L'archéoptéryx a été le tout premier fossile découvert avec des plumes bien conservées, et fut longtemps considéré comme le plus ancienoiseau (Avialae) fossile. Cependant, aucun de ses descendants n'est un oiseau moderne. Sa positionphylogénétique reste controversée, même150 ans après sa découverte. Une publication de 2011[5] par exemple, place l'archéopteryx et les autresArchaeopterygidae plus près desdeinonychosaures que des oiseaux. Cependant, à la suite de la découverte en 2013 d'unnouveau fossile à plumes (nouveau genre, nouvelle espèce)[6],[7], une équipe de paléontologues propose de rétablir l'archéoptéryx dans son statut antérieur (voir le chapitre Des propositions controversées). En 2018, l'étude d'un fossile d'archéoptéryx à l'European Synchrotron Radiation Facility révèle que bien qu'il ne pratiquait pas le vol battu des oiseaux modernes, il pouvait faire un vol actif en se propulsant avec ses ailes[8].
Illustration du squelette basée sur le spécimen de Berlin.
Hormis les proportions des ailes très similaires à celles des oiseaux modernes, les squelettes d’archéoptéryx ressemblent de façon étonnante à ceux d'un petitdinosaure bipède comme lecœlurosaureCompsognathus, et la plupart des paléontologues pensent ainsi qu'ils dériveraient de ce type de dinosaurethéropode, comme lesDromaeosauridae, les célèbres dinosaures à griffes. La ressemblance de leur squelette est telle que le « premier » spécimen d’Archaeopteryx découvert en Allemagne, en1861, fut confondu avec celui deCompsognathus, jusqu'à ce que l'on remarque ultérieurement l'empreinte des plumes. Les archéoptéryx possèdent à la fois des caractéristiques de dinosauriens archaïques et d'oiseaux actuels.
Ses ailes remarquablement développées, équipées deplumes aptes pour le vol, similaires à celles des oiseauxvolants actuels[A].
Sonplumage : desrémiges asymétriques avec des plumules à la base. Leur forme suggère que l'animal étaithoméotherme[1].
Le découpage asymétrique typique des plumes démontre la spécialisation et l'aptitude des archéoptéryx pour levol battu alors que celles retrouvées chez les autres dinosaures à plumes sont symétriques (et donc probablement impropres au vol battu, quoique certaines de ces espèces, telles queMicroraptor ouSinornithosaurus, étaient certainement aptes auvol plané).
La position basse de son orteil retourné[B].
Sonbassin dont l'ischion et lepubis sont orientés vers l'arrière. Au cours de l'évolution des ancêtres des archéoptéryx, des vertèbres s'ajoutent à la ceinture pelvienne et l'orientation du pubis change, le pubis pointe vers l'avant et vers le bas ; puis il recule et, chez les oiseaux, il devient parallèle à l'ischion, ce qui confère aux archéoptéryx un caractère aviaire. Le partage de ces caractéristiques par les oiseaux et par d'autresmaniraptoriens témoigne de leur origine commune[C].
Unefourchette oufurcula robuste, en forme de boomerang, formée par la jonction des deuxclavicules et sur laquelle venaient s'insérer les muscles de vol[D].
Image de gauche : détail des plumes et des vertèbres caudales d'Archaeopteryx (plumesrectrices fixées sur les vertèbres de la queue). Image de droite : détail de la queue d'un oiseau moderne (les rectrices son fixées sur lepygostyle).
L'absence debréchet véritable, mais peut-être en « ébauche », avec un simplesternum.
L'alignement desrectrices à raison d'une paire par vertèbre (et non pas en éventail comme chez les oiseaux actuels).
Les pattes à trois doigts opposés à l'orteil retourné (dirigé vers l'arrière)[B]. Il n'y a pas de tarsométatarsien complexe mais les troismétatarsiens centraux sont libres les uns par rapport aux autres sur presque toute leur longueur, n'étant probablement soudés qu'à leur extrémité proximale. La fusion avec les éléments dutarse était aussi imparfaite.
Les ailes pourvues de trois doigts griffus, chacun bien séparé des autres[F] (contrairement aux oiseaux actuels chez qui ils sont partiellement soudés).
Les mâchoires aux petites dents pointues placées dans des alvéoles (remplacées chez les oiseaux par un bec corné et édenté)[4].
