Licenciée au club de l'Olympic Nice Natation et spécialiste duquatre nages puis de lanage libre, dont la carrière sportive s'étend de2005 à2014, elle est considérée comme l'une des plus grandes nageuses françaises.
Elle est également la troisième Française, après l'athlèteMicheline Ostermeyer en1948 et la nageuseLaure Manaudou en 2004, à avoir remporté trois médailles olympiques lors d'une même édition.
Camille Marie Manuella Muffat[3] est la deuxième d'une famille de trois enfants ; elle a une sœur aînée, Chloé, et un frère, Quentin. Ses parents, Guy,kinésithérapeute, et Laurence, assistante maternelle, font un peu de sport : sa mère pratique la natation au niveau régional et son père différents sports, comme la boxe et le vélo, sans grand résultat[4]. Après unBac S, elle rejoint une école de commerce àSophia Antipolis. Toutefois, la natation qu'elle pratique enSport-étude depuis ses années de collège, déjà sous la direction de Fabrice Pellerin, l'empêche de persévérer[4].
Âgée de 15 ans, Camille Muffat s'illustre en 2005 en battantLaure Manaudou sur l'épreuve du 200 mètres quatre nages lors des championnats de France àNancy. En 2012, elle se souvient ne pas avoir été prête à cela :« Je n'étais pas du tout prête à ça. Du fait que c'était Laure, tous les médias se sont emballés. C'était difficile d'être comparée tout le temps à elle. On la montait contre moi, j'avais trois ans de moins, je me disais qu'un jour elle allait m'insulter ! »[5]. Elle s'approprie par ailleurs le record national jusque-là détenu par la championne olympique du 400 mètres nage libre (2 min 15 s 30 contre2 min 15 s 63)[6]. Quelques mois plus tard, Camille Muffat remporte le titre européen junior àBudapest sur cette même épreuve du 200 mètres quatre nages (avec un nouveau record de France) et décroche la médaille d'argent sur 100 mètres nage libre.
Camille Muffat en juin 2012.
En 2006, Camille Muffat participe pour la première fois auxchampionnats d'Europe seniors sur le relais4 ×100 mètres nage libre. Un mois plus tard, en, elle remporte quatre médailles dont une en or à l'occasion des championnats du monde juniors deRio de Janeiro. En, elle obtient son premier podium international lors de l'Euro en petit bassin deHelsinki[7].
Après une première sélection pour leschampionnats du monde àMelbourne en, elle franchit un palier à la fin de l'année en décrochant son premier sacre européen parmi les seniors. En effet, lors de l'Euro en petit bassin 2007 àDebrecen enHongrie, elle enlève la victoire sur 200 mètres quatre nages avant de décrocher le bronze sur 400 mètres quatre nages[8].
En, auxchampionnats d'Europe en grand bassin deEindhoven, elle décroche le bronze sur le 200 mètres quatre nages, sa première médaille européenne seniors en grand bassin[9]. En avril de la même année, à l'occasion des championnats de France àDunkerque qualificatifs pour les Jeux olympiques de Pékin, elle enlève le premier jour des compétitions le titre sur le 400 mètres quatre nages et établit un record de Franceex æquo avecJoanne Andraca. Deux jours plus tard, elle remporte le 200 mètres quatre nages et bat lerecord de France du 200 mètres quatre nages de Laure Manaudou, en2 min 11 s 15[10]. Lors de cette semaine de championnats de France, Camille Muffat se qualifie pour lesJeux olympiques de 2008 sur 200 mètres quatre nages, 400 mètres quatre nages et le relais 4 × 200 mètres nage libre. Lors des deux épreuves de quatre nages des Jeux de Pékin, elle ne parvient pas à se qualifier pour les finales, terminant respectivement douzième et dix-neuvième des 200 et 400 mètres. Avec le relais4 × 200 mètres nage libre, elle termine avec ses coéquipièresAlena Popchanka,Céline Couderc,Coralie Balmy etOphélie-Cyrielle Étienne cinquième d'une course remportée par les Australiennes[11].
En décembre, lors deschampionnats d'Europe en petit bassin de Rijeka, elle termine deuxième du 400 mètres nage libre, devancée par Coralie Balmy[12]. Elle termine cinquième lors des deux épreuves de quatre nages.
