Arthur Miller naît dans une famille d’immigrantspolonaisjuifs de la classe moyenne, àBrooklyn (New York). Son père, Isadore Miller, illettré, a du succès dans son métier detailleur d’habits féminins. Sa mère, Augusta Barnett (1891-1961), est institutrice. Arthur a un frère Kermit, qu’il admire beaucoup, et une petite sœur, Joan. La famille vit près deCentral Park, àManhattan, jusqu’en 1929. Le père est ruiné par laGrande Dépression[4], et la famille déménage àHarlem. Son écriture est fortement influencée par cet événement.
Arthur Miller est scolarisé à la Public School #24 de Harlem, de 1920 à 1928. À la Lincoln High School de Brooklyn, Miller est un élève médiocre mais un athlète confirmé. Il apparaît généralement comme un non-intellectuel. Il dit lui-même que : « si j'avais une idéologie, c'est ce que j'avais appris des journaux Hearst. » Refusé à l'université du Michigan et à l'université Cornell, il commence à travailler dans un entrepôt de pièces détachées pour automobiles, où il est confronté à l'antisémitisme, ce qui influencera aussi ses œuvres. À cette époque, il lit les œuvres deCharles Dickens et deFiodor Dostoïevski. Il économise une grande partie de son salaire pour pouvoir en 1934 postuler de nouveau l'Université du Michigan où il est cette fois reçu.[réf. nécessaire]
À l'université de Michigan, Miller étudie lejournalisme et lethéâtre, s'intéressant particulièrement authéâtre grec antique et aux œuvres d'Henrik Ibsen et deFiodor Dostoïevski[4]. Pendant les vacances du printemps 1936, il écrit pour l'Avery Hopwood Award (qu'il remporte) sa première vraie pièce :Honors at Dawn. La pièce a comme sujet unegrève et l'incapacité du héros de s'exprimer.
En juin 1956, dans la continuité de la périodemaccarthiste, il est convoqué pour s’expliquer devant lacommission des activités non-américaines[4]. Il a en effet été dénoncé parElia Kazan comme ayant assisté à des meetings duParti communiste des États-Unis d'Amérique. Il admet être allé à certaines réunions mais nie êtrecommuniste. Il a en effet assisté à quatre ou cinq réunions d'auteurs organisées par le parti communiste en 1947. Il a aussi apporté son soutien à une conférence pour la paix au Waldorf-Astoria de New York et a signé de nombreux appels etpétitions. Il refuse cependant de citer d'autres personnes associées à des groupes gauchistes ou supposés communistes[5].
Le, Miller est déclaré coupable d’outrage au Congrès pour avoir refusé de révéler les noms de membres d’un cercle littéraire suspecté d’affiliation communiste[6]. Sa condamnation sera annulée le par la cour d’appel américaine.
C’est aussi en 1958 que Miller publie un recueil de ses pièces, intituléCollected Plays.
Mariage d'Arthur Miller et Marilyn Monroe en 1956.Arthur Miller en 1966.
En mai 1955, Arthur Miller commence à fréquenter Marilyn Monroe, croisée cinq ans plus tôt[7] et qui vient de s'installer à New York pour y suivres les cours de l'Actors Studio après avoir divorcé du joueur de baseballJoe DiMaggio. Ils entament une liaison alors que Miller est toujours marié et père de deux enfants. Il finit par divorcer en juin 1956 pour épouser aussitôt Marilyn, qui se convertit deux jours plus tard, le, aujudaïsme lors d'une cérémonie religieuse présidée par lerabbin Robert Goldburg[8].
La presse les surnomme dès lors : « The egghead and the hourglass »[a],[9]. Le couple s'installe àLong Island, Marylin ayant ralenti ses activités cinématographiques. Elle fait unefausse couche le[10],[11], puis une nouvelle en, après le tournage deCertains l'aiment chaud[12]. Elle accepte néanmoins de tournerLe Milliardaire deGeorge Cukor à la condition que Miller réécrive le scénario[13]. Elle a une liaison lors du tournage avec son partenaireYves Montand, au vu et au su de tous mais Montand refuse de quitter sa femme,Simone Signoret, mettant un terme à la relation[14].
