LaBondrée apivore (Pernis apivorus) est uneespèce derapaces diurnes appartenant à lafamille desAccipitridae. Cetteespèce protégée, insectivore et migratrice, n'est présente que durant l'été en Europe.
Espèce décrite par le naturaliste suédoisCarl von Linné en 1758 sous le nom initial deFalco apivorus[1].
Selon Cabard et Chauvet, le termePernis serait une modification du mot grecpternis (oiseau de proie), mais ces auteurs rappellent quepernis signifierapide, agile en latin.
Les termesapivorus etapivore viennent de deux mots latins,apis l'abeille etvoro, dévorer, même si ce rapace consomme essentiellement des larves de guêpes.
Le termeBondrée a une origine incertaine. Selon le Littré, il viendrait debondir, ce qui signifiait autrefois retentir, à cause de son cri. Selon le Robert, il viendrait du bretonbondrask, la grive, en raison de la ressemblance entre les plumages de la poitrine de ces deux oiseaux[2].En français, la Bondrée apivore était aussi appeléeGoiran[3],[4]. Pierre Belon, en 1555, dans son livreL'histoire de la nature des oiseaux, avec leurs descriptions, et naïfs portraicts retirez du naturel la nomme aussiBoudrée[4].
CetAccipitridé de dimensions moyenne (longueur totale de 50 à 60 cm; envergure de 130 à 150 cm) a une silhouette en vol comparable à celle d'unebuse variable.
Elle se reconnaît à ses ailes étroites, sa tête petite mais proéminente et sa queue très développée et parcourue de trois barres foncées, dont une large bande terminale. Sonplumage est très variable. Les plumes situées à la base du bec et autour de l’œil sont courtes, arrondies et compactes, assurant une protection contre d'éventuelles piqûres deguêpes et d'abeilles.
La bondrée apivore recherche sa nourriture sur le sol et peut creuser des trous atteignant 40 cm de profondeur, afin de déterrer ses proies préférées :larves etpupes d'hyménoptères. Elle complète ce régime alimentaire debatraciens,reptiles, petits mammifères et oisillons.
La bondrée apivore est très semblable d'aspect à la buse variable (Buteo buteo).
La couleur de son plumage, variable selon les individus, est grossièrement brune sur le dessus de l'oiseau et blanc strié ou taché de brun-noir sur le dessous. Les stries horizontales du dessous des ailes et de la queue, bordées de sombre, sont caractéristiques de l'espèce. Il existe des individus plus ou moins clairs ou foncés, mais tous présentent au poignet, sur la face inférieure de l'aile, une tache circulaire sombre.
Il n'existe pas vraiment de dimorphisme sexuel chez cette espèce, même si la femelle est généralement plus grande et volumineuse que le mâle (comme la plupart des espèces derapaces).
La tête est relativement petite par rapport au reste du corps, la queue longue. Les yeux sont dorés. Le bec, crochu, est noir. La base du bec présente de courtes plumes raides ressemblant de loin à des écailles. Les pattes sont jaunes, fortes et les doigts sont couverts d'écailles épaisses.
Assez semblables à l'adulte, ils s'en distinguent par la couleur de leur iris brun au lieu de doré, et par la couleur jaune de leur cire (zone sans plume à la base du bec).
De plus ils ont la queue relativement plus courte et les caractéristiques du plumage adulte ne sont pas encore totalement acquises. En effet, ils présentent notamment : mêlées aux plumes brunes des plumes blanches, qui disparaitront au cours du temps sur les parties supérieures de l'oiseau.
Ses pattes lui facilitent la marche. Elle sait planer des heures haut dans le ciel comme tous les rapaces, mais sait mieux que certains voler longtemps sans planer lors de ses trajets de migration.
Gros plan de la tête d'une bondrée apivore adulte montrant les plumes protectrices de la base du bec et des yeuxGros plan d'une bondrée apivore adulte trouvée blessée dans le sud de la France
En été ou lors de son hivernage africain, son régime alimentaire est essentiellement insectivore. Ses proies principales sont les larves, lespupes et les adultes d'hyménoptères sociaux (principalement desguêpes, mais aussi desabeilles, desbourdons et desfrelons, y compris les frelons asiatiques[5]), ainsi que lacire et lemiel éventuellement trouvés dans les rayons de l'essaim. Le nid des insectes est détecté en suivant les adultes en vol jusqu'à l'emplacement de l'essaim. Les essaims souterrains sont déterrés, parfois sur 40 cm de profondeur, à l'aide de ses serres très fortes et recouvertes d'épaisses écailles, puis la bondrée apivore déchire les rayons avec son bec. La base du bec et le tour des yeux sont protégés des piqûres par des plumes raides à aspect écailleux ; les narines, étroites, empêchent la pénétration des insectes, de la terre ou de la cire dans les fosses nasales.
Au printemps, alors que les essaims sont encore peu développés, ou lorsque les proies principales se font rares, la bondrée apivore peut consommer dessauterelles,coléoptères,chenilles et autresinsectes, mais aussi desaraignées, des vers de terre, voire de petits vertébrés (grenouilles,squamates, mammifères, oisillons), ainsi que des œufs ou des baies. Cette nourriture est généralement chassée à pieds ou cueillie au sol, la marche étant facilitée par ses serres modérément recourbées, contrairement à de nombreux rapaces de la famille desAccipitridae[6],[7],[8].
Le site de nidification se situe au sein d'un territoire dont les dimensions (entre 10 et 40 km²) sont déterminées par les ressources en nourriture aux alentours du nid. Les bordures de ce territoire peuvent se chevaucher avec celles d'un couple de bondrées apivores voisines, mais les alentours du nid sont âprement défendus contre tout oiseau de proie[9].
