Destination initiale | Borne milliaire |
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Propriétaire | Musée dela Diana |
Patrimonialité |
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Département | |
Commune |
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Laborne milliaire de Moingt est uneborne milliaire, ou plus précisémentborneleugaire, trouvée enFrance sur l'ancienne commune deMoingt (de nos jours associée àMontbrison), dans le département de laLoire en régionRhône-Alpes.
Elle est associée à la voie Bolène et au site antique d'Aquis Segete.
Moingt est le site de l'antiqueAquis Segete où passait lavoie Bolène. Cettevoie antique reliaitForum Segusiavorum (Feurs) àRuessio (Saint-Paulien en Haute-Loire, près duPuy-en-Velay). À Feurs se trouvait lavoie menant de Lyon à Saintes parClermont-Ferrand ; et au sud du Puy-en-Velay on rejoignait lavoie d'Aquitaine reliantNarbonne, capitale de laGaule narbonnaise, à Toulouse et Bordeaux ; et lavoie Domitienne reliant l'Italie à la péninsule Ibérique en traversant laGaule narbonnaise.
La borne de Moingt mentionne la distance de neuf lieues : « L(eugas) VIIII » ; c'est la distance qui figure sur latable de Peutinger entreFeurs (noté sur la carteForo Segusiavorum) etAquis Segete, le Moingt antique. Elle marquait donc la première étape après Feurs vers le sud. Elle précèdeIcidmago (lecture probable :Iciomago), « le marché du pic » (vers une montagne, donc), sur lequel les débats sont toujours en cours pour déterminer l'endroit auquel correspond ce lieu ; vraisemblablement aux alentours d'Usson-en-Forez.
La borne a été découverte àMoingt (maintenant un faubourg deMontbrison) en 1858, dans la cour de la maison du maire d'alors, M. Genebrier ; elle y soutenait l'auvent d'un escalier extérieur. Parmi les premiers à l'avoir remarquée, se trouvent Arthur David, directeur de l'école normale de Montbrison, et Louis-Pierre Gras, futur secrétaire de la Société dela Diana ; les premiers à en avoir parlé sont André Barban etAuguste Bernard. David signale que M. Genebrier l'a déterrée 50 ans auparavant (donc au tout début duXIXe siècle) dans un terrain jouxtant la route départementale actuelle, à quoi Barban précise que ce lieu est au bord de lavoie Bolène et que c'est M. Genebrier père qui l'y a déterrée[1].
SelonDesjardins, en 1869 elle est l'une des cinq bornes connues sur les neuf bornes milliaires faites au temps de Maximin pour la route deForus Segusiavorum àAquae Segetae[2].
D'autres personnes — mais pas celles qui l'ont vue les premiers — ont parlé d'autres lieux de provenance. Ainsi J. Verrier (1989) veut qu'elle se soit trouvée au lieu-ditle Poulailler surPrécieux[3] ; et l'abbé Villebonnet la veut provenant deChézieu[4],[n 1]. La raison de ces lieux est la distance indiquée sur la borne : 9 lieues gauloises, qui d'après Gardon font une distance plus grande que celle de Feurs à Moingt[1]. Mais Gardon remarque que si la borne avait été trouvée dans ces lieux, elle aurait été appelée par le nom de ces lieux et pas par le nom de Moingt[5]. Bernard quant à lui note que les pierres ne manquent pas à Moingt où se trouvent à l'époque plusieurs carrières, il est donc très probable que la borne n'a pas été transportée sur une longue distance et provient des abords immédiats de Moingt[6]. Pour ce qui est de ces fameuses neuf lieues, Du Mesnil, qui prend la valeur du pied gaulois de 0,322 m et le pas gaulois de 5 pieds soit 1,610 m, obtient une lieue gauloise (faite de 1 500 pas) de 2 415 m (le même chiffre que celui de Pistollet de Saint-Ferjeux repris des travaux d'Aurès). Ce qui donne pour la distance de Feurs àAquis Segete 9 lieues x 2 415 m = 21 735 m, donc la distance exacte[7]. Il est donc regrettable que Gardon ne donne aucune source ni explication lorsqu'il affirme péremptoirement qu'« il est évident que la distance entre Feurs et Moingt est supérieure aux neuf lieues gauloises préconisées »[1] car l'évidence va plutôt dans le sens contraire.