Les relations avec Miller s'étant tendues bien qu'il ait accepté la liaison de sa femme[15], Marilyn qui souffre dedépression, d'anxiété et d'insomnie chronique[16], commence à consulter un psychiatre deLos Angeles, le docteurRalph Greenson[17] pour l'aider à lutter contre ça et sa dépendance auxamphétamines, auxbarbituriques et à l’alcool[18]. Elle doit interrompre sa thérapie pour tournerLes Désaxés, écrit pour elle par Arthur Miller et réalisé parJohn Huston avecClark Gable etMontgomery Clift. Sans l'aide de Greenson, elle se remet à prendre dessomnifères et de l'alcool[18], annulant au dernier moment sa venue sur le plateau et étant même hospitalisée pendant dix jours[19]. Le, Gable meurt d'unecrise cardiaque[20]. Les journalistes accusent Marilyn de sa mort en raison de ses nombreux retards[21]. Le film n'est pas un succès commercial et les critiques sont en majorité négatives, bien que certains saluent les performances de Monroe et de Gable[21].Durant les mois suivants, elle devient de plus en plus dépendante à l'égard de l'alcool et des médicaments et Miller demande le divorce qui est prononcé en[22]. En, le livre de prières juives (Siddour) qu'elle a reçu après son mariage avec Miller est mis aux enchères àNew York[8].
du 5 août 1940 au 11 juin 1956 avec Mary Slattery (1915-2008) ; le couple aura deux enfants : Jane (née en 1944) et Robert (né en 1947) ;
du 29 juin 1956 au 20 janvier 1961 avec l'actriceMarilyn Monroe (1926-1962) ;
du 17 février 1962 au 30 janvier 2002 avec la photo-journalisteInge Morath (1923-2002) ; le couple aura deux enfants :Rebecca (née en 1962) et Daniel (né en 1966)[23].
D’après le biographe Martin Gottfried, Daniel étant atteint detrisomie 21, Miller l’a placé dans une institution àRoxbury et ne lui a jamais rendu visite (contrairement à Inge Morath)[24],[25]. Miller ne parle pas de Daniel dansTimebends, son autobiographie de 1987. Inge Morath meurt le.
En décembre 2004, Miller (alors âgé de 89 ans) annonce qu’il vit depuis 2002 avec Agnes Barley, une artiste de 34 ans, et qu’ils comptent se marier. La mort de Miller deux mois plus tard interrompt ce projet.Miller est politiquement actif tout au long de sa vie. À la conventiondémocrate de 1968 il sera même délégué pourEugene McCarthy.Miller est l’un des fondateurs du International PEN’s Writers in Prison Committee. En 1965 il en est élu président, une fonction qu’il occupera quatre ans[26].
En 1985, il visite laTurquie et y est honoré à l’ambassade des États-Unis. Mais il quitte le pays plus tôt que prévu, pour protester contre l'expulsion d'Harold Pinter qui avait fait allusion à latorture[27].
Cette section peut contenir untravail inédit ou des déclarationsnon vérifiées (février 2023). Vous pouvez aider en ajoutant des références ou en supprimant le contenu inédit.
Sivous ne connaissez pas le sujet, laissez ce bandeau(vous pouvez alors contacter les auteurs).
