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Cailly | |
![]() Le Cailly àDéville-lès-Rouen. | |
![]() Le bassin du Cailly au nord deRouen. | |
Caractéristiques | |
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Longueur | 29,3 km[1] |
Bassin | 246 km2[1] |
Bassin collecteur | Bassin de la Seine |
Débit moyen | 2,61 m3/s (Notre-Dame-de-Bondeville)[2] |
Organisme gestionnaire | Syndicat Mixte de la Vallée du Cailly[3] |
Régime | Pluvialocéanique |
Cours | |
Source | source |
· Localisation | Cailly |
· Altitude | 125 m |
· Coordonnées | 49° 34′ 58″ N, 1° 13′ 57″ E |
Confluence | Seine |
· Localisation | Rouen |
· Altitude | 4 m |
· Coordonnées | 49° 26′ 21″ N, 1° 02′ 43″ E |
Géographie | |
Principaux affluents | |
· Rive droite | Clérette, Clairette |
Pays traversés | ![]() |
Département | Seine-Maritime |
Arrondissement | arrondissement de Rouen |
Cantons | Clères,Notre-Dame-de-Bondeville,Maromme,Mont-Saint-Aignan,Rouen |
Régions traversées | Normandie |
Principales localités | Montville,Malaunay,Le Houlme,Notre-Dame-de-Bondeville,Maromme,Déville-lès-Rouen,Canteleu,Rouen |
Sources :SANDRE,Géoportail,Banque Hydro | |
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LeCailly est unerivière deSeine-Maritime,affluent de laSeine dans laquelle elle se jette àRouen. Cours d'eau au débit régulier, le Cailly traverse deux zones tout à fait distinctes ; dans la partie amont, un espace peu urbanisé dominé par les activités agricoles, dans la partie aval, entreMalaunay et sonembouchure, un ensemble totalement urbanisé, véritable rue d'agglomérations à vocation industrielle.
La rivière a vu se développer, sur ses rives, à partir de la fin duXVIIIe siècle, une puissante industrietextile utilisant la force motrice de ses eaux. Véritable couloir d'usines, de filatures, d'ateliers de teinturerie, le cours inférieur du Cailly fut surnommé, auXIXe siècle, lapetite vallée deManchester. Si, aujourd'hui, l'immense majorité de ces entreprises ont fermé, l'activité textile a marqué la vallée et des vestiges de ce patrimoine industriel peuvent être encore visibles, certains ont été préservés dans le cadre de musées comme celui de la Corderie Vallois àNotre-Dame-de-Bondeville.
La première attestation du nomCailly (car l'origine du nom de la rivière est la même que celle de lacommune éponyme où elle prend sa source) date de la fin duIXe siècle sous la formeCalliacus. Il semble s'agir d'une étymologie celtique d'époque gallo-romaine en-ACU, formé à partir du termegauloiscalio « pierre » (en bretonkell, en galloiscaill « testicule » par emploi métaphorique). Il est donc possible d'interpréter Cailly comme « le domaine de la pierre » ou « le domaine de Callius », nom de personne[4].
Pour Albert Dauzat, certainsCailly pourraient, commeCadillac, venir deCatiliacum : « la propriété deCatillios », nom d'homme gaulois[5]. Pour Xavier Delamarre, les typesCaliacum peuvent sous-tendre le nom du « coq » (*caliācos en gaulois) et les typesCalliacum, avec [l] géminé (ce qui est le cas pour Cailly) remonter à*Calliācon, un dérivé en-āko (>-ACU) decallio- « sabot »[6].
