Pour les articles homonymes, voirRizzi.
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Partis politiques | Parti socialiste italien(- Parti communiste d'Italie(d)(- ![]() |
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Bruno Rizzi (né le àPoggio Rusco, dans laprovince de Mantoue, enLombardie et mort le àBussolengo) est un théoricienmarxiste hétérodoxe, proche (bien que critique) dutrotskysme, connu principalement pourLa Bureaucratisation du monde (1939).
Membre duParti socialiste italien puis cofondateur duParti communiste d'Italie en1921, Bruno Rizzi le quitte en1930.
Persécuté par lesfascistes, il s'exile enFrance et publie en1939 àParis son essai le plus connu sous le titreLa Bureaucratisation du monde. C'est dans ce cadre qu'il participe à la controverse entreLéon Trotski,James Burnham etYvan Craipeau sur la nature de l'URSS (« État ouvrier dégénéré » ou « collectivisme bureaucratique » ?). Il y affirme, en substance, qu'une « classe bureaucratique », incarnée par lePCUS, a pris la place de la bourgeoisie.
Au-delà de l'analyse de l'URSS, selon lui, fascisme,stalinisme et capitalisme libéral convergent dans un même « collectivismebureaucratique », marqué par laplanification, ledirigisme et l'émergence d'une classe de bureaucrates oumanagers. Nommément attaqué,Trotsky répond, dès, en écrivant :
« Bruno R. met sur le même plan l'économie planifiée de l'U.R.S.S., le fascisme, le national-socialisme et le "New Deal" de Roosevelt. Tous ces régimes ont, c'est indubitable, des traits communs qui, en fin de compte, se définissent par les tendances collectivistes de l'économie contemporaine. […] Mais cela ne signifie pas du tout qu'entre la révolution, Thermidor, le fascisme et le "réformisme" américain, on puisse mettre un signe égal[1]. »
Publié à compte d'auteur, à 500 exemplaires, sous le nom Bruno R.,le livre estinterdit en France dès 1940 par l'occupantnazi[réf. nécessaire] et ne sera réédité que trente ans plus tard en Italie, et encore très partiellement. En France, la première partie du livre est rééditée en parChamp libre sous le titreL'URSS : collectivisme bureaucratique. La Bureaucratisation du monde, 1re partie.
Le livre originel contenait un chapitre sur la « question juive », texteantisémite, dans lequel on peut lire, par ailleurs, des remarques qui préfigurent largement les thèses deSamuel Huntington dansLe Choc des civilisations (1996)[2]. Après la défaite française, il publie une brochure,Écoute, citoyen!, dans lequel il stigmatise la « vermine judéo-maçonnique »[3].
La Bureaucratisation du monde a été classé parmi les livres les plus controversés duXXe siècle par l'universitaire américain Donald Clark Hodges[4], ce qui, étant donné sa faible diffusion, qui plus est tardive, est clairement une exagération (comme on le voit à la lecture, par exemple, dePierre Souyri en 1979, qui parle d'un « inconnu », « pillé » parJames Burnham, qui a eu le mérite d'avoir« vu plus loin et plus clair que la plupart de ses contemporains »[5]). L'accusation de « pillage », voire de « plagiat », de Burnham à l'égard de Rizzi est une constante de la littérature trotskiste[6], qu'on retrouve dePierre Naville, en 1949, à Souyri, en passant parGuy Debord. Ce dernier résume bien cette perspective, en écrivant, sur la quatrième de couverture de l'édition française :
« L’Américain Burnham fut le premier à se faire un nom, avecL'Ère des organisateurs, en récupérant tout de suite cette critique prolétarienne de la bureaucratie, la travestissant pour son compte en éloge inepte d’une hausse tendancielle du pouvoir de décision et de compétents “managers” dans l’entreprise moderne, au détriment des simples détenteurs de capitaux. Et plus tard la revue françaiseSocialisme ou barbarie, reprenant la dénonciation du stalinisme, a manifestement trouvé dans cette œuvre fantôme de Rizzi la principale source de ses conceptions, de sorte que l’originalité que les commentateurs consentent à reconnaître, sur le tard, à ce foyer de réflexion désormais éteint, paraîtrait assurément plus considérable si tout le monde continuait à cacher Bruno Rizzi[7]. »
Rizzi retourne en Italie en1943, s'installe comme vendeur de chaussures, et ne participe plus que sporadiquement aux débats théoriques en écrivant dans des revues politiques commeCritica Sociale,Tempi Moderni etRassegna di Sociologia. Autour d'un groupuscule éphémère,Controcorrente, constitué vers 1949 avecMario Mariani,Domenico Falco,Guido Pro,Guglielmo Ricci,Ilario Margarita etCorradino Aghemio, il défend alors des thèses anti-autoritaires et spontanéistes, proposant d'élaborer une organisation sans « agitateurs professionnels » et dont le programme serait élaboré par « les masses » elles-mêmes[8].