Si vous supprimez le contenu mis en cause(vous pouvez préalablement contacter les auteurs),
Les pièces d'Arthur Miller se passent dans des cadres familiaux. Il met en scène des hommes et des femmes ordinaires en souffrance. Ils sont en effet habités par une lutte intérieure entre leur morale, leurs envies, et lesvaleurs de lasociété (souvent lerêve américain pour Miller). Miller montre comment pour satisfaire la société ou leurs désirs, certains vont contre les exigences morales et comment d'autres luttent jusqu'au bout et refusent tout compromis, si petit soit il. Miller disait : « il y avait tant de Joe là-dehors, non seulement pendant la guerre, mais aussi dans la vie de tous les jours, tentant de maintenir lerêve américain, ou au moins utilisant cette justification. Il y a toujours un homme là-dehors prêt à vendre son âme pour se créer une vie et justifier qu'il l'a fait pour sa famille, mais c'était plus une question de son honneur et de ce qu'il voulait. »
DansIls étaient tous mes fils etMort d'un commis voyageur, Miller condamne l'idéal américain deprospérité en montrant que peu peuvent le poursuivre sans effectuer decompromis moraux dangereux.Mort d'un commis voyageur (Death of a Salesman) est l'histoire tragique d'un commis voyageur qui fait semblant d'avoir réussi dans sa vie à ses amis et à sa famille. Willy Loman (« Low man » signifie « Homme de basse extraction » en anglais) s'est trompé de rêve et s'est soumis aux exigences de la société de consommation. Il a de fréquentes hallucinations mettant en scène son passé, et finit par se faire licencier. Il décide finalement qu'il vaut plus mort que vivant. Il sesuicide en espérant que l'argent de l'assurance aidera sa femme et ses fils pour un nouveau départ. Il vend ainsi la dernière chose qui lui reste : sa vie. Les critiques sont partagés sur la signification de cet acte. Certains le voient comme un acte delâcheté. D'autres comme le dernier sacrifice sur l'autel du rêve américain. C'est le dernier compromis douteux qu'il fait avec cette valeur pour que sa famille puisse continuer à la suivre[3].
Ensuite, deux pièces d'un acte chacune :Incident at Vichy etThe Price, traitent de l'universalité de la responsabilité humaine et de laculpabilité qui souvent accompagne la survie et la réussite[32].
PourLes Sorcières de Salem, Miller reçut un Antoinette Perry Award. Cette pièce a été décrite comme une allégorie dumaccarthysme et de l'hystérie collective[33]. L'apogée du maccarthisme arrivera trois ans après. Bien que sa première production à Broadway n'eut aucun succès, elle est devenue l'une des pièces les plus jouées du dramaturge.Dans cette pièce, la conscience devient non plus une affaire privée mais d'administration de l'État. Miller exprime aussi dans cette pièce sa croyance en le fait qu'un individu est capable de résister aux pressionsconformistes de la société.L'histoire repose sur différentsabus de pouvoir et la lutte des abusés pour compenser cet abus. Leclergé abuse de son pouvoir en faisant peur au village pour le contrôler. Les villageois compensent par les rumeurs publiques. John Proctor a abusé d'Abigail. Elle compense sa perte d'innocence et de dignité en entraînant les autres filles dans le jeu dangereux de rester unies ensemble, quoi qu'il arrive.
Mais les thèmes principaux de la pièce sont des thèmes récurrents chez Miller, en particulier :
comment l'individu fait face avec sa morale à celle d'un groupe entier
comment ceux qui possèdent le pouvoir sacrifient ce qui est juste, uniquement pour protéger leur pouvoir
Il montre comment les gens utilisent la chasse aux sorcières, tout à fait admise dans une morale conventionnelle et conformiste, surtout pour régler leurs comptes avec leurs ennemis. Les valeurs illusoires de la société sont surtout un moyen pour eux d'accomplir des actions immorales qu'ils ne pourraient pas accomplir sinon. Il y a cependant une note d'espoir dans la mesure où Miller montre qu'il est toujours possible de refuser l'inacceptable.
Après la chute est une pièce trèsautobiographique. Comme souvent, les questions soulevées sont celles de l'innocence et de la culpabilité. De nombreux critiques considèrent que le personnage principal, Maggie, l'auto-destructive, est modelée surMarilyn Monroe, mais Arthur Miller l'a toujours nié.
