Movatterモバイル変換


[0]ホーム

URL:


Aller au contenu
Wikipédial'encyclopédie libre
Rechercher

Caius Marius

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Page d’aide sur l’homonymie

Pour les articles homonymes, voirMarius.

Caius Marius
Image illustrative de l’article Caius Marius
Buste présumé de Marius,
Musée Chiaramonti, Rome.

TitreConsul sept fois (107,104,103,102,101,100 et86)
ConflitsGuerre de Jugurtha (109-105)
Guerre des Cimbres (104-101)
Guerre sociale (90-89)
Guerre civile entre Marius et Sylla (88-87)
Faits d'armesBataille de Zama (109)
Bataille de Muthul (108)
Batailles d'Aix (102)
Bataille de Verceil (101)
Prise de Rome (87)
DistinctionsTriomphes en104 et101
Autres fonctionsTribun militaire àNumance (134),questeur enGaule transalpine (121),Tribun de la plèbe (119),préteur (115),propréteur enLusitanie (114),légat enNumidie (109 à108),proconsul enAfrique (106 à105),légat enItalie (90-89)
Biographie
Nom de naissanceCaius Marius
Naissance157av. J.-C.
à Arpino (région du Latium)
Décès
à Rome
PèreGaius Marius
MèreFulcinia
ConjointJulia Cæsaris
EnfantsCaius Marius « le jeune »
modifier 

Caius Marius, né en157av. J.-C. et mort en86av. J.-C., est un célèbregénéral ethomme politiqueromain de la fin duIIe et du début duIer siècle av. J.-C.

Né près d’Arpinum, dans une famille « humble » derang équestre, faisant partie de laclientèle desCæcilii Metelli, il reçoit une éducation plus militaire qu'intellectuelle. Il sert brillamment sous les ordres deScipion Émilien ausiège de Numance en134/133, avant d’entamer soncursus honorum en121. Il se rapproche despopulares lors de sontribunat de la plèbe en119 mais peine à poursuivre sa carrière politique en butte à l'hostilité d'une partie de l'aristocratiesénatoriale, qui lui reproche ses prises de position et ses origines modestes et rustres. Il parvient malgré tout à se faire élirepréteur en115 et sert enLusitanie l'année suivante. Il épouseJulia Cæsaris, membre d'une famille d'une lignée prestigieuse mais d'une importance politique mineure à cette époque — et tante paternelle deJules César —, et a un fils,Caius Marius « le Jeune ».

Marius est ensuitelégat de sonpatronQuintus Cæcilius Metellus, leconsul de109. Remportant plusieurs succès militaires et voyant sa popularité augmenter, il trahit son patron en se présentant aux élections consulaires de l'an107, qu'il remporte en faisant campagne contre l'incompétence supposée de Metellus et se fait attribuer leproconsulat enAfrique et le commandement de laguerre de Jugurtha, enNumidie. Marius ne peut tirer pleine gloire de cette victoire, car c'est sonquesteur puislégatSylla, qui, sur ses ordres et après des tractations diplomatiques, capture lui-mêmeJugurtha en l'an105.Metellus et Marius obtiennent chacun letriomphe.

Les défaites répétées des armées romaines au nord face auxCimbres et auxTeutons sont l'occasion pour Marius de renouveler sa gloire et d'affirmer définitivement sa supériorité sur lanobilitas. Avec l’aide despopulares, qui forment désormais à Rome un véritable parti « marianiste », il obtient un commandement qui est prolongé en se faisant réélireconsul plusieurs années consécutives de104 à101. Il écrase seul les Germains àAix en102, puis àVerceil en101 avec le concours de son collègueLutatius Catulus et deSylla. Il atteint un niveau de gloire encore inégalé, sauvant Rome et l'Italie de l'invasion barbare. Sa domination sur la vie politique romaine devient incontestable.Catulus et Marius obtiennent chacun letriomphe, et Marius atteint un niveau de gloire militaire et politique sans précédent.

À la fin de l'année100, Marius, consul pour la sixième fois consécutive, doit faire face à des difficultés venant de ses alliés, lespopulares, en particulier letribun de la plèbeSaturninus et lepréteurGlaucia, qui font régner la terreur à Rome. Marius, inquiété par une situation qui lui échappe, abandonne ses anciens amis et se range du côté duSénat, faisant exécuter les fauteurs de trouble et leurs partisans par le biais d’unsenatus consultum ultimum. Marius peut organiser les élections à venir, mais il se retrouve vite isolé.

Il ne revient sur le devant de la scène qu'en90 comme légat lors de laguerre sociale, à l'instar deSylla. Dans ce conflit très dur où les Italiques prennent d'abord l'avantage sur Rome, Sylla remporte de nombreux succès ; il est le principal acteur de la victoire finale de Rome. À l'inverse, Marius voit encore diminuer son prestige. Sylla, désormais l'homme providentiel à Rome, est éluconsul pour l'année88. Commence alors lapremière guerre civile entre Marius et Sylla. Untribun de la plèbe,Sulpicius Rufus, se rallie à Marius, aux réformateurs et à leurs propositions démocratiques. Sylla ne peut maintenir l'ordre à Rome et rejoint son armée. Sulpicius Rufus fait confier le commandement de la guerre en Orient à Marius. Sylla marche sur Rome, fait exceptionnellement grave, et s'empare de la ville, contraignant Marius à la fuite. Les principauxpopulares sont déclarés « ennemis publics », et si Marius échappe à la mort et s'exile, Sulpicius Rufus est assassiné.

Sylla s'embarque pour l'Orient et lespopulares reprennent le pouvoir à Rome au prix de sanglants combats, commandés par Marius etCornelius Cinna. De très nombreux partisans de Sylla sont tués ou bannis. Marius décède au début de son septièmeconsulat en l'an86, mais l'Italie et Rome sont aux mains despopulares tandis que Sylla mène laguerre en Orient entre87 et84. Sylla sort vainqueur de lanouvelle guerre civile à la fin de l'an82, qui voit notamment la mort du consulCaius Marius « le Jeune ».

Des origines familiales modestes

[modifier |modifier le code]

Marius est né en157av. J.-C. à Cereatæ, également ville natale deCicéron — lequel partage avec Marius sa qualité d'homo novus[o 1]. Si ce bourg, situé près d'Arpinum[a 1],[1], dans le paysvolsque, offre lacitoyenneté romaine complète à ses habitants depuis188[2], il reste néanmoins une petite ville de second rang.

