Augusta Viromanduorum a été fondée par le pouvoir romain, vers le début de l'ère chrétienne, pour remplacer l'oppidum deVermand comme chef-lieu de la cité desViromandui (peuple celte belge qui occupait leVermandois).
Cette fonction est attestée par trois sources :
AuIIe siècle, le géographePtolémée (Géographie, II, 9) indique : οἱ Οὐερομάνδυες, ὧν πόλις Αὐγούστα Οὐερομανδύων[2] : « lesViromandui, dont la ville (sous-entendu “principale”, c'est-à-dire la capitale ou chef-lieu) estAugusta Viromanduorum ».
Au milieu duIIIe siècle, deux inscriptions trouvées à Rome, sont dédiées par desprétoriens.
La première[3] porte :ex provincia Belgica [cives] Aug(usta) Veromand(uorum)[4] (les textes entre crochets correspondent à des manques et ceux entre parenthèses à des abréviations : ils sont restitués).
La seconde[5], datée de 246, est plus complète :civ(es) ex prov(incia) Belgica Aug(usta) Viromandu/oru(m)[6].
Elle reçut le nom d'Augusta Viromanduorum, l'Augusta desViromandui, en l'honneur de l'empereur Auguste. Le site correspond à ungué qui franchissait laSomme. Plusieurs routes principales s'y croisaient, venant deReims,Soissons,Amiens etCambrai.
Un trésor monétaire de 7 000 deniers et quelquesaureus a été retrouvé en 1882. Les fouilles archéologiques effectuées dans les années 1980 ont montré que l'occupation humaine dura globalement du Ier au IIIe siècle. Deux mosaïques superposées ont été retrouvées à l'emplacement du théâtre et une autre rue de l'abbaye d'Isle[7].
Les découvertes et fouilles archéologiques sont encore trop peu nombreuses pour bien connaître cette agglomération antique. Il apparaît toutefois qu'elle n'occupait qu'une surface de 40 à60ha, qui la place parmi les villes moyennes de la Gaule.
Le statut de la cité dans l'Antiquité tardive est incertain. En effet, le nom de l'agglomération (voisine de 11 km) deVermand, qui paraît bien provenir deVeromandis, est à l'origine d'un débat sur une éventuelle perte du rang de chef-lieu auBas-Empire.
L'archéologie, dans l'état actuel des connaissances, fait pencher la balance en faveur de ce transfert, car la ville d'Augusta Viromanduorum semble comme désertée auIVe siècle. Au contraire, les vestiges de cette période sont abondants àVermand, site bien connu dans la littérature archéologique pour ses nécropoles romaines tardives (800 tombes fouillées auxXIXe et XXe siècles).Camille Jullian, dans sonHistoire de la Gaule, avait tranché en faveur du transfert, mais cette question reste discutée.
C'est àAugusta Viromanduorum que fut martyriséQuintinus sur ordre du préfet Rictiovarus sous le règne deDioclétien au début du IVe siècle. La ville prit par la suite le nom deSaint-Quentin.
↑Publication:CILVI, 02821 (p 870, 3320, 3339, 3834) = CIL 06, 32551 = D 02096 Lieu: Roma I(ovi) O(ptimo) M(aximo) et Marti et Nemesi et Soli et Victoriae et omnibus / diis(!) Patriensibus civ(es) ex prov(incia) Belgica Aug(usta) Viromandu/oru(m) milites Iul(ius) Iustus coh(ortis) I praet(oriae) |(centuria) Albani et / Firm(us) Maternianus coh(ortis) X praet(oriae) Philippianarum / |(centuria) Artemonis v(otum) s(olverunt) l(ibentes) m(erito) // Ded(icata) IIII Kal(endas) Iul(ias) / Pr(a)esente et / Albino [co(n)s(ulibus)]
Jean-Luc Collart, « Le déplacement du chef-lieu desViromandui au Bas-Empire, de Saint-Quentin à Vermand »,Revue Archéologique de Picardie, 3/4-1984,p. 245-250,consultable sur Persée.
Jean-Luc Collart, « Saint-Quentin », dansBlaise Pichon,Carte archéologique de la Gaule – l’Aisne – 02, Paris, 2002,p. 378-404.
Jean-Luc Collart, avec la coll. de Michèle Gaillard, « Vermand, Saint-Quentin et Noyon : le chef-lieu d’une cité à l’épreuve de la christianisation », dans Alain Ferdière dir.,Actes du colloque « Capitales éphémères. Des capitales de cités perdent leur statut dans l’Antiquité tardive » Tours 6-, Tours, 2004,p. 83-102 (Supplément à la Revue archéologique du Centre de la France ; 25).
Jean-Luc Collart, « Recherches archéologiques récentes à Saint-Quentin et Vermand : leur apport à la question de la localisation du chef-lieu desViromandui dans l’Antiquité »,Mémoires de la fédération des sociétés d'histoire et d'archéologie de l'Aisne, tome LII, 2007,p. 9-39.