Pour les articles homonymes, voirCeinture rouge (homonymie),Ville rouge etBanlieue rouge.
Les expressionsceinture rouge etbanlieue rouge désignent l'ensemble des villes àmairiecommuniste (PCF principalement) entourantParis depuis lesannées 1920. Plus largement, l'expression désigne l'ensemble des villes largement peuplées par laclasse ouvrière et entourant Paris, notamment dans le nord, l'est et le sud parisien.
L'expression est également utiliséeen Espagne eten Belgique.
Les premières ébauches de la ceinture rouge se dessinent dans lesannées 1920. Lors des élections municipales de 1919, « une première vague rouge marque l’enracinement du socialisme municipal dans des communes de traditions industrielles et ouvrières, dont Aubervilliers ou Saint-Denis. Un an après, ces villes rejoindront le Parti communiste nouvellement créé », souligne l'historien Emmanuel Bellanger[1].
L'expression naît à la suite d'un article dePaul Vaillant-Couturier « Paris encerclé par le prolétariat révolutionnaire » après lesélections législatives de 1924 et lesmunicipales de 1925[2],[3]. Cependant à cette époque, la tactique « classe contre classe » du PCF ne lui permet de diriger que neuf villesen 1925 (Bezons,Bobigny etVilletaneuse conservées,Saint-Denis repris à des dissidents SFIO, et cinq prises à la droite :Clichy,Malakoff,Vitry-sur-Seine,Ivry-sur-Seine,Villejuif) contre 36 pour la SFIOen 1919[4]. Auxmunicipales de 1929, s'ajoutentPierrefitte-sur-Seine pris à la droite ainsi qu'Alfortville etBagnolet reprises à la SFIO. Alors que le mot d'ordre de « ceinture rouge » est mis en veilleuse, c'est au moment des prémices de l'alliance duFront Populaire aux municipales de 1935 que le PCF allié à la SFIO parvient à gérer 26 communes[5]. Le « fief »Saint-Denis perdu en 1935, au profit deJacques Doriot, vacille partiellement en 1937[6]. L'évolution est semblable auconseil général de la Seine. Grâce à ces victoires,Georges Marrane devientprésident du conseil général de la Seine en 1936[7].
Cette implantation, dans la« première couronne », se double du même phénomène enSeine-et-Oise : sur les 129 communes de plus de 2 500 habitants que compte le département, le nombre des municipalités« rouges » passe de 8 à 24, lors des élections de 1935[8]. Il en est ainsi d'Argenteuil, d'Aulnay-sous-Bois, duBlanc-Mesnil. Ce nombre passe à 54 en 1945, année où même la ville deVersailles se dote d'un maire« proche des communistes »[9].
D'après l'historien Emmanuel Bellanger.: « Les premières crises urbaines renforcent l’assise de cette banlieue rouge. On estime que 800 000 banlieusards vivaient dans des lotissements défectueux et non raccordés aux commodités. Les municipalités communistes vont alors promouvoir des politiques sociales, avec la création de nombreuses habitations à bon marché (HBM), ancêtres des HLM, la réalisation de cités-jardins par l’office public communal ou la mise en place de centres de santé pour démocratiser l’accès aux soins »[1].
La ceinture rouge se reconstitue à laLibération (remportant notammentAubervilliers, ville dePierre Laval[7]), et se densifie. En 1945, sur les 80 municipalités de laSeine-Banlieue, les communistes en dirigent 46[10]. À la présidence du conseil général de la Seine (1945-1947) s'ajoute laprésidence du conseil général de Seine-et Oise (1944-1948) (en alliance avec les socialistes). Surmontant la rupture de 1947, la« ceinture » se renforce des années 1950 aux années 1970, moment où leParti socialiste commence à émerger. Au début des années 1960, majoritaire dans un grand nombre de communes du département de la Seine, le PCF est en passe d'en prendre la direction. C'est dans cet arrière-plan politique qu'est préparée laréforme des départements de la Seine et de Seine-et-Oise : le 10 juillet 1964, le nouveau découpage départemental vise à fractionner la banlieue rouge, en constituant un fief communiste enSeine-Saint-Denis, mais en l'isolant des autres communes communistes desHauts-de-Seine et duVal-de-Marne. Ce dernier département, cependant, tombe également entre les mains du PCF à la suite desélections cantonales de 1964 et1967[11].