Caius est le fils de Gaius (ou Caius) Marius et de son épouse Fulcinia, « parents obscurs et pauvres, réduits à gagner leur vie du travail de leurs mains[p 1] ». La famille de Marius n’a pas decognomen[p 2] (troisième nom dont bénéficient les enfants de l'aristocratie à Rome) et son éducation est plus militaire qu'intellectuelle[a 1],[p 3]. Néanmoins, c’est une famille derang équestre, appartenant à l'aristocratie municipale, intégrée à Rome depuis plusieurs générations[2], et faisant partie de laclientèle desCæcilii Metelli[p 4], l'une des plus grandes et puissantesfamillesplébéiennes de Rome dans les années 120-110[3], et à ce titre pouvant normalement compter sur leur protection[2]. Lucius Fulcinius Trio, consulsuffect en juillet 31 est un descendant de la famille de sa mère[réf. nécessaire].

On a beaucoup insisté sur les originesplébéiennes de Marius,« homme inculte » (selonCicéron) que« personne ne connaissait »[a 1]. Lui-même aime se vanter d’être né hors des cercles de l'aristocratie, gangrenée selon lui par l’arrogance, la corruption et l’hellénisme. Il met en avant ses qualités militaires, son courage, son intelligence et sa ténacité, pour correspondre aux valeurs traditionnelles romaines dans la lignée deCaton l'Ancien, prônant un retour à la Rome des origines[4],[5].

Débuts dans lecursus honorum

[modifier |modifier le code]

La guerre de Numance (134-133)

[modifier |modifier le code]
Carte de la Méditerranée. Rome en Italie et sur la côté ibérique. Conquête de l'intérieur de l'Hispanie, de l'Afrique, de la Narbonnaise, l'Illyrie, la Grèce et l'Asie au deuxième siècle avant Jésus-Christ.
Expansion de laRépublique romaine auIIe siècle av. J.-C.

Il peut, à presque vingt-cinq ans, se faire élire autribunat militaire[a 1] et servir sous les ordres deScipion Émilien ausiège de Numance[p 1],[2], en134/133[6].

On raconte que celui-ci, impressionné par le talent militaire de son jeunelégat, l'aurait, par bravade, désigné à l’assemblée de ses officiers (tous issus de lanobilitas, les familles ayant eu des membres auSénat) comme étant le seul digne de lui succéder[p 1],[2]. Nombre d’auteurs classiques, commePlutarque ouValère Maxime, se demandent s'il faut attribuer à cette anecdote l'origine de l'ambition sans bornes du personnage[p 1],[a 2],[2].

Premières magistratures (121-119)

[modifier |modifier le code]

Fort de son service àNumance et dupatronat desMetelli[5], Marius parvient à se faire élirequesteur en121[7], à l'âge de 36 ans, et sert enGaule transalpine, au moment du coup d’Étatsénatorial contreCaius Gracchus.

On peut penser que ces événements inspirent Marius, qui se fait éliretribun de la plèbe en119[8] grâce au soutien desMetelli[p 4] et commence son alliance avec lespopulares affaiblis. Il s'illustre alors en imposant une nouvelle loi sur les procédures de vote, contre l’avis duconsulAurelius Cotta, qu'il n’hésite pas à menacer de prison. L'autre consul,Delmaticus — unCaecilii Metelli —, soutient son collègue, mais Marius n'hésite pas à menacer aussi ce membre de sa famille patronale. Le Sénat cède devant Marius et retire la motion[p 4],[a 3],[9].

Marius acquiert ainsi une réputation d'homme politique résolu, désireux de s'émanciper de la tutelle aristocratique, et une certaine popularité auprès des pauvres, qui peuvent attendre de lui qu'il reprenne le flambeau desGracques[9]. Il représente aussi un espoir pour leschevaliers et les membres de l'aristocratie municipale[5]. En revanche, il effraie leSénat et lanobilitas — rendus frileux par les toutes récentes tentatives de réformes desGracques (il se serait également brouillé avec lesMetelli, mais ce fait est contesté) — qui empêchent son élection à l'édilité l'année suivante, pour être édile curule, puis édile plébéien[p 5].Cicéron signale bien ces deux échecs de Marius aux élections pour l'édilité[a 4].

Magistratures supérieures

[modifier |modifier le code]

Préture et proconsulat (115-110)

[modifier |modifier le code]

Sa popularité et ses appuis dans le mouvement despopulares lui permettent tout de même d'être élu de justessepréteur pour l'année115[10],[11], dernier des sixmagistrats élus[a 5],[p 5], à l'âge de 42 ans, mais il doit alors essuyer un procès desoptimates pour corruption électorale[a 5],[p 5] (de telles accusations auraient pu être intentées à l'ensemble de la classe politique romaine). Cependant, à la suite des réformes desfrères Gracques (pas encore annulées), les tribunaux sont contrôlés par leschevaliers, ce qui a pu jouer un rôle dans la décision finale d’innocenter Marius[p 5].

L'année suivante, il combat enLusitanie commeproconsul[4].

Mariage (110)

[modifier |modifier le code]

Marius revient à Rome et se marie vers110 àJulia Cæsaris, la future tante deJules César. Cette alliance avec lesIulii, une famillepatricienne d'une lignée prestigieuse mais d'une importance politique mineure à l'époque de Marius, indique le besoin du personnage de faire oublier ses origines rustiques[p 6]. De cette union naît vers109[a 6]Caius Marius « le Jeune », dontAppien est le seul auteur qui dit qu'il s'agit en fait de son neveu[a 6] (et donc fils adoptif).

Légat durant la guerre de Jugurtha (109-108)

[modifier |modifier le code]
Article détaillé :Guerre de Jugurtha.
LaNumidie entre112 et105, et les batailles majeures de la guerre.