Le Cailly prend sa source àCailly dans le Pays entre Seine et Bray, coule en direction du sud-ouest, puis du sud, dans une vallée étroite et encaissée. Après avoir reçu àMontville son principal affluent, laClérette, en rive droite, le Cailly arrose les villes deMalaunay et duHoulme, créant une coulée verte au milieu de l'espace urbain. Dans la dernière partie de son cours, il traverse l'habitat très dense des communes deNotre-Dame-de-Bondeville,Maromme etDéville-lès-Rouen où il reçoit un petit tributaire - la Clairette - avant de se jeter dans la boucle nord de laSeine àRouen (rive droite), par l'intermédiaire du bassin Saint-Gervais, après avoir parcouru de 29,3 kilomètres[1].
Son cours peut être divisé en trois secteurs distincts :
Lebassin versant du Cailly couvre une superficie de 246 km2[11],[1]. Situé dans la partie nord-ouest duBassin parisien, ce bassin fait partie des formations géologiques duCrétacé supérieur correspondant à d'épais bancs decraie[12]. Sur les versants des reliefs encadrant la vallée, affleurent des terrains de l'ère Secondaire constitués de craie duCampanien, duSantonien, duConiacien et duTuronien. Les plateaux et les rebords de ceux-ci sont recouverts de formations superficielles ;limon des plateaux d'époqueQuaternaire présentant l'aspect d'un dépôt argilo-sableux de couleur brune à jaunâtre, formations argileuses (rouges, grises ou brunes) àsilex ou encoregréseuses duthanétien supérieur. Les fonds de vallées sont constitués de dépôtsalluvionnaires et de limons reposant sur des formations datant duCénomanien et de l'Albien, ces formations superficielles sont plus épaisses en amont que dans la basse vallée de la rivière[12].
À l'exception de laClérette longue de 11 kilomètres, la Cailly ne dispose d'aucunaffluent notable mais il est alimenté par de nombreuses sources latérales situées sur les versants des plateaux constituant des bassins élémentaires de faible étendue[notes 1]. Parmi ces dernières, l'une née au pied des coteaux de la rive droite forme la Clairette[13], ruisseau de deux kilomètres, qui se jette dans la Cailly à Déville-les-Rouen. Comme la plupart des cours d'eau de la région, l'alimentation principale du Cailly provient du puissantaquifère que représente lanappe de la craie présente sur la totalité du bassin versant (de laSeine-Maritime et au-delà)[14], l'alimentation par ruissellement est très faible, de l'ordre de 10 %[15].
Le Cailly enregistre un débit moyen de 3 m3/s àDéville-lès-Rouen[16] à peu de distance de sa confluence avec laSeine, dans le cadre d'un régime pluvial océanique d'une grande régularité. L'ensemble du bassin versant est affecté par unclimat océanique, il reçoit en moyenne 840 mm de précipitations par an (répartis sur 134 jours avec un léger maximum d'automne), ce qui en fait, à l'échelle régionale, un espace moyennement arrosé. Les températures moyennes enregistrent une faibleamplitude thermique oscillent entre une moyenne de3,5 °C en janvier, le mois le plus froid, et de17,5 °C en août, le plus chaud[17].
Quelques kilomètres en amont, avant d'avoir reçu l’apport de la Clairette àDéville-lès-Rouen, le débit, enregistré à lastation hydrologique deNotre-Dame-de-Bondeville[2], atteint en moyenne 2,65 m3/s pour unbassin versant de 199 km2 (environ 80 % de la superficie totale). Observé depuis 45 ans (de1963 à2007), la rivière présente de faibles variations du module, la période des hautes eaux est enregistrée durant la période hivernale et au début du printemps avec une moyenne mensuelle comprise entre 3,02 m3/s et 3,08 m3/s atteint en avril, les basses eaux interviennent à la fin de l'été et au début de l'automne avec des débits de 2,24 m3/s et 2,14 m3/s atteints respectivement durant les mois de septembre et d’octobre. Les périodes d'étiage, tout comme les crues, sont limitées[notes 2].
