Abou Merwan Ibn Zuhr (ابن زهر) (Avenzoar, Abumeron, ibn-Zohr), né en1073 àPeñaflor, près deSéville, capitale du royaume deTaïfa de Séville[1] ou vers 1091[2] et mort à Séville en1162, connu enOccident sous le nom d'Avenzoar, est un arabe de la tribu des Liyad[3], savant de la civilisation arabo-musulmane, principalement médecin,de l'empire almoravide.
Fils et petit-fils de médecin arabe d'al-Ándalus[4], Ibn Zuhr étudie d'abord lathéologie avant de se tourner vers lamédecine[5]. Il étudie à l'université médicale deCordoue. Après un court passage àBagdad et auCaire, il retourne chez lui et s'enrôle en tant que médecin au service desAlmoravides. Persécuté durant le règne deTachfine ben Ali, il travaille au palais deMarrakech et fait même quelques années de prison. Il gardera de cette mésaventure un ressentiment profond envers la famille régnante[6]. Sous le règne desAlmohades, il est appointé comme médecin et nommévizir par le sultanAbd al-Mumin[6].
Il retourne àSéville peu après. Grand maître en médecine, il a pour discipleAverroès. À la demande de ce dernier, il écrit le livreKitab al-Taisir fi al-Mudawat wa al-Tadbir[7] (le livre de la simplification des traitements et régimes), traité de pratique médicale qui eut un grand retentissement dans le monde latin médiéval[6], après sa traduction vers la fin duXIIIe siècle[8].
Son travail se situe dans la lignée d'Hippocrate et deGalien, mais il s'en démarque par son goût pour la pratique et l'expérimentation[9] :
Il a été le premier à réaliser des expérimentations sur les animaux avant de les appliquer aux hommes.
Il a été le premier à faire une description détaillée de latrachéotomie en observant les effets expérimentaux sur une chèvre[5]. Il a eu l'idée de nourrir les malades présentant une paralysie dupharynx ou unedysphagie irréversible, par sonde trachéale ou rectale[5].
Traite de manière pertinente et décrit pour la première fois les épanchements péricardiques, les abcès dupéricarde, les tumeurs médiastinales[5] ainsi que les inflammations de l'oreille moyenne.
Il décrit également le traitement des luxations de vertèbres cervicales.
Son érudition lui a valu le nom de "Sage célèbre". Il meurt à Séville d'une tumeur qu'il tentait de traiter lui-même et dont il observait l'évolution[5].
Ibn Zuhr est un écrivain très prolifique, on connaît au moins neuf de ses traités[9]. Son traité le plus célèbre,Le Teysir (Kitab al-Taisir fi al-Mudawat wa al-Tadbir[7]), a été traduit en latin sous le titreRectificatio medicationis et regiminis,Venise,1490,Lyon,1531
Il a également laissé deux traités desFièvres, traduits en latin à Venise, en1578, qui contiennent encore aujourd'hui des informations pertinentes.
Certains de ces ouvrages ont disparu, commeKitab al-Zira (Traité sur l'embellissement) etMaqala fi 'ilal al-Kula (Traité des maladies des reins). Il a écrit deux autres livres qui ont très vite fait autorité :
Kitab al-Iqtisad fi Islah Al-Anfus wa al-Ajsad (Livre sur la réforme des âmes et des corps) fait le bilan sur différentes maladies, différentes thérapeutiques, et sur l'hygiène. Il y aborde le rôle de la psychologie dans le traitement ; ce livre est abordable par le profane.
Kitab al-Aghziya (Le Livre des denrées alimentaires) traite de plusieurs médicaments et de l'importance des denrées alimentaires et de la nutrition et de leurs effets sur la santé. Ce livre a été traduit en latin sous le titre deDe regimine sanitatis[8].
↑Selin, Hélaine (1997). Encyclopédie de l'histoire de la science, de la technologie et de la médecine dans les cultures non occidentales. Springer Science & Business Media. p. 440.