Pour la saison en grand bassin, elle est devancée par Balmy sur les deux distances du 200 et 400 mètres, et remporte le titre du 200 mètres quatre nages lors des championnats de France de Montpellier. Lors desMondiaux de Rome, elle dispute la finale du 200 mètres quatre nages, terminant septième. Elle dispute également la finale du4 × 200 mètres nage libre, le relais français terminant à la huitième place.
Lors de la compétition internationale suivante, leschampionnats d'Europe en petit bassin d'Istanbul en, elle termine sixième des deux finales auxquelles elle participe, le 200 mètres nage libre et le 200 mètres quatre nages.
Reconversion en crawl et premières récompenses mondiales (2010-2011)
À Saint-Raphaël, lors des championnats de France en grand bassin, elle remporte deux titres, le 200 mètres nage libre et 200 mètres quatre nages, et termine deuxième derrière Balmy sur le 400 mètres nage libre. Favorite du 200 mètres quatre nages deschampionnats d'Europe 2010 à Budapest, course où elle annonce viser la médaille d'or[13], elle est encore en tête après la brasse, troisième discipline, mais se fait remonter par la HongroiseKatinka Hosszú qui l'emporte, la Française terminant finalement quatrième[13]. Le même jour, le relais français du4 × 200 mètres nage libre composé de Coralie Balmy,Ophélie-Cyrielle Étienne,Margaux Farrell et Muffat termine deuxième derrière les Hongroises, la HongroiseEvelyn Verraszto prenant le meilleur sur Camille Muffat lors du dernier relais[13]. Deux jours plus tard, elle termine à nouveau quatrième, sur le 200 mètres nage libre, course remportée par l'ItalienneFederica Pellegrini[14].
À la suite de ces résultats, pas à la hauteur des objectifs affichés, son entraîneur Fabrice Pellerin la somme de choisir entre les disciplines du quatre nages et du crawl[15]. Désormais spécialiste du crawl, elle remporte les quatre courses des championnats de France à Chartres, les 50 mètres, 100 mètres, 200 mètres et 400 mètres, réussissant également le record de France du 100 mètres[16]. Le même mois, elle dispute lesMondiaux en petit bassin de Dubaï. Elle remporte un premier titre mondial en s'imposant sur le 200 mètres nage libre devant l'AméricaineKatie Hoff et l'AustralienneKylie Palmer[17]. Elle remporte une deuxième médaille mondiale, le bronze avec le relais du4 × 200 mètres nage libre composé de Coralie Balmy, Ophélie-Cyrielle Étienne,Mylène Lazare.
Lors des championnats de France de Strasbourg, elle obtient sa qualification pour les Mondiaux de Shanghai sur les quatre distances du 100, 200, 400 et 800 mètres, obtenant quatre titres de championne de France[18]. Lors de cesMondiaux, elle remporte une médaille de bronze sur le 400 mètres, finissant troisième derrière Federica Pellegrini et la BritanniqueRebecca Adlington[19]. Trois jours plus tard, elle obtient le même résultat lors du 200 mètres nage libre, course une nouvelle fois remportée par l'Italienne Pellegrini[20]. Le relais4 × 200 m nage libre qu'elle compose avec Coralie Balmy,Charlotte Bonnet et Ophélie-Cyrielle Étienne termine quatrième.
Le, lors des championnats de France deDunkerque, elle devient championne de France du 400 mètres nage libre en établissant un nouveau record de France à4 min 1 s 13, effaçant la précédente marque de Laure Manaudou effectuée en aux Championnats d'Europe à Budapest (4 min 2 s 13, record du monde à l'époque). Elle se qualifie ainsi pour lesJeux olympiques de Londres sur cette distance. Il s'agit alors, à ce moment-là, de lameilleure performance mondiale de l'année. Deux jours plus tard, elle remporte également le titre en 200 mètres nage libre et établit un nouveau record de France à1 min 54 s 87, après l'avoir déjà porté à1 min 55 s 40 la veille. Elle efface ainsi des tablettes le précédent record de Laure Manaudou datant de à Melbourne lors des championnats du monde, et qui s'établissait alors à1 min 55 s 52, record du monde de l'époque. Camille Muffat se qualifie ainsi pour les Jeux olympiques pour cette spécialité.