Une note sur fiche dans les archives de la Diana mentionne un chemin « tendant des fossés du château de Moingt, ou à la pierre de Moingt, ou au Bruchet ». Cette « pierre de Moingt » pourrait être la borne, connue auXVIIe siècle mais non identifiée comme borne milliaire[6].
L'ensemble du texte (voir ci-dessous) est presque illisible, sauf pour le chiffre VIIII, qui est beaucoup plus net. Gardon pose la question légitime d'un possible "rafraîchissement" de cette date, et si « on n'a pas écrit ce qu'on croyait lire, mais qui n'était peut-être pas ce qui était réellement écrit » ; ajoutant que dans tous les cas ce n'est pas la borne qui crée la distance mais la distance qui crée l'indication de la borne, et que donc la difficulté n'est pas là[8].
La borne est maintenant au musée dela Diana àMontbrison[9].
Elle est sur un piédestal ou dé qui mesure 0,45 m de hauteur et 0,55 à 0,60 m de largeur. Le fût de la colonne a une circonférence de 1,81 m juste au-dessus du piédestal et 1,65 m au sommet. Sa hauteur totale, y compris le piédestal est 2,32 m[10].
Elle porte une inscription, que A. Barban[11] lit ainsi :
« IMP(eratore) CAES(are) C(aio) IVL(io) VE[ro]
MAXIMINO PIO F[el(ici)]
AUG(usto) [G]ER(manico) MAX(imo) P(ontifice) MA[x(imo)]
T(ribunicia) P(otestate) [II C]O(n)S(ule) PROCO(n)S(ule)
OP[tim]O MAXIMO[que]
PRINCIPE N(ostro) ET C(aio) IU[l(io)
V[ero] MAXIMO G[er/(manico)]
MAX(imo) NOBIL(i)SSIMO
CAES(ari) AUG(usti) N(ostri) FIL(io)
L(eugas) VIIII »
A. Bernard[12] a la lecture suivante :
« IMP(eratori) CAES(ari) C(aio) IVL(io) VE[ro]
MAXIMINO PIO F[el(ici)]
AUG(usto) [G]ER(manico) MAX(imo) P(ontificie) MA[x(imo)]
T(ribunicia) P(otestate) [III C]O(n)S(ule) PROCO(n)S(ule) [P(atriae)]
OP[tim]O MAXIMO[que]
PRINCIPE N(ostro) ET C(aio) IU[l(io)
V[ero] MAXIMO G[er/(manico)]
MAX(imo) NOBIL(i)SSIMO
CAES(ari) AUG(usti) N(ostri) FIL(io)
L(eugas) VIIII »
La différence est dans le nombre de « puissances tribunitaires », qui modifie la date de l'inscription mais seulement de un an tout au plus. Il y a aussi une différence detemps, l'un transcrivant unablatif et l'autre undatif ; ce qui souligne la difficulté de lecture de l'inscription[13].
La borne est datée de la première moitié duIIIe siècle grâce au nom deCaius Julius Verus Maximin (règne 235-238)[9].
Le « L » pour « lieues » est typique des bornes milliaires en Gaule en deçà de Lyon ; au-delà, l'emprise romaine est plus grande et les distances sont marquées avec un « M » pour « mille »[n 2],[14].
Le musée dela Diana, à qui elle appartient, est labellisémusée de France. La borne bénéficie donc de la protection accordée aux objets descollections publiques de biens culturels, c'est-à-direpropriétés d'une entité publique (État, collectivités territoriales, établissement public, etc.) et conservées dans un dépôt archéologique, un musée, les archives, etc. Ces objets sont protégés au titre du régime spécial de propriété publique ou du statut spécifique donné par le labelMusée de France[15].