Une longue queue osseuse : vingt-cinq vertèbres présacrées libres, six vertèbres dans la région dusacrum et une vingtaine non soudées dans la queue (la queue des oiseaux modernes est réduite à un « moignon », lepygostyle)[G]. La queue ne peut pratiquement avoir que des mouvements à sa base de bas en haut du fait de la morphologie des ligaments et des tendons qui la fixent[9]. Il n'y a aucune preuve d'un contrôle musculaire significatif des rectrices de l'animal[9].
Le museau comparable à ceux d'Ornithomimidae comme leGallimimus, et comporte des narines moins allongées, placées plus en avant que chez l'oiseau.
La fosse préorbitaire du crâne est plus grande et sont présents un postorbitaire et un postfrontal.
La mandibule placée assez haut en arrière.
On pense que les archéoptéryx possédaient de petits muscles de vol[9]. Ces muscles, s'ils sont comparables à ceux des reptiles, sont alors puissants mais sûrement moins endurants que ceux des oiseaux.
Présence degastralia, des plaques osseuses dermiques ventrales.
Les plumes des archéoptéryx ont été très étudiées, notamment grâce au spécimen bien conservé deBerlin. Cependant, comme nous ne savons pas formellement si tous les fossiles trouvés sont de la même espèce, il importe que chaque étude précise sur quel spécimen elle porte. Les plumes du corps du spécimen de Berlin sont moins bien conservées que les plumes des ailes. L'archéoptéryx de Berlin possède de longues plumes qui recouvrent ses pattes comme un pantalon. Certaines de ses plumes semblent avoir une structure habituelle, mais sont en partie décomposées (i.e. en barbicelles comme lesratites[10]), le restant étant ferme et donc permettant le vol[11].
Comme il manque à l'archéoptéryx une articulation spéciale dans les ailes qui aurait permis la rotation humérale nécessaire au mouvement ascendant, on sait qu'il ne pouvait pas décoller comme les oiseaux modernes. De plus, les chercheurs ont remarqué l'absence de système d'emboîtement pour exécuter un battement d'ailes rapide durant l'atterrissage. La surface alaire est aussi controversée[12],[13]. Cependant, s'il ne pouvait pas mettre en œuvre l'effet de sol des oiseaux, cela n'implique pas nécessairement qu'il ne pouvait pas décoller[14] à la manière desalbatros.
Cette question fait toujours débat : certains scientifiques pensent que l'archéoptéryx pouvait soutenir levol battu, mais d'autres pensent qu'il ne pouvait queplaner. Des découvertes récentes suggèrent par exemple que l'effet de sol n'est pas nécessairement exclu[15]. S'il pouvait voler et qu'il étaitpoïkilotherme, il devait être capable de voler vigoureusement, mais probablement sur une distance courte (on estime alors son rayon de vol à légèrement plus de 1 km[16]). S’il étaithoméotherme, il devait manquer de puissance musculaire et avoir besoin de décoller depuis un promontoire, ce qui expliquerait l'usage des griffes aux membres antérieurs.
On ne connaît pas bien le mode de vie de l'archéoptéryx. Sa puissancemusculaire était nettement plus faible que celle desoiseaux actuels. Il vivait probablement dans les arbres, se nourrissant des insectes qu'il y trouvait, se déplaçant d'arbre en arbre à la fois en battant des ailes et en planant. Lespaléontologues sont divisés sur la question de sonenvol : était-il capable de s’envoler à partir du sol en courant ou devait-il au préalable grimper sur unarbre ? On pencherait actuellement plutôt vers la deuxième solution, car ses musclesthoraciques étaient insuffisamment développés (faute d'un bréchet développé), et sesgriffes ressortant desailes devaient l’aider à s’agripper lors de son escalade.
En 2004, on a en revanche établi que son cerveau était plus volumineux que celui de la plupart des autres dinosaures, ce qui est considéré par de nombreux scientifiques comme nécessaire pour voler correctement[17], mais cette nécessité a été remise en question[18].On suppose donc qu’il se nourrissait d’insectes, de carcasses depoissons ou de vers. Il devait être capable de saisir ses plus grosses proies avec ses pattes. L'environnement indique qu'il devait être semi-arboricole, se déplaçant à la fois sur terre et dans les arbres. Sa taille suggère qu'il aurait pu être la proie des prédateurs efficaces que sont lesptérosaures, selon certains auteurs, ce qui peut expliquer pourquoi il ne volait pas haut. En effet, il serait devenu une proie facile pour les ptérosaures[9].