Lors de ces Jeux, elle apporte la première médaille d'or à la délégation française en s'imposant le sur400 mètres nage libre en4 min 1 s 45 devant l'AméricaineAllison Schmitt et la BritanniqueRebecca Adlington, ce temps lui permettant également de battre le record olympique de la distance[21]. Ce titre est le cinquième obtenu par un nageur français, homme ou femme, aprèsCharles de Vendeville, vainqueur de l'épreuve de nage sous l'eau auxJeux olympiques de 1900 à Paris,Jean Boiteux vainqueur sur 400 mètres en1956 à Helsinki, Laure Manaudou, sur la même distance àAthènes en 2004 etAlain Bernard lors du 100 mètres àPékin en 2008[22]. Le surlendemain, elle termine deuxième du200 mètres nage libre en1 min 55 s 58, devancée par l'Américaine Allison Schmitt[23]. Le, elle remporte également une médaille de bronze avec l'équipe française durelais4 × 200 mètres nage libre, composée également de Charlotte Bonnet, Ophélie-Cyrielle Étienne et Coralie Balmy en7 min 47 s 49, nouveau record de France[24]. Avec une médaille d'or, une d'argent et une de bronze, elle égale ainsi la performance de Laure Manaudou lors desJeux d'Athènes en 2004 et devient aussi la troisième Française aprèsMicheline Ostermeyer et Laure Manaudou à gagner trois médailles lors d'une même édition des Jeux olympiques[25].
À Rennes, le, elle devient championne de France du 400 mètres nage libre, pour la troisième fois consécutive. Elle signe un temps de4 min 4 s 16 soit lameilleure performance mondiale de l'année (MPMA)[30]. Lors de ces championnats de France, elle remporte ensuite le 100 mètres nage libre en53 s 51 (MPMA et record personnel) même si elle échoue à 2 centièmes durecord de France[31] et le 200 mètres nage libre en 1 min 55 s 48 (MPMA)[32]. Ces performances lui permettent de se qualifier pour lesMondiaux de Barcelone sur ces trois distances.
Mais les Mondiaux 2013 débutent mal pour la nageuse niçoise, qui termine à la septième place de la finale du 400 mètres nage libre à plus de 6 secondes de son temps de championne olympique un an plus tôt[33]. Camille Muffat réagit en remportant le bronze sur 200 mètres, devancée par l'AméricaineMissy Franklin et l'Italienne Federica Pellegrini[34] et4 × 200 mètres nage libre, le relais composé par Coralie Balmy, Charlotte Bonnet, Mylène Lazare et Camille Muffat terminant derrière les Américaines et les Australiennes[35]. Une semaine après ces championnats,Mireia Belmonte prend à Muffat les records du monde en petit bassin du400 mètres nage libre et du800 mètres nage libre lors de l'étape deCoupe du monde deBerlin[36],[37].
Après ces Mondiaux, elle réduit pendant quelques mois son programme d'entraînement, passant ainsi de deux entraînements quotidiens, où elle parcourt à chaque fois 7 kilomètres, à un seul entraînement d'une distance de 4 à 5 kilomètres[38]. Aux championnats de France en petit bassin de Dijon, elle doit s'incliner sur sa distance favorite du 400 mètres face à Coralie Balmy[39]. Elle termine également troisième du 100 mètres, deuxième du 50 mètres papillon, discipline où elle remporte sa première victoire depuis cinq mois en s'imposant sur le 100 mètres[40]. Le dernier jour de compétition, elle remporte le 200 mètres devant Charlotte Bonnet[41]. Elle se rend ensuite auxchampionnats d'Europe de Herning. Elle ne parvient pas à se qualifier pour la finale du 200 mètres et termine cinquième du 400[42].
Lors des Championnats de France 2014 de Chartres, qualificatifs pour lesChampionnats d'Europe 2014 de Berlin, elle remporte quatre nouveaux titres de championne de France, sur le 100, 200 et 400 mètres nage libre, et le 100 mètres papillon. Elle est également deuxième du 50 mètres nage libre[43].
Le à 24 ans, elle annonce au journalL'Équipe mettre un terme à sa carrière[44].
Pendant les mois suivant sa mort, la ville de Nice multiplie les hommages à sa championne. Trois grands portraits de la Niçoise sont exposés au bord de la route de la sixième étape deParis-Nice[48]. Des portraits sont mis en place dans toutes les piscines municipales de la ville[48]. En, une rue longeant l'Allianz Riviera, l'allée devant leMusée national du Sport, est renommée Camille Muffat[49], tout comme le bassin olympique en son nom[50].
