Cité des Rutules, sur une des pentes desmonts Albains, Ardée est liée à la légende d’Énée[2]. Elle est mentionnée parPolybe comme cité interdite au pillage des Carthaginois dans le premier traité romano-punique vers509 av. J.-C.[3]. C’est une des premières cités de laligue latine[4]. Les Romains y établissent unecolonie latine en442 av. J.-C. pour aider à sa défense contre lesVolsques. Les terres de cette colonie sont prioritairement accordées aux alliésRutules, ce qui engendre quelques mécontents à Rome[5],[6]. Elle est mentionnée parPtolémée[7] qui fait référence aux temples, parPline l'Ancien, qui mentionne les peintures du temple de Junon Reine[8], parServius pour sa fondation parDanaé[9]. C’est un centre important à l’époque archaïque mais qui décline au milieu de l’époque républicaine. Ce n’est plus qu’un hameau à l’époque impériale[10].
Ardée sur une carte duLatium antique (1886, G. Droysens Allgemeiner Historischer Handatlas).
Le centre moderne occupe l’emplacement de la ville antique, sur une colline allongée entre deux cours d’eau, leFosso della Mola et leFosso dell’Acquabona. L’acropole occupe la colline au sud-ouest, reliée à celle deCivitavecchia par un isthme barré par un terre-plein, un mur enopus quadratum et un fossé. Un secondagger barrait la localitéCivitavecchia au nord-est et l’isolait du plateau deCasalazzara, protégé également par un agger. La tradition attribue la fondation de la cité àDanaé, mère dePersée, tandis qu’une autre version l’attribue à Ardea, fils d’Ulysse et deCircé. La légende la plus fameuse, connue parVirgile, est celle de Turnus roi des Rutules qui se serait opposé à l’installation des Troyens. Le site est occupé dès leBronze moyen. À l’âge du fer, l’acropole semble occupée par deux villages séparés, avec des nécropoles entre les deux. Un autre village se trouvait àCivitavecchia et une nécropole àCasalazzara. Lesynœcisme, comme en d’autres endroits du Latium, semble se produire vers la fin duVIIe siècle av. J.-C. Ardea est alors la capitale des Rutules, une population distincte des Latins mais assez proche car admise dans la ligue des peuples Albains (et citée dans celles qui se réunissaient près du sanctuaire de Diane aulac de Nemi). Ardea se trouve sur l’axe d’expansion de Rome vers la vallée Pontine. La ville est attaquée par lesTarquins[11] et apparaît comme protégée de Rome lors du traité de509 avecCarthage[12]. Ardea est du côté des Latins à labataille du lac Régille puis est en conflit violent avecAricie au sujet de la possession deCorioles. Rome, sollicitée pour un arbitrage, tranche en annexant ce territoire[13]. En-442 ou-434 est déduite une colonie latine, signe d’une décadence démographique préoccupante face auxVolsques.Camille s’y serait exilé et en serait revenu avec des secours contre les Celtes. Vers-315, la ville subit des destructions de la part desSamnites. La ville perd de l’importance après ladeuxième guerre punique[14], malgré l’activitéédilitaire de l’aristocratie locale (basilique auIIe siècle av. J.-C.).
Le système des fortifications d’Ardée est constitué de terre-pleins et fossés (entre l’acropole et Civitavecchia, entreCivitavecchia etCasalazzara, à l’extrémité orientale deCasalazzara). Elles datent peut-être duVIe siècle av. J.-C. Vers leIVe siècle av. J.-C., la cité est entourée d’une enceinte continue en blocs detuf équarris. Cette enceinte rappelle lemur Servien. Le terre-plein mesure par endroits 40 m de hauteur pour 60 m de large et le fossé 25 m de large. On a découvert les restes d’une porte enopus quadratum detuf. Le fossé était traversé par un viaduc en opus quadratum de tuf. La ville semble avoir un plan régulier, avec des îlots allongés (60–70 m sur 110–130 m). Le principal temple de l’acropole a été fouillé en 1930 (angle de viaGaribaldi et via Bixio). Il mesure 33,40 m sur 21,70 m. Les nombreux fragments de terres cuites architectoniques (Villa Giulia) permettent de distinguer une première phase dans la deuxième moitié duVIe siècle av. J.-C., puis diverses restructurations jusqu’auIIe siècle av. J.-C. Aucun élément ne permet de confirmer l’identification avec le temple deJunon Reine, qui devait plutôt se trouver sur le forum. Il peut s’agir des temples d’Hercule ou deCastor et Pollux ou d’un autre temple non mentionné dans les sources.
Un autre temple hellénistique a été découvert près de l’égliseSan Pietro. Il s’agit d’un soubassement de 60m sur 20m. Les décorations architectoniques permettent de le dater de la République avancée. Le complexe le plus important deCivitavecchia est constitué d’un temple et d’unebasilique, en connexion avec le forum, fouillés entre1926 et1946. Lepodium du temple est long de 23,35m. Les décorations sont semblables à celles des temples de l’acropole. On y a découvert une petite coupe à v.n. avec une dédicace àHercule. Il s’agit probablement du temple deJunon Reine[15],[16],[17]. AuIIe siècle av. J.-C., les principaux édifices religieux de la ville sont rénovés et la basilique (fouillée de1932 à1934) est construite. Il s’agit d’un des plus anciens exemplaires de basilique conservé (avec celle de Cosa). À la localité Campetto, on a découvert unnymphée de la fin de la République.