Lanoblesse polonaise (szlachta) englobe la haute noblesse et la grande noblesse titrée (aristocratie) ainsi que la moyenne et la petite noblesse de larépublique des Deux Nations (Pologne-Lituanie), appelée aussi "République nobiliaire" du fait de l'importance numérique et politique des nobles[1]. En effet, lesarmoiries et les privilèges d’état nobiliaire étaient le partage aussi bien des membres de la petite noblesse que de grandsmagnats[2] de la haute noblesse.
En Pologne, la noblesse en tant qu'ordre social a été abolie par laconstitution en 1921.
Lanoblesse polonaise trouve son origine dans lachevalerie qui, auMoyen Âge, soutenait le roi, des princes ou de grands seigneurs. Elle est apparue aux alentours duXe siècle à la suite de la création de l’État polonais sur le territoire desPolanes et des autres peuplesslaves voisins et apparentés :Vislanes,Slézanes[3]. Elle est alors composée de l’ensemble des familles combattant pour leur prince. Ces familles d'épée constituent alors l’élite du pays, chacune bénéficiant de terres et de privilèges en rétribution du soutien qu'elles apportent au roi. Progressivement, ces familles prennent de l’importance et concentrent autour d’elles de nouvelles familles anoblies.
En 1791, à la veille de la disparition de l’État polonais souverain, la noblesse polonaise se décompose principalement en deux groupes : la "grande noblesse" constituée par moins de 300 familles possédant des domaines très étendus et occupant souvent les plus hautes charges de l'État dont lesmagnats, et la "petite noblesse", rassemblant plusieurs milliers de familles de petits propriétaires terriens dont certains pauvres.
En comparaison avec certains pays européens, la noblesse polonaise est plus nombreuse. En 1791, à la veille de la disparition de l’État polonais souverain, elle représente environ 8 à 10 % la population[4], contre 1 à 3 % en Allemagne, France ou Russie.
Si dans les autres pays, une grande partie de la noblesse est représentée par des famillesanoblies par la robe, en Pologne, au contraire, presque toute la noblesse declare d'être la noblesse d'épée, c'est-à-dire issue, depuis des temps immémoriaux, de l’ancienne chevalerie. Selon le sentiment général, la seule voie valable conduisant au blason est celle des mérites acquis sur le champ de bataille.
Par ailleurs, les droits dont jouit la noblesse polonaise sont radicalement différents des privilèges accordés à cet état social dans les autres pays. Outre des privilèges économiques et juridiques, typiques de toute l’Europe, les nobles polonais possèdent droits politiques et garanties civiles comme:
Le droit de participer à la gouvernance du pays et contrôler les décisions politiques du roi (Nihil novi, 1505),
Le droit de se retirer d’une allégeance si le roi rompt les lois nationales ou les conditions du pacte conclu avec la nation (pacta conventa) (1573-1609),
La justice autonome (1586) et la garantie légale de la liberté d’expression (1609)[5]
La noblesse polonaise reconnait l'égalité de sexe dans le domaine de la propriété. Contrairement aux autres pays européens où la femme appartient à son mari ou à sa famille, la Polonaise noble possède des terres en son nom propre[6].
La liberté de la parole et des réunions politiques de la noblesse est complète. La communauté des nobles, agissant comme nation politique dans l’État, doit, en collaboration avec le roi électif, donc faible, gouverner le pays par l’intermédiaire de la Diète composée des dignitaires du Royaume, tous nobles, et par l’intermédiaire des communautés régionales des nobles, les diétines[7].
Au cours de ce siècle, la République perd un tiers de sa population, une grande partie de son territoire et son statut de puissance régionale. Les villes, les mines, les fonderies, les bâtiments ruraux, les semailles sont ravagés et les troupeaux décimés[9].
Indissociable du droit constitutionnel polonais, leLiberum veto appliqué dans la Diète polonaise à partir de 1652, permet à un seul député opposant d'annuler les décisions de l'Assemblée. Conçu comme une garantie contre toute atteinte aux libertés individuelles, son usage avec le temps connait des dérives et à l'époque des invasions de ses puissants voisins Russes, Autrichiens, et Prussiens, devient un instrument de la paralysie des institutions polonaises[10],[11].