En 2015, le centre aquatique de la ville deDécines-Charpieu est renommé « Camille Muffat »[51].
La ville deRosny-sous-Bois a inauguré en 2016 un « Centre Aquanautique Camille Muffat »[52].
La première édition deNager comme Camille en hommage à Camille Muffat s'est tenue àClichy du 4 au. Cette manifestation a pour but de faire nager des célébrités et des inconnus en hommage à la nageuse française[54].
Le, dans leFinistère, le conseil municipal deGuilers approuve l'odonymie « rue Camille Muffat » pour un nouveau lotissement communal.
La ville deCombs-la-Ville a inauguré un centre aquatique "Camille Muffat" le 7 Septembre 2020[55].
ÀRouen, l'arrêt de bus situé devant la piscineGuy Boissière est renommé en 2020 « Camille Muffat »[56].
ÀChâteauroux, le carrefour giratoire devant le Centre aquatique Balsan'éo porte le nom de « Camille Muffat » depuis le.
ÀPortes-lès-Valence, en 2021 une piscine intercommunale porte le nom « Camille Muffat ».
AReims, le parvis menant à l'UCPA Sport Station porte le nom de Camille Muffat.
Camille Muffat est d'abord une nageuse de quatre nages, ses points forts se situant en brasse et nage libre[13], les deux nages terminant la discipline. Toutefois, après s'être fait connaître très tôt, elle n'arrive pas à percer à la hauteur des espoirs qu'elle a suscités. Pellerin estime alors qu'elle doit se spécialiser pour devenir une grande nageuse mondiale, lui laissant le choix entre les disciplines du quatre nages et de la nage libre.
Capable d'un énorme investissement dans le travail[57], elle se plie aux lourdes charges de travail imposées par son entraîneur Fabrice Pellerin[58]. Ainsi, l'année précédant les Jeux de Londres, elle nage de 15 à 16 kilomètres par jour, dimanche compris[57]. Elle accepte les exigences d'un entraîneur qui est très strict et d'une organisation quasi militaire[59]. Timide, fermée avant ses courses, elle donne une image froide[60].
Même si Pellerin peut parfois être dur envers ses nageurs, avouant même être plus exigeant envers ses nageuses que ses nageurs et plus particulièrement avec Muffat qu'il estime être en attente de cette attitude, elle est fidèle et respectueuse envers celui-ci. Aussi, elle reste au sein du club de Nice après le départ deYannick Agnel. Lorsque Fabrice Pellerin s'en prend vivement àSophie Kamoun, agent de Camille Muffat, elle ne prend pas position, malgré l'amitié et la complicité qui la lie à Kamoun. Elle refuse également de lier sa défaite sur le 400 m des mondiaux de 2013 à cette polémique[61]. Après un nouveau différend peu avant l'open de France disputé àVichy, elle décide d'arrêter la natation, avouant que ce différend a été un élément déclencheur[62]. Sa fidélité l'empêche de s'engager avec un autre club : elle a souvent dit« qu'arrêter à Nice signifierait arrêter de nager[62] ».
Pratiquant un sport qui n'est pas la priorité des médias et des sponsors[63], les revenus de Camille Muffat, aux« montants confidentiels » selon son agent Sophie Kamoun, sont de l'ordre de 500 000 euros d'après une estimation duFigaro[64]. Ceux-ci proviennent d'EDF, dont elle a rejoint leTeam EDF avec Yannick Agnel dans le cadre de sa préparation olympique aux Jeux de 2012[65], etPuressentiel[66]. Parmi ces revenus figurent également les primes olympiques des Jeux de Londres : la France accorde 50 000 euros pour une médaille d'or, 20 000 euros pour une médaille d'argent et 13 000 euros pour le bronze[67].
Avant les Jeux olympiques de Londres, elle participe avec Yannick Agnel et Fabrice Pellerin à une chronique dans l'Équipe Magazine, chronique où les membres du club de Nice parlent de leur aventure olympique : la préparation, les compétitions et d'autres anecdotes du quotidien.
En deux participations auxJeux olympiques d'été, Camille Muffat a remporté trois médailles olympiques dont une en or. Elle a remporté ses 3 médailles lors de la même olympiade, à Londres en 2012, deux en individuel et une au sein d'un relais français.