L'archéoptéryx vivait dans un archipel d'îles des mers tropicales, proches de l'équateur. Ces îles se tiennent sur la partie de croûte terrestre qui allait donner naissance au continent européen actuel, à la suite des phénomènestectoniques. Les spécimens complets ont été découverts dans le sud de l'Allemagne[4].
Les calcaires riches et diversifiés de Solnhofen, dans lesquels tous les spécimens d’archéoptéryx ont été trouvés, datent duJurassique. Le climat semble avoir été plus ou moins aride car les plantes trouvées présentent des adaptations à ce genre de milieu, notamment beaucoup d'arbustes d'une taille inférieure à trois mètres (contrairement à l'imagerie populaire[19]). Il n'a pas non plus été trouvé d'animaux dulçaquicoles. On suppose également que la saison sèche devait être longue[20].
On y trouve desCycadophytes et desconifères avec un grand nombre d'insectes, de petits lézards, desPtérosaures tels queRhamphorhynchus et desCompsognathus[21]. Les fossiles deRhamphorhynchus sont suffisamment nombreux pour considérer que ces animaux vivaient sur ce site et n'étaient pas simplement de passage[19] et que cette zone était assez proche de la mer et relativement plate. La fréquence des fossiles d’Archaeopteryx indique que ceux-ci étaient beaucoup moins nombreux que lesRhamphorhynchus. La conservation excellente des fossiles d'archéoptéryx et de ceux d'autres espèces semble indiquer que ces animaux sont morts pratiquement à l'endroit même où ils ont été enfouis et fossilisés.
Les spécimens et la plume fossiles trouvés sont considérés comme appartenant à une même espèce par certains auteurs ; ce fait est discuté par d'autres.
Spécimen de Londres.Spécimen de Thermopolis.Fossile d’Archaeopteryx bavarica.
Spécimen de Daiting. Holotype de l'espèce A. albersdoerferi.
La plume a été découverte en1860, puis décrite l'année suivante parHermann von Meyer. Elle est actuellement exposée aumusée d'histoire naturelle de Berlin. Certains éléments laissent penser que cette plume n'est pas issue de la même espèce que les autres fossiles[22]. Cette hypothèse a été confirmée en 2019 en étudiant cette plume à l'aide de la méthode de lafluorescence induite par laser[23].
Peu de temps plus tard, le premier squelette, connu comme lespécimen de Londres (BMNH 37001) a été découvert en1861 près deLangenaltheim en Allemagne. Il a été offert à Karl Häberlein, un médecin local, en échange de services médicaux. Celui-ci l'a vendu en 1862 aumusée d'histoire naturelle de Londres[21]. Le fossile n'est pas complet, il manque une partie de la tête.Richard Owen le décrit en1863 et rapproche la plume de l'animal. Dans une édition deL'Origine des espèces (type. 10,p. 335-336),Charles Darwin, à la vue du travail d'Owen, déclare que l'espèce est uneforme transitoire entre les reptiles et les oiseaux.
Composé d'un torse, sans queue ni tête, lespécimen de Maxberg (S5) a été découvert entre1956 et1958 versLangenaltheim et a été décrit en1959 parF. von Heller. Il appartenait à Eduard Opitsch qui l'avait prêté au musée de Maxberg à Solnhofen. On s'est aperçu de sa disparition lorsque le musée a dû rendre le spécimen à la mort de son propriétaire en 1991. Ce spécimen a pu être volé.
Lespécimen de Haarlem, référencé TM 6428/29, également connu sous le nom de spécimen de Teyler, a été découvert en 1855 près deRiedenburg. Il est conservé aumusée Teyler situé àHaarlem auxPays-Bas, d'où ses surnoms. Il est décrit à l'origine sous le nom dePterodactylus crassipes par le paléontologue allemandHermann von Meyer en 1857. Ce spécimen est l'un des moins complets, connu seulement par une partie de ses os des membres, quelquesvertèbres cervicales isolées et des côtes, mais c'est le tout premierArchaeopteryx découvert, bien qu'il ait fallu attendre 1970 pour queJohn Ostrom l'attribue à ce genre[25],[26].Cependant, en 2017, Christian Foth etOliver Rauhut le ré-étudient et le placent dans un nouveau genre :Ostromia, unavialienbasal rattaché à lafamille desAnchiornithidae qui regroupe les fossiles découverts depuis la fin des années 2000 enChine, dontAnchiornis[27].