Le manque de reformes fige le système et se traduit à la fois par l'immobilité sociale et l'ascension vers la deuxième moitié duXVIIe siècle d'une oligarchie toute-puissante demagnats. Leur domination économique et politique croissante se fait au détriment de l'importance et le nombre de la noblesse moyenne[12].
Au milieu duXVIIIe siècle, une poignée de familles :Radziwiłł,Potocki,Branicki,Zamoyski,Lubomirski,Czartoryski, etSapieha accaparent la plupart des charges héréditaires et accumulent des fortunes terriennes plus importante que celle de la Couronne. Leurs états dans l’État peuplés de centaines de milliers de serfs et leur loyalisme suspect envers la République devient la cible de toutes intrigues étrangères. Leur participation à laconfédération de Targowica en 1792 qui a mené directement à la chute du pays est jusqu'à aujourd'hui symbole et synonyme de lahaute trahison[13].
La nation nobiliaire plurinationale et pluriconfessionnelle a besoin d'une idéologie qui réconcilie toutes les sensibilités. À partir duXVIe siècle apparait lemytheprotochroniste d’une origine commune à tous les nobles, censés être issus desSarmates, unpeuple cavalierscythe de l'Antiquité, dont la noblesse polonaise aurait hérité la vaillance, le courage et le goût de la liberté. L’identité sarmate combine un sentiment de supériorité sur les roturiers avec un égalitarisme entre nobles. On loue d’autant plus cette égalité juridique qu’elle est de plus en plus menacée par la puissance des "magnats".
La noblesse polonaise est héritée par tous les membres de la famille. Les statuts deWiślica (1346-1347) du roiCasimir le Grand précisent que pour appartenir à la noblesse, il faut que les deux parents en soient issus. La constitutionNihil novi de 1505 restreint l'état de noblesse à ceux qui ont les deux parents nobles et vivent dans leurs domaines familiaux, ce qui veut dire que les nobles doivent être des propriétaires terriens.
Cependant, la naissance n'est pas le seul moyen légal pour obtenir la noblesse associée au droit auxarmoiries.
La pratique de l'adoption héraldique s'arrête enXVIe siècle, interdite par laDiète polonaise en 1616. Désormais, seule l'assemblée nationale a le droit d'élever au rang de la noblesse, ce qui équivaut au droit de vote. L'anoblissement ainsi voté est inscrit dans les constitutions parlementaires et publié.
À partir de 1669, les nouveaux anoblis ne reçoivent qu'une noblesse incomplète (skartabellat). Le droit aux dignités et charges laïques et ecclésiastiques est acquis seulement en troisième génération. En 1775, les candidats à la noblesse ont l'obligation de posséder ou acheter une propriété foncière.
L’intégration des nobles étrangers à la noblesse polonaise, appeléeIndygenat (du latinindigenatio), équivaut à l'acquisition de la citoyenneté polonaise et donc au droit de vote. Initialement, la noblesse polonaise est octroyée aux étrangers par le monarque et ensuite approuvé par la Diète. C'est le roiStefan Batory, d'origine hongroise, qui en fait l'usage pour la première fois en 1578 pour ses fils, le cardinalAndré Báthory etBoldizsár Báthory.
À partir 1641, l’intégration des nobles étrangers se fait uniquement par la voie d'une résolution de laDiète polonaise. L'étranger ainsi anobli doit ensuite prêter serment d'allégeance à larépublique des Deux Nations et au roi. Le droit aux dignités et charges laïques et ecclésiastiques est acquis seulement en troisième génération.
À partir de 1775, les étrangers anoblis doivent aussi acquérir des terres polonaises d'une valeur précise, appartenir à l'Église catholique romaine, et s'établir dans le pays[15].
Il n'est pas étonnant qu'avec cette procédure, sous toute l’ancienne République, la Diète ait validé plus de 1500 titres de noblesse aux étrangers[16].
Dans laPrusse royale, vassale de la Pologne, il existait un indigénat prussien séparé.