En établissant une comparaison entre le débit et lebassin versant, le Cailly présente un débit abondant ainsi que l'atteste unelame d'eau de 421 mm/an (largement supérieure à la moyenne nationale qui est de 300 mm, mais surtout à celle du bassin de laSeine de l'ordre de 225 mm) etdébit spécifique (ou Qsp) de13,3 litres par seconde et par kilomètre carré de bassin (9,5 l/s/km² pour l'ensemble des cours d'eau français, 7,1 l/s/km² dans le cas du bassin de laSeine)[18].
L'occupation de la vallée du Cailly est ancienne ; des terres fertiles, la présence d'une rivière aux eaux vives et d'un couvert forestier à proximité s'avérant des conditions favorables à l'implantation des hommes. La découverte de pierres taillées laisse suggérer la présence d'une communauté dechasseurs-cueilleurs dès l'époque moustérienne, voici quelque 30 à 40 000 ans[19]. En revanche, peu de vestiges de lapériode romaine ont été mis au jour, même si le Cailly est connu des contemporains sous le nom deMaronna[19]. La rivière entre véritablement dans l'histoire auMoyen Âge ; lesMérovingiens[19] y construisirent une vaste église auVIIe siècle sur l'actuel territoire communal de Notre-Dame-de-Bondeville, leXIIe siècle vit l'implantation de nombreuxmoulins utilisant la force hydraulique pour actionner desmeules à broyer ou desmarteaux à foulon[19]. Le développement économique se poursuivit, durant l'époque moderne, de la fin duXVe siècle auXVIIIe siècle, avec la mise en service de plusieurs dizaines de nouveaux moulins àpoudre, àplomb et surtout àpapier[20]. Profitant de la proximité deRouen, la vallée du Cailly devint un grand centre de l'industrie papetière[21].
L'année1762 marqua un tournant dans l'histoire de la région avec l'installation d'unemanufacture spécialisée dans la production decotonnades (appelée indiennerie)[20]. À la fin duXVIIIe siècle, et surtout après1815[notes 3], la production textile supplanta définitivement celle du papier, les communes de la vallée virent s'installer une multitude d'établissements utilisant la force de la rivière :filatures,ateliers de tissage,teintureries[22]. Vers1850, près de 120 usines se localisaient entreMalaunay en amont etDéville-lès-Rouen en aval (une tous les 150 mètres environ !), cette densité impressionnante permit de donner à la vallée du Cailly le surnom évocateur depetite vallée deManchester[22]. Bientôt, le développement de lamachine à vapeur aboutit à une concentration des entreprises. Le nombre d'usines décrût, celles qui subsistèrent étaient plus puissantes et offraient à la vue de vastes bâtiments et de hautes cheminées enbrique[22]. Le nombre d'établissements se réduisit encore dans lesannées 1860 en raison de la forte concurrence britannique intervenue après la signature d'un traité delibre-échange entre la France duSecond Empire et l'Angleterre victorienne en1860, de la rupture des approvisionnements en provenance desÉtats-Unis avec laguerre de Sécession et de la nécessité de modifier l'outillage pour utiliser le coton importé desIndes[23]. De nouvelles industries s'implantèrent à la fin duXIXe siècle : fonderies, margarinerie…, la production cotonnière se maintenant tant bien que mal jusqu'auxannées 1930. La gravecrise économique de cette décennie, puis, après laSeconde Guerre mondiale, la concurrence des fibres synthétiques (nylon) et la disparition du marché impérial liée à la décolonisation, donnèrent le coup de grâce à l'industrie textile[24]. Les entreprises fermèrent les unes après les autres ; aujourd'hui rares sont celles encore liées au textile (Établissements Laoureux[25] àDéville-lès-Rouen) dans cette vallée où cette activité marqua, pendant plus de deux siècles les paysages, l'habitat et les hommes.