Lespécimen de Eichstätt (JM 2257) a été découvert en1951 ou1955 sur le site de Workerszell près deEichstätt et a été décrit parPeter Wellnhofer en1974. Il est actuellement conservé auJura Museum deEichstätt. C'est le plus petit spécimen mais c'est celui qui a la tête la mieux conservée. Sa morphologie suggère que c'est peut-être une espèce d'un autregenre, aussi le nom deJurapteryx recurva a été proposé. Mais en l'absence de certitude, les écarts constatés reflétant peut-être une certaine variabilité de l'espèce, certains auteurs le nommentArchaeopteryx recurva.
Lespécimen de Solnhofen (BSP 1999) a été découvert dans lesannées 1960 à Eichstätt en Allemagne et a été décrit en1988 par Peter Wellnhofer.Actuellement[Quand ?] conservé auBürgermeister-Müller-Museum de Solnhofen, il a été classé originairement commeCompsognathus par un collectionneur amateur. C'est le plus grand spécimen connu et peut appartenir à un autre genre ; son nom serait alorsWellnhoferia grandis[28]. Il manque seulement une portion du cou, de la queue, de la colonne vertébrale et de la tête.
Lespécimen de Munich autrefois connu sous le nom despécimen de Solnhofen-Aktien-Verein (S6), a été découvert dans les environs deLangenaltheim et a été décrit en1993 par Peter Wellnhofer. Il est conservé actuellement auPaläontologisches Museum. Ce qu'on avait pris initialement pour un sternum osseux s'avère être une partie ducoracoïde[29] mais un sternum cartilagineux a pu être présent. Seulement l'avant de sa face manque. On a suggéré comme nomArchaeopteryx bavarica.
Un huitième spécimen fragmentaire a été découvert en 1990, non dans le calcaire de Solnhofen mais dans les calcaires et calcaires argileux de laformation sus-jacente de Mörnsheim, un peu plus récent (quelques centaines de milliers d'années) àDaiting, dans ledistrict de Souabe, localité distante d'une vingtaine de kilomètres de Sohnhofen. Ce fossile est par conséquent désigné comme lespécimen de Daiting et est connu depuis 1996 par un moulage brièvement exposé auNaturkunde-Museum àBamberg. L'original a été acheté par le paléontologue Raimund Albertsdörfer en 2009[30]. Il a été exposé pour la première fois avec six autres fossiles originaux d'Archaeopteryx au salon des minéraux de Munich en[31]. En 2009, un premier examen rapide par les scientifiques indique que ce spécimen pourrait représenter une nouvelle espèce d'Archaeopteryx[32].En 2019, il a été nomméArchaeopteryx albersdoerferi par Martin Kundrát et ses collègues en 2019[33]. Il est le seul spécimen connu provenant de la formation de Mörnsheim, tandis que tous les autres spécimens ont été découverts dans les calcaires sous-jacents du calcaire de Solnhofen, plus anciens de quelques centaines de milliers d'années. Cependant laformation de Mörnsheim a fourni un autreavialienbasal :Alcmonavis poeschli, décrit en 2019[34].
Un autre spécimen fragmentaire, lespécimen de Bürgermeister-Müller a été découvert en1997 et il est conservé actuellement aumusée Bürgermeister-Müller. Outre les restes découverts, un fossile fragmentaire supplémentaire a été trouvé en2004.