Marius part enAfrique combattreJugurtha aux côtés de sonpatronQuintus Cæcilius Metellus, leconsul de109 (fait qui conteste la thèse de la brouille). Outre ses succès militaires àMuthul,Sicca etZama, Marius s'illustre par son attitude envers ses hommes. Sévère mais juste, n'hésitant pas à accomplir lui-même les corvées pour donner l'exemple, il développe des relations privilégiées avec eux, valorisant régulièrement ses origines « humbles[p 7] ». Ces soldats étant les principales sources d'informations à Rome sur le déroulement de la guerre, il y acquiert vite une forte popularité[p 7]. Lespopulares n'hésitent pas à exploiter ce succès en l'opposant systématiquement àMetellus, dont ils noircissent l'attitude[1].

Constatant cette popularité, Marius n'hésite pas à demander congé, d'abord refusé, pour briguer leconsulat. Metellus est surpris de voir une telle ambition chez un homme aux origines modestes et qui, de surcroît, lui doit sa carrière. Devant le refus de Metellus, Marius n'hésite pas à nuire à son chef, convainquant ses soldats ainsi que tous les négociants romains et italiens d'Afrique qu'il ferait un bien meilleur commandant que le proconsul, et qu'il pourrait capturerJugurtha, et donc mettre fin à la guerre, en bien moins de temps que Metellus. Fort de ces soutiens qui convainquent leurs contacts à Rome, il s'allie aussi à un riche prince numide éconduit par Metellus,Gauda, qui lui fournit l'argent nécessaire à sa campagne. Marius obtient de pouvoir retourner à Rome pour rendre compte de la campagne de son chef, qui vient de vaincreJugurtha et le repousser jusqu'enMaurétanie[12],[13].

L'hégémonie de Marius

[modifier |modifier le code]

Premier consulat (107)

[modifier |modifier le code]

Marius se présente aux élections consulaires et fait une intense campagne de dénigrement contre Metellus, l'accusant d'incompétence. Il obtient la magistrature suprême pour l'an107, élu très largement, à l'âge de 50 ans, devenant un des premiershomo novus de laRépublique. S'appuyant sur ses alliés au tribunat,Titus Manlius Mancinus etCaius Coelius Caldus, il se fait attribuer leproconsulat enAfrique et le commandement de laguerre de Jugurtha, enNumidie, au détriment deMetellus. Mancinus intente aussi un procès pour malversations à l'encontre de Metellus. Celui-ci doit subir l’affront de voir son ancienclient s’approprier ses troupes et remporter une guerre qu'il a déjà lui-même presque gagnée en repoussant le roi numide aux limites de laMaurétanie[14],[15].

Avant de repartir pour l'Afrique, Marius procède à la levée de nouvelles troupes, ce qui aurait pu l'amener à rencontrer des difficultés comme le souhaitait le Sénat. Mais le nouveau consul n'hésite pas à recruter des « prolétaires » sans tenir compte des critères censitaires en vigueur. Sur la base du volontariat et non du cens, il parvient à réunir une importante armée, avec une part de vétérans qui avait servi avec lui en Hispanie quelques années plus tôt, et d'autre part des nouveaux combattants pauvres attirés par la promesse de butin. Il dépasse les effectifs autorisés par le Sénat et s'empresse de rejoindre l'Afrique, où Metellus refuse de le rencontrer mais lui laisse le commandement. Metellus reçoit un bon accueil à Rome, est acquitté immédiatement de l'accusation de malversation, sa réputation d'intégrité étant encore forte[4],[15].

Proconsulat en Afrique et capture de Jugurtha (106-105)

[modifier |modifier le code]
Pièce à l'effigie deJugurtha.
Article détaillé :Guerre de Jugurtha.

Marius reprend la campagne en Afrique, commençant par aguerrir ses troupes, sans jamais relâcher la discipline et sa vigilance. Il remporte de nombreuses escarmouches avant de s'emparer des principales villes numides, notammentCapsa, où il fait massacrer toute la population mâle adulte, réduit le reste à l'esclavage et rase la ville. Il peut alors mener campagne en direction de laMaurétanie du roiBocchus, beau-père deJugurtha. Des négociations s'ouvrent entre Bocchus et Marius, qui lui envoie un ancien préteur et son questeurLucius Cornelius Sulla. C'est ce dernier qui est chargé des pourparlers, proposant au roi de Maurétanie l'alliance de Rome et des concessions territoriales. Ces négociations sont rendues difficiles par le fait que Jugurtha est tenu au courant des pourparlers, qu'il se méfie de son beau-père et que Bocchus lui-même hésite sur la marche à suivre[16].

Mais Marius ne peut tirer pleine gloire de cette victoire, car c'estSylla, qui, après des tractations diplomatiques, capture lui-mêmeJugurtha[15]. De là naît peut-être déjà une haine inaltérable entre les deux hommes. La victoire de Marius, en105, le place au sommet de Rome, sa popularité est alors immense[17].

Ladéfaite de Jugurtha fournit deuxtriomphes : le premier àMetellus, qui reçoit le surnom deNumidicus[18], le second à Marius. Cependant, le1er janvier104, c'est devant le char de Marius que marcheJugurtha, ainsi que ses deux fils, chargé de fers, avant d'être étranglé auTullianum, sur ordre duconsul[a 7],[15].

La guerre des Cimbres et consulats consécutifs (104-101)

[modifier |modifier le code]
Article détaillé :Guerre des Cimbres.
Migration desTeutons, desCimbres et desAmbrons.
Victoires cimbres et teutonnes (113 à105).
Défaites cimbres et teutonnes (102 et101).

Les défaites répétées des armées romaines au nord face auxCimbres et auxTeutons sont l'occasion pour Marius de renouveler sa gloire et de consolider son pouvoir. Les deux peuples ont en effet remporté, au nord desPyrénées, une série de victoires contre l’armée romaine, favorisées par les rivalités au sein de l'aristocratie sénatoriale, dont la défaite à labataille d'Arausio (Orange) en105 constitue le point culminant. Ces défaites ont affolé la population romaine, en réveillant le spectre de l’invasion de Rome par lesGaulois auIVe siècle av. J.-C.[19],[20].