Même si la plupart des locaux des entreprises textiles et les hautes cheminées de brique ont disparu, subsistent quelques témoins de cette grande aventure industrielle. D'abord dans l'habitat où l'opposition est nette entre les vestiges d'un habitat ouvrier (maisons de brique à un étage et un comble) construit de manière continue sur la rive gauche de la vallée (le long de la routeRouen-Dieppe) et les demeures des grands patrons de l'industrie (parfois qualifiées de châteaux) plus proches du cours d'eau comme lechâteau Rondeaux auHoulme[26].
Les vestiges industriels sont également présents avec laRoue Tifine à Maromme[27], autrefois source d'énergie principale d'une filature et, surtout, lacorderie Vallois àNotre-Dame-de-Bondeville[28]. Cet établissement, édifié à l'emplacement d'un ancien moulin à poudre au début desannées 1820, abrita d'abord une filature avant d'être reconverti encorderie en1880[29]. L'entreprise cessa définitivement ses activités en1978 et fut transformée enécomusée, leMusée industriel de la corderie Vallois, où le visiteur peut admirer, dans ce bâtiment à pans de bois, des machines anglaises et françaises de la fin duXIXe siècle, mues par une roue hydraulique, procéder aux différents étapes de la fabrication des cordes câblées et tressées[30].
Le 19 août1845, la vallée du Cailly entreMontville etMalaunay fut affectée par un phénomène météorologique très rare sous ces latitudes qui a longtemps marqué la mémoire locale. En effet, unetornade de forte intensité (4 ou 5 sur l'échelle de Fujita) se développa vers midi sur laSeine au pied de la côte deCanteleu, gagna la vallée et se déchaîna sur les communes deMalaunay et deMontville, arrachant arbres et toitures[notes 4], détruisant trois filatures. Le bilan fut lourd (70 morts, 130 blessés) malgré les secours apportés aux populations par les médecins de la région (dont le docteur CléophasFlaubert) et les ouvriers occupés à la construction de la ligne dechemin de fer Rouen - Le Havre[31].
Le bassin versant du Cailly est marqué par une forteanthropisation, ses milieux ont été transformés au cours de l'histoire par les hommes et largement artificialisés. Malgré une forte densité de population, les espaces urbains etpériurbains ne couvrent que 15 % de la superficie de l'ensemble, concentrés dans la vallée aval. Le reste de l'espace est partagé entre les zones agricoles (40 %) plutôt localisées sur les plateaux, les espaces boisés (23 %) occupant les rebords des plateaux et les flancs de vallées formant ainsi des barrières limitant leruissellement, les prairies (22 %) disséminées dans la vallée amont ou entre les deux ensembles précédents[32]. Pour préserver un milieu grignoté par l'extension urbaine et larurbanisation, pas moins de huitzones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique (trois étant des ZNIEFF de type I, cinq des ZNIEFF de type II) ont été recensées, la grande majorité étant des espaces boisés[33].
Même si la Cailly et la Clérette sont classés comme cours d'eau de première catégorie[34], les analyses physico-chimiques montrent que la qualité des eaux est insuffisante (qualifiée de médiocre ou moyenne dans la partie moyenne et aval du cours) en raison de l'altération par les nitrates et matières azotées[35]. Les nombreux ouvrages, liés à l'utilisation de la rivière comme force hydraulique, souvent abandonnés et non fonctionnels, tout comme la canalisation dans la dernière partie du cours, représentent de plus des obstacles à la bonne circulation des poissons[36]. L'ensemble de ces facteurs défavorables contribuent à la faible diversité de l'ichtyofaune seulement représentée par six espèces :chabot,épinoche,anguille,truite arc-en-ciel,lamproie de Planer,truite de rivière[37],[3].
Dans le seul département de laSeine-Maritime, le Cailly traverse les douzecommunes[1] suivantes dans le sens amont vers aval, deCailly (source),Saint-Germain-sous-Cailly,Claville-Motteville,Fontaine-le-Bourg,Montville,Malaunay,Le Houlme,Notre-Dame-de-Bondeville,Maromme,Déville-lès-Rouen,Canteleu,Rouen (confluence).
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