Détenu dans une collection privée, lespécimen de Thermopolis (WDC CSG 100) a été découvert en Allemagne et a été décrit en2005 parGerald Mayr etBurkhard Pohl. Donné auWyoming Dinosaur Center àThermopolis dans leWyoming, il a la tête et les pattes bien préservées. La majeure partie du cou et la mâchoire inférieure n'ont pas été conservées. Le spécimen « Thermopolis » a été dépeint dans le numéro du deScience comme « un spécimen d'archéoptéryx bien conservé pour ses traits de théropodes ». Cet archéoptéryx dispose d'un doigt de patte renversé, caractère qui chez les oiseaux est une limitation pour se percher et implique une vie terrestre. Cela a été interprété comme la preuve d'une ascendance tétrapode. Le second orteil hyper-extensible de ce spécimen rappelle également lesDeinonychosauria[35]. Ce dixième spécimen a été nomméArchaeopteryx siemensii en2007[36]. Le spécimen, actuellement aumuséum Senckenberg de Francfort, est considéré comme le plus complet et le mieux conservé des archéoptéryx[36].
La découverte d'unonzième spécimen a été annoncée en 2011. Décrit en 2014, il est l'un des spécimens les plus complets, mais il manque une grande partie du crâne et une patte avant. Ce spécimen appartient à une collection privée et n'a pas reçu de nom[37],[38]. Son étude par des paléontologues de l'université Louis-et-Maximilien de Munich a révélé des caractéristiques jusqu'alors inconnues du plumage, comme des plumes présentes à la fois sur les parties inférieures et supérieures des jambes et sur le métatarse, et sur l'extrémité de la queue, seule partie préservée de celle-ci[39],[40].
Undouzième spécimen a été découvert par des collectionneurs amateurs en 2010 dans une carrière deSchamhaupten, mais cette découverte n'a été annoncée qu'en 2014[41].
Un fossile partiel, limité à une aile droite isolée, découvert par un paléontologue amateur en 2017 dans laformation de Mörnsheim, a été considéré comme un possibletreizième spécimen.Oliver W. M. Rauhut et ses collègues le décrivent en 2019 comme unavialienbasal, non rattaché à la famille desArchaeopterygidae car un petit peu plus proche des oiseaux modernes qu'Archaeopteryx. Ils l'ont nomméAlcmonavis poeschli[34].
Archaeopteryx pourrait former une branche des théropodes voisine de celle des oiseaux contemporains. Lecladogramme suivant suit la proposition de Norellet al. 2006, les noms des clades reprenant les propositions de Sereno, 2005[42],[43].
L'histoire de l'apparition des oiseaux n'est pas complètement établie. LesArchaeopterygidea sont (actuellement) souvent considérés comme les « premiers » oiseaux. Toutefois, même dans ce cas, on ne peut affirmer que ces quelques spécimens de cette (ou ces) espèce(s), très localisée(s), soient les ancêtres directs des oiseaux. Ils sont plutôt un reste de l'évolution de lignées dethéropodes à plumes vers ce qui a conduit aux oiseaux modernes. Selon une hypothèse alternative[44],[45],Archaeopteryx pourrait appartenir auDeinonychosauria et il serait donc plus éloigné des oiseaux qu'on ne le pense généralement.
Archaeopteoryx dérive dugrec ancienἀρχαῖος [archaios], « vieux »;πτερυξ [pteryx], « plume » ou « aile ». De nombreux noms ont été publiés pour les spécimens évoqués ci-dessus. En principe letype nomméArchaeopteryx lithographica est décrit par von Meyer à partir de la plume isolée. En1960,W. E. Swinton a proposé que le nom deA. lithographica soit transféré officiellement de la plume au spécimen de Londres[46]. LaCommission internationale de nomenclature zoologique a supprimé la pléthore de noms alternatifs proposés initialement pour les premiers spécimens réduits[47] qui avait résulté de la controverse et des railleries deJohann Andreas Wagner qui nommait le fossileGriphosaurus problematicus c'est-à-dire la « Charade-lézard problématique »[48]. De plus, les noms de fossiles donnés lorsqu'on pensait que ces fossiles étaient ceux de ptérosaures ont été aussi supprimés.
Comme l'appartenance ou non à la même espèce n'est pas très claire[49], plusieurs noms sont conservés. C'est le cas pour les spécimens de Thermopolis, Munich, Eichstätt et Solnhofen qui diffèrent de ceux de Berlin, Londres, Haarlem. Les spécimens n'ont pas la même taille et diffèrent par les proportions des doigts ainsi que par la finesse de la tête, la présence d'un sternum et la denture. Cependant ces différences pourraient s'expliquer par une simple différence d'âge au moment de la mort.
