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Unbijou est un élément de parure corporelle qui peut être porté sur le vêtement, sur lecorps ou même dans le corps.
D'après le site duCNRTL[1], le bijou est un« petit objet servant à la parure, précieux par sa matière (or, argent, ivoire, etc.), la façon dont il est travaillé ou simplement son originalité ». Depuis plusieurs décennies, cette notion de bijou de petite taille doté d'une certaine préciosité se voit enrichie par l’émergence de l'univers du bijou contemporain, qui met en avant le bijou comme objet innovant, œuvre d'art portable, utilisant des matériaux atypiques (matériaux composites, papier, etc.).
L'artisan qui fabrique des bijoux se nommebijoutier, celui-ci va mettre en valeur le métal et/ou tout autre matériau constituant le bijou (verre, résine, argile pour exemples). Le joaillier quant à lui va mettre en valeur les pierres avec des pavages, sertissures…
Lesubstantifmasculinbijou est unemprunt aubretonbizou (« anneau pour ledoigt »),dérivé debiz (« doigt »)[2],[3].
Outre ses fonctions décoratives, le bijou est au service de multiples autres fonctions ou intentions[4].
Ces fonctions sont très variables selon les époques et les cultures, mais aussi selon les croyances ou perceptions propres à l'individu qui porte le bijou. Il est néanmoins possible de distinguer quelques fonctions spécifiques[5].
L'objet va être signifiant du statut social spécifique du porteur (ainsi l'alliance qui signifie que le porteur est marié, l'anneau du Pêcheur qui indique que son porteur est le Pape…). On pourrait aussi y classer toute la tradition de la bijouterie de deuil (objets noirs conçus enjais ou verroterie).
L'objet signe l'appartenance du porteur à un groupe spécifique (qu'il soit religieux, professionnel, politique, ethnique, sexuel ou autre). Ainsi, c'est le cas du « joint compagnonnique », anneau d'oreille en or porté par les Compagnons du Tour de France qui permet au porteur d'être reconnu par ses pairs. Cette fonction peut permettre une identification du porteur soit exclusivement par son groupe soit par une population élargie, selon que la codification est plus ou moins largement connue. Par exemple avec lesbijoux suffragistes.
Les objets sont alors des amulettes, gris-gris, talismans, objets « thérapeutiques » qui protègent leur porteur ou parfois même le « soigne ». Ils s'inscrivent tant dans leur conception (couleur, matière, symboles ornementaux…) que dans leur port (emplacement sur le corps, manière de le porter et de l'ôter…) dans des jeux de croyances spécifiques qui sont le gage (pour le porteur ou le concepteur) de leur efficacité[6].
L'objet joue alors un rôle spécifique dans la vie quotidienne du porteur. Sous cette fonction peuvent se grouper des objets aussi multiples que : les peignes, les attaches de capes, ceintures, pics à chapeaux ou à coiffes... mais aussi bagues-sceaux, bagues-clefs, châtelaines…
L'objet devient un vecteur du souvenir, relatif à une personne, une chose, un lieu… ayant une importance particulière dans la vie du porteur. Son port active alors le souvenir. La bijouterie a ainsi développé un vocabulaire sentimental au travers de rébus (+ qu'hier - que demain), d'initiales entrelacées, de représentations symboliques ou allégoriques (les mains entrelacées qui disent l'indéfectibilité d'une amitié ou d'un amour des bagues foi, les fleurs de pensée qui signifient combien « on pense à vous »…). L'objet sentimental peut aussi devenir un véritable reliquaire qui contient une photographie (image de l'être aimé), une mèche de cheveux, une dent de lait ou encore quelques cendres crématoires… Loin de preuve d'amour éternel, on peut voir apparaître des bijoux de fonction sentimental plus cocasses ; ainsi, la bague « Aie », fragile anneau de pâte de verre vendu sur laFoire de Beaucaire auxXVIIIe et XIXe siècles (Gard-France) signait les amours éphémères le temps d'une foire. Elle devait son nom au petit cri qu'elle arrachait à son porteur lorsqu'elle se brisait[7].
Cette fonction est illustrée par le texteLes Bijoux de Charles Baudelaire, ou au sein du romanDes Bijoux indiscrets de Richard Klein. L'objet soulignant telle ou telle partie du corps va attirer l'attention du « regardant », faisant appel à ses sens (vision, ouïe, toucher…) et érotisant le corps porteur. Bien entendu, un même objet peut répondre à plusieurs fonctions.
