le titre de roi d’Italie se confond avec celui de roi des Romains que prend le souverain du Saint-Empire avant son couronnement comme empereur.