La saison de reproduction a lieu entre avril et juin, ce qui coïncide avec une période d'abondance de larves d'hyménoptères, nourriture principale des oisillons. La bondrée apivore a tendance à revenir sur les mêmes sites de nidification chaque année. C'est la période où le mâle effectue des vols nuptiaux au-dessus du site de nidification et de sa femelle : il prend de l'altitude par une trajectoire oblique puis, s'immobilisant dans les airs, bat des ailes en les relevant très haut au-dessus de lui, comme s'il "claquait des mains" au-dessus de sa tête, et ce trois ou quatre fois d'affilée[7].
Nid de bondrée apivore contenant deux oisillons de 28 et 30 jours
La Bondrée apivore bâtit généralement un nouveau nid, mais elle peut aussi réutiliser un nid deCorvidé ou debuse variable, le regarnissant de rameaux frais. Le nid est le plus souvent bâti dans un arbre, sur une branche latérale à une hauteur comprise entre 10 et 20 mètres du sol ; il est constitué de petites branches et de brindilles portant encore des feuilles. La construction du nid est réalisée essentiellement par la femelle, qui parachève ce travail en 10 à 15 jours[9].
La Bondrée apivore ne réalise qu'une ponte par an ; si la première ponte est détruite, il peut arriver que la femelle fasse une ponte de remplacement, mais cela semble rare[9].
La femelle pond entre 1 et 3 (généralement 2) œufs blancs fortement tachés de brun-rouge, dont les dimensions moyennes sont de 52 x 41 mm pour un poids moyen de 49 g[11]. Les œufs sont pondus avec 3 à 5 jours d'intervalle; l'incubation débute dès le premier œuf pondu.
Mâle et femelle se relaient pour couver les œufs durant 30 à 35 jours (il semble que la femelle soit plus assidue à cette tâche et s'occupe de l'incubation la nuit).
Cet oiseau atteint la maturité sexuelle aux alentours de l'âge de 3 ans. Le record de longévité pour cette espèce, déterminé sur une Bondrée apivore baguée enAllemagne et retrouvée morte de mort naturelle, est de 29 ans[12],[13],[14],[15].
Cette espèce est répandue enRussie et enEurope, cette dernière constituant plus de 75 % de son aire totale de nidification. On la trouve partout en Europe, sauf au nord de laScandinavie, enIrlande et enIslande. Sa population nicheuse européenne, globalement stable dans les années 1970-1990, était estimée à plus de 110 000 couples en 1994, dont entre 10 000 et 15 000 couples enFrance[16].
La Bondrée est une grande migratricediurne. C'est là aussi son régime alimentaire qui en est la cause : elle va là où sont ses proies. Elle vit enEurope l'été et enAfrique l'hiver, au sud du Sahara. Le départ vers l'Afrique se fait généralement vers le mois de septembre, et le retour en Europe en avril ou mai.
En Europe, lors de la saison de nidification, elle niche généralement en zone boisée, préférentiellement dans les forêts matures présentant des clairières et un sous-bois clairsemé. On peut aussi la voir dans les campagnes et les friches proches de son lieu de nidification.
Sa ressemblance avec labuse variable est forte, au point de porter aussi le nom de « buse bondrée[18] ».Mais les scientifiques la considèrent plus proche d'unpygargue que d'une buse.[réf. nécessaire]
L'espècePernis apivorus a été divisée en deux espèces distinctes:
Pernis apivorus (Bondrée apivore)
Pernis ptilorhynchus (Bondrée orientale, ou Bondrée de Malaisie casquée, ou encore Bondrée huppée)[19].
En Europe, bien que les populations deFinlande et deSuède aient connu un déclin dans les années 1990–2000, les populations deRussie, deBiélorussie et deFrance ont été stables. Par conséquent,BirdLife International considère cette espèce comme sécurisée (« secure »)[16]. Dans le détail, l'espèce a été tout de même déclarée vulnérable en Italie, en Suisse et au Portugal, et à surveiller en Suède et en Norvège[20]. L'UICN a classé cette espèce dans la catégorie LC (préoccupation mineure) du fait de sa vasteaire de répartition (estimée à 10 millions de km²) et de sa population mondiale (estimée entre 100000 et 1 million d'individus)[21].
La Bondrée apivore subit la pression de la chasse, particulièrement lors de ses migrations. Elle est aussi menacée par la dégradation de son habitat et par la diminution en nombre de ses proies, conséquence de l'usage de pesticides et du changement climatique[22].
La Bondrée apivore bénéficie d'une protection totale sur le territoire français depuis l'arrêté ministériel du 17 avril 1981 relatif aux oiseaux protégés sur l'ensemble du territoire. Elle est inscrite à l'annexe I de ladirective Oiseaux de l'Union européenne et est partiellement protégée par laCITES en annexe II depuis 1979 (statut revalidé en 2003), comme tous lesFalconiformes[23]. Il est donc interdit de la détruire, la mutiler, la capturer ou l'enlever, de la perturber intentionnellement ou de la naturaliser, ainsi que de détruire ou enlever les œufs et les nids et de détruire, altérer ou dégrader leur milieu. Qu'elle soit vivante ou morte, il est aussi interdit de la transporter, colporter, de l'utiliser, de la détenir, de la vendre ou de l'acheter.
↑Linnaeus, C. (1758). Systema Naturae per regna tria naturæ, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis, Tomus I. Editio decima, reformata. Holmiæ: impensis direct. Laurentii Sal VII. I–II, 1–824 pp : page 91
↑Cabard P. et Chauvet B. (2003): Étymologie des noms d'oiseaux. Belin.(ISBN2-7011-3783-7)
↑Valmont de Bomare (1775)Dictionnaire raisonné universel d'histoire naturelle, Brunet, Paris, Tome second, pages 6 et 7