Par ailleurs, un bijou est également un témoin de vie inscrit au cœur de multiples rituels sociaux (offert lors d'un événement marquant comme une communion, un mariage, un passage à la majorité par exemple dans les cultures occidentales...) ou plus personnels. Il portera toujours le souvenir de cet événement qu'il soit ou non porté.
En 2015, un réexamen de serres d'aigle à queue blanche, découvertes en 1899 sur le siteNéandertalien de Krapina enCroatie, révèle un remodelage en vue d'en faire les plus anciens bijoux connus datés de 130 000 ans. Il précède de 20 000 ans les plus anciens bijoux connus créé par l'Homo sapiens àSkhul enIsraël. Les Néandertaliens possédaient donc une culture symbolique 80 000 ans avant l'arrivée d'homo sapiens en Europe. Des griffes similaires qui datent de 100 000 ans avaient été trouvées au site néandertalien desgrottes du Pech-de-l'Azé en France[8]. Des coquillages percés trouvés dans la grotte de Los Aviones (Espagne), datés à 115 000 ans, sont également dus à desNéandertaliens[9].
L'usage d'ornements corporels par desHomo sapiens est documenté àSkhul (Israël) et à Oued Djebbana (Algérie) dès lePaléolithique il y a 100 000 à 135 000 ans[10]. Le site deBlombos en Afrique du Sud a également livré 41 coquillages percés datant de 75 000 ans[11]. Ils présentent des perforations et des facettes d'usure liées à leur port.
Les éléments de parure duPaléolithique supérieur d'Europe ont été étudiés parYvette Taborin[12]. L'analyse des premiers objets de parure permet d'en distinguer deux types : les parures issues de la simple collecte (l'intervention de la main de l'homme ne créant que le moyen de les attacher ou les suspendre) et les parures inventées (à partir d'une modification totale ou partielle du matériau d'origine).
Les parures du Paléolithique supérieur étaient principalement encoquillage ou endents animales. Yvette Taborin s'est penchée sur des classifications qui ont permis de mettre en évidence que l'usage de certaines dents en parure n'étaient pas nécessairement en corrélation avec la répartition statistique des faunes présentes et chassées sur le territoire. Par ailleurs, les dents les plus utilisées quand il s'agit decarnivores sont lescanines, les incisives s'agissant d'herbivores. En ce qui concerne les coquillages, ils peuvent être issus d'espèces vivantes mais aussi de gisements fossiles. Dans ce cas, ils sont sélectionnés pour leur grande proximité avec les espèces vivantes.
En ce qui concerne la parure inventée, elle privilégie les matériaux tels que l'os, l'ivoire, lesbois de cervidés et quelques minéraux tendres (calcaire,lignite…). La diversité et la facture de ces parures est remarquable auMagdalénien.
AuNéolithique, laperle se développe. Façonnée dans de nombreux matériaux (coquillage, os…), elle est assemblée dans une multitude de formes (coiffes, installations sur les vêtements, parures de bras ou de jambes…).
Dès l'apparition du métal, et tout particulièrement de l'or, les techniques d'orfèvrerie se développent : filigrane, granulation, emboutissage… Il existe une grande variété de parures de qualité. Lebassin méditerranéen voit fleurir les centres de bijouterie. Les bijoutiers voyagent pour s'installer dans les comptoirs d'échanges dans lesquels ils pourront faire commerce avec de nouveaux clients. Ils emportent avec eux savoir-faire et techniques et les modifient et agrémentent en fonction des goûts et attentes de leurs clients.
En Amérique, les peuples précolombiens vouaient une admiration à l'or, pour eux sa symbolique étaient extrêmement forte et il n’aspiraient pas à posséder d'or.
En Afrique antique, chez de très nombreux peuples d'Afrique de l'Ouest, la bijouterie est déjà un art.
En Europe lesScythes développent la technique de la fonte à cire perdue grâce aux os de sèche, du cloisonné et du repoussé. Peuplenomade guerrier, domestiquant les chevaux,L'art animalier et le bestiaire qui en découle ainsi que lachimère sont des motifs récurrent deL’orfèvrerie scythe, art populaire.
Artistes sculpteurs (pierres à cerfs) l’or est l’un des principaux matériaux utilisés. La particularité de ces bijoux, en plus de leur apparence stylisée est qu’ils réalisaient des objets d’apparat: arrachements pour chevaux (Cheval de Przewalski) ils transformaient ainsi leurs chevaux laissant penser à leurs ennemis qu’ils possédaient des créatures fantastiques.
