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LeReichallemand ne reste pas sans réagir à la construction de laLigne Maginot, puisque l'Allemagne construit à son tour une ligne de défensefrontalière, appelée leWestwall (mur de l'ouest), qui sera surnommée plus tardLigne Siegfried par lesAlliés.
Le,Hitler visite leWestwall entreSarrebruck etDeux-Ponts. Au mois demai1939, il vient passer une semaine entière dans lePalatinat pour bien souligner l'importance qu'il attache auWestwall. Alors que la ville et la région deBitche regorgent de troupesfrançaises placées à proximité de la frontière pour parer à toute invasionnazie,Hitler vient assister àWalshausen, le, dans ce petit village situé à mi-chemin entreDeux-Ponts etPirmasens, à des manœuvresallemandes qui représentent une attaque fictive debunkers duWestwall. Partout où il passe, c'est un enthousiasme fanatique de la part de la population.Walshausen ne se situe pourtant qu'à 17 kilomètres au nord de la ville deBitche.
Ce que la population frontalièreallemande ignore encore, c'est que 78 villages duPalatinat, ainsi que les villes deBad Bergzabern, dePirmasens et deDeux-Ponts ont été inscrits dans une " zone rouge " par les dirigeants nazis. En cas de conflit, cette zone est à évacuer immédiatement.
Quant aux autoritésbitchoises, elles sont informées de l'existence d'un plan d'évacuation de la ville et sa région dès l'année1938. Le, deux jours avant la déclaration officielle de la guerre de laFrance à l'Allemagne, est un jour fatidique pour lesBitchois. Les cloches de l'église Sainte-Catherine donnent le signal.
De jeunes gens sont envoyés dans les fermes voisines pour prévenir les habitants isolés du départ imminent de la population. ÀBitche, toute la population se rassembla à la gare, avec 30 kilos de bagages par personne et un masque à gaz. Le convoi ferroviaire quitte la ville en début d'après-midi, le, emportant les réfugiés qui laissent tout derrière eux, ignorant ce qui les attendait et même le lieu de leur destination. Un groupe deBitchois, desagriculteurs principalement, quitte la cité en direction deLemberg. Leur mission est de convoyer les animaux domestiques et de rejoindre ultérieurement la population. Un petit nombre d'habitants quitte la ville en voitures particulières.
Le convoi ferroviaire arrive en fin de soirée àLutzelbourg, non loin dePhalsbourg, et c'est là que les réfugiés passent leur première nuit d'exilés dans des conditions souvent précaires. Certains dorment dans un cinéma, d'autres dans des bureaux, d'autres encore chez des particuliers.Lutzelbourg est devenu le point de rassemblement avant le grand départ vers l'inconnu. Au bout de quelques jours, le signal du départ est donné. Un premier convoi ferroviaire composé des habitants deBitche prend le départ, suivi peu après par un second convoi composé des habitants des villages voisins. Ce n'est qu'àJuvisy, où a lieu la première grande halte, qu'une rumeur se met à circuler dans les wagons : la destination du train serait laCharente.
Les réfugiésbitchois arrivent ainsi àConfolens et àBarbezieux. Dès leur arrivée, les différentes familles sont dispersées dans les villages avoisinants ces deux villes. Elles sont logées dans des locaux souvent délabrés et sans confort. Les premiers contacts avec la populationcharentaise sont assez mitigés : lesCharentais ont déjà dû accueillir des réfugiésespagnols et voilà que débarquent desFrançais parlant l'allemand. Sachant que lesBichois d'un certain âge ne comprennent pas lefrançais, la réaction de cesCharentais est compréhensible. CesBitchois appartiennent à la générationgermanisée de1870 à1918, alors que le territoire était sous dominationallemande. Quant à des nombreuxCharentais de l'ancienne génération, ils ne parlent que lepatois de leur région. Et voilà que tous ces gens doivent vivre en communauté.
Certaines famillesbitchoises doivent se partager des habitations et le moral des réfugiés n'est guère brillant. Des cantines sont créées pour nourrir les réfugiés ; des représentants de la mairie deBitche s'installent àConfolens etBarbezieux pour faciliter l'implantation de cesdéplacésbitchois. Chaque réfugié touche la maigre somme de 10 francs par jour, alors que les trois repas quotidiens coûtent déjà 8,50 francs. Au bout de quelques semaines, la populationbitchoise achève pourtant son installation au sein de la populationcharentaise avec laquelle les contacts deviennent de plus en plus chaleureux. Il s'agit alors pour chaque homme valide de trouver une occupation ou un emploi. Certains trouvent du travail aux environs immédiats et jusqu'àAngoulême, distante de 70 kilomètres. Une poudrerie àAngoulême et un arsenal àRuelle engagent quelquesBitchois ; d'autres trouvèrent un emploi dans leur spécialité d'origine (coiffeur, boulanger, boucher) et certains aident aux travaux des fermes. En outre, la période desvendanges est proche, et les propriétairescharentais ne peuvent que se réjouir de cette nouvelle main-d'œuvre disciplinée et laborieuse.