Alors qu'il est encore en Afrique lors des élections consulaires pour l'année104, il est élu au consulatin abstentia. C’est l’occasion pour Marius d'affirmer définitivement sa supériorité sur lanobilitas. Avec l’aide despopulares, qui forment désormais à Rome un véritable parti « marianiste », il obtient le commandement contre les deux peuples[21],[22], avec même le soutien de l'aristocratie sénatoriale conservatrice, notamment leprinceps senatusMarcus Aemilius Scaurus et son ennemi personnelNumidicus[a 8]. Peut-être par volonté d'assurer l'union sacrée à Rome,Sylla est nommé comme légat en104 et tribun militaire en103. Les Germains, malgré leurs victoires sur les forces romaines, ne prennent pas la direction de l'Italie, laissant à Marius le temps de renforcer son dispositif militaire ainsi que de mener à bien une politique de pacification dans le sud de la Gaule, romaine depuis moins de vingt ans[21],[22].

Ce répit est aussi l’occasion pour Marius d'affirmer définitivement sa supériorité sur lanobilitas. Avec l’aide despopulares, son commandement est prolongé en se faisant réélireconsul plusieurs années consécutives et souventin abstentia, créant ainsi un précédent, ce type de réélection en chaîne violant les traditions institutionnelles. Il est notamment aidé par letribun de la plèbeLucius Appuleius Saturninus et tous ceux qui contestent l'oligarchie en place et reprennent certaines des propositions desGracques[23],[22].« Jamais encore aucun Romain n'a bénéficié d'une telle confiance ni d'un tel pouvoir »[22].

La défaite des Cimbres parAlexandre-Gabriel Decamps,musée du Louvre.
Article détaillé :Bataille d'Aix.

En102, lorsque les Germains menacent à nouveau la péninsule italienne, Marius fait face auxTeutons etAmbrons en Gaule. Il attend ses ennemis dans la région d'Arles où il fait creuser, pour des raisons logistiques, un canal appeléFosses Mariennes à l'embouchure duRhône. Il refuse d'abord le combat pendant de longues semaines, malgré la gronde de ses soldats et officiers, puis vainc d'abord lesAmbrons puis lesTeutons aux environs d'Aix àPourrières, en102, dans une bataille sanglante[24].

Son collègue au consulat,Quintus Lutatius Catulus, est chargé de barrer les cols des Alpes auxCimbres, mais avec une armée insuffisante, trois fois inférieure en nombre à celle de Marius. Il s'adjoint Sylla comme légat, ce dernier préférant s'associer à Catulus plutôt que de continuer d'évoluer sous Marius. Catulus et Sylla essuient plusieurs revers et ne parviennent pas à empêcher les Cimbres de franchir les Alpes ni l'Adige, mais ralentissent l'armée germaine tout en limitant les pertes[25].

Article détaillé :Bataille de Vercellæ.

En101, Marius est à nouveau consul tandis que Catulus est dorénavantproconsul,Sylla restant légat de ce dernier. C'est à Marius que revient le commandement suprême de toutes les légions romaines pour faire face aux Cimbres, qui sont écrasés à labataille de Verceil. Catulus et Sylla sont placés au centre du dispositif romain, qui supporte l'effort décisif de la bataille. Mais Marius s'arroge la victoire aux yeux de la postérité, provoquant une polémique et une inimitié définitive entre les deux chefs. Marius et Catulus ont droit autriomphe[26].

Sixième consulat à Rome (101-100)

[modifier |modifier le code]

Il a atteint un niveau de gloire encore inégalé, sauvant Rome et l'Italie de l'invasion barbare, et est perçu comme un nouveauRomulus. Sa domination sur la vie politique romaine est devenue incontestable, domination qu’il met régulièrement en scène par différentes manifestations : se rendre auSénat en costume triomphal ou se faire accompagner d’une prêtressesyrienne symbolisant ses liens privilégiés avec lesDieux[27].« Le peuple même lui donne le titre de troisième fondateur de Rome »[p 8], après doncRomulus à lafondation de Rome en753 etCamille auIVe siècle av. J.-C..

Cependant, la victoire contre les Germains n'amène pas à la réconciliation politique à Rome.Catulus continue à prétendre qu'il est le réel vainqueur deVerceil. Marius est devenu le premierconsul à avoir été élu autant de fois de façon consécutive (le seul autre Romain à avoir été six foisconsul estTitus Quinctius Capitolinus Barbatus, qui avait vu32 ans s'écouler entre son premier et son dernier consulat). Il se présente à nouveau aux élections consulaire de100, bien qu'il n'y ait plus de danger militaire, et peut compter sur le soutien dutribun de la plèbeLucius Appuleius Saturninus et deCaius Servilius Glaucia. Les deux hommes sont aussi très actifs à soutenir la réélection de Marius au consulat, l'alliance avec lespopulares reste indispensable pour Marius[28],[29].

Ce dernier est élu aux côtés deLucius Valerius Flaccus. Saturninus fait voter une loi pour installer les vétérans de Marius dans descolonies enSicile, enAfrique, enMacédoine et en Grèce. Saturninus fait passer d'autres lois qui ne sont pas de son ressort, ainsi qu'un lotissement des terres récupérées enGaule cisalpine, obligeant les sénateurs à prêter serment d'observer cette nouvelle loi.Quintus Caecilius Metellus Numidicus est le seul à refuser de s'incliner et à choisir l'exil plutôt que de provoquer de nouveaux troubles civils dans cette période de forte agitation politique. Marius prend un décret de « mort civique » contre lui. Saturninus propose d'autres lois afin de renforcer son parti, lespopulares[30],[31].

Lors de la période électorale pour l'année99,Saturninus etGlaucia font régner la terreur à Rome en faisant, notamment, assassiner tous ceux qui tentent de se présenter contre eux autribunat et auconsulat. LeSénat excédé et mené par leprinceps senatusMarcus Æmilius Scaurus, décide, en dernier recours, de faire appel à Marius pour ramener l'ordre, par le biais d’unsenatus consultum ultimum qui impose auconsul de réprimer les fauteurs de trouble. Marius, inquiété par une situation qui lui échappe, abandonne ses anciens amis et se range du côté du Sénat.Saturninus,Glaucia et tous leurs partisans sont exécutés. Bien qu'il conserve des partisans, le meurtre de ses propres alliés laisse Marius très isolé[32],[33].