Parmi les titres portés par des familles nobles polonaises, nous retrouvons essentiellement ceux dePrince,Comte etBaron. Une seule famille polonaise porte un titre demarquis : lesWielopolski.
Aucune famille polonaise ne possède de titre qui ne soit confirmé par un document. Les usurpations de titres sont très rares[17].
Dans le royaume de Pologne et la république des Deux Nations
Spécificité polonaise, les titres de noblesse sont combattus par la noblesse polonaise comme créant des distinctions inacceptables en son sein. Lorsque vers 1420 le roiWładysław Jagiełło, sur les instances de sa troisième épouse, s’apprête à fairecomte son beau-fils Jan de Pilcza, lechancelier du royaumeWojciech Jastrzębiec refuse d’apposer le sceau de l’État sur une décision qu'il juge contraire aux libertés et coutumes du pays. Pour les mêmes raisons, la noblesse polonaise s’oppose longtemps à la création d’ordres de chevalerie.
L'exception est faite cependant pour le titre de prince, réservé uniquement aux fils du roi régnant. Pour reconnaître l'importance de la famille et de la tradition, ce titre est "hérité" de manière informelle. Les seuls titres polonais anciens sont donc ceux des familles princièreslituano-ruthènes confirmées dans l’acte de l'Union de Lublin de 1569.
Un petit nombre de familles polonaises porte toutefois un titre obtenu dans des circonstances exceptionnelles. AuXVIIIe siècle deux familles, lesPoniatowski en 1764 et lesPoniński en 1773, se voient accorder le titre de prince par la Diète. Quelques familles portent un titre décerné par leSaint-Siège. Par exemple, le papeLéon XIII accorde auxSobański le titre decomte.
Sous la domination étrangère après la disparition de l’État polonais en 1795
Les puissances occupant la Pologne entreprennent de grands travaux de vérification des titres. Pour gagner la faveur des grandes familles de l'anciennerépublique des Deux Nations, les occupants suivent tous la même politique. Ils confirment les titres nobiliaires à des familles riches et aristocratiques, tandis que la petite noblesse est confrontée à davantage de difficultés.
La dévolution des titres nobiliaires confirmé par les souverains prussiens, autrichiens ou russes, suit désormais les règles propres du souverain qui les a accordés. Ainsi la plupart des titres dynastiques prussiens, autrichiens et russes sont transmis par les hommes à l’ensemble de leurs enfants. Les titres duSaint-Siège ou du premierEmpire français (un petit nombre de familles ont obtenu un titre debaron) sont le plus souvent personnels ou transmissibles par ordre de primogéniture masculine.
La noblesse polonaise bénéficie d'un traitement assez favorable sousPaulIer, qui rétablit les diètes provinciales, et son filsAlexandreIer, qui confie des postes importants à des Polonais commeAdam Jerzy Czartoryski ouSeweryn Potocki(pl) et développe à leur intention les universités deVilnius etKharkiv. La petite noblesse, ne possédant ni terres niserfs, est proportionnellement beaucoup plus nombreuse que son équivalent russe ; beaucoup de ses membres, ne pouvant prouver leur origine noble, sont soumis à l'imposition et à laconscription. Malgré ces radiations, laszlachta représente 64 de la noblesse de l'empire en 1816 et 55 % en 1850[19].
Une nouvelle action de légitimation de la noblesse menée dans les années 1836-1861 aboutit à un Inventaire des blasons du royaume de Pologne (Heroldia). Il en ressort que la part de la noblesse dans la population s'est réduit.
Dans lapartition autrichienne, on introduit des rangs de noblesse. La noblesse est divisée en seigneurs (magnats) et chevaliers. La première catégorie comprend les familles titrées : les princes (uniquement les descendants des dynasties régnantes), les comtes (familles ayant reçu ce titre encore à l'époque de la République polono-lituanienne) et les barons[20][réf. incomplète]. Le deuxième groupe est divisé en deux sous-groupes : l'ancienne noblesse (Uradel(en)), la noblesse récente (Briefadel(en)) etLandadel.
Dans lapartition prussienne, on adopte des critères similaires de celle de l'empire autrichien en ajoutant la condition de possession de biens fonciers.
