Château de Langeais | |||
![]() Façade ouest du château (XVe siècle). | |||
Période ou style | Médiéval, Renaissance | ||
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Type | Château de la Loire | ||
Début construction | FinXe siècle | ||
Propriétaire initial | Foulques Nerra | ||
Propriétaire actuel | Institut de France | ||
Destination actuelle | Musée | ||
Protection | ![]() | ||
Coordonnées | 47° 19′ 29″ nord, 0° 24′ 22″ est[note 1] | ||
Pays | ![]() | ||
Anciennes provinces de France | Touraine | ||
Région | Centre-Val de Loire | ||
Département | Indre-et-Loire | ||
Commune | Langeais | ||
Géolocalisation sur la carte :France Géolocalisation sur la carte :Indre-et-Loire | |||
Site web | www.chateau-de-langeais.com | ||
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Lechâteau de Langeais, est unedemeure Renaissance, construite parLouisXI en 1465, qui se dresse sur la commune française deLangeais dans le département d'Indre-et-Loire, en régionCentre-Val de Loire. Il a remplacé un ancienchâteau fort édifié à la fin duXe siècle par le comte d'AnjouFoulques Nerra.
Le château fait l’objet d’un classement au titre desmonuments historiques.
Le château de Langeais est situé, à une vingtaine de kilomètres en aval deTours, sur un promontoire rocheux surplombant, en rive droite, laLoire, sur la commune deLangeais, dans le département français d'Indre-et-Loire.
Dès leXe siècle, le site de Langeais est un lieu stratégique, à la frontière ducomté d'Anjou et ducomté de Blois : par son emplacement sur un éperon rocheux entre laLoire et son affluent laRoumer, il permet de contrôler la route tracée sur la rive droite du fleuve. Dès cette époque, un seigneur tient la position, comme l'attestent les vestiges des bases d'une tour et d'une chapelle Saint-Sauveur[2]. Il s'agit probablement d'uncastrum disposant d'undonjon surmotte (uneaula transformée en tour[3].) construit en pierre et non en bois[4], associé à undomicilium[5].
Dans sa marche vers laTouraine,Foulques Nerra, comte d'Anjou, s'empare de Langeais en 994[6]. Il y fait bâtir un ouvrage fortifié[note 2],[5]. Il serait, avec soncorps de logis pourvu d'emblée d'organes défensifs l'un des premiersdonjon de pierre — ayant des vestiges qui ont subsisté — avec l'aula deDoué-la-Fontaine, transformée en une tour maçonnée à partir de 950[7]. La forteresse de Langeais est construite sur un plan carré. Elle s'élève sur deux étages, éclairés de quelques fenêtres, et doublée d'une enceinte elle-même fortifiée, tandis qu'un fossé sec est creusé à l'arrière pour renforcer la défense face aux machines de siège[8].
Un temps repoussé par les troupes deThibautII, comte de Blois, Foulques Nerra reprend Langeais en 1017 à son successeurEudesII[6].
Sous la domination de la dynastie anglaise desPlantagenêt, le château est agrandi par le roi d'AngleterreRichard Cœur de Lion, comte du Maine et d'Anjou de 1189 à 1199.Philippe Auguste le reconquiert en 1206, puis il est détruit par les Anglais lors de laguerre de Cent Ans. Du bâtiment de cette époque subsiste une façade de la tour principale, appelée « donjon de Foulques Nerra ».
En 1465,LouisXI ordonne la reconstruction du château, en contrebas des vestiges de l'ancien édifice ; les travaux sont menés sous la direction deJean Bourré, trésorier de France et ami du roi, etJean Briçonnet. Le nouveau château de Langeais est achevé en 1469.
L'événement le plus marquant de la vie du château est le mariage royal deCharlesVIII avecAnne de Bretagne, célébré le à 7 heures du matin. La jeune duchesse n'avait alors que14 ans et son mariage signe la fin de l'indépendance du duché de Bretagne[note 3].
Jusqu'au règne deLouisXIII, le domaine de Langeais reste la propriété de la couronne de France, qui le donne parfois à titre d'indemnisation ou de récompense. Il appartient ensuite à différentes familles.
Pillé et laissé à l'abandon à la Révolution et au début duXIXe siècle, les bâtiments furent remis en état à partir de 1833, puis en par Christophe Baron, avoué à Paris[9] qui avait acquis le château pour 35 000 francs de la famille Moisant qui le possédait depuis son achat en 1797 par Charles-François Moisant auduc de Luynes pour 170 000 francs[10].
Casimir Boisleve, maire depuis 1830, rêve d'une nouvelle mairie. En 1838, il a exposé au conseil municipal son projet d'acquisition du château qui est en vente depuis le décès deMme Moisant, dernière propriétaire :« […]Déjà plusieurs spéculateurs se sont présentés pour l'acheter et le démolir afin d'en vendre les matériaux[…] » Mais la dépense est importante et, malgré les efforts deM. Boisleve, le château trouve preneur en la personne deM. Baron en. Le fleuron de Langeais est en piteux état. La municipalité, locataire partiel, a transformé la grande salle du bas en écurie pour les chevaux des gendarmes. Une autre partie est affectée à l'auditoire de la justice de paix et à la prison cantonale. Les voisins occupent à leur guise caves et communs. Le parc est divisé en une soixantaine de parcelles consacrées aux arbres fruitiers et à la vigne[11].
Les spéculateurs évoqués par le maire en 1838 sont probablement le syndicat de démolisseurs-récupérateurs de biens connus sous l'appellation de « Bande Noire », dont l'orléanais Pilté-Grenet, auteurs de la démolition quasi complète et de la vente comme matériaux de construction deschâteaux poitevins de Richelieu et deBonnivet[note 4].