Les difficultés de la fin de carrière

[modifier |modifier le code]

Période de « retraite » (99-91)

[modifier |modifier le code]

En98,Metellus Numidicus est rappelé et fait son retour triomphal à Rome[34], malgré l'opposition de Marius. Celui-ci préfère quitter Rome et s'embarquer pour laCappadoce et laGalatie[p 9], à moins qu'il ne soit parti dès l'an99[35].Plutarque avance que Marius cherche à provoquer la guerre en Orient, notamment en irritantMithridate VI[p 9],[36].Plutarque déclare que bien que l'on se soit attendu à ce qu'il se présente aux élections pour lacensure de l'année97, il s'en est abstenu craignant un échec à cause de sa perte de popularité liée à l'exécution de Saturninus et de l'opposition sénatoriale[p 10]. Il reçoit cependant l'honneur sans précédent d'être élu par contumace aucollège des augures sacerdotaux alors qu'il est en Asie Mineure[a 9]. De retour à Rome[p 9], la présence de Marius au procès de son ami et ancien collègueManius Aquilius Nepos est importante pour obtenir l'acquittement de l'accusé, même s'il est apparemment coupable[a 10].

Vers95, Marius agit également comme unique défenseur d'un Italien de Spoletium à qui il a conféré la citoyenneté romaine et qui est maintenant accusé selon les termes duLex Licinia Mucia[a 11].Plutarque parle à nouveau de lui en91 à la veille de laguerre sociale lors d'un conflit avecSylla à propos d'un monument rappelant la capture deJugurtha à la gloire de Sylla offert parBocchus[p 11]. L'auteur antique insiste beaucoup sur l'opposition entre Marius et Sylla, et sur l'hégémonie supposée de ce dernier à cette époque, mais Sylla lui-même connaît une période creuse. Il échoue à se faire élire à lapréture pour l'an98, le léger soutien de l'aristocratie romaine étant insuffisant face à ses adversaires et à la popularité de Marius. Sylla parvient à se faire élire préteur l'année suivante et part ensuite enCilicie pour défaire les partisans de Mithridate et établirAriobarzane sur le trône deCappadoce. À son retour à Rome, il doit faire face à des accusations sur la gestion de son mandat, mais elles sont abandonnées. Sylla disparaît des sources pendant quatre années entre94 et91. Il doit probablement faire face à l'opposition des partisans de Marius, et ne doit pas se sentir suffisamment sûr de lui pour tenter de se faire élire auconsulat[o 2].

Légat pendant la guerre sociale (90-89)

[modifier |modifier le code]
Article détaillé :Guerre sociale.
L'Italie vers100, une mosaïque de statuts[o 3] :
  • Territoire et colonies romaines.
  • Colonies latines.
  • Territoires alliés.

La « guerre sociale » tire son nom du latinsocii qui signifiealliés : elle oppose Rome à ses alliés italiques, qui réclament le droit à lacitoyenneté romaine.

En effet, alors que l'Italie est sous l'autorité romaine depuis la fin de lapremière guerre punique un siècle et demi plus tôt — soit par un habile jeu d'alliances, soit par conquête —, seuls les Romains bénéficient du droit de citoyenneté complète. Cette différenciation induit un traitement inégal lors des procès ou lors du paiement des impôts, interdit l'accès aux adjudications de terres publiques (ager publicus), etc. Or, les alliés fournissent autant, si ce n'est plus de troupes à Rome que les citoyens romains eux-mêmes ne peuvent en fournir. De ce fait, les italiques participent activement aux conquêtes de Rome, qui domine presque sans partage lebassin méditerranéen au début duIer siècle av. J.-C. De plus, les soldats alliés sont généralement plus exposés lors des opérations militaires, notamment lors des terribles défaites contre les Germains avant que Marius n'en reprenne le commandement, et ont droit à une part de butin moins importante que les légionnaires romains. D'un simple lien desuzeraineté, les alliés sont tombés dans l’assujettissement le plus strict.

Letribun de la plèbeMarcus Livius Drusus, excellent orateur, propose d’accorder la citoyenneté aux Italiens, mais le Sénat s'y refuse, et lui-même est assassiné dans des conditions obscures en cette fin d'année91[37].

Pour faire face à l'insurrection, une armée romaine de 100 000 hommes — recrutée parmi les citoyens, les alliés restés fidèles et les provinciaux — est donc mise sur pied et placée sous le commandement des deux consulsLucius Julius Caesar etPublius Rutilius Lupus, ainsi que de dix légats, dontSylla et Marius, chacun y voyant un moyen de revenir sur le devant de la scène.

Marius mobilise sesclients contre les alliés et remporte même quelques succès contre lesMarses, notamment après une sévère défaite et la mort du consul Rutilius Lupus[38]. L'ennui est que Marius a construit une part de sa popularité en apportant précisément son soutien à la diffusion de lacitoyenneté à l’ensemble de l'Italie. Se retrouvant dans une position contradictoire, à la tête d'une armée peu fiable et vieillissant, il finit par se démettre de son commandement[39]. Sylla, quant à lui légat de Julius César, remporte plusieurs succès.

À la fin de la première année de guerre, l’avantage est aux Italiques. Alarmé, le Sénat se décide à concéder ledroit de cité à certains peuples de la Péninsule. Il commence par lalex Julia, laquelle accorde ce droit aux alliés de Rome restés fidèles : l’insurrection cesse de s’étendre et à la fin de l’année suivante, hormis quelques débris de l’armée samnite, la révolte est matée[40].

Sur la scène politique romaine,Sylla a acquis un prestige considérable grâce à ses victoires et son habileté dans le commandement de ses soldats. À l'inverse, Marius a vu diminuer sa notoriété : originaire duLatium et certainement plus compréhensif vis-à-vis des révoltés, il a plus recherché la réconciliation entre ses troupes et celles des insurgés, que l'affrontement brutal. À Rome, Sylla est désormais l'homme providentiel[o 4].

Guerre civile entre Marius et Sylla (88-87)

[modifier |modifier le code]

L'enjeu : le commandement de la guerre contre Mithridate

[modifier |modifier le code]
Pseudo-« Sylla », copie d'époque augustéenne.