Enfin, la plume isolée est le spécimen le plus discordant. Sa proportion et sa forme laissent penser qu'elle appartenait à un théropode garni de plumes non encore découvert. Comme cette plume a servi à décrire le genre, cela explique en partie la confusion nomenclaturale.
Liste des synonymes
Les parenthèses indiquent, comme classiquement dans lanomenclature zoologique, que le taxon avait été originellement décrit comme relevant d'un genre différent. Cette liste illustre la bataille argumentaire liée à cetaxon.
Le premier fossile découvert en 1855 n'a pas été identifié comme un oiseau par von Meyer mais comme un ptérosaure. En 1860 est découverte la plume fossilisée confirmant que des oiseaux devaient vivre auCrétacé. Mais ce n'est qu'en 1861, avec la découverte du spécimen de Londres que naît la controverse sur l'histoire évolutive des oiseaux.Charles Darwin qui avait publié deux ans plus tôtl'Origine des espèces, déclare que le fossile doit être une forme transitoire.Johann Andreas Wagner, un opposant à la théorie de Darwin, directeur du Musée de Paléontologie de Munich, identifie en 1862 le fossile comme étant celui d'un reptile, leGriphosaurus et ironise sur les théories évolutionnistes.
En 1863,Richard Owen, spécialiste des dinosaures duBritish Museum y voit un oiseau, et le naturaliste britanniqueThomas Huxley est le premier à affirmer que c'est bien uneforme transitoire. Il se demande également si les dinosaures n'auraient pas été des animaux à sang chaud (comme les oiseaux) plutôt qu'à sang froid (comme les reptiles) dans son ouvrageOn the Animals which are Most Nearly Intermediate between Birds and Reptiles (littéralement :Sur les animaux qui sont les plus proches intermédiaires entre les oiseaux et les reptiles) publié auprès de laSociété géologique de Londres. En comparant l'anatomie de l'archéoptéryx et celle d'un autre fossile bavarois, le petitCompsognathus, il recense quatorze caractéristiques communes et voit entre eux un lien de parenté. Son hypothèse tomba dans l'oubli, la théorie d'Owen étant dominante.
En 1876, le spécimen de Berlin est découvert, puis sept autres fossiles au cours duXXe siècle. Le spécimen de Haarlem n'est identifié comme étant un archéoptéryx qu'en 1970. À la fin desannées 1960, un siècle après la communication controversée de Huxley,John Ostrom, de l'université Yale, décrit le squelette du théropode du groupe desmaniraptoriensDeinonychus, prédateur aux griffes en faucille et grand comme un adolescent humain, qui rôdait dans le Montana il y a 115 Ma. Ostrom identifie un ensemble de caractères communs aux oiseaux, dontArchaeopteryx, et à d'autres théropodes, commeOviraptor ouDeinonychus, mais que ne possèdent pas les autresSauropsida. Il en déduit que les oiseaux descendent directement des théropodes.Max Fürbringer crée unesous-classe à part (Saururae) pour l'Archaeopteryx.
Tous les fossiles d’archéoptéryx proviennent du Sud de l'Allemagne, enBavière, où ils ont été trouvés dans le calcaire de Solnhofen. L'archéoptéryx est, dès lors, une des espèces fossiles les plus célèbres du fait de sa position de « chaînon manquant » entre les reptiles et les oiseaux. Il a été très souvent utilisé comme un argument probant en faveur de l'évolution des espèces si bien que par ses caractères intermédiaires évidents, l’archéoptéryx a été une cible privilégiée pour les détracteurs de la théorie de l'évolution. Cependant, archéoptéryx n'est peut-être pas un ancêtre direct des oiseaux modernes (cf. ci-avant).
En1985, les astronomes britanniquesFred Hoyle et N. C. Wickramasinghe ont suggéré que l'évolution des oiseaux et des mammifères, ainsi que ladisparition des dinosaures, étaient dues àune pluie virale venant de l'espace[Quoi ?] à la fin duCrétacé. L’Archaeopteryx, datant de plus de80 millions d'années avant le Crétacé supérieur, permet d'écarter cette théorie. Hoyle et Wickramasinghe ont alors prétendu que les spécimens d’Archaeopteryx étaient des faux. On a toutefois facilement prouvé qu'ils étaient authentiques. La revueScience a réagi vivement à l'époque par un article démontrant l'authenticité d’Archaeopteryx.