« M. Baron s'est plu à faire restaurer cette ancienne demeure seigneuriale avec une entente parfaite de l'architecture d'une imposante simplicité […] il ne s'est pas contenté de restaurer avec un goût vraiment artistique […] Émule du bon Du Sommerard, il a formé une sorte de musée[12] ».
Trente ans plus tard, le fils Baron, lourdement endetté, vendit l'importante collection paternelle en822 articles numérotés[13].
Deux ans auparavant,Mme Baron avait donné au musée des Beaux-Arts de Tours une grande réplique en bronze — fondue en 1839 sur les moules originaux — de laDiane Chasseresse de Houdon, une des plus célèbres sculptures duXVIIIe siècle et maintes fois reproduite[14].
À la mort du fils Baron, le château fut acquis le par le banquier et homme d'affaires mulhousienJacques Siegfried, oncle d'André Siegfried, qui pendant20 ans le restaure et le remeuble avant de le donner à l'Institut de France le (acte Colin-Langeais) — avec réserve d'usufruit pour ses héritiers.
« Je revois le village se découper en grisaille sur un ciel d'automne, le château où s'entassent nos documents, les arbres du parc et les monceaux de feuilles mortes. Car j'ai été repliée à Langeais, en, engagée comme traductrice-rédactrice au ministère des Affaires étrangères le jour de la déclaration de guerre […] Les précieuses Archives diplomatiques, les services du blocus, ont quitté Paris en autobus […] L'envahissement de ce petit village, dont les hommes sont sous les armes, est une curieuse expérience. Le château est gardé par nos huissiers. Je revoisMlle Siegfried debout devant son manoir et je ressens comme autrefois la tombée de la nuit et du silence sur Langeais où nous avons vécu en attendant la guerre »
— Élisabeth de MiribelLa liberté souffre violence, Plon, 1981,p. 21.
Le château présente un ensemble de salles meublées qui donnent une idée de l'ambiance d'unlogis seigneurial à la fin duMoyen Âge.
Pour certains historiens, les deux murs en équerre qui se dressent derrière le château de Louis XI seraient les vestiges d'undomicilium édifié vers l'an mil et transformé endonjon[15],[note 5]. C'est à cet endroit, sur l'éperon, long d'une centaine de mètres, dessiné par la large vallée de la Loire et au nord par un petit vallon affluent du fleuve, que lescomtes d'Anjou édifièrent auXe siècle une de leur plus puissantes forteresse, qui joua un grand rôle offensif contre les possessions descomtes de Blois[16]. L'éperon est barré par un fossé défendu par unemotte à tour de bois, transformée auXIe siècle endonjon àcontreforts plats, que divers bâtiments devaient entourer, et, qui est l'un des plus anciens élevés en pierre en France[16]. L'entrée au donjon logeable était aménagée pour en rendre l'accès très difficile : elle était placée très haut, et il fallait passer par une petite tour rectangulaire jouxtant le donjon : qui contient la cage d'escalier. Lelogis seigneurial situé vers la pointe était ainsi protégé. Il n'en subsiste que les deux murs à angle droit, à l'aplomb d'un second fossé. Le premier niveau était dévolu au stockage, le second était résidentiel et pourvu d'une cheminée. Les arcs desbaies sont faites declaveaux detuffeau et detegulae retaillées[17]. Celui-ci est équipé d'un échafaudage médiéval en bois avec ses engins de levage, dans le style de l'époque.
Très bien conservé et peu remanié, le château de Langeais, construit au pied de l'antique forteresse, est un bel exemple d'architecture de la fin de la période médiévale, caractérisé par sonpont-levis, ses hautes toitures, sesmâchicoulis, sonchemin de ronde et ses cheminées monumentales finement sculptées, uniques dans toute la France (à l'exception du château deBourges, où on retrouve des cheminées du même type) ; Langeais est en fait construit à la charnière entreMoyen Âge etRenaissance, sa façade ouest, côté jardin, offrant un tout autre visage, marqué par des décorations de type Renaissance.
Cet ensemble comprend quinze salles meublées et décorées dont la « salle des Preux » et sa collection unique de tapisseries desXVe et XVIe siècles ; y sont notamment exposées sept pièces (sur neuf) de la célèbre tenture ousuitedes Preux (Aubusson ouFelletin, 1525-1540), qui auraient été réalisées entre 1525 et 1540 pour Pierre Paien (ou Payen), seigneur protestant deChauray en Poitou ;Jacques Siefgried l'acquit en 1892 par un courtier ou intermédiaire local auprès d'un médecin deSaint-Maixent-l'École[18]. Cette collection de sept tapisseries sur neuf, avec seulement deux manquantes (celles de Charlemagne et de Judas Macchabée, disparues ou détruites), est la plus complète qui soit au monde.
La série de Langeais est la plus complète connue sur le thème desneuf Preux. Mais elle n'est pas la seule :
À l'extérieur du château voir en particulier lebelvédère sur la Loire et unecabane perchée dans un immensecèdre du Liban.
Les combles sont composés d'une grande charpente d'époque médiévale en parfait état[19].
Le château est classé par arrêté du ; la partie du parc du château autour des ruines du donjon jusqu'au pont est classée par arrêté du[1].
La protection du lieu contre les incendies est compliquée car le pont-levis est fermé tous les soirs et des dizaines de clés différentes sont nécessaires pour naviguer dans le château[19]. La capacité maximale du château est de 112 visiteurs[20].
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Langeais, album de20 vues (cartes postales) détachables L.L., Paris, Lévy et Neurdein réunis, s.d., archives pers.