Sylla est élu aux côtés deQuintus Pompeius Rufus. Le tirage au sort effectué en début d'année donne à Sylla leproconsulat de la province d'Asie et le commandement de laguerre contre Mithridate. L'expédition en Orient contre le roiMithridate VI duPont est rendue nécessaire par ses manœuvres pour étendre son influence et son pouvoir dans larégion anatolienne, malgré la première intervention de Sylla enCappadoce lors de son proconsulat de96. Peu de temps après, Mithridate, par des intrigues, a chassé de leurs trônesAriobarzane Ier de Cappadoce etNicomède IV de Bithynie, proclamant vouloir libérer l'Orient du joug romain. Ils sont rétablis en89 par une mission sénatoriale menée par des proches de Marius, qui poussent en outre les deux rois à mener des opérations contre le roi du Pont, à l'encontre des instructions du Sénat. Surprenant les Romains, Mithridate passe à l'offensive générale et s'empare ouvertement de la Cappadoce, et écrase les troupes de Bithynie puis les quelques forces armées romaines de la région, faisant exécuter certains des commandants romains[41].

Article détaillé :Première guerre civile entre Marius et Sylla.

Marius, malgré son grand âge, près de soixante-dix ans, souhaite se voir confier la guerre contre le roi du Pont et s'évertue à faire oublier sa défaillance lors de laguerre sociale. Untribun de la plèbe,Publius Sulpicius Rufus, se rallie à lui, aux réformateurs et à leurs propositions démocratiques en faveur des Italiens qui ont obtenu lacitoyenneté romaine après la guerre sociale. Il propose qu’on les répartisse équitablement parmi les trente-cinqtribus, ce qui donnerait la majorité aux Italiens dans toutes les subdivisions du corps électoral, au détriment de la population romaine. Les consuls tentent de faire obstruction au vote de cette proposition, en proclamant la suspension de toute activité politique. Sulpicius envahit le forum avec des bandes armées, chasse Pompeius Rufus, fait égorgerson fils, gendre de Sylla, qui résiste et oblige Sylla à renoncer à cette suspension, peut-être par un accord trouvé avec Marius et le tribun. Tandis que Sylla part en Campanie rejoindre son armée pour la future campagne, Sulpicius fait passer sa loi électorale puis fait destituer le consulQuintus Pompeius Rufus, une mesure sans précédent. De surcroit, il fait voter la destitution de Sylla comme commandant de la guerre contre Mithridate et confie ce commandement à Marius[42].

La contre attaque de Sylla et l'exil de Marius

[modifier |modifier le code]

Sylla, peut-être abusé parSulpicius et Marius, ou ayant fait semblant d'accepter un compromis pour prendre la tête d'une armée, et rejoint par son collègue, refuse et harangue ses soldats qui perdent là l'occasion d'une guerre fructueuse en Orient. Ces derniers maltraitent les délégations qu'on lui envoie, lapidant des envoyés de Marius. Les deux consuls marchent sur Rome pour une opération de maintien de l'ordre et de libération de la ville, apprenant en chemin que certains de leurs amis et parents ont été maltraités voire tués. Ils refusent une médiation du Sénat, et la quasi-totalité des officiers quitte l'armée consulaire pour ne pas prendre part à une expédition punitive contre Rome. Marius ne peut mettre Rome en état de défense face à une armée aguerrie et tente une dernière médiation pour gagner du temps. Sylla fait mine d'accueillir favorablement les envoyés, mais envoie par ailleurs sa cavalerie et des fantassins légers s'emparer de certains accès à la ville avant que le dispositif de défense soit en place. Des combats de rue mettent d'abord en difficulté les lieutenants de Sylla, mais celui-ci rétablit la situation et s'empare de tous les points stratégiques de la ville, contraignant Marius et Sulpicius à la fuite[43].

Caius Marius assis en exil.
Méditant sur les ruines de Carthage.

Sylla fait exécuter certains de ses légionnaires accusés de pillage puis répartit ses troupes dans toute la ville pour assurer le maintien de l'ordre. Les consuls convoquent ensuite l'assemblée du peuple, pour justifier leur conduite et faire annuler toutes les mesures prises par le tribun Sulpicius. Ils prennent d'autres mesures pour redonner plus de pouvoir au Sénat et aux citoyens les plus riches. Ensuite, devant des sénateurs peu enclins à l'opposition, les consuls demandent le vote pour déclarer « ennemis publics » douze personnages considérés comme coupables des troubles. Seul le juriste expérimenté et vieux consulaireQuintus Mucius Scævola Augur, qui a exercé sa charge trente années plus tôt, s'oppose aux consuls, déclarant qu'on ne peut condamner Marius qui avait sauvé Rome et l'Italie, et avec lequel il est lié. Le décret est voté mais la plupart des bannis dont Marius, mais pasSulpicius, échappent à la mort. L'histoire de la fuite de Marius est rocambolesque, les auteurs antiques soulignant son grand âge, ses accès de maladie et son embonpoint[44].

Marius s'exile enAfrique. L'ordre semble rétabli à Rome, Sylla a le commandement pour la guerre en Orient et les élections pour l'année suivante peuvent se dérouler, dans un climat de retour à la vie politique normale, avec des débats ouverts et animés, sans mainmise des consuls sur les résultats. Cependant, avoir fait pénétrer des légions armées au cœur même de la Cité, dans l'enceinte sacrée dupomerium, est un acte d'une exceptionnelle gravité et unique jusque-là dans l'histoire romaine que les citoyens ne peuvent oublier. Pompeius Rufus est tué lors d'une cérémonie religieuse à la tête de son armée. Sylla est quant à lui attaqué en justice, alors même qu'il est revêtu de l'imperium qui l’immunise, peu de temps après avoir quitté la ville. Il s'embarque malgré tout à la tête de son armée pour l'Orient[45].

Le retour sanglant despopulares

[modifier |modifier le code]
Pseudo-« Marius », copie d'époque augustéenne,Glyptothèque de Munich.

Lespopulares ayant échappé aux purges tentent de reprendre le pouvoir : leconsulCornelius Cinna, soutenu par l'ordre équestre, propose de rappeler Marius. Mais il se heurte au refus duSénat et de son collègueCnaeus Octavius qui le destituent. Cinna fuit alors enCampanie où il rallie les troupes laissées par Sylla, et lève une nouvelle armée parmi les vétéransitaliques de laGuerre sociale. Marius, revient d'Afrique et le rejoint à la tête d'une cavaleriemaure, accompagné dePapirius Carbo etQuintus Sertorius. Leurs armées marchent sur Rome, assiègent la ville et la prennent au prix de sanglants combats[46].

