Ce penseur appartient à la génération qui remet en cause le brahmanisme par sa négation de l'existence des dieux védiques d'où découlent les rites sacrificiels, à l'instar dujaïnisme et dubouddhisme.
Aucun des textes originaux de cette école - en particulier leBârhaspatyasûtra, aussi connu sous le nom deLokâyatasûtra - n'a été préservé, probablement détruits par leurs adversaires brahmanes qui les avaient combattus. Ses principales idées nous sont connues seulement via des fragments cités par ses adversaireshindous etbouddhistes qui en firent la critique dans leurs écrits, parmi lesquels laChāndogya Upaniṣad, leMahābhārata (Shalya-parva et Shânti-parva), la piècePrabodhachandrodaya deKrishnamishra, leSarvadarshanasamgraha (Résumé des conclusions de toutes les doctrines) deMadhva, leNyâyasûtrabhâshya d'Akshapâda Pakshilasvâmin, laNyayakandali de Shrîdhara, laNyāyamanjarî de Jayanta et labhāmatī deVâchaspatimishra.
En usage plus général, c'est un système de philosophie indienne qui soutient le scepticisme et refuse les doctrines traditionnelles (comme celles de réincarnation, rendement des rituels, etc.)[3].
Selon la philosophie du Charvaka, toute connaissance dérive des sens, les écrits religieux n'ont aucun sens et sont du bavardage infantile. Pour les partisans les plus extrêmes de cette pensée, le raisonnement n'est pas une voie de connaissance du monde. Seule la perception importe et ce qui ne peut être perçu n'existe pas, en particulier un autre monde différent de celui offert par les sens. En cela, ils réfutent un concept comme celui de lamâyâ. Les Charvaka croient que le monde est composé dequatre éléments : la terre, l'eau, le feu et l'air, et tout ce qui existe dans le monde en est la composition, y compris la conscience, et que la libération est la destruction du corps, la mort étant la fin de tout, matière et conscience. Parmi les quatre buts de la vie décrits par les philosophes hindous, les chârvâkas (selon leurs détracteurs, seule source connue) considèrent que l'artha, l'enrichissement, et lekâma, la satisfaction des passions, sont les deux seuls buts légitimes, rejetant ledharma, le devoir envers l'équilibre du monde, et lemoksha, la libération finale de l'âme individuelle[4].
Charvaka et ses disciples étaientvégétariens, car leur maître considérait que la consommation de chair animale était une pratique bonne seulement pour les « démons rôdant la nuit »[5].
Marc Ballanfat,Les matérialistes dans l’Inde ancienne, traduction, notes et commentaires, préface de Pierre-Svlvain Filliozat, Paris, L’Harmattan, 1997, 156 p. (Compte rendu Erudit.org d'après Jean-François Belzile, Philosophiques, vol. 25,no 1, 1998,p. 127-129).
Salunkhe, AH: Chârvâka Darshana (publié d'abord par Keshav Gore Smarak Trust, Mumbai en 1972)
Joshi, Shubhada A: Lokayata: a Critical Study (Indian Spiritualism Reaffirmed) en Sri Garib Das Oriental Series, publié par Sri Satguru Publications en 1995
Chattopadhyaya, Debiprasad: Lokayata: a Study in Ancient Indian Materialism (People's Publishing House, New Delhi; 1959)
↑Marc Ballanfat, Les matérialistes dans l’Inde ancienne, traduction, notes et commentaires, préface de Pierre-Svlvain Filliozat, Paris, L’Harmattan, 1997, p.62-63
↑Mâdhava Âchârya, Sarvadarśana-saṃgraha, traduction par E. B. Cowell and A. E. Gough, 1904,Debiprasad Chattopadhyaya,Carvaka/Lokayata: An Anthology of Source Materials and Some Recent Studies (New Delhi: Indian Council of Philosophical Research, 1990)