C'est ainsi que la vie des réfugiésbitchois se déroule au sein desCharentais jusqu'à l'arrivée des troupesallemandes quelques jours précédant l'armistice de1940. Pendant ce temps, les troupes sur la frontière résistent et pour illustrer en quelques mots cet épisode, citons le texte deWeygand apposé à l'entrée de l'ouvrage militaire duSimserhof, sur laLigne Maginot à proximité de Bitche :
" Le. Officiers, sous-officiers et soldats ! 22 000 de vos camarades viennent de résister sur laLigne Maginot pendant cinq jours après l'entrée en vigueur de l'Armistice. Enfermés et encerclés dans les ouvrages qu'ils avaient pour mission de défendre jusqu'au bout, ils ne furent pas touchés par l'ordre de cessez-le-feu et, refusant toute communication avec l'adversaire, poursuivirent la lutte jusqu'à ce que le Commandementfrançais ait pu les avertir. Cette page de vaillance et de fidélité au devoir militaire s'ajoute à toutes celles que vous avez écrites.
Elle constitue le testament de l'armée d'aujourd'hui où celle de demain trouvera, avec le legs de gloire et les leçons de ses aînés, la foi dans son propre destin. Signé :Weygand. "
Enjuin1940, le secteurbitchois de laLigne Maginot est bien défendu par les éléments du158e Régiment d'Infanterie Mécanisée (RIM)français. LesAllemands de la257e Division d'Infanterie attaquent les positionsfrançaises le. Dès le, à 22 heures, tous les postes avancés du153e Régiment d'infanterie fortifié (RIF)français, notamment ceux duHohwald et duBitscherberg, se replient sur ordre après avoir détruit leur matériel. Sous les ordres du lieutenant-colonel Bonlarron, l'ouvrage fortifié duSimserhof résiste à l'attaqueallemande en tirant plus de 15 000 obus du15 au, causant des ravages dans les rangsallemands. L'ouvrage de laLigne Maginot résiste ainsi jusqu'au, date d'entrée en vigueur de l'armistice dont les défenseurs duSimserhof prennent connaissance par radio. Cette nouvelle amène le lieutenant-colonel Bonlarron à diffuser l'ordre du jour suivant :
" Le est un jour de deuil national pour la Patrie. Nous sommes vaincus. Mais lesAllemands eux-mêmes ont rendu hommage à la vaillance déployée. L'ouvrage duSimserhof, jusqu'au bout, jusqu'à la minute du cessez-le-feu, a rempli vaillamment sa mission et nous gardons l'honneur. Dans ces derniers jours où, pour tous, la tristesse et les graves préoccupations n'ont pas manqué, j'ai trouvé dans toute la garnison la même ardeur, le même espoir tenace, la même volonté de tenir jusqu'au bout. Je vous en remercie de tout mon cœur et j'en reste fier. L'heure présente est aussi douloureuse pour les vieux soldats que pour les jeunes. Cherchons le réconfort dans l'accomplissement du devoir et préparons-nous pour la reconstitution de la Patrie blessée mais immortelle. Gardons au cœur le souvenir de notreSimserhof inviolé ."
Les troupesfrançaises de l'ouvrage continuent néanmoins à tenir leurs positions malgré l'armistice du. Elles attendent l'ordre officiel du gouvernementfrançais d'arrêter les combats. Étrange similitude avec la fin dusiège deBitche de1870-1871. Le lieutenant-colonel Bonlarron adopte la même attitude en1940 que le colonelTeyssier en1871.
Le, l'ouvrage duSimserhof est nettoyé, les archives militairesfrançaises sont brûlées, mais la garnison ne se rend toujours pas, allant même jusqu'à éconduire un parlementaireallemand. Quatre jours plus tard, le, le lieutenant-colonel Bonlarron est conduit au début de l'après-midi auGrand-Hohekirkel où le lieutenant-colonel Simon, de l'état-major du généralWeygand, lui remet l'ordre officiel du général Georges :" L'armistice étant signé, le général commandant en chef les forcesfrançaises sur le front nord-est donne l'ordre d'évacuer les ouvrages aux garnisons qui ont vaillamment résisté jusqu'ici sur laLigne Maginot ".
Le, à 19 heures 30, les honneurs sont rendus une dernière fois au drapeaufrançais qui flotte à l'entrée duSimserhof. La garnisonfrançaise défile alors devant le lieutenant-colonel Bonlarron ainsi que devant une sectionallemande qui lui présente les armes. Quelques mètres plus loin, les soldatsfrançais déposent leur armement, et les officiers sont autorisés à garder leursabre. Au soir du, les troupesallemandes de la257e Division d'Infanterie peuvent occuper l'ouvrage duSimserhof et l'ensemble de laLigne Maginot du secteur de Bitche.