Le Sénat capitule devant Marius qui se débarrasse des partisans de Sylla restés à Rome par des condamnations sans même se soucier de leur donner un cadre légal, comme l'avait fait Sylla à la fin de lapremière guerre civile. Les principaux membres de l’aristocratie sénatoriale sont mis à mort, dont le consulCnaeus Octavius, et leurs biens confisqués. Parmi les victimes, figurent notamment les célèbres consulairesMarc Antoine l'Orateur,Quintus Lutatius Catulus,Publius Licinius Crassus,Caius Atilius Serranus etLucius Julius Caesar, ainsi que le frère cadet de ce dernier,Caius Julius Caesar Strabo Vopiscus. La ville subit les exactions des soldats italiques qui se vengent de la Guerre sociale. La violence est telle que Marius doit engager desgaulois pour maîtriser ses troupes[47].

Dernier consulat et décès (86)

[modifier |modifier le code]

Marius est éluconsul pour la septième fois durant l'année86 avec Cinna. À la fin de la première semaine de janvier, Marius tombe malade, apparemment d'unepleurésie. Son état empire et il meurt le, alors que son mandat est à peine commencé[48].

Il laisse un filsCaius Marius « le jeune ».Cinna et ses partisans vont alors conserver le pouvoir pendant quatre ans. Il s'autoproclame à nouveau consul avecPapirius Carbo à ses côtés en85 et84. Le calme est rétabli à Rome pendant cette période de tyrannie[49]. Sylla sort vainqueur de lanouvelle guerre civile à la fin de l'an82 qui voit notamment la mort du consulCaius Marius « le Jeune »[50]. Quant au tombeau de Caius Marius, il est fracturé pendant cette même période de la fin 82 sur ordre de Sylla. Les cendres du défunt sont dispersées dans l'Anio[51].

Article détaillé :Seconde guerre civile entre Marius et Sylla.

Postérité

[modifier |modifier le code]

Velleius Paterculus, historien romain du règne d'Auguste, décrit ainsi Marius ce qui pourrait constituer son épitaphe selonFrançois Hinard[48] :

« Chevalier de naissance, il est grossier et rude mais d'une vertu irréprochable ; aussi remarquable à la guerre que détestable pendant la paix, il est affamé de gloire, insatiable, emporté, toujours agité. […] Cet homme le plus dangereux pour les ennemis pendant la guerre et pour les citoyens pendant la paix, est tout à fait incapable de rester en repos. »

— Velleius Paterculus,Histoire romaine,II, 11 et 23 - Garnier, édition de Pierre Hainsselin et Henri Watelet, sur le site de Philppe Remacle.

Cicéron a aussi une formule concernant Marius qui pourrait servir d'épitaphe :« Un homme inculte, mais vraiment un homme ! ».

« Ces années qui voient la montée en puissance de Caius Marius et son alliance avec destribunspopulares ont ainsi été l'occasion d'innovations importantes dans les mécanismes de la vie politique romaine qui déterminent à leur tour les pratiques à venir. […] Marius a défini une nouvelle figure de chef militaire. Il est victorieux d'ennemis redoutables qui ont vaincus lesarmées romaines et menacent l'existence même de la cité. Il a bénéficié d'une aide particulière des dieux qui se manifestent par des miracles ou des oracles exceptionnels. Il a porté l'Empire de Rome et sa propre gloire à des niveaux qui n'ont encore été atteints par personne. […] Une relation particulière s'est mise en place entre les hommes et ce chef victorieux qui les entraîne dans des campagnes de plusieurs années et qui les grandit de ses propres victoires. L'exemple n'est pas perdu, etSylla,Pompée etJules César sauront s'en emparer pour se gagner l'attachement d'hommes qui attendent d'eux la rémunération de leur valeur et en échange les soutiendront contre leurs adversaires. L'association avec des tribunspopulares crée une autre série de précédents. Marius a eu besoin de leur aide afin d'obtenir pour lui les grands commandements et pour ses hommes les colonies et les distributions de terre. Ses partenaires, en contre-partie, bénéficient de la caution de son prestige et du vote de ses vétérans. […] Une telle puissance ne peut plus être régulée par aucune disposition constitutionnelle. […] La seule réponse possible réside dans la violence. »

— Jean-Michel David,La République romaine, Seuil, 2000,p. 161-162.

Par ailleurs, Marius a procédé pour laguerre de Jugurtha à l'enrôlement de « prolétaires », cherchant à renforcer sa popularité en acceptant dans les rangs de l'armée tous les volontaires sans distinction de cens, allant à l'encontre de l'avis du Sénat, à une époque où les citoyens mobilisables sont récalcitrants à rejoindre l'armée. Dans les années qui suivent jusqu'à laguerre sociale, il n'y a plus de traces de telles mesures d'enrôlement, ni même lors de laguerre contre les Cimbres et les Teutons menée par ce même Marius, cette guerre défensive n'amenant aucune perspective de butin et n'ayant donc aucune raison d'attirer des volontaires non astreints au service militaire. La fin duIIe siècle av. J.-C. voit aussi l'organisation et l'équipement d'une légion évoluer. Ces réformes sont parfois attribuées à Marius, d'où l'expression « réforme marianique ». Cependant, les historiens actuels de l'armée romaine s'accordent à reconnaître que plusieurs des changements attribués par l'historiographie antique à Marius, dans le domaine tactique notamment, sont en fait progressifs et ne se développent réellement que sur le long terme. Le rôle de Marius dans ces évolutions est donc à relativiser[o 5],[o 6].

Article détaillé :Armée romaine des origines à la fin de la République, « La naissance d'une armée permanente (IIe siècle —Ier siècle av. J.-C.) ».

Ses sept consulats

[modifier |modifier le code]
Précédé parEn fonctionSuivi par
Ser. Sulpicius Galba etHortensius*
puis *M. Aurelius Scaurus(suffect) (108 av. J.-C.)
C. MariusI avecL. Cassius Longinus
(107 av. J.-C.)
Q. Servilius Cæpio etC. Atilius Serranus
(106 av. J.-C.)

Cn. Mallius Maximus etP. Rutilius Rufus
(105 av. J.-C.)
C. MariusII avecC. Flavius Fimbria
(104 av. J.-C.)
L. Aurelius Orestes et C. MariusIII
(
103 av. J.-C.)