En Europe, le peuplecelte duVIIe siècle av. J.-C. auVe siècle av. J.-C.est le premier réputé pour la qualité de ses parures et de ses bijoux. Comme pour beaucoup de cultures antiques, les connaissances que nous avons sur l'orfèvrerie celte se base sur ce que nous avons retrouvé dans les tombes. Les Celtes enterraient leurs monarques avec des colliers de pierres précieuses, des anneaux de verre, des bracelets, et des parures d'or et de bronze. Ces parures comprenaient souvent destorques symbolisant le rang social élevé du défunt.
Les bijoux celtes sont souvent colorés: ils associent l'or à ducorail, de l'ambre ou de l'émail fabriqué artificiellement[13].
En Égypte ancienne, l'or et l'argent sont associés aux dieux; l'or représentait leur chair et l'argent leur os. Ces métaux possédaient les mêmes caractères inaltérables ainsi qu'une brillance sans pareil. Après avoir été associés aux divinités, l'or fût associé aux puissants (des éléments en or ont été retrouvés dans la tombe du pharaonDjer de la première dynastie)[14]. Les Égyptiens possédaient une grande maîtrise de la taille de pierre, de lafaïence, du travail du cloisonné ainsi que de la ciselure. Chaque couleur avait sa signification et son importance[15].
En Afrique antique, chez de très nombreux peuples d'Afrique de l'Ouest, la bijouterie est déjà un art.
Le Moyen Âge connaît une pénurie d'or en Europe, les techniques de dorure se perfectionnent alors. Il n’existe pas de séparation entre les arts majeurs et mineurs, les bijoux et objets d’orfèvrerie sont essentiellement au service de l’Église (Reliquaires, Autel, des images pieuses…). Cette période est particulièrement riche du point de vue du travail de l'or et de l'émail ainsi que le travail de l'enluminure[16]. L'orfèvrerie et les bijoux sont principalement des mises en scène de passages bibliques, de représentation de Saints. Ces objets sont très riches de motifs, de pierres et de perles.
Larenaissance, très fortement influencée par l'art antique grec etromain, entraîne une redécouverte et une prolifération de certaines techniques et bijoux tel que laglyptique et lescamées[17].
La mode des bijoux est restée relativement immuable pendant de nombreux siècles et réservée à certains usages codifiés. AuXIXe siècle, enFrance, les bijoux et parures étaient ornés de pierres soigneusement choisies en fonction du rang de qui devait les porter. LaRévolution industrielle et l'apparition de la production en série ont permis de rendre accessibles des produits autrefois considérés comme luxueux.
Ce mouvement artistique se développe dans de nombreux pays mais surtout en France et en Belgique. En Allemagne, ce style se nomme "Jugendstil". Il se détourne des canons ancestraux pour mettre à l'honneur le bijou artisanal, dans lequel la création et l'esthétique priment sur la préciosité des matériaux. On retrouve comme principales inspirations pour ce courant : la beauté de la nature, le corps de la femme résultant en des courbes sinueuses en "coup de fouet", caractéristiques de ce mouvement.
L'Art nouveau[18] a permis aux joailliers de se détacher de leurs positions de simples marchands et techniciens pour se sentir davantage des créateurs. Ce qui a eu pour conséquence l'utilisation de nouveaux matériaux et l'introduction de matières non nobles en bijouterie-joaillerie. Ils utilisent alors des matériaux tels que de lacorne,ivoire, écaille, pierres semi-précieuses, perles baroques, émaux, etc. Les techniques les plus employées étaient les techniques d'émaillage telles que le champlevé, lecloisonné et le plique à jour.René Lalique sera la figure emblématique duplique à jour.
À cette époque, les bijoux les plus fréquemment réalisés étaient les peignes, broches et pendentifs.
En Europe, la Première Guerre mondiale est un tournant dans l'histoire du bijou car l'or est donné aux gouvernements pour participer à l'effort de guerre et les artisans sont mobilisés ou reconvertis dans l'industrie des armes. Les bijoux d'alors sont dans des métaux simples (fer,cuivre,aluminium) et prennent un signifiant plus grand du fait des séparations définitives ou non dues à l'époque.
Ce courant artistique est marqué par l'Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes datée de 1925 à Paris.
Cette période est marqué par l'après guerre et le changement de la place des femmes dans la société. Ce contexte influence la mode en général et la conception des bijoux, qui deviennent plus stylisés.
Le bijouArt déco[18] devient plus sobre, géométrique avec des couleurs vives qui se détache du bijou Art nouveau.