Le communisme municipal est à son apogée après lesmunicipales de 1977 (grâce à l'alliance avec le PS[7]). LePCF dirige alors 54 villes de la petite couronne et 72 communes de la grande couronne, majoritairement composées d'ouvriers et d'employés qui y vivent et y travaillent[12]. À la suite desélections cantonales de 1976, il dirige aussi trois des conseils généraux de larégion parisienne, ceux de l'Essonne, de laSeine-Saint-Denis et duVal-de-Marne.
Sur le plan de la représentation politique, la ceinture rouge est atteinte par le reflux de la gauche lors desélections municipales de 1983. Elle pâtit notamment de la désindustrialisation[1]. Dans les années 1980, on prédit que les municipalités communistes allaient passer auFN, mais le PCF résiste grâce à la persistance du vote communiste familial et au profil sociologique des maires[7]. Il s'ensuit un déclin presque continu, en ce qui concerne le nombre de communes dirigées par le PCF et de circonscriptions législatives, ainsi que la perte duconseil général de la Seine-Saint-Denis en 2008. Dans laSeine-Saint-Denis, le PCF contrôlait en 1977 27 mairies du département, contre 20 en 1983, 18 en 1995, 13 en 2001, 11 en 2008 et 7 en 2014[13]. L'émiettement de la ceinture rouge, constant depuis 1983, se poursuit lors desmunicipales de 2014 avec en particulier la perte duBlanc-Mesnil, deBobigny, deSaint-Ouen, deBagnolet, d'Achères et deVillejuif[14] et continue lors desmunicipales de 2020 avec les pertes des villes d'Aubervilliers, Champigny-sur-Marne, Choisy-le-Roi, Saint-Denis, Morsang-sur-Orge, La Verrière, Villetaneuse, Bezons et Valenton. En revanche, il reconquiert Bobigny[15], ainsi que Villejuif en commun avec une liste d'union de la gauche[16] et parvient également à reconquérir Noisy-le-Sec sur une liste d'union de la gauche après plusieurs années passées dans l'opposition[17].
Lors desélections départementales françaises de 2021, le PCF perd leVal-de-Marne, dernier département qu'il contrôlait encore[18].
Alors que le PCF, au niveau national, se présentait comme porteur d'une forme de radicalité, les villes communistes de la ceinture rouge ont plutôt suivi une politiqueréformiste. Ces mairies ont essayé de conserver des industries sur place jusqu'aux années 1990, ces territoires se tournant ensuite vers le secteur tertiaire. Elles ont eu des politiques sociales ambitieuses et ont veillé à maîtriser le foncier mais ont par la suite échoué à attirer électoralement les nouveaux habitants séduits par des logements moins chers qu'à Paris, perdu le vote populaire sans promouvoir les jeunes issus de l'immigration, dans un contexte marqué par la désindustrialisation et la marginalisation de ces maires au sein du parti[7].
D'après les départements constitués en 1964.
Les villes dont le nom est suivi d'un astérisque (*) ont un maire membre du PCF ou du Front de Gauche depuis lesélections municipales de 2020. Celles dont le nom est suivi de deux astérisques (**) sont dirigées par une majorité municipale de gauche, incluant le plus souvent le PCF, mais dont le maire n'est membre ni du PCF ni du Front de Gauche.
Après lesélections municipales de 2020, les 28 mairies communistes et apparentées de la petite et grande couronne sont les suivantes.
L'expression castillane« cinturón rojo » ou catalane« cinturó vermell » (enfrançais :« ceinture rouge ») désigne les communes du sud deMadrid[20], ainsi que du pourtour deBarcelone[21] etValence[22], peuplées par la classe ouvrière et qui ont historiquement connu une forte implantation des Partiscommuniste etsocialiste.
Communes de plus de 50 000 habitants
Communes de plus de 30 000 habitants
Communes de plus de 25 000 habitants
L'expression « ceinture rouge de Liège » qualifie les communes périphériques deLiège, peuplées historiquement par la classe ouvrière et où leParti socialiste est fortement implanté, jusqu'à diriger certaines communes en majorité absolue depuis plus d'un siècle[23].