C. Flavius Fimbria et C. MariusII
(
104 av. J.-C.)
C. MariusIII avecL. Aurelius Orestes
(103 av. J.-C.)
Q. Lutatius Catulus et C. MariusIV
(
102 av. J.-C.)

L. Aurelius Orestes et C. MariusIII
(
103 av. J.-C.)
C. MariusIV avecQ. Lutatius Catulus
(102 av. J.-C.)
M' Aquilius Nepos et C. MariusV
(
101 av. J.-C.)

Q. Lutatius Catulus et C. MariusIV
(
102 av. J.-C.)
C. MariusV avecM' Aquilius Nepos
(101 av. J.-C.)
L. Valerius Flaccus et C. MariusVI
(
100 av. J.-C.)

M' Aquilius Nepos et C. MariusV
(
101 av. J.-C.)
C. MariusVI avecL. Valerius Flaccus
(100 av. J.-C.)
A. Postumius Albinus etM. Antonius Orator
(99 av. J.-C.)

L. Cornelius Cinna I etCn. Octavius
(87 av. J.-C.)
C. Marius*VII avecL. Cornelius Cinna II
puis *
L. Valerius Flaccus (en)(suffect) (86 av. J.-C.)
L. Cornelius Cinna III etCn. Papirius Carbo I
(85 av. J.-C.)

Notes et références

[modifier |modifier le code]

Notes

[modifier |modifier le code]

Références

[modifier |modifier le code]
  • Sources modernes
  1. a etbHinard 2000,p. 583.
  2. abcde etfDavid 2000,p. 154.
  3. David 2000,p. 153.
  4. ab etcHinard 2000,p. 585.
  5. ab etcDavid 2000,p. 155.
  6. Broughton 1951,p. 491-492 et 494.
  7. Broughton 1951,p. 521.
  8. Broughton 1951,p. 526.
  9. a etbDavid 2000,p. 154-155.
  10. Hinard 2000,p. 571.
  11. Broughton 1951,p. 532.
  12. Hinard 2000,p. 583-584.
  13. David 2000,p. 155-156.
  14. Hinard 2000,p. 584-586.
  15. abc etdDavid 2000,p. 156.
  16. Hinard 2000,p. 586-587.
  17. Hinard 2000,p. 587.
  18. Hinard 2000,p. 585-586.
  19. Hinard 2000,p. 590-591.
  20. David 2000,p. 153-154.
  21. a etbHinard 2000,p. 592.
  22. abc etdDavid 2000,p. 157.
  23. Hinard 2000,p. 595-596.
  24. Hinard 2000,p. 596.
  25. Hinard 2000,p. 597-598.
  26. Hinard 2000,p. 598-599.
  27. David 2000,p. 157-158.
  28. Hinard 2000,p. 600-601.
  29. David 2000,p. 158.
  30. Hinard 2000,p. 601-603.
  31. David 2000,p. 159-160.
  32. Hinard 2000,p. 603-605.
  33. David 2000,p. 160.
  34. Hinard 2000,p. 605.
  35. Hinard 2000,p. 628.
  36. Hinard 2000,p. 628-629.
  37. Hinard 2000,p. 606-609.
  38. Hinard 2000,p. 616-621.
  39. Hinard 2000,p. 622.
  40. Hinard 2000,p. 623-626.
  41. Hinard 2000,p. 629-630.
  42. Hinard 2000,p. 630-631.
  43. Hinard 2000,p. 632-633.
  44. Hinard 2000,p. 635.
  45. Hinard 2000,p. 635-637.
  46. Hinard 2000,p. 637-642.
  47. Hinard 2000,p. 642-646.
  48. a etbHinard 2000,p. 646.
  49. Hinard 2000,p. 655.
  50. Hinard 2000,p. 661 et 668.
  51. François Hinard,Sylla, Paris, Librairie Arthème Fayard,,p. 200
  1. Pierre Grimal,Cicéron, 1986, Texto,pp. 23-26.
  2. François Hinard,Sylla, 1985, Fayard,p. 47-51.
  3. W. R. Shepherd,Historical Atlas,The Growth of Roman Power in Italy, Université du Texas, Austin, 1911,p. 29.
  4. François Hinard,Sylla, 1985, Fayard,p. 54 et 57.
  5. Pierre Cosme,L'armée romaine,VIIIe siècle av. J.-C. -Ve siècleapr. J.-C.,  éd. Armand Colin, 2007,pp. 51 et 53.
  6. Claude Nicolet,Le métier de citoyen dans la Rome républicaine,  éd. Gallimard, 1989,p. 173-174.
  1. abc etdPlutarque,Vie de Marius, 3.
  2. Plutarque,Vie de Marius, 1.
  3. Plutarque,Vie de Marius, 2.
  4. ab etcPlutarque,Vie de Marius, 4.
  5. abc etdPlutarque,Vie de Marius, 5.
  6. Plutarque,Vie de Marius, 6.
  7. a etbPlutarque,Vie de Marius, 7.
  8. Plutarque,Marius, 28.
  9. ab etcPlutarque,Vie de Marius, 33.
  10. Plutarque,Vie de Marius, 30.
  11. Plutarque,Vie de Marius, 34.
  • Autres sources antiques
  1. abc etdSalluste,Guerre de Jugurtha, 68.
  2. Valère Maxime,Des faits et des paroles mémorables,VIII, 15, 7.
  3. Cicéron,De legibus,III, 17.
  4. Cicéron,Pro Planco, 21.
  5. a etbValère Maxime,Des faits et des paroles mémorables,VI, 9, 14.
  6. a etbAppien,Guerres civiles,I, 87.
  7. Eutrope,Abrégé de l'histoire romaine,IV, 11.
  8. Cicéron,Discours sur les provinces consulaires, 8.
  9. Cicéron,Ad Brutum,I, 5,3.
  10. Cicéron,De oratore,II, 194-6 etPro Flacco, 98.
  11. Cicéron,Pro Balbo, 48, 49 et 54.

Voir aussi

[modifier |modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

[modifier |modifier le code]

Sources modernes

[modifier |modifier le code]

Principales sources antiques

[modifier |modifier le code]

Liens externes

[modifier |modifier le code]

v ·m
Personnalités
Traducteurs
Ce document provient de « https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Caius_Marius&oldid=224012440 ».
Catégories :
Catégories cachées :

[8]ページ先頭

©2009-2025 Movatter.jp