Tom Driver déclare qu'il « serait exagéré de dire qu'il suit une “ligne”, qu'elle soit politique ouidéologique, mais la majorité de ses pièces ont des éléments quasi-marxistes et tendent à être une critique sociale engagée. »[réf. nécessaire] William Wiegand estime qu'il « emprunte àClifford Odets ses thèmes marxistes : le martyre d'une classe moyenne opprimée. »[réf. nécessaire] Enfin, Eleanor Clark, dans une critique deMort d'un commis voyageur explique : « C'est, bien sûr, le systèmecapitaliste qui a fichu Willy dedans ; la scène où il est brutalementlicencié après quelque quarante [sic] années avec l'entreprise vient directement de la littérature des années 1930 de la ligne duParti, et l'idée émerge assez lucidement à travers toutes les motivations confuses de la pièce que c'est la forme particulière de notre économie de l'argent qui a donné naissance aux idéaux absurdement faux du père et du fils. »[réf. nécessaire]Cependant, la majorité des critiques, lecteurs et spectateurs ne le considèrent pas comme marxiste, bien qu'ils voient dans ses pièces une critique des valeurs contemporaines. Harold Cluman trouve que « sa volonté est de rendre un jugement humain. »[réf. nécessaire]Paul West pense que Miller souhaite alerter sur le danger de « consacrer toute sa vie au succès matériel. »Henry Popkin, déclare lui qu'il « accuse le “système” via une parabolelibérale du “mal caché” et de la “responsabilité sociale”. »[réf. nécessaire]En commentantAprès la chute, Miller déclare que : « c'est une manière de voir l'homme et sanature humaine comme la seule source de la [violence qui est arrivée de plus en plus près de détruire l'espèce. C'est une manière de voir qui ne se tourne pas vers les idées sociales ou politiques comme les créateurs de la violence mais dans la nature de l'être humain lui-même. »[34]
Ce qui est clair c'est que Miller est un écrivain avec un message. Lui-même dit que la tragédie « nous amène de la connaissance […] à la bonne manière de vivre dans le monde. »[réf. nécessaire]
Durant ladépression, il avait été impressionné par : « les pouvoirs descrises économiques et impératifs politiques qui tordaient, déchiraient, érodaient et marquaient tout et tous ceux sur lesquels je posais les yeux... Au point que par la force des circonstances je suis arrivé très tôt et sans m'en rendre compte à être fasciné par le processus lui-même. Comment les choses étaient liées. Comment la personnalité naturelle d'un homme a été changée par son monde... Vous ne pouvez pas comprendre une chose quelconque à moins de comprendre sa relation au contexte. »
Une manière de résumer le message qu'il véhicule dans ses pièces serait de dire que : pour arriver à la dignité, permettre de développer leurs talents et éviter la défaite, les individus doivent connaître et accepter leurs propres limites, plutôt que de tenter de poursuivre des ambitions égoïstes de manièreobsessionnelle.
Dans l'albumSOS Météores deEdgar P. Jacobs écrit dans un contexte de guerre froide, le professeurMiloch Georgevitch travaillant pour une puissance étrangère occulte évoquant naturellement l'URSS ressemble comme deux gouttes d'eau à Arthur Miller[35].
↑Dans la« note de l'auteur » en préambule de cette nouvelle[29], Arthur Miller précise queLes Misfits n'est« ni [un] roman, ni [une] pièce de théâtre, ni [un] découpage cinématographique. » Ce serait« une fiction qui allierait les qualités directes de l'image aux possibilités de transmission de l'écriture. »
↑Cécile Vaissié, « Le Quatrième de Constantin Simonov etAfter the Fall d'Arthur Miller : Introspection, responsabilité et histoire dans le théâtre du début des années 1960 »,Revue de littérature comparée,no 328,,p. 443 à 460(lire en ligne).