On retrouve trois tendances de couleurs : la monochromie (blanc), la bichromie (noir et blanc) et la polychromie (mélange de couleurs).
On retrouve également le répertoire animalier mais cette fois plus stylisé qu'à l'Art nouveau, avec des animaux de prédilections tels que les oiseaux, la panthère (Cartier), les chiens, lapins, poissons, reptiles (Boucheron), les créatures mythologiques comme la Chimère par exemple.
La découverte du tombeau de Toutankhamon par Carter et Carnarvon en 1922 a entraîné un engouement important pour le style égyptien, notamment avec la collection de bijoux réalisée par Cartier, aux motifs de scarabée.
Dans le bijou Art déco, on retrouvait un éventail de couleurs donné par des gemmes de couleurs nettes et uniformes, combinées pour créer du contrastes. Les pierres utilisées étaient desturquoises, dulapis-lazuli, de lamalachite, de l'aigue-marine, pierre de lune,émeraude etdiamant. Également des variétés plus exotiques, comme duquartz, de latopaze, de latourmaline dujade et des coraux.
Cette période est aussi marquée par l'arrivée de matériaux alternatifs tels que la laque, le bois marqueté, legaluchat ou la peau de zèbre, et par l'utilisation de métaux innovateurs tels quel'aluminium, l'acier inoxydable et la découverte duplatine. Cette dernière a permis l'invention de nouvelles tailles, tels que la taille baguette. Des matières synthétiques comme la balékite et lagalatithe font également leur apparition.
On distingue plusieurs types de bijoux emblématiques de l'Art déco : sautoir, bracelet semi-rigide en ruban, bracelet lanière, le port-cigarette, broche plus petite, boucles d'oreilles...
Cartier, Dunand,Boucheron,Tiffany, Sandoz, Fouquet, Templier étaient les principaux créateurs de ce mouvement.
LaSeconde Guerre mondiale paralyse de nouveau l'industrie du bijou. Les bijoux simples réapparaissent ; des bijoux patriotiques, aux emblèmes des régiments ou des unités des soldats, sont même fabriqués.
Après la guerre, le niveau de vie s'améliore doucement avec leplein emploi et l'augmentation des salaires ; les bijoux reprennent leur place dans la vie quotidienne.
Depuis les années 1950, on peut distinguer clairement trois grands secteurs :
Cette forme d'expression artistique apparue autour des années 1950 sort du cadre traditionnel de la bijouterie en laissant place à de nouveaux codes de création, de nouveaux matériaux et étant accessible à de nouveaux corps de métiers artistiques, tels que peintre, sculpteur, écrivain.
Ce mouvement a permis de donner une dimension culturelle au bijou dans le but d'exprimer l'imaginaire des artistes et créateurs. Cette liberté créatrice a amené les artistes a intégrer des matériaux tels que du bois, du papier, du plastique ou encore des objets de récupérations dans leurs bijoux.
Les dernières décennies ont vu apparaître de nouveaux secteurs tels que :
L'emplacement du bijou est porteur de sens, cette catégorie de bijou est à l'origine utilisée pour évaluer l'autorité, la vertu, le caractère divin, la beauté.
La plupart des formes de bijoux sont faites pour être vues par l'observateur, alors qu'ici cette catégorie offre la possibilité au porteur d'avoir de la visibilité. Ces bijoux peuvent prendre une dimension plus personnelle par sa signification, et peuvent être associés à l'identité[22].
Cette catégorie est la plus ancienne que nous connaissons par nos découvertes sur des sites néandertaliens datant de cent trente mille ans. Selon certaines cultures le cou est une zone neutre entre la tête qui représente l'intellect et le cœur associé aux émotions, et il pouvait autrefois être mis à l'honneur lorsqu'avoir un long cou était un critère esthétique. Le buste lui est une partie propice pour le bijou grâce à sa grande surface[23].
Les jambes et les pieds étant le moyen de déplacement principal de l'humain, à leurs créations ces bijoux avaient une fonction protectrice au sens physique et talismanique[24].
L'ornementation des oreilles offrait un système d'accrochage relativement simple, ce sont donc des bijoux très populaires[25].
Uneparure : Le mot parure signifie "l'art de se parer". Elle désigne auxXVIIIe et XIXe siècles un ensemble de bijoux assortis, fait pour être portés en même temps.
Plusieurs facteurs peuvent abîmer et ternir les bijoux : la pollution, les produits abrasifs, les chocs…Chaque type de matériau s'entretient différemment :
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