En 1991,Sankar Chatterjee annonce qu'il a identifié un fossile d'oiseau plus ancien qu'Archaeopteryx. Cet animal nomméProtoavis et trouvé en1984, vivait entre 210 et 235 Ma, mais le fossile est trop mal conservé pour que l'on puisse évaluer sa capacité à voler. Il n'est pas reconnu par tous comme étant un oiseau, et l’Archaeopteryx reste considéré comme le plus ancien des oiseaux.
Considéré pendant150 ans comme l'ancêtre des oiseaux, puis relégué en 2011 par une équipe chinoise au rang de simple dinosaure à plumes, l'Archaeopteryx remonte dans l'arbre généalogique des oiseaux, grâce à la découverte en Chine d'un nouveau dinosaure-oiseau qui a vécu quelque temps entre150 et 160 millions d’années :Aurornis xui, décrit en 2013 par l'équipe de Pascal Godefroit (Institut royal des Sciences naturelles de Belgique), qui a « décidé de tout reprendre à zéro », à partir d'outils d'analyse plus complets[50].« Grâce à cette nouvelle analyse, on peut montrer que l'Archaeopteryx est finalement bien un oiseau primitif et que la bestiole [Aurornis xui] que nous décrivons est un oiseau encore plus primitif », déclare Pascal Godefroit.« Pour le moment c'est l'oiseau le plus primitif connu au monde ». La communauté scientifique demeure divisée sur cette interprétation mais comme le souligne Godefroit des institutions telles que le musée deYizhou conservent des centaines de spécimens encore à décrire qui pourraient éclairer davantage l'image de l'évolution aviaire.« La biodiversité de ces petits dinosaures semblables à des oiseaux était incroyable », observe-t-il.
En, le fossile d'un archaeopteryx examiné aux rayons X de l'European Synchrotron Radiation Facility révèle qu'il pratiquait un vol actif en se propulsant avec ses ailes[8]. L'étude montre cependant qu'il ne pratiquait pas le vol battu des oiseaux modernes et que ses vols se faisaient sur de courtes distances.
La pièce d'Alfred Jarry de 1897,Ubu cocu est également nomméeL'Archéoptéryx[53]. Dans un style précurseur du surréalisme, l'âme du père Ubu se constate cocu, père d'un vampire-archéoptéryx[54].
Dans son recueil de nouvelles,Le Temps Zéro,Italo Calvino a écrit une nouvelle centrée sur l'apparition de l’Archaeopteryx, intituléeDe l'origine des oiseaux. Dans ce recueil, Calvino part d'un fait scientifiquement avéré et brode de façon créative sur celui-ci.
La marque d'équipement de montagne canadienneArc'Teryx tire son nom d'Archaeopteryx, en tant que premier être vivant à s'être affranchi de la gravité. Le logo de la marque s'inspire du spécimen de Berlin.
↑Yalden, D. W. 1985. Forelimb function in Archaeopteryx. In: Hechtet al. (eds.), The Beginnings of Birds, Proceedings of the International Archaeopteryx Conference Eichstatt 1984, 91-97.
↑Your Rietschel, S. 1985. Feathers and wings of Archaeopteryx and the question of her flight ability. In: Hecht, M. K., Ostrom, J. H., Viohl, G. & Wellnhofer, P. (eds.), The Beginnings of Birds: Proceedings of the International Archaeopteryx Conference Eichstatt 1984, 251-260.
↑P.H. de Buisonje ; Hecht, M.K.; Ostrom, J.H.; Viohl, G.; and Wellnhofer, P. (eds.),The beginnings of Birds: Proceedings of the InternationalArchaeopteryx Conference, Eichstatt, 1984, Freunde des Jura-Museums Eichstätt,, 45–65 p.(ISBN978-3-9801178-0-7), « Climatological conditions during deposition of the Solnhofen limestones »
↑Elżanowski A. (2002): Archaeopterygidae (Upper Jurassic of Germany).In: Chiappe, L. M. & Witmer, L. M (eds.),Mesozoic Birds: Above the Heads of Dinosaurs: 129–159. University of California Press, Berkeley.
La version du 25 novembre 2007 de cet article a été reconnue comme « bon article », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de qualité concernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.