Lechaféisme, aussi orthographiéshafiisme ouchafiisme, est l'une des quatre écoles (madhhab) de jurisprudence (fiqh) de l'islamsunnite. Elle est fondée sur l'enseignement de l'imamAsh-Shâfi'î (767-820) et de ses disciples. Il est considéré comme un compromis entre les écoleshanafite etmalikite.
L’école chaféite s'appuie principalement sur leCoran et leshadiths pour prescrire lacharia[1],[2]. Là où les passages duCoran et deshadiths sont ambigus, l’école a d'abord recours à l'ijmâ'– le consensus desouléma (communauté des érudits musulmans)[3]. Si aucun consensus n'existe, l’école chaféite fait appel à l'effort d'interprétation (ijtihad) d'un compagnon duprophète musulmanMohammed, puis à l'analogie (qiyâs)[1].
En 2016, unconcile, inauguré par le grand imam de l'Azhar,Ahmed al-Tayeb, rassemblant 200 personnalités sunnites du monde entier, s'est réuni dans le but de définir l’identité de ceux qui se font connaître comme « les gens du sunnisme » par opposition aux différents groupes considérés égarés. A l'issue de leurs travaux, les dignitaires sunnites sont convenus qu'au niveau dudroit, les chaféites sont bien des gens du sunnisme[5],[6].
Répartition des écoles juridiques dans l'islam contemporain. Madhab chaféite en bleu foncé.
L'imam Ash-Shâfi'î combina en quelque sorte lefiqh duHedjaz (madhhab maliki) avec celui d'Irak (madhhab hanafi) et créa ainsi son propremadhhab (école de pensée). Il rassembla les règles en dictant à ses élèves dans un livre nomméAl-Hujja (l'évidence). Cette rédaction se fit en Irak en810 et certains de ses élèves apprirent son livre et le propagèrent, tels que l'imamAhmad etAbou-Thawr, qui fondèrent chacun leur école (seulecelle d'Ahmad eu l'occasion de survivre).
Il se rendit ensuite enÉgypte pour étudier sous l'imamAl-Layth ibn Sa'd(en), mais ce dernier décéda peu avant son arrivée ; il put néanmoins étudier son madhhab de par ses élèves qui y étaient toujours présents.
En Égypte il assimila donc le fiqh de l'imam al-Layth et fit rédiger sonal-Madhhab al-Jadîd le nouveau madhhab, par opposition àal-Madhhab al-Qadîm qu'il avait en Irak) à ses étudiants dans un livre qu'il nommeAl-Umm. En effet ce voyage en Égypte le confronta à de différentes méthodes d'analyse de hadith et de raisonnements qui induisirent des changements nombreux de ses avis qu'il avait eu en Irak.
LeCoran : c'est la source première et l'imam Ash-Shâfi'î l'utilisa sans restriction.
LaSunna : Ash-Shâfi'î n'utilisait que leshadiths qui étaient scrupuleusementsahîh (authentiques), et rejeta les conditions fixées parAbou Hanifa ouMâlik en la matière. Ash-Shâfi'î est aussi reconnu pour sa contribution aux critiques de hadiths.
Le consensus descompagnons (Ijma') : Ash-Shâfi'î le considérait comme la troisième source de loi islamique, pourtant il émit des doutes sur des cas rapportés de ijma' si bien qu'il ne l'acceptait que quand il était fermement établi.
L'opinion individuelle d'un compagnon : si des sahabas diffèrent sur un point, on se réfère à l'opinion qui convient la plus aux sources premières, rejoignant iciAbou Hanifa.
Le raisonnement par analogie (Qiyâs) : considérée comme méthode valide dans la déduction de lois, il considérait néanmoins sa propre opinion inférieure aux preuves établies par l'opinion d'un compagnon.
L'Istishab (recherche de connexion entre des situations) : Ash-Shâfi'î rejeta les principesd'istihsân (pouvoir judiciaire discrétionnaire desfuqaha dûment qualifiés)d'Abou Hanifa[7] et d'istislâh de l'imam Mâlik considérés comme forme debidʻah (innovation), puisque selon lui ces méthodes étaient fondées sur un raisonnement humain dans des domaines où des lois étaient établies des sources mentionnées plus haut. Cependant aux prises avec des problèmes similaires Ash-Shâfi'î dut recourir à un principe similaire à l'istihsân et à l'istislâh, qu'il nomma istis'hâb. Signifiant littéralement "rechercher un lien", il cherche à renvoyer un ensemble de circonstances postérieures à des circonstances antérieures. Ceci est fondé sur la supposition que des lois de fiqh appliquées en certaines conditions restent valides tant qu'il n'est pas établi clairement que ces conditions ont changé. Si par exemple quelqu'un est absent un si long moment qu'on pense qu'il est peut-être mort, alors par istishab toutes les lois seront appliquées comme s'il était certain qu'il est en vie.
Liste d’ouvrages de principes de jurisprudence (Usool al-fiqh) chaféites (liste non exhaustive)
Al kitab al Jami fi al Ijtihad wa al Fatwa wa at Taqlid
Al-Muzanî (m. 264 AH/878) fut l'élève d'Ash-Shâfi'î, un grand nombre d'ouléma duKhorassan étudièrent l'école chaféite directement auprès de lui.
Al-Maradi (m. 270 AH/883),muezzin de lamosquée Amr ibn al-As où Ash-Shâfi'î enseignait, il fut son élève ainsi que le principal rapporteur de ses avis et ouvrages
Entre les deux« blocs » que représentent lesHanafites, présents en Asie mineure de la Turquie à l’Afghanistan et lesMalikites, présents notamment en Afrique du Nord, l'islam chaféite est typique des régions frontalières (Égypte, frontières de l'Arabie Saoudite, Caucase) et des régions limitrophes de l'Islam (Afrique de l'est, océan Indien, Indonésie). C'est une tradition consensuelle et volontiers syncrétique, qui sépare rigoureusement politique et religion[9].
L'islam chaféite est relativement minoritaire parmi les musulmans de France, mais est prépondérant dans le département deMayotte et parmi la population issue de l'immigrationcomorienne[9].
↑Cf Article 3.1 de la constitution "The religion of brunei darussalam shall be the Muslim Religion according to the Shafeite sect of that religion."http://www.worldstatesmen.org/Brunei1984.PDF
↑"Islamic conference in Chechnya: Why Sunnis are disassociating themselves from Salafists" Sep, 09 2016 |He stated: “Ahluls Sunna wal Jama’ah are the Ash’arites or Muturidis (adherents of Abu Mansur al-Maturidi's systematic theology which is also identical to Imam Abu Hasan al-Ash'ari’s school of logical thought). In matters of belief, they are followers of any of the four schools of thought (Hanafi, Shaf’ai, Maliki or Hanbali) and are also the followers of pure Sufism in doctrines, manners and [spiritual] purification.