En Pologne reconstituée en 1918, la noblesse en tant qu'ordre social est abolie par laConstitution de 1921. L'article 96 de cette constitution déclare que l'État polonais renaissant ne reconnait aucun blason, titre ou privilège héréditaire. LaConstitution polonaise d'avril 1935 abolit (article 81, paragraphe 2) les dispositions précédentes et les citoyens sont à nouveau autorisés à utiliser leurs titres dans leurs documents personnels.
Historiquement, la noblesse polonaise traditionnelle méprisait les titres accordés par des étrangers, car la noblesse se considérait comme égale,voire égale[Quoi ?] aux rois qu'elle élisait. La famille d'un noble et la contribution historique de la famille au bénéfice de la Pologne pesaient bien plus lourd qu'un titre hérité ou étranger. Au fil du temps, la noblesse s'est stratifiée économiquement en trois groupes. Les familles les plus riches et les plus influentes étaient appelées « szlachta karmazynowa », Noblesse Cramoisie. Au-dessous d'elles se trouvait la « szlachta zagrodowa », Noblesse de la Maison, équivalente à la gentry anglaise. La strate la plus basse étant « szlachta brukowa », la Noblesse des Pavés de Rue qui quittait ses domaines et prospérait dans les villes de Pologne, comme Varsovie. Avec l'urbanisation, l'éducation et l'industrialisation qui ont fait passer la nation des terres agricoles aux villes, les stratifications précédentes ont commencé à s'estomper et ont été remplacées par la montée d'une nouvelle classe sociale : l'intelligentsia[24].
« Voilà comment il faut en finir avec les maîtres ! » : affiche de propagande pour la« Pologne soviétique », 1920, figurant deux nobles polonais mis à terre et un troisième en fuite.
On trouve toujours des nobles polonais en Pologne, essentiellement composés de descendants de la grande noblesse de Pologne. Pour le reste, il y a une dissémination de la petite noblesse polonaise dans le monde entier. De nombreux nobles ont émigré à la suite de la Première Guerre mondiale mais surtout après les révolutions russes, lesquelles représentaient pour cette population un grand danger.
La Seconde Guerre mondiale ainsi que la période de Guerre froide ont accentué ce phénomène de dissémination ; jusqu’à la chute du mur de Berlin, de nombreux nobles polonais ont quitté le pays et émigré vers l’Ouest. Parmi certains clans ou groupes, on peut citer : lesRadziwiłł, lesPoniatowski, lesBranicki, lesCzartoryski, lesLubomirski, les Krasicki, lesTyszkiewicz, lesOssoliński(en), lesZamoyski, les Bieniewski, les Dębski , les Gliński, les Dziewanowski, les Princes Starza de Szolayski, les Lukawski, les Meleniewski, lesRzewuski[25], les Ryński, devenus par alliance Rynski d'Argence ou encore les Nabut émigrés en France comme restés en Pologne[26]. On trouve donc de nos jours de nombreux nobles polonais dans les pays occidentaux tels que l’Allemagne, la Belgique, la Suisse mais surtout les États-Unis et la France ; ces derniers restent discrets sur leurs origines nobles qui ont été longtemps synonyme d’un danger auXXe siècle.
Les noms nobles en Pologne ne sont pas précédés d’une particule nobiliaire pour signaler l’appartenance à la noblesse. Néanmoins, des signes distinctifs permettaient d’identifier les nobles.
Autrefois, les nobles seuls avaient des noms de famille. C’étaient le plus souvent des noms de domaine, pourvus d’un suffixe. Par exemple : d'Opalenica =Opaliński, deBranice =Branicki. Il est à noter qu'au Moyen Âge, le nom d’un domaine ne passe pas au nouvel acquéreur : l’ancien propriétaire garde son nom après la vente[28].
Ainsi, les noms des nobles de l'anciennerépublique des Deux Nations portent un suffixe en -ski ou en -cki, qui se décline pour les femmes en -ska ou en -cka et dont l'usage était autrefois réservé à la noblesse.
