Le nom « camphre » vient du latin médiévalcamfora, provenant de l'arabeal kafur (الكافور), du nom malaiskapur Barus qui veut dire « craie de Barus ». Les marchands malais, qui vendaient le camphre aux négociants venus d'Inde et duMoyen-Orient, l'appelaientkapur (craie) en raison de sa couleur blanche.Barus était le port sur la côte ouest de l'île indonésienne de Sumatra, où les marchands étrangers venaient acheter le camphre.
Au Japon, on préparait le camphre en faisant passer de la vapeur d'eau sur des copeaux decamphrier (Cinnamomum camphora). Le camphre était entraîné par la vapeur et venait se condenser sur des chapiteaux de paille, où on le recueillait. On obtenait ainsi le camphre brut, qui était exporté et qu'il fallait encore purifier en le sublimant dans des ballons de verre après l'avoir mélangé avec 3 à 5 % dechaux récemment éteinte. Les ballons étaient ensuite chauffés avec de grandes précautions, dans unbain de sable, tout en élevant progressivement la température jusqu'à205°C. Le camphre se sublimait et venait former dans la partie supérieure du ballon un amas que l'on récupérait en brisant le verre.
Il ne faut pas confondre le camphre de Bornéo, contenant dubornéol et extrait deDryobalanops camphora, avec celui extrait deCinnamomum camphora.
Le camphre est récupéré par distillation de morceaux de racines, de tiges ou d'écorces du camphrier. Les feuilles de certaines plantes, comme lesmatricaires, contiennent une forme de camphre non commercialisée. Une autre forme, constituée d'un mélange d'isomères, se trouve dans l'huile d'unchrysanthème asiatique, et est également synthétisée pour la plupart des utilisations commerciales.
Le camphre se présente comme un solide cristallin, blanc, translucide, onctueux au toucher, rayé par l'ongle, d'odeur vive, de saveur amère et aromatique.
L'acide nitrique le transforme en acide camphorique C10H16O4.
Le camphre brûle à l'air avec une flammefuligineuse. Bien que le camphre puisse être utilisé dans la fabrication d'explosifs, il n'est pas explosif lui-même. Mais comme tout produit combustible volatil, ses vapeurs mélangées à l'air peuventdéflagrer.
Le camphre est utilisé dans la production ducelluloïd, d'explosifs, ainsi qu'en médecine pour ses propriétésantiseptiques et légèrementanesthésiques (il constitue par exemple le principal composant dubaume du tigre). Cependant le camphre est unpoison lorsqu'il est ingéré en grandes quantités. Le camphre est unanaphrodisiaque.
Le camphre a été utilisé pour lutter contre l'épidémie decholéra-morbus en 1831–1832, puis contre lagrippe asiatique en 1957–1958.
Les frèresJohn et Isaiah Hyatt l'ont utilisé pour produire ducelluloïd.
Ses propriétés tensioactives le faisaient utiliser dans lesannées 1950 comme « moteur » pour de petits jouets flottants : ces jouets en plastique très légers étaient posés sur une petite plaque de celluloïd dans laquelle on sertissait deux ou trois cylindres de camphre d'un peu plus d'un millimètre : le jouet se déplaçait lentement à la surface de l'eau, tiré par l'eau située à l'avant plus que par l'eau située à l'arrière. Le jouet était fourni avec une trentaine de cartouches.
Le camphre est utilisé dans le tir sportif, notamment au pistolet, pour noircir les organes de visée en le faisant brûler, car il dégage une fumée noire.
Le camphre est uninsecticide, il est notamment efficace contre lesmites.
En Suisse, en France et au Québec, du camphre est ajouté à l'alcool dénaturé vendu en pharmacie afin d'en décourager l'ingestion, le camphre ayant un goût particulier qui, généralement, provoque des vomissements.
Le camphre est utilisé dans la religion musulmane pour purifier les morts lors de leur lavement rituel.
↑« Camphre synthétique » dans la base de données de produits chimiquesReptox de laCSST (organisme québécois responsable de la sécurité et de la santé au travail), consulté le 25 avril 2009.