Dans larépublique des Deux Nations, le nom de famille est toujours accompagné du nom du blason accordé à la famille (en polonais :herb) qui est la plupart du temps différent de celui de la famille. Par exemple,les Zamoyski portent le blason Jelita (en français :intestins) sur lequel figurent trois lances, en mémoire de leur ancêtre, le chevalier Florian Szary, anobli par le roiWładysław Łokietek pour ses faits d'armes après qu'il eut ses entrailles perforées par trois lances à labataille de Płowce en 1331. Les Zamojski partagent cette légende avec d'autres familles de leurclan héraldique Jelita.
En effet, de nombreuses familles nobles polonaises portent et signent leur nom du même blason (armoiries). Cela vient de l'ancienne pratique de la chevalerie polonaise consistant à adopter le même blason par des familles non apparentées, mais servant sous une mêmebannière, mais également, de la pratique de l'anoblissement paradoption héraldique.
Si dans larépublique des Deux Nations, lesarmoiries (herb) figurent systématiquement aux côtés des noms de nobles sur des documents officiels, aujourd'hui cet usage est rare et généralement officieux et oral.
Quelques familles polonaises faisaient figurer sur des écrits des prédicats nobiliaires d'originelatine :nobilis, honestus, generosus, illustris oucelcissimus. La langue latine étant très populaire en Pologne, des expressions et des tournures d'origine latine émaillent les écrits des « Sarmates » polonais.
Traduction dans la langue et la tradition françaises
↑Stanislaw Fiszer,Réalités et représentations de la richesse dans l’Europe desXVIe et XVIIe siècles, 2010, Bialec, « Splendeurs de la noblesse polonaise désargentée, d’après les mémorialistes duXVIIe siècle »
↑Tadeusz Łepkowski,Słownik historii Polski, hasło „Indygenat”, Warszawa, Wiedza Powszechna,,p. 115
↑Janusz Tazbir, « La culture nobiliaire en Pologne auxXVIe et XVIIIe siècles »,Acta Poloniae Historica, 40,.
↑Marcin Libicki, « La noblesse polonaise: ses origines, ses différenciations et sa fin »,Communauté Franco-Polonaise,
↑Prince Piotr Vladimirovich Dolgorouky,A Handbook of the principal Families in Russia, Londres, 1858, p.152[1].
↑Andreas Kappeler,The Russian Empire: A Multi-ethnic History, Routledge, 2014, p. 82-83[2]
↑Discussion de ces familles :(pl)Sławomir Górzyński,Arystokracja polska w Galicji (« L'aristocratie polonaise en Galicie »), Varsovie, 2009.
↑La classification sociale marxiste-léniniste s'appliquait aussi bien en République populaire de Pologne qu'en URSS : Viktor Pavlovitch Mokhov, (ru) Советская номенклатура как политический институт, номенклатура в истории советского общества (« La nomenklatura soviétique comme institution politique : classification et histoire de la société soviétique »), Perm 2004.
↑Alexandre Zinoviev,Le Communisme comme réalité, Julliard,,p. 58-60
↑C'est sur ce barème que se basait l'action de la police politique : le 1er novembre 1918, Martyn Latsis, définit, dans le journal La Terreur rouge du 1er novembre 1918, les tâches de cette police : « La Commission extraordinaire n'est ni une commission d'enquête, ni un tribunal. C'est un organe de combat dont l'action se situe sur le front intérieur de la guerre civile. Il ne juge pas l’ennemi : il le frappe. Nous ne faisons pas la guerre contre des personnes en particulier. Nous exterminons la bourgeoisie comme classe. Ne cherchez pas, dans l'enquête, des documents et des preuves sur ce que l'accusé a fait, en acte et en paroles, contre le pouvoir soviétique. La première question que vous devez lui poser, c'est à quelle classe il appartient, quelle est son origine, son éducation, son instruction et sa profession. Ce sont ces questions qui doivent décider de son sort. Voilà la signification et l'essence de la Terreur rouge ». Cité par Viktor Tchernov dans Tche-Ka, ed. E. Pierremont, p. 20 et par Sergueï Melgounov, La Terreur rouge en Russie, 1918-1924, éditions des Syrtes, 